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Obstacles à la mobilité de la main-d’œuvre au Canada : données probantes fondées sur des enquêtes

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par René Morissette
Division de l’analyse sociale et de la modélisation, Statistique Canada

Date de diffusion : le 17 novembre 2017

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En 2016, la majorité des chômeurs ont indiqué qu’ils ne déménageraient pas dans une autre province ou ailleurs dans leur province si on leur offrait un emploi. L’étude a permis de conclure que les principales raisons pour ne pas déménager sont le désir de rester proche de sa famille et de ses amis ou de prendre soin d’un membre de sa famille, ou encore la volonté du conjoint ou de la conjointe ou des enfants de ne pas déménager. L’étude souligne que les décisions des Canadiens de déménager dans le cadre d’un emploi peuvent s’expliquer par des facteurs d’ordre social et économique. Les données sont tirées de l’Enquête sociale générale de 2016 et se rapportent aux chômeurs âgés de 15 à 64 ans qui ne sont pas étudiants.

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Introduction

Au cours des 50 dernières années, le pourcentage de la population en âge de travailler ayant migré dans une autre province a diminué, passant d’environ 2 % au début des années 1970 à environ 1 % en 2015 (graphique 1). Cette baisse peut s’expliquer, en partie, par le nombre accru de travailleurs plus âgés au sein de la population active, ces derniers étant moins mobiles que leurs homologues plus jeunes. Cependant, le vieillissement de la population active ne peut expliquer entièrement cette tendance, car la mobilité interprovinciale a également diminué dans les différentes catégories d’âge et de sexe. Par exemple, la mobilité interprovinciale des hommes âgés de 35 à 39 ans a diminué de manière très similaire au cours de la période visée (graphique 1)Note 1.

Puisque les écarts entre les régions au chapitre des taux de chômage persistent au fil du temps (graphique 2), les économistes se penchent depuis longtemps sur les facteurs qui pourraient inhiber ou favoriser la mobilité de la main-d’œuvre au Canada (voir, entre autres, Courchene, 1970, 1984; Grant et Vanderkamp, 1976, Vanderkamp, 1968, 1971; Gomez et Gunderson, 2007; Day et Winer, 2012) et tentent de déterminer si la mobilité de la main-d’œuvre au Canada est suffisamment élevéeNote 2. Il est généralement admis que les écarts spatiaux de croissance de la rémunération et des possibilités d’emploi pourraient entraîner une augmentation de la mobilité de la main-d’œuvre en provenance des régions économiquement défavorisées vers des régions plus dynamiques, tandis que les paiements de transfert relativement généreux dans les régions à taux de chômage élevé pourraient inhiber cette mobilité.

Bien que la théorie économique ait depuis longtemps insisté sur le rôle potentiel que les écarts entre les régions au chapitre de l’emploi, des salaires et du filet social pourraient jouer, un autre courant de la littérature a décrit un rapport positif solide entre le capital social (par exemple, la famille, les amis, les liens communautaires et le quartier) et le bien-être (Helliwell et Putnam, 2004; Helliwell, Layard et Sachs, 2012). Si ce rapport positif rend compte en partie de l’effet causal du capital social sur le bien-être des particuliers, et si la mobilité de la main-d’œuvre provoque, du moins temporairement, une perturbation du capital social, l’appartenance à un réseau social fort pourrait réduire la volonté de déménager dans une région différente. Par conséquent, la mobilité de la main-d’œuvre peut être freinée autant par des facteurs sociaux que par des facteurs économiquesNote 3.

