Article principal

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

  1. Introduction
  2. Données et mesure
  3. Entrée et sortie au niveau provincial
  4. Entrée et sortie par province et industrie
  5. Conclusion
  6. Annexe

1   Introduction

L’entrée et la sortie représentent l’une des plus importantes dimensions du roulement dans les industries. L’entrée et la sortie d’entreprises revêtent de l’importance dans le façonnement de la structure industrielle..

Comme l’entrée implique la naissance de nouvelles entreprises, on l’associe souvent au renouveau et à l’esprit d’entreprise. Les entreprises entrantes offrent aux consommateurs des biens et services novateurs, souvent en créant de nouveaux marchés ou en répondant aux besoins de créneaux existants. Elles exercent une pression concurrentielle sur les entreprises plus anciennes, les forçant à faire preuve de plus d’innovation et d’efficience et à s’adapter plus rapidement à l’évolution de la demande des consommateurs. Les études ont montré le rôle de premier plan que jouent l’entrée et la sortie dans la réaffectation des ressources et l’amélioration de la productivité.

Mais le roulement n’est pas toujours vu comme un signe de réussite. Comme la sortie implique la disparition d’entités, elle est souvent interprétée comme le signe avant-coureur d’obsolescence. Le taux élevé de sortie associé aux nouvelles entreprises entrantes est parfois considéré comme un coût regrettable associé à des entrepreneurs immatures.

Toujours est-il que les entrées et sorties s’observent partout au pays. Si les nouvelles entreprises entrantes vont généralement de pair avec une industrie en croissance rapide, on les trouve aussi dans des industries plus établies ou en déclin. Les sorties sont certes plus nombreuses dans les industries qui en sont à leur phase de déclin, mais il y en a aussi dans les industries en croissance où l’on trouve un plus grand nombre de nouvelles entreprises entrantes. Dans une large proportion, ces entreprises entrantes échoueront au cours de leurs 10 premières années de vie.

Pour donner un aperçu de l’importance de ce processus, les tendances d’entrée et de sortie dans diverses industries des provinces canadiennes après 2000 sont examinées dans ce document. On veut par là compléter d’autres travaux portant sur la façon dont la structure industrielle a changé et examiner le rôle joué par le processus d’entrée et de sortie d’entreprises.

Le présent document n’a pas pour principal objectif d’évaluer si certaines industries ou économies provinciales étaient plus dynamiques, d'après les différences de proportions d’entrées et de sorties — bien que des différences de tendances de l’entrée et de la sortie entre provinces puissent s’ensuivre de l’analyse. Il se peut que des différences inhérentes de souplesse, telles que mesurées par des statistiques sur le roulement de l’entrée nette, soient à l’origine des différences de capacité entrepreneuriales observées entre les économies provinciales. Mais il est non moins plausible que des différences fondamentales de structure économique et de développements économiques généraux entre économies provinciales soient à l’origine de ces différences.

On observe aussi bien des similarités que des différences au chapitre de la structure industrielle des provinces canadiennes et des changements qui sont survenus après 2000. Par exemple, l’industrie de la finance est très présente et a continuellement accru son importance dans les diverses économies provinciales. Au cours de la période allant de 2000 à 2008, l’industrie de la finance a été à l’origine, en moyenne, de plus de 10 % du produit intérieur brut (PIB) provincial dans les 10 provinces (tableau 8). En revanche, l’industrie de l’extraction minière, pétrolière et gazière est relativement plus importante pour l’Alberta, la Saskatchewan et les provinces de l'Atlantique. En 2008, l’industrie de l’extraction minière, pétrolière et gazière a été à l’origine de 34 % du PIB provincial de l’Alberta et de 21 % de celui des provinces de l'Atlantique. Par contre, la part de cette industrie dans l’économie des provinces de l’Ontario et du Québec a été d'environ 1 %. Le secteur de la fabrication est relativement plus important en Ontario et au Québec que dans les autres provinces. En 2008, l’industrie de la fabrication a représenté environ 15 % à 17 % du PIB provincial de ces deux provinces, étant la deuxième industrie en importance au Québec et en Ontario. Ces caractéristiques structurelles, conjuguées aux différences de superficie du territoire, de population, d’abondance de ressources naturelles, de revenu personnel et d’environnement d’affaires (régime fiscal et réglementation) entre provinces peuvent donner lieu à différentes tendances d’entrée et de sortie d’entreprises entre provinces ou entre industries.

