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    Mesures des mouvements de l'emploi après 2000 : gains et pertes bruts d'emplois par rapport à la variation nette de l'emploi

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    Mesures des mouvements de l'emploi après 2000 : gains et pertes bruts d'emplois par rapport à la variation nette de l'emploi

    Par Anne-Marie Rollin

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    Début de l'encadré

    Cet article de la série Aperçus économiques décompose la croissance annuelle nette de l'emploi dans le secteur des entreprises en création brute d'emplois et suppression brute d'emplois au niveau de l'entreprise. Il est fondé sur des recherches effectuées par Statistique Canada sur la dynamique des entreprises.

    Fin de l'encadré

    Le nombre net d'emplois créés ou supprimés dans le secteur des entreprises une année donnée ne brosse qu'un tableau partiel de la variation de l'emploi qui se déroule continuellement au niveau de l'entreprise. Certaines entreprises décroissent ou ferment leurs portes même en période d'expansion, tandis que d'autres apparaissent ou prennent de l'expansion même en période de récession. Le présent document porte sur la dynamique de l'emploi dans le secteur des entreprises durant la période 2001 à 2009.

    Cette période comprend une période d'expansion (2001 à 2008) et une récession (2008-2009). L'emploi dans le secteur des entreprises a augmenté annuellement de 1,8 % en moyenne entre 2001 et 2008 et a chuté de 3,2 % en 2009.

    Les données au niveau de l'entreprise peuvent être utilisées pour décomposer la croissance nette de l'emploi en création brute d'emplois (emplois créés par les entreprises entrantes ou en expansion) et suppression brute d'emplois (emplois supprimés par les entreprises sortantes ou en décroissance). Cela fournit un tableau des mouvements de l'emploi qui ont lieu constamment dans le secteur des entreprises. Cela peut également permettre de détecter des changements structurels en cours et les processus concurrentiels à l'œuvre dans l'économie.

    Création et suppression d'emplois

    Le nombre d'emplois créés par certaines entreprises et le nombre d'emplois supprimés par d'autres éclipsent le nombre net d'emplois créés (graphique 1). L'emploi total a varié moins de 4 % chaque année, mais les taux tant de création que de suppression d'emplois ont été supérieurs à 8 %.

    Graphique 1 Flux d'empois en pourcentage de l'emploi total, 2001 à 2009

    Durant la période d'expansion de la décennie, la création et la suppression d'emplois ont toutes deux affiché une tendance à la baisse, la diminution observée de la suppression d'emplois étant toutefois plus régulière. La variation annuelle du taux de croissance nette de l'emploi peut être attribuable à un changement dans la création d'emplois, à un changement dans la suppression d'emplois, ou aux deux. De 2001 à 2004, les fluctuations de la création d'emplois ont contribué de façon importante à l'évolution de la croissance nette de l'emploi. Toutefois, l'augmentation du taux de croissance nette de l'emploi observée entre 2005 et 2007 a été attribuable principalement à des taux plus faibles de suppression d'emplois. Comme cela se produit habituellement en période de récession, la suppression d'emplois a augmenté de façon marquée (+3,5 %) en 2009 tandis que la création d'emplois a ralenti (-1,6 %). À la suite de la crise financière, le secteur des entreprises au Canada employait environ 369 000 personnes de moins en 2009 comparativement à 2008.

    Redistribution des emplois

    La redistribution des emplois, qui est la somme de la création brute d'emplois et de la suppression brute d'emplois, fournit une mesure sommaire du remaniement des possibilités d'emploi sur l'ensemble des entreprises. Durant la période d'expansion, la redistribution des emplois a diminué progressivement, passant de 25,7 % en 2001 à 20,1 % en 2008 (graphique 2). Ainsi, un emploi sur quatre a été soit créé, soit supprimé en 2001, tandis qu'un emploi sur cinq a été touché par la redistribution des emplois en 2008. Le marché du travail du secteur des entreprises a donc été moins dynamique dans un sens vers la fin de la période d'expansion. Une tendance à la baisse comparable a été observée aux états-Unis au cours des 30 dernières années1.

    Graphique 2 Taux de redistribution des emplois, 2001 à 2009

    La hausse des suppressions d'emplois au cours de la récession a entraîné une augmentation de la redistribution des emplois en 2009.

    Entreprises demeurées en activité

    Au cours de la dernière décennie, les entrées et les sorties d'entreprises ont été dans l'un et l'autre cas à l'origine de moins de 20 % de la création d'emplois et de la disparition d'emplois en moyenne (graphique 3). Par conséquent, les entreprises demeurées en activité ont joué le rôle principal dans la dynamique de l'emploi au cours de la période d'expansion ainsi que de la période de récession.

    Graphique 3 Croissance nette de l'emploi, selon la catégorie de dynamique de l'emploi, 2001 à 2009

    La diminution de l'emploi dans le secteur des entreprises au cours de la dernière récession est venue principalement (87%) des entreprises qui ont réduit leurs effectifs mais qui n'ont pas fermé leurs portes. Cette observation est conforme aux résultats des études comparant la dernière récession survenue au Canada et les deux récessions précédentes. Les auteurs de ces études en sont arrivés à la conclusion que la probabilité d'être mis à pied a été plus faible au cours de la dernière récession2 et que les employeurs canadiens ont eu recours davantage aux semaines de travail plus courtes et moins aux suppressions d'emplois durant la dernière récession3 qu'au cours des récessions précédentes. Le rôle modeste joué par les entreprises sortantes sur le plan de la suppression des emplois est conforme avec les résultats de ces études, puisque les emplois perdus par suite de fermetures d'entreprises sont plus susceptibles d'être associés à des mises à pied permanentes.