Graphique 1 Pourcentage de la population ayant migré dans une autre province l’année suivante, de 1971 à 2015

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de données du graphique 1. Hommes et femmes âgés de 15 à 64 ans et Hommes âgés de 35 à 39 ans, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Hommes et femmes âgés de 15 à 64 ans Hommes âgés de 35 à 39 ans
pourcentage
1971 2,0 2,3
1972 2,0 2,3
1973 2,2 2,6
1974 1,9 2,3
1975 1,7 2,1
1976 1,7 1,8
1977 1,6 1,8
1978 1,6 1,7
1979 1,6 1,7
1980 1,7 1,7
1981 1,6 1,5
1982 1,4 1,2
1983 1,2 1,1
1984 1,2 1,1
1985 1,2 1,1
1986 1,3 1,3
1987 1,3 1,4
1988 1,4 1,4
1989 1,5 1,5
1990 1,3 1,3
1991 1,2 1,0
1992 1,2 1,0
1993 1,1 0,9
1994 1,1 0,9
1995 1,1 0,9
1996 1,1 1,0
1997 1,1 1,0
1998 1,0 0,9
1999 1,0 0,9
2000 1,0 0,8
2001 1,1 1,1
2002 1,0 1,0
2003 0,9 1,0
2004 1,0 1,1
2005 1,0 1,2
2006 1,1 1,2
2007 1,0 1,2
2008 0,9 1,1
2009 0,9 1,0
2010 0,8 1,0
2011 0,9 1,0
2012 0,8 1,0
2013 0,9 1,0
2014 0,9 1,0
2015 0,9 1,0

Graphique 2 Taux de chômage, Canada et les provinces de l’Atlantique, de 1953 à 2016

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de données du graphique 2. Provinces de l’Atlantique et Canada, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Provinces de l’Atlantique Canada
pourcentage
1953 5,5 3,0
1954 6,6 4,6
1955 6,5 4,4
1956 6,0 3,4
1957 8,4 4,6
1958 12,5 7,0
1959 10,9 6,0
1960 10,7 7,0
1961 11,2 7,1
1962 10,7 5,9
1963 9,5 5,5
1964 7,8 4,7
1965 7,4 3,9
1966 6,4 3,6
1967 6,6 4,1
1968 7,3 4,8
1969 7,5 4,7
1970 7,6 5,9
1971 8,6 6,4
1972 9,0 6,3
1973 8,9 5,6
1974 9,7 5,4
1975 11,6 7,1
1976 10,7 7,1
1977 12,4 8,0
1978 12,3 8,4
1979 11,5 7,5
1980 11,0 7,5
1981 11,4 7,6
1982 14,0 11,0
1983 14,9 12,0
1984 15,1 11,3
1985 15,5 10,5
1986 14,9 9,6
1987 13,7 8,8
1988 12,2 7,8
1989 12,1 7,5
1990 12,8 8,1
1991 13,9 10,3
1992 14,9 11,2
1993 15,2 11,4
1994 14,8 10,4
1995 13,4 9,5
1996 13,7 9,6
1997 13,7 9,1
1998 12,8 8,3
1999 11,6 7,6
2000 11,2 6,8
2001 11,6 7,2
2002 11,4 7,7
2003 11,1 7,6
2004 10,7 7,2
2005 10,4 6,8
2006 9,8 6,3
2007 9,1 6,0
2008 9,3 6,1
2009 10,5 8,3
2010 10,7 8,1
2011 10,1 7,5
2012 10,3 7,3
2013 10,2 7,1
2014 10,0 6,9
2015 10,0 6,9
2016 10,0 7,0

Malgré l’intérêt de longue date des chercheurs et des décideurs à l’égard des facteurs susceptibles de favoriser ou d’entraver la mobilité, relativement peu de données sont disponibles pour évaluer directement l’importance relative d’obstacles particuliers. Le manque de données sur ces obstacles été mis en évidence au cours des dernières années. Dans une étude qui visait à dégager les écarts des savoirs les plus importants en matière d’obstacles interprovinciaux à la mobilité de la main-d’œuvre au Canada, MacMillan et Grady (2007, p. 31) soutiennent que « le plus important écart des savoirs concerne l’ampleur des obstacles réglementaires à la mobilité de la main-d’œuvre ainsi que leurs répercussions et leurs coûts. » De manière générale, il existe actuellement peu de données sur la mesure dans laquelle les chômeurs canadiens choisissent de ne pas déménager en raison de la famille, des amis, du coût de logement, de la difficulté à faire reconnaître leurs titres de compétence dans les autres provinces ou d’autres raisons financières.