Il y a également eu des différences considérables dans les changements que les économies provinciales ont connus au cours des 10 années suivant 2000, lorsque les prix de l’énergie et des ressources ont augmenté de manière substantielle. Pendant la même période, le secteur de la fabrication a souffert de l’appréciation du dollar canadien par rapport à la devise américaine. On pourrait s’attendre à ce que les tendances de l’entrée et de la sortie reflètent ces différences au niveau provincial ainsi qu’au niveau des industries.

On a beaucoup appris des travaux publiés sur l’entrée et la sortie d’entreprises, mais la plupart portaient sur des industries en particulier, souvent celles de la fabrication et du commerce de détail, et ce, au niveau national (Baldwin, 1995; Baldwin et Lafrance, 2011; Baldwin et Gu, 2008). Ciobanu et Wang (2012) documentent des données empiriques sur les tendances de l’entrée et de la sortie d’entreprises dans le secteur agrégé canadien des entreprises en utilisant la base de données du Programme d'analyse longitudinale de l'emploi (PALE) au niveau national. Le présent document étend ces travaux à l’examen de la tendance de l’entrée et de la sortie dans diverses industries au niveau provincial après 2000 et lie cette tendance aux différences provinciales de conjoncture économique.

Le reste du document est organisé comme suit. La section 2 comporte une description des données et la méthodologie employées pour mesurer l’entrée et la sortie d’entreprises. La section 3 porte sur la tendance des taux agrégés d’entrée et de sortie par province. La section 4 traite des différences entre industries pour chaque province et cerne d’éventuels éléments communs dans la tendance des différences au niveau des industries. La section 4 présente une comparaison des différences entre provinces d’une industrie à l’autre, qui permet de déterminer si ces différences étaient liées à des différences de prospérité. La section 6 présente une comparaison de la façon dont l’entrée nette a réagi aux conditions industrielles et aux conjonctures provinciales et traite de la contribution de l’entrée nette à la croissance du nombre d’entreprises et à l’emploi total. Enfin, la conclusion du document est présentée à la section 7.

2   Données et mesure

2.1  Programme d’analyse longitudinale de l’emploi

L'analyse est fondée sur l’ensemble de données du PALE pour documenter l’entrée et la sortie d’entreprises au niveau provincial, au Canada, au cours de la période allant de 2000 à 2009. Le PALE est une base de données administratives qui englobe toutes les entreprises de l’économie canadienne qui possèdent une feuille de paie, c’est-à-dire les entreprises qui émettent au moins un État de la rémunération payée (feuillet T4) 1 . Le PALE couvre actuellement les années 1983 à 2010; il englobe les entreprises constituées en société et non constituées en société, mais exclut les travailleurs autonomes ou les sociétés de personnes dont les associés ne touchent pas de salaire. Il constitue un fichier longitudinal qui fournit de l’information sur la masse salariale totale, les gains moyens des employés, l’emploi, la classification par industrie, la province et le pays de contrôle au niveau des entreprises. Comme le PALE est créé en procédant à un couplage des données du Registre des entreprises à celles d’un fichier sommaire des gains annuels des employés tirés des feuillets T4 et des remises de retenues à la source faites par les entreprises, on peut produire une mesure de la main-d’oeuvre qui tient compte de la nature de chaque emploi. Il s’agit de l’unité moyenne de main-d’oeuvre (UMM), qui correspond à la masse salariale de l’entreprise divisée par les gains annuels moyens du travailleur typique dans l’industrie de l’entreprise (au niveau de 4 chiffres dans le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord [SCIAN]), dans sa province et selon la taille de l’entreprise.

Le mécanisme de suivi de la main-d’oeuvre du PALE permet d’exclure des dénombrements d’entreprises entrantes et sortantes les cas de changement de structure d’entreprises résultant d’activités de fusion et d’acquisition (F et A). Par exemple, deux entreprises qui fusionnent pour en former une troisième ne seraient pas reconnues dans le fichier du PALE comme deux sorties et une entrée d’entreprise. Plutôt, la structure lors de la dernière année d’une version particulière du fichier serait utilisée pour de précédentes années et l’historique de l’emploi serait repoussé dans le temps pour assurer la cohérence. Afin de pouvoir suivre ces changements structurels au cours du temps, l’ensemble complet de données se compose d’une séquence de différentes versions. La dernière année de chaque version donne la structure d’entreprise qui existait cette année-là. Pour cette raison, les taux d’entrée et de sortie sont calculés ici à partir des données des trois dernières années de chaque version du PALE, en utilisant toutes les versions. En procédant ainsi, on s’assure d’utiliser les données les plus récentes pour déterminer les taux de création et de disparition d’entreprises à un moment dans le temps, mais, dans le même temps, on exclut les activités de F et A.