    Les secteurs des biens et des services

    La dynamique de l'emploi dans le secteur des biens et celle dans le secteur des services ont différé durant la période d'expansion ainsi que durant la période de récession de la décennie (tableau 1).

    Tableau 1 Part de l'emploi et taux des flux d'emplois, selon le secteur industriel, 2001 à 2009

    Durant la période d'expansion de 2001 à 2008, les deux secteurs avaient des niveaux comparables de création d'emplois, mais le taux de suppression d'emplois était de 1,6 point de pourcentage plus élevé dans le secteur des biens. Ainsi, la croissance nette de l'emploi plus basse dans le secteur des biens n'était pas attribuable à une plus faible création d'emplois, mais à une suppression d'emplois plus soutenue.

    Le secteur des biens a été durement touché par la récession, affichant une perte nette de 7,6 % de ses emplois; le pourcentage correspondant pour le secteur des services était de 2,3 %. Une fois de plus, l'écart entre les taux de création nette de l'emploi des deux secteurs s'expliquait principalement par des différences entre les taux de suppression d'emplois.

    La taille de l'entreprise

    De l'attention est souvent accordée à déterminer si la création d'emploi se concentre dans les petites ou les grandes entreprises. La réponse à la question — qui crée la majorité des emplois? — dépend beaucoup de la période d'analyse choisie. Dans la période postérieure à 2000, la contribution relative des entreprises de différentes tailles à la croissance nette d'emplois a fluctué énormément chaque année, et ce, principalement à cause de la volatilité considérable de la croissance nette de l'emploi des plus grandes entreprises (graphique 4).

    Graphique 4 Croissance nette de l'emploi, selon la taille de l'entreprise, 2001 à 2009

    Les entreprises comptant 500 employés ou plus ont subi des pertes nettes d'emplois à quatre reprises, soit en 2001, 2002, 2004 et 2009. Cette catégorie de taille représentait 50 % de la diminution nette de l'emploi en 2009. Par contre, ces grandes entreprises ont contribué de façon significative à la croissance de l'emploi en 2003, 2006, 2007 et 2008. Un gain moyen net de 41 000 emplois chaque année durant la période d'expansion de 2001 à 2008 était attribuable aux micro-entreprises (moins de cinq employés). Même si le nombre absolu net d'emplois auquel les micro-entreprises ont contribué est demeuré relativement inchangé, la part annuelle de la croissance nette de l'emploi de ces entreprises a varié considérablement en fonction de la situation dans les entreprises plus grandes.

    Conclusion

    La variation nette de l'emploi total est une statistique sommaire qui retient l'attention. Toutefois, ce chiffre est le résultat d'une redistribution et d'un roulement de l'emploi importants au niveau de l'entreprise. La décomposition de la croissance nette de l'emploi en création et suppression brute d'emplois brosse un tableau plus détaillé de ce qui se passe sur le marché du travail canadien.


    Des données portant sur la dynamique annuelle de l'emploi au Canada sont disponibles dans une série de six nouveaux tableaux CANSIM (527-0001, 527-0002, 527-0003, 527-0004, 527-0005, 527-0006). Ces tableaux fournissent de l'information sur la création brute d'emplois, la suppression brute d'emplois et la croissance nette de l'emploi pour les entreprises avec salarié(s) dans le secteur des entreprises. Des estimations sont disponibles pour différentes industries et catégories de taille d'entreprise.

    Bibliographie

    Cet article de la série Aperçus économiques est fondé sur des recherches sur la dynamique des entreprises effectuées par la Division de l'analyse économique de Statistique Canada. Il s'appuie sur le fichier du Programme d'analyse longitudinale de l'emploi (PALE) tenu à jour par la Division, qui est produit à partir des données administratives sur la paie transmises par les entreprises canadiennes. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter les documents suivants :

    Chan, P.C.W., R. Morissette et M. Frenette. 2011. Les travailleurs mis à pied au cours des trois dernières récessions : qui étaient-ils et quels résultats ont-ils obtenus? Produit no11F0019M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Direction des études analytiques : documents de recherche. No 337.

    Ciobanu, O., et W. Wang. 2012. Dynamique des entreprises : l'entrée et la sortie d'entreprises au Canada, 2000 à 2008. Produit no11-622-M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. L'économie canadienne en transition. No 22.

    Cross, P. 2011. « Comment le cycle de récession-reprise de 2008-2010 se compare aux cycles précédents? » L'Observateur économique canadien vol. 24. No 1. Produit no11-010-X au catalogue de Statistique Canada.

    Haltiwanger, J., R. Jarmin et J. Miranda. 2011. « Historically large decline in job creation from startup and existing firms in the 2008−2009 recession ». Business Dynamics Statistics Briefing. Kansas City, Missouri. Ewing Marion Kauffman Foundation. Mars. http://www.kauffman.org/uploadedFiles/bds_report_3-22-11.pdf (consulté le 26 mars 2012).

    Rollin, A.-M. 2012. Dynamique des entreprises : dynamique de l'emploi résultant de la croissance et de la décroissance des entreprises au Canada, 2001 à 2009. Produit no11-622-M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. L'économie canadienne en transition. No 24.


    Notes

    1. Consulter Haltiwanger et coll. (2011).
    2. Consulter Chan et coll. (2011).
    3. Consulter Cross (2011).
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