Le présent article constitue la première étape du processus visant à combler cet écart des savoirs. L’étude examine, au moyen de données de l’Enquête sociale générale de 2016, la mesure dans laquelle les chômeurs canadiens déclarent que la difficulté à faire reconnaître leurs titres de compétence hors de leur province, le coût de logement, la famille, les amis ou des raisons financières les empêchent d’accepter des offres d’emploi à l’extérieur de leur province de résidence ou dans d’autres villes de leur province de résidence. Pour la première fois au Canada, l’étude fournit des données d’enquête représentatives, recueillies directement auprès des chômeurs, sur les obstacles à la mobilité de la main-d’œuvreNote 4. L’étude porte sur les chômeurs âgés de 15 à 64 ans qui ne sont pas étudiants.

Obstacles à la mobilité interprovinciale de la main-d’œuvre

Environ le tiers (32 %) des chômeurs âgés de 15 à 64 ans qui n’étaient pas étudiants en 2016 ont déclaré n’avoir aucun obstacle à la mobilité interprovinciale, c’est-à-dire qu’ils ont répondu « Non » à la question suivante (Statistique Canada, s.d., LPW_Q14) :

« Si l’on vous offrait un emploi dans une autre province, y aurait-il un empêchement à accepter cet emploi? »

Les deux tiers restants ont déclaré que, pour une raison quelconqueNote 5, ils ne déménageraient pas dans une autre province s’ils recevaient une offre d’emploi d’un employeur à l’extérieur de leur provinceNote 6.

Comme prévu, les chômeurs âgés de moins de 40 ans ou non mariés étaient plus disposés à accepter des offres d’emploi à l’extérieur de leur province que leurs homologues mariés ou âgés de 40 ans et plus (tableau 3). Par exemple, 39 % des personnes non mariées ont déclaré qu’aucun obstacle ne les empêcherait d’accepter de telles offres d’emploi, alors que 25 % des personnes mariées ont répondu de la même façon. De plus, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de signaler l’absence d’obstacles à la mobilitéNote 7.

Graphique 3 Pourcentage de chômeurs qui ne déclarent aucun obstacle à la mobilité interprovinciale de la main-d’œuvre

Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Groupes de chômeurs (titres de rangée) et Répondants qui ne signalent aucun obstacle, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupes de chômeurs Répondants qui ne signalent aucun obstacle
pourcentage
Hommes et femmes âgés de 15 à 64 ans 32,3
Hommes 35,1
Femmes 28,1
Personnes mariées 25,3
Personnes non mariées 39,2
Personnes âgées de 15 à 39 ans 37,0
Personnes âgées de 40 à 64 ans 27,5

Si les deux tiers des chômeurs canadiens ont indiqué qu’ils ne déménageraient pas dans une autre province pour occuper un emploi, la moitié d’entre eux ont déclaré que leur décision s’expliquait surtout par des motifs familiaux et sociaux. Plus précisément, 30 % des répondants ont indiqué que leur désir de rester proches de leur famille et de leurs amis était la principale raison pour laquelle ils ne voulaient pas déménager, 13 % des répondants ont déclaré que leur conjoint ou conjointe ou leurs enfants ne voudraient pas déménager, et près de 7 % des répondants ont indiqué qu’ils devaient prendre soin d’un membre de la famille (tableau 1-1).

Les raisons financières étaient beaucoup plus rares. Seulement 10 % de tous les chômeurs canadiens ont affirmé que la raison principale pour laquelle ils ne déménageraient pas dans une autre province pour occuper un emploi est que ce ne serait pas possible pour des raisons financières ou que le logement coûterait trop cher ailleurs.

Un très faible nombre de personnes ont indiqué qu’elles ne déménageraient pas en raison de la difficulté à faire reconnaître leurs titres de compétence dans une autre province (1 %) ou parce qu’un déménagement serait trop exigeant (1 %). Environ 6 % d’entre eux ont déclaré qu’ils ne déménageraient pas pour d’autres raisons.