2.2  Mesure de l’entrée et de la sortie au niveau provincial

Aux fins de ce document, l’entrée et la sortie d’entreprises sont mesurées au niveau provincial à l’aide des fichiers annuels provinciaux du PALE de l’année 2001 à l’année 2010. Comme il en est question dans Ciobanu et Wang (2012), deux méthodes sont généralement employées pour produire des mesures de l’entrée et de la sortie d’entreprises sur une base annuelle.

La première repose sur une période d’observation de deux ans qui fait intervenir ce qu’on appelle la « règle de deux ans » 2 . La seconde repose sur une période d’observation de trois ans, utilisant une règle de trois ans. Comme c’est le cas dans Ciobanu et Wang (2012), la règle de trois ans est utilisée ici pour mesurer l’entrée et la sortie d’entreprises 3 . En conséquence, les taux d'entrée et de sortie pour la période de 2000 à 2009 sont calculés à partir des versions particulières de 2001 à 2010 des fichiers du PALE.

Avec l’utilisation de la règle de trois ans, les entreprises actives sont groupées en quatre catégories : les entreprises persistantes (C), les entreprises entrantes (E), les entreprises sortantes (X) et les entreprises éphémères (S). Dans une année de référence donnée (t), les entreprises de tout type sont actives (A). Une entreprise persistante est aussi active l’année précédente et l’année subséquente. Une entreprise entrante est inactive l’année précédente, mais active l’année subséquente. Une entreprise sortante est active l’année qui précède t, mais inactive un an plus tard. Une entreprise éphémère est inactive à la fois l’année d’avant et l’année d’après l’année de référence t.

Pour les besoins de cette étude de la dynamique des entreprises dans les provinces, l’entrée et la sortie sont définies au niveau provincial. En d’autres termes, une entreprise entrante A d’une province B l’année test inactive durant l’année t moins 1 uniquement dans la province B. L’entreprise A pourrait déjà exister dans d’autres provinces à l’année t moins 1. C’est aussi vrai pour la définition d’une sortie 4 .

En utilisant la règle de trois ans (3Y), le nombre total d’entreprises actives N indice A et t dans une province donnée est égal à la somme du nombre d’entreprises dans toutes les catégories, c’est-à-dire : 

Les taux d’entrée et de sortie mesurés par le nombre d’entreprises ( R indice t ouvrir parenthèse N fermer parenthèse) et la part de l’emploi ( R indice t ouvrir parenthèse L fermer parenthèse) en utilisant la règle de trois ans sont calculés à partir des équations suivantes : 

Afin de comprendre la dynamique des entreprises et la contribution de l’entrée et de la sortie d’entreprises aux changements qui surviennent dans le nombre d’entreprises actives et dans l’emploi total, on divise les entreprises actives en deux sous-groupes sur un horizon de deux ans (2Y) : 1) les entreprises qui sont actives les deux années, y compris les entreprises persistantes les deux années, les entreprises entrantes la première année et les entreprises sortantes la deuxième année; 2) les entreprises qui ne sont actives que l’une des deux années, y compris les entreprises éphémères les deux années, les entreprises entrantes la deuxième année et les entreprises sortantes la première année. On peut alors mesurer la variation du nombre d’entreprises actives entre deux années consécutives comme étant le changement du nombre d’entreprises du deuxième sous-groupe entre les deux années, c’est-à-dire : 

La deuxième égalité est vérifiée en raison du lien entre la règle de deux ans et la règle de trois ans 5 .

De la même façon, le changement dans l’emploi total peut être décomposé en deux effets : l’effet de la croissance et l’effet de l’entrée nette. L’effet de la croissance se rapporte à la croissance de l’emploi chez les entreprises qui sont actives les deux années, et l’effet de l’entrée nette se rapporte à la variation dans l’emploi causée par l’entrée nette. Plus précisément, la croissance de l’emploi entre deux années consécutives peut être exprimée ainsi : 

Toutes les mesures utilisées pour calculer la croissance entre deux années consécutives sont produites à partir de la même version du fichier pour s’assurer que la structure d’entreprise est la même les deux années. Par exemple, toutes les mesures requises pour le calcul de la croissance de 2008 à 2009 et de 2009 à 2010 sont produites en utilisant respectivement la version 2009 et la version 2010 du fichier.

3   Entrée et sortie au niveau provincial

Les taux agrégés d’entrée et de sortie d’entreprises (calculés en fonction à la fois du nombre d’entreprises et de l’emploi) au niveau provincial sont représentés dans les graphiques 1 à 7 pour les provinces et régions suivantes : Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Ontario, Québec, Saskatchewan et provinces de l’Atlantique (Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick) 6 . Chaque graphique comprend aussi le taux de croissance du PIB provincial afin de donner une idée générale des conditions économiques dans lesquelles se produisent les entrées et les sorties et se manifestent leurs tendances 7 . Les données se trouvent aux tableaux 16 à 22 en annexe (section 6).

En premier lieu, le taux d’entrée, mesuré selon le nombre d’entreprises, était généralement plus élevé que le taux de sortie. Cela se vérifie dans toutes les provinces pendant la période allant de 2000 à 2009, sauf en Saskatchewan et dans les provinces de l’Atlantique. La population du secteur des entreprises était généralement en croissance, avec davantage d’entrées que de sorties d’entreprises. Cela concorde avec une constatation semblable sur les taux d’entrée et de sortie au niveau national dans Ciobanu et Wang (2012). Dans le cas de la Saskatchewan, il était difficile de faire la distinction entre les taux d’entrée et de sortie de 2000 à 2005. Le taux d’entrée n’a commencé à dépasser le taux de sortie qu’à partir de 2006. Pour le Canada atlantique, le taux d’entrée était généralement plus élevé que le taux de sortie dans le temps, mais l’inverse a été observé en 2005 et 2006 8 .

En deuxième lieu, les taux d’entrée et de sortie mesurés par l’emploi (UMM) étaient moins instables et beaucoup plus petits que ceux mesurés en fonction du nombre d’entreprises. Dans toutes les provinces, sauf le Québec, la Saskatchewan et les provinces de l’Atlantique, le taux d’entrée fondé sur l’emploi a également été plus élevé que le taux de sortie mesuré selon l’emploi. L’entrée nette (la différence entre les entrées et les sorties) a fait une contribution positive à l’emploi total dans le secteur des entreprises dans la plupart des provinces. Cela concorde également avec une constatation semblable au niveau national faite dans Ciobanu et Wang (2012).

En troisième lieu, pour toutes les provinces, les entreprises éphémères (où l’entrée et la sortie se produisent la même année) n’ont représenté que de 2 % à 5 % de toutes les entreprises actives, le Québec étant la province où il y en avait le moins et le Canada atlantique, le plus (voir les tableaux 9 à 15 dans la section 6, « Annexe »). La part de l’emploi des entreprises éphémères était fort modeste dans toutes les provinces, se chiffrant à moins de 1 % de l’emploi total.

En quatrième lieu, dans le cas de la plupart des provinces pour la période allant de 2000 à 2009, les variations du taux d’entrée calculé en fonction du nombre d’entreprises ont reflété les conditions macroéconomiques qui prévalaient durant cette période. Les années qui ont immédiatement succédé à 2000 ont généralement correspondu à une période de faible croissance. Une période d’expansion a suivi, puis la récession de 2008-2009 est survenue. Suivant ce mouvement, le taux d’entrée en Alberta et en Colombie-Britannique a diminué de 2000 à 2003, puis a augmenté jusqu’en 2007 et a décliné par la suite. En Ontario, on a aussi observé une diminution du taux d’entrée tôt dans la période, pendant le ralentissement d’après 2000, mais la reprise de l’augmentation du taux a été moins forte par la suite, à l’instar de la croissance du PIB de la province, le taux s'étant maintenu au milieu de la décennie. Au Québec et dans les provinces de l’Atlantique, le taux d’entrée a décliné pendant toute la période, ce qui concordait avec la tendance suivie par leur PIB. En Saskatchewan, le taux d’entrée est demeuré constant de 2000 à 2006, avant d’augmenter en 2007 et en 2008. Le lien entre la tendance des entrées et la croissance du PIB au Manitoba fait exception, parce que le taux d’entrée a diminué de 2000 à 2003 et est demeuré relativement stable par la suite même si l’économie de la province connaissait une expansion assez rapide de 2003 à 2007.

En général, la croissance du PIB est associée positivement à l’entrée et négativement à la sortie. Durant la période allant de 2000 à 2009, le coefficient de corrélation entre la croissance du PIB et le taux d’entrée fondé sur le nombre d’entreprises était de 0,67 pour l’Alberta, de 0,83 pour la Colombie-Britannique et de 0,17 pour le Québec, et le coefficient de corrélation entre la croissance du PIB et le taux de sortie fondé sur le nombre d’entreprises était de -0,72, -0,54 et -0,17, respectivement, pour ces trois provinces. Dans le cas du Québec, les deux corrélations étaient relativement faibles 9 .

Les différences de conjoncture économique au niveau provincial se reflètent alors généralement dans les tendances de l’entrée et de la sortie au cours du temps. C’est également le cas lorsqu’il s’agit d’estimations des corrélations contemporaines entre les taux d’entrée et de sortie mesurés selon le nombre d’entreprises, entre les taux d’entrée et de sortie fondés sur l’emploi et entre l’entrée et les entreprises éphémères mesurées selon le nombre d’entreprises (tableau 1). Ces corrélations sont négatives au niveau national, faisant apparaître les différences observées dans la réaction de l’entrée et de la sortie au cycle économique — le taux d’entrée augmentant pendant les périodes de croissance et diminuant en période de ralentissement, et le taux de sortie faisant l’inverse.

En Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario et en Saskatchewan, il y avait une corrélation négative entre les taux d’entrée et de sortie fondés sur le nombre d’entreprises. Dans le cas des trois premières provinces, les corrélations négatives résultaient de la hausse des taux d’entrée de 2003 à 2007 et de la diminution des taux de sortie durant la même période. En Saskatchewan, toutefois, la corrélation négative était due à la hausse du taux d’entrée de 2006 à 2008 et au déclin du taux de sortie durant la même période. Ces corrélations négatives rendaient compte de plus d’entrées et de moins de sorties pendant les périodes d’expansion économique.

Par contre, une corrélation positive entre les taux d’entrée et de sortie fondés sur le nombre d’entreprises existait au Manitoba, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Dans les deux derniers cas, cette corrélation s’est produite en raison du déclin général dans le temps des taux d’entrée et de sortie calculés en fonction du nombre d'entreprises, lequel s’est accompagné de diminutions des taux de croissance du PIB.

Il faut s’attendre à des corrélations négatives lorsque les effets cycliques prédominent. Des corrélations positives sont attendues lorsque ces effets sont relativement peu importants — parce qu’alors l’incidence normale de la destruction créatrice, lors de laquelle de plus nombreuses entrées donnent lieu à de plus nombreuses sorties, l’emporte sur les effets cycliques, puisque les deux phénomènes sont inversement liés l’un à l’autre. À l’appui de cette explication, mentionnons que la corrélation entre les séries corrigées des tendances de l’entrée et de la sortie est devenue négative au Manitoba et dans les provinces de l’Atlantique alors qu’elle est restée positive au Québec.

Contrairement aux corrélations fondées sur les taux d’entrée et de sortie calculés en fonction du nombre d’entreprises, la corrélation entre les taux d’entrée et de sortie mesurés par l’emploi a été positive pour toutes les provinces. Cela s’est produit parce que et l’entrée et la sortie ont généralement décliné ensemble dans le temps (probablement en raison d’un plus faible taux d’entrée et donc, de façon conjuguée, d’un plus faible taux de sortie), et cette tendance a dominé les effets cycliques. La taille des entreprises entrantes et sortantes s’est aussi réduite avec le temps, et la contribution du processus d’entrée et de sortie à l’emploi total dans le secteur des entreprises a fait de même.

Dans quelle mesure le processus d’entrée et de sortie contribue-t-il à la croissance (du nombre d’entreprises et de l’emploi) dans le secteur des entreprises au niveau provincial? Pour répondre à cette question, on se sert de la décomposition dans les équations (3) et (4). Pour toutes les années consécutives allant de 2000 jusqu’à 2009, la contribution annuelle de l’entrée nette à la croissance du nombre total d’entreprises et à la croissance de l’emploi total est calculée comme suit : 

Deux équations mesurant la contribution de l'entrée nette Description de l'image(11)

Les moyennes pondérées de la contribution annuelle de l’entrée nette à la croissance du nombre d’entreprises dans la population des entreprises et à la croissance de l’emploi dans les entreprises sont indiquées dans le tableau 2 10 . Au cours de la période allant de 2000 à 2009, la contribution à l’augmentation du nombre d’entreprises a été la plus forte en Alberta, où le taux annuel de croissance était de 3,1 % en moyenne. Suivaient ensuite l’Ontario et la Colombie-Britannique, qui ont affiché des taux annuels moyens de croissance de 2,4 % et de 2,3 %, respectivement. L’entrée nette a moins contribué à la croissance de la population d’entreprises en Saskatchewan et au Québec. Le Canada atlantique est arrivé au dernier rang, enregistrant un taux de 0,3 % par an en moyenne au cours de la même période.

La contribution de l’entrée nette à la croissance de l’emploi des entreprises est généralement beaucoup plus élevée que sa contribution à la population d’entreprises. Cette constatation générale s’explique par le fait que les entreprises de grande et de petite taille en sont à des stades différents de leur cycle de vie. Les grandes entreprises ont généralement atteint le stade où elles réalisent des gains d’efficience dans le processus de production et commencent à avoir moins besoin de main-d’oeuvre en parsemant le travail produit par unité de production. Les nouvelles entreprises, en revanche, en sont toujours au stade où cela ne s’est pas encore produit et où elles ont besoin de beaucoup de main-d’oeuvre.

La seule exception à cette tendance provinciale est le Canada atlantique, où l’entrée nette avait un impact négatif sur l’emploi. Les provinces où l’entrée contribuait davantage aux chiffres de la population d’entreprises étaient généralement celles où une plus grande contribution était faite à la croissance de l’emploi — quoique le classement entre provinces ait changé dans certains cas. Ce sont l’Ontario et la Saskatchewan qui ont enregistré la plus forte contribution de l’entrée nette à la croissance de l’emploi des entreprises, avec respectivement des croissances annuelles moyennes de 21,4 % et 21,3 %. Dans ces deux provinces, au cours de la période allant de 2000 à 2009, le processus d’entrée et de sortie a été à l’origine d’un emploi créé (ou perdu) sur cinq. La contribution de l’entrée nette à la croissance de l’emploi des entreprises dans la plupart des autres provinces a aussi été significative, variant de 16 % à 19 % par an en moyenne. Le Québec et le Manitoba ont contribué, par roulement, relativement moins d’entreprises à la population d’entreprises et moins à la croissance de l’emploi. Les provinces de l’Atlantique arrivaient au dernier rang.

4   Entrée et sortie par province et industrie

À l’intérieur des provinces, les industries ont connu des différences, quant à leurs profils d’entrée et de sortie, qui correspondaient aux variations observées dans l’économie provinciale. Dans cette section, les taux d’entrée et de sortie sont examinés pour plusieurs industries sélectionnées dans chaque province afin d’illustrer ce point. Ces industries sélectionnées comprennent le secteur de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière et de l’extraction de pétrole et de gaz (SCIAN 21, ci-après nommé « Extraction minière et de pétrole »), la construction (SCIAN 23), la fabrication (SCIAN 31-33), le commerce de détail (SCIAN 44-45), le secteur du transport et de l’entreposage (SCIAN 48-49, ci-après nommé « Transport »), ainsi que le secteur de la finance, des assurances, des services immobiliers et de location et de la gestion de sociétés et d’entreprises (SCIAN 52, 53 et 55), ci-après nommé « Finance »).

Les industries sélectionnées correspondent aux secteurs ayant connu les plus importants changements structurels au cours de la période allant de 2000 à 2010 (Brown et Gellatly, à paraître). Au cours de cette période, les industries de l’extraction minière et pétrolière, de la construction, du commerce de détail et de la finance ont, en général, vu leur importance s’accroître, tandis que le secteur de la fabrication a généralement décliné 11 .

Les comparaisons provinciales soulignent également si les similarités des taux de roulement des industries dénotent une réaction du processus de roulement aux changements structurels se produisant à l’échelle du pays.

4.1  Taux d’entrée et de sortie par industrie sélectionnée pour chaque province

Les taux annuels moyens d’entrée et de sortie d’entreprises des industries sélectionnées dans chaque province pour la période allant de 2000 à 2009 sont présentés dans les graphiques 8 à 14.

4.1.1  Roulement global

En Alberta, les taux d’entrée et de sortie fondés sur le nombre d’entreprises étaient les plus élevés dans les secteurs où la restructuration canadienne faisait croître l’importance de certaines industries — extraction minière et pétrolière, construction, transport et finance. Il en va de même des autres provinces de l’Ouest — Saskatchewan, Colombie-Britannique et Manitoba —, qui ont aussi connu les effets de l’essor des ressources naturelles à divers degrés. Cela se vérifie dans une mesure moindre, mais encore notable, dans les provinces de l'Est —l’Ontario et le Québec. Cela concorde avec la tendance relevée dans Brown et Gellatly (à paraître) selon laquelle la croissance de ces industries était généralement répartie dans la plupart des administrations provinciales.

La fabrication et le commerce de détail ont généralement enregistré de plus faibles taux d’entrée et de sortie fondés sur le nombre d’entreprises au cours de la période dans toutes les administrations publiques.

Les tendances semblables que les différences entre industries présentaient dans la plupart des provinces reflétaient soit un rajustement général à la suite des changements survenus dans les industries, soit des différences similaires entre les conditions d’entrée.

Pour faire la distinction entre ces hypothèses, des corrélations des taux d’entrée et de sortie d’industrie entre provinces ont été calculées pour les seules principales industries qui traversaient une restructuration (tableaux 3 et 4) et pour toutes les industries (tableaux 5 et 6). Les corrélations pour les taux d’entrée entre l’Alberta et ses provinces voisines de l’Ouest et entre l’Ontario et le Québec étaient généralement positives lorsque l’on prenait en compte toutes les industries, mais étaient beaucoup plus élevées lorsqu’on ne faisait entrer en ligne de compte que les industries en restructuration. Dans le cas des autres provinces, les corrélations pour l’ensemble de données sur toutes les industries étaient moins susceptibles d’être positives, quoique, une fois encore, les corrélations pour l’ensemble réduit d’industries étaient plus élevées. Il ressort de tout cela que la similarité des conditions d’entrée découlait en grande partie non pas de caractéristiques industrielles inhérentes liées aux obstacles à l’entrée, mais de points communs dans la restructuration qui s’opérait à l’échelle du pays.

L'exception notable était le Canada atlantique, où il y avait moins de variation dans le taux de roulement fondé sur le nombre d’entreprises et où, comme on l’a vu précédemment, les taux d’entrée et de sortie suivaient une trajectoire descendante différente de celle des autres provinces. Le Canada atlantique se distinguait aussi du reste des provinces en ce qu’un plus grand nombre d’industries parmi celles examinées ici enregistraient un taux de sortie plus élevé que le taux d’entrée. Les différences de corrélation entre le taux d’entrée du Canada atlantique et celui des autres provinces étaient frappantes. Elles avaient tendance à être plus petites ou inverses à la plupart des autres corrélations interprovinciales.

4.1.2  Différences entre les taux d'entrée et de sortie

Le taux d’entrée net (la différence entre les taux d’entrée et de sortie fondés sur le nombre d’entreprises) était généralement positif dans toutes les provinces pour les secteurs de l’extraction minière et pétrolière, de la construction et de la finance, et le processus de roulement contribuait à la croissance de la population d’entreprises des industries 12 . L’exception était l’industrie de la fabrication — en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec et au Canada atlantique —, quoique l’expansion en Alberta ait été suffisamment solide pour que, même dans le secteur de la fabrication, son taux d’entrée net soit positif.

En Alberta, le taux d’entrée fondé sur le nombre d’entreprises a été plus élevé que le taux de sortie pour toutes les industries sélectionnées, en particulier celles de l’extraction minière et pétrolière, du transport et de la construction. Cela s’explique par la croissance de ces industries pendant cette période, laquelle était menée par l’expansion du secteur pétrolier et gazier en Alberta. Par contre, il y avait davantage de taux négatifs d’entrée nets fondés sur le nombre d’entreprises au Québec et au Canada atlantique que de taux positifs — en raison des conditions économiques qui ont prévalu dans ces provinces au cours des 10 années suivant 2000. Également, les taux d’entrée nets fondés sur l’emploi étaient, en général, négatifs plutôt que positifs au Québec et dans le Canada atlantique.

Lorsