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Aperçus économiques
La grande récession aux États-Unis et les produits forestiers canadiens
La grande récession aux États-Unis et les produits forestiers canadiens
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par Lydia Couture et Ryan Macdonald
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Le présent article de la série Aperçus économiques rend compte des changements survenus dans la production des industries forestières au Canada. Il est publié dans le cadre d'un programme de Statistique Canada qui sert à examiner le rôle des ressources naturelles dans l'économie canadienne.
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Le Canada est une petite économie ouverte fortement axée sur les échanges. Ses produits, et particulièrement ses ressources naturelles, sont orientés vers les marchés d'exportation mondiaux, dont le plus grand est celui des États-Unis. Les changements survenant dans la situation économique aux États-Unis peuvent, par conséquent, se traduire par des changements dans la demande d'exportations canadiennes.
La récession de 2007 à 2009 aux États-Unis et l'effondrement du marché du logement dans ce pays ont marqué le début d'une période de ralentissement de la demande mondiale, qui a eu une incidence majeure sur la production forestière au Canada. La production de bois d'œuvre et la production de pâte de bois ont diminué de façon marquée. Entre 2006 et 2009, la production de bois d'œuvre au Canada a diminué, pour passer de 81,2 millions de mètres cubes à 45,5 millions de mètres cubes, soit une baisse de 44 % (graphique 1). Il faut remonter au début des années 1980 pour retrouver un tel niveau de production. La production de pâte de bois est, quant à elle, passée de 23,4 millions de tonnes en 2006 à 17,1 millions de tonnes en 2009, ce qui représente une baisse de 26,9 %.
Les reculs de la dernière récession aux États-Unis ont été les plus importants depuis la grande dépression
La production de bois d'œuvre et la production de pâte de bois au Canada se sont accrues de façon cyclique pendant la majeure partie du siècle dernier. Les niveaux de production ont eu tendance à augmenter en période d'expansion économique et à diminuer pendant les récessions. Depuis 1908, des récessions ont mené à des réductions marquées de la production forestière à cinq reprises; toutes ces périodes ont correspondu à des périodes de ralentissement économique aux États-Unis.
La baisse de la production forestière la plus marquée jamais enregistrée s'est produite au début de la grande dépression. Entre 1929 et 1932, la production de bois d'œuvre a diminué de 61,6 % et celle de pâte de bois, de 33,3 %. La grande dépression a été suivie par une longue période au cours de laquelle aucun événement négatif significatif ne s'est produit ayant eu un effet sur les volumes de production forestière. Malgré un certain ralentissement de la production de pâte de bois en 1939, lorsque la production canadienne s'est réorientée vers la production de matériel de guerre, et une pause au milieu des années 1940, la période entre le début de la grande dépression et le premier choc pétrolier en 1973 a été essentiellement une période expansionniste pour les produits forestiers. Il s'agit d'un profil contraire à celui de l'effet des cycles économiques sur la production forestière observé auparavant ou depuis.
Le choc pétrolier de 1973 a marqué la fin de la longue période d'expansion de l'industrie forestière et s'est accompagné de fortes baisses des volumes de production. Entre 1973 et 1975, la production de bois d'œuvre a diminué de 25,3 % et celle de pâte de bois, de 18,3 %. Les récessions des années 1980 et 1990 ont entraîné de plus faibles baisses. La production de bois d'œuvre a diminué de 15,2 % entre 1980 et 1982, et de 12,7 % entre 1989 et 1991. La production de pâte de bois au cours de ces périodes a diminué de 14,4 % et de 2,5 %, respectivement. La récession de 2007 à 2009 aux États-Unis a entraîné une réduction d'environ 44 % des niveaux de production de bois d'œuvre et une baisse de 26,9 % des niveaux de production de pâte de bois, soit les diminutions les plus fortes en plus de 70 ans.
Variation de volume la plus importante en Colombie-Britannique
Depuis 1946, la Colombie-Britannique produit le plus gros volume de bois d'œuvre au Canada (graphique 2). Jusqu'au début des années 1980, elle était le principal moteur de la production globale de bois d'œuvre du pays. À son apogée, en 1966, la Colombie-Britannique produisait 71 % du volume de bois de sciage au Canada. En 2006, la part de la production nationale revenant à la Colombie-Britannique a connu un creux, s'établissant à 51 %. Toutes les autres provinces ont accru leur part de la production totale depuis la fin des années 1960, mais les changements ont été particulièrement manifestes après le début des années 1980, quand la production de bois d'œuvre en Colombie-Britannique s'est stabilisée. Dans l'ensemble, toutefois, la production à l'échelle du Canada a poursuivi sa tendance à la hausse lors de son déplacement vers l'est. Elle a atteint un sommet historique en 2004.
La position dominante de la Colombie-Britannique a eu pour résultat que, au moment de la dernière récession aux États-Unis, la production de cette province est celle qui a diminué le plus parmi les provinces canadiennes, soit de 18,3 millions de mètres cubes. Cela représentait la moitié de la baisse totale pour le Canada. Au Québec, la production a diminué de 7,7 millions de mètres cubes et en Ontario, de 5,7 millions de mètres cubes. Même si la Colombie-Britannique a connu la baisse absolue la plus importante, la production de bois d'œuvre en pourcentage a diminué de 44,4 % en Colombie-Britannique, soit environ la moyenne nationale, et de 44,3 % au Québec, la baisse en pourcentage en Ontario ayant été plus forte (62,0 %).
Changements dans le produit intérieur brut (PIB) des produits forestiers
Les statistiques sur la production mesurée en fonction du PIB peuvent fournir un aperçu complémentaire des événements, qui permet de procéder à un examen plus détaillé puisque les données selon les industries et les données provinciales sont disponibles. Les données sur le PIB réel de la foresterie et l'exploitation forestière, de la fabrication de produits en bois et de la fabrication des usines de pâte à papier, de papier et de carton révèlent également une diminution de la production dans l'ensemble du Canada et dans les principales provinces forestières (tableau 1).
L'éclatement de la bulle du logement aux États-Unis a entraîné, au Canada, des baisses du PIB réel de l'exploitation forestière et de la fabrication de produits en bois à l'échelle provinciale de 13,9 % à 16,8 % par année entre 2007 et 2009. À la suite de la récession, la reprise dans ces industries a été inégale. Alors que pour la période de 2009 à 2012, le PIB réel de la foresterie et de l'exploitation forestière a connu une croissance moyenne de 7,3 % par année au Canada, la croissance du PIB réel de la fabrication de produits en bois a été de 5,5 % par année et le PIB de la fabrication des usines de pâte à papier, de papier et de carton a continué de diminuer. Dans l'ensemble des industries de la fabrication de produits en bois et en papier, ainsi que de l'exploitation forestière, la récession a entraîné une réduction généralisée du PIB réel, mais la reprise subséquente a joué en faveur de l'exploitation.
Il y a également eu une reprise inégale parmi les provinces. La Colombie-Britannique, qui a connu quelques-unes des baisses les plus marquées du PIB réel pour l'ensemble des industries forestières, a connu la reprise la plus forte. Par exemple, à la suite de baisses de 22,5 % et de 14,9 % dans les secteurs de l'extraction forestière et de la fabrication de produits de papier, respectivement, le PIB réel en Colombie-Britannique a crû de 11,3 % et de 6,5 % par année dans ces industries tout au long de la reprise. Le Québec, qui a connu une baisse un peu moins marquée de son PIB réel, et l'Ontario ont connu des reprises plus lentes.
L'effet global?
La grande récession aux États-Unis a eu des répercussions importantes sur la production forestière au Canada. Dans toutes les activités d'exploitation forestière, allant de l'extraction des ressources à la fabrication, le PIB réel et la production ont diminué. Les volumes de production de bois de sciage et de pâte de bois ont augmenté depuis le creux qu'a connu la production réelle aux États-Unis, mais les niveaux de production sont demeurés bien inférieurs aux sommets atteints avant la récession.
Références
Pour plus d'information, voir :
Dufour, D. 2007. L'industrie canadienne du bois d'œuvre : tendances récentes. Analyse en bref. 11-621-M. No 55. Ottawa : Statistique Canada.
Germain, B. 2012. L'industrie du bois d'œuvre au Canada : un aperçu de 2004 à 2010. Analyse en bref. 11-621-M. No 89.Ottawa : Statistique Canada.
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