Par conséquent, trois constatations clés ressortent jusqu’à présent. Premièrement, les deux tiers des chômeurs canadiens ont indiqué qu’ils ne déménageraient pas s’ils recevaient une offre d’emploi à l’extérieur de leur province de résidence. Cela donne à penser que le sous-ensemble de chômeurs qui sont disposés à pourvoir des postes vacants dans des provinces ayant une économie dynamique est, a priori, assez limité. Deuxièmement, la moitié des chômeurs ont déclaré que des facteurs sociaux (les préférences des membres de la famille ou le désir de rester proche de la famille et des amis) constituaient la raison principale pour laquelle ils ne voulaient pas déménager dans une autre province. Ces constatations font ressortir l’importance des liens sociaux comme facteur déterminant de la volonté d’une personne de migrer dans d’autres provinces. Troisièmement, il y a très peu de données probantes, s’il en existe, indiquant que l’incapacité de faire reconnaître ses titres de compétences à l’extérieur de sa province constitue un obstacle important à la mobilité sur le plan empirique.

Tableau 1-1
Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre province, selon la principale raison pour ne pas déménager et selon certains groupes — partie 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre province. Les données sont présentées selon Principale raison pour ne pas déménager dans une autre province (titres de rangée) et Personnes âgées de 15 à 64 ans, Hommes, Femmes, Personnes âgées de 15 à 39 ans, Personnes âgées de 40 à 64 ans, Personnes mariées et Personnes non mariées, calculées selon pourcentage et numéro unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Principale raison pour ne pas déménager dans une autre province Personnes âgées de 15 à 64 ans Hommes Femmes Personnes âgées de 15 à 39 ans Personnes âgées de 40 à 64 ans Personnes mariées Personnes non mariées
pourcentage
Raisons personnelles 49,8 44,9 57,0 44,3 55,4 61,5 38,0
Pour rester proche de la famille et des amis 30,0 28,4 32,4 32,0 28,0 30,3 29,7
Pour prendre soin d’un membre de la famille 6,5 7,5 5,1 2,6 10,4 7,3 5,7
Mon conjoint ou conjointe ou mes enfants ne voudraient pas déménager 13,3 9,1 19,6 9,6 17,0 23,9 2,6
Un déménagement serait trop exigeant 1,3 2,0 0,3 1,2 1,4 1,6 1,0
Le logement coûte trop cher ailleurs 1,2 1,0 1,4 1,4 1,0 0,0 2,4
Un déménagement ne serait pas possible pour des raisons financières 8,9 10,1 7,1 10,6 7,1 4,0 13,8
Mes titres de compétences ne sont pas reconnus à l'extérieur de ma province 0,6 0,8 0,4 0,0 1,2 0,3 0,9
Autre 5,8 6,2 5,2 5,6 6,0 7,3 4,2
Ne sait pas 0,2 0,0 0,6 0,0 0,5 0,0 0,5
Total 67,7 64,9 71,9 63,0 72,5 74,7 60,8
numéro
Taille de l’échantillon 660 365 295 267 393 317 343

Le tableau 1-1 montre également que les femmes étaient deux fois plus susceptibles que les hommes d’avoir déclaré qu’elles ne déménageraient pas parce que leur conjoint ou conjointe ou leurs enfants ne voudraient pas déménager. La différence peut s’expliquer, du moins en partie, par le fait que bon nombre de femmes demeurent un soutien secondaire dans leur famille et que, par conséquent, elles prennent en compte le statut professionnel de leur conjoint au moment d’évaluer des offres d’emploi. Comme prévu, les personnes non mariées (dont certains sont des parents seuls) étaient beaucoup moins susceptibles que les personnes mariées d’avoir mentionné ce facteur comme principale raison pour laquelle ils ne voudraient pas déménager. Elles étaient par contre plus susceptibles que les personnes mariées d’avoir déclaré que le déménagement ne serait pas possible pour des raisons financières.

Le tableau 1-2 montre que les chômeurs ayant fait des études postsecondaires ont déclaré plus souvent (16 %) que leurs homologues moins scolarisés (9 %) qu’ils ne déménageraient pas parce que leur conjoint ou conjointe ou leurs enfants ne voudraient pas déménager. Les chômeurs qui ont éprouvé des difficultés financièresNote 8 depuis qu’ils ont commencé leur recherche d’emploi ont indiqué que le déménagement ne serait pas possible deux fois plus souvent (13 %) que ne l’ont fait leurs homologues qui n’ont pas éprouvé de telles difficultés financières (6 %).

Tableau 1-2
Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre province, selon la principale raison pour ne pas déménager et selon certains groupes — partie 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre province. Les données sont présentées selon Principale raison pour ne pas déménager dans une autre province (titres de rangée) et Personnes âgées de 15 à 64 ans, Personnes titulaires d'un diplôme d’études secondaires ou ayant un niveau de scolarité inférieur, Personnes plus scolarisées, Personnes qui cherchent un travail depuis 16
semaines ou moins, Personnes qui cherchent un travail depuis plus de 16
semaines, Personnes ayant éprouvé des difficultés financières et Personnes n’ayant éprouvé aucune difficulté financière, calculées selon pourcentage et numéro unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Principale raison pour ne pas déménager dans une autre province Personnes âgées de 15 à 64 ans Personnes titulaires d'un diplôme d’études secondaires ou ayant un niveau de scolarité inférieur Personnes plus scolarisées Personnes qui cherchent un travail depuis 16
semaines ou moins
Personnes qui cherchent un travail depuis plus de 16
semaines
Personnes ayant éprouvé des difficultés financières Personnes n’ayant éprouvé aucune difficulté financière
pourcentage
Raisons personnelles 49,8 44,9 52,6 48,2 51,9 46,2 52,6
Pour rester proche de la famille et des amis 30,0 28,2 31,0 29,8 30,2 26,2 32,9
Pour prendre soin d’un membre de la famille 6,5 7,5 6,0 3,8 10,0 8,7 4,8
Mon conjoint ou conjointe ou mes enfants ne voudraient pas déménager 13,3 9,2 15,6 14,5 11,7 11,3 14,8
Un déménagement serait trop exigeant 1,3 0,9 1,5 1,0 1,6 1,5 1,1
Le logement coûte trop cher ailleurs 1,2 3,2 0,0 1,0 1,5 1,1 1,3
Un déménagement ne serait pas possible pour des raisons financières 8,9 8,5 9,1 8,4 9,5 12,5 6,0
Mes titres de compétences ne sont pas reconnus à l'extérieur de ma province 0,6 0,0 0,9 0,8 0,3 0,3 0,8
Autre 5,8 9,7 3,5 6,9 4,3 5,7 5,8
Ne sait pas 0,2 0,0 0,4 0,4 0,0 0,0 0,4
Total 67,7 67,2 68,1 66,7 69,1 67,3 68,1
numéro
Taille de l’échantillon 660 256 404 380 280 280 380

Obstacles à la mobilité intraprovinciale de la main-d’œuvre

Alors qu’environ un tiers des chômeurs ont déclaré qu’ils étaient disposés à accepter une offre d’emploi provenant de l’extérieur de leur propre province, plus de 4 répondants sur 10 (43 %) ont déclaré être disposés à accepter des offres d’emploi dans d’autres villes de leur province de résidenceNote 9. Comme c’était le cas pour la mobilité interprovinciale, la volonté d’accepter un emploi dans d’autres villes était plus forte chez les hommes, les personnes de moins de 40 ans et les personnes non mariées que chez les autres groupes.

Dans l’ensemble, 36 % des chômeurs ont indiqué qu’ils n’accepteraient pas une offre d’emploi dans d’autres villes parce qu’ils voulaient rester proches de leur famille et de leurs amis ou parce que leur conjoint ou conjointe ou leurs enfants ne voudraient pas déménager (tableau 2-1).

Près de 15 % ont répondu qu’ils ne déménageraient pas dans une autre ville, car le déménagement serait trop exigeant, que le logement serait trop cher ailleurs ou que le déménagement ne serait pas possible pour des raisons financières. Environ 6 % ont déclaré qu’ils ne déménageraient pas pour d’autres raisons.

Donc, 57 % des chômeurs ont déclaré que, pour une raison quelconque, ils ne déménageraient pas dans une autre ville s’ils recevaient une offre d’emploi d’un employeur dans leur province.

En général, les modèles présentés dans les tableaux 2-1 et 2-2 sont très semblables à ceux présentés dans les tableaux 1-1 et 1-2. Peu importe les groupes étudiés, entre 52 % et 73 % des chômeurs qui ne déménageraient pas dans d’autres villes ont indiqué que leur décision s’expliquait surtout par des raisons personnelles, c’est-à-dire qu’ils souhaitent entretenir les liens avec leur famille, leurs amis ou leurs proches. Encore une fois, cette constatation met en évidence le fait que la famille et les amis constituent des facteurs importants.

Tableau 2-1
Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre ville dans leur province, selon la principale raison pour ne pas déménager et selon certains groupes — partie 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre ville dans leur province. Les données sont présentées selon Principale raison pour ne pas déménager dans une autre ville (titres de rangée) et Personnes âgées de 15 à 64 ans, Hommes, Femmes, Personnes âgées de 15
à 39 ans, Personnes âgées de 40
à 64 ans, Personnes mariées et Personnes non mariées, calculées selon pourcentage et numéro unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Principale raison pour ne pas déménager dans une autre ville Personnes âgées de 15 à 64 ans Hommes Femmes Personnes âgées de 15
à 39 ans
Personnes âgées de 40
à 64 ans
Personnes mariées Personnes non mariées
pourcentage
Raisons personnelles 36,2 28,8 47,3 31,7 40,8 46,1 26,3
Pour rester proche de la famille et des amis 20,1 17,3 24,3 20,2 20,0 22,0 18,2
Pour prendre soin d’un membre de la famille 4,7 4,7 4,8 2,0 7,5 4,1 5,4
Mon conjoint ou conjointe ou mes enfants ne voudraient pas déménager 11,4 6,8 18,2 9,5 13,3 20,1 2,7
Un déménagement serait trop exigeant 1,7 1,8 1,5 2,2 1,1 1,7 1,6
Le logement coûte trop cher ailleurs 1,8 0,8 3,3 1,9 1,7 1,1 2,6
Un déménagement ne serait pas possible pour des raisons financières 11,1 10,8 11,5 12,1 10,0 6,3 15,8
Autre 6,1 7,3 4,3 4,7 7,5 8,3 4,0
Total 56,9 49,5 67,9 52,7 61,2 63,5 50,3
numéro
Taille de l’échantillon 660 365 295 267 393 317 343
Tableau 2-2
Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre ville dans leur province, selon la principale raison pour ne pas déménager et selon certains groupes — partie 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de chômeurs qui ne déménageraient pas dans une autre ville dans leur province. Les données sont présentées selon Principale raison pour ne pas déménager dans une autre ville (titres de rangée) et Personnes âgées de 15 à 64 ans, Personnes titulaires d'un diplôme d’études secondaires ou ayant un niveau de scolarité inférieur, Personnes plus scolarisées, Personnes qui cherchent un travail depuis 16 
semaines ou moins, Personnes qui cherchent un travail depuis plus de 16
semaines, Personnes ayant éprouvé des difficultés financières et Personnes n’ayant pas éprouvé aucune difficulté financière, calculées selon pourcentage et numéro unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Principale raison pour ne pas déménager dans une autre ville Personnes âgées de 15 à 64 ans Personnes titulaires d'un diplôme d’études secondaires ou ayant un niveau de scolarité inférieur Personnes plus scolarisées Personnes qui cherchent un travail depuis 16 
semaines ou moins
Personnes qui cherchent un travail depuis plus de 16
semaines
Personnes ayant éprouvé des difficultés financières Personnes n’ayant pas éprouvé aucune difficulté financière
pourcentage
Raisons personnelles 36,2 31,6 38,8 34,6 38,3 31,1 40,2
Pour rester proche de la famille et des amis 20,1 19,0 20,7 19,7 20,6 16,1 23,2
Pour prendre soin d’un membre de la famille 4,7 3,9 5,2 3,0 6,9 5,1 4,4
Mon conjoint ou conjointe ou mes enfants ne voudraient pas déménager 11,4 8,8 12,9 11,9 10,8 9,9 12,6
Un déménagement serait trop exigeant 1,7 2,2 1,4 2,1 1,2 1,5 1,8
Le logement coûte trop cher ailleurs 1,8 3,5 0,9 1,5 2,3 2,0 1,7
Un déménagement ne serait pas possible pour des raisons financières 11,1 9,4 12,0 11,0 11,1 14,1 8,7
Autre 6,1 7,9 5,1 6,9 5,2 7,0 5,4
Total 56,9 54,6 58,2 56,1 58,0 55,7 57,9
numéro
Taille de l’échantillon 660 256 404 380 280 280 380

Graphique 4 Pourcentage de chômeurs qui ne déclarent aucun obstacle à la mobilité intraprovinciale de la main-d’œuvre

Tableau de données du graphique 4
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Groupes de chômeurs (titres de rangée) et Répondants qui ne signalent aucun obstacle, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupes de chômeurs Répondants qui ne signalent aucun obstacle
pourcentage
Hommes et femmes âgés de 15 à 64 ans 43,1
Hommes 50,5
Femmes 32,1
Personnes mariées 36,5
Personnes non mariées 49,7
Personnes âgées de 15 à 39 ans 47,3
Personnes âgées de 40 à 64 ans 38,8

Conclusion

Malgré l’intérêt que manifestent depuis longtemps les chercheurs et les décideurs à l’égard de la mobilité de la main-d’œuvre, ces derniers savent relativement peu de choses sur les obstacles à la mobilité des chômeurs canadiens. À l’aide des données de l’Enquête sociale générale de 2016, la présente étude permet d’éclairer la discussion.

Les résultats indiquent que la majorité des chômeurs canadiens n’accepteraient pas une offre d’emploi dans une autre province ou ailleurs dans leur province de résidence s’ils en recevaient une. Les principales raisons sont le désir ou le besoin de rester proche de la famille et des amis ou de prendre soin d’un membre de la famille ou encore de tenir compte de l’opinion de son conjoint ou de sa conjointe ou de ses enfants. Par conséquent, les considérations familiales jouent un rôle important dans la volonté (ou l’absence de volonté) des chômeurs de déménager dans d’autres régions pour trouver un emploi. En revanche, très peu de répondants ont indiqué que le fait que leurs titres de compétences ne soient pas reconnus à l’extérieur de leur province limitait leur mobilité interprovinciale.

Il convient de mentionner quelques contraintes. Tout d’abord, les données utilisées dans la présente étude mesurent les réponses des chômeurs canadiens et ne tiennent donc pas compte des obstacles à la mobilité auxquels sont confrontés les Canadiens qui travaillent actuellement. Deuxièmement, les réponses fournies par les répondants sont le produit de leur environnement économique et de leur environnement social. Par exemple, si le chômage à long terme atteignait des niveaux assez élevés dans certaines régions, il serait concevable que certains chômeurs qui y habitent revoient à la hausse leur volonté d’accepter des offres d’emploi ailleurs. À la lumière de cet exemple, il serait plus juste d’interpréter les réponses fournies dans le cadre de l’enquête comme étant conditionnelles aux paramètres économiques, institutionnels et sociaux actuels.

Malgré tout, les données apportent un éclairage nouveau sur un problème important. Plus précisément, elles mettent en évidence la complémentarité entre des enquêtes fondées sur des méthodes économétriques classiques et des enquêtes qui demandent aux personnes pourquoi elles ne voudraient pas déménager ailleurs. Bien que les enquêtes fondées sur des méthodes économétriques classiques permettent d’évaluer l’effet causal de divers facteurs qui favorisent ou entravent la mobilité (par exemple, l’effet causal des écarts de salaires entre les régions sur la mobilité), elles sont mal adaptées pour dégager ce qui pousse les répondants à déménager. Les réseaux sociaux représentent un facteur déterminant important du bien-être individuel. Étant donné que la mobilité de la main-d’œuvre entraîne la perturbation de ces réseaux, il pourrait s’avérer utile d’intégrer la relation entre les liens sociaux et le bien-être dans les discussions sur la flexibilité du marché du travail et sur la mobilité de la main-d’œuvre.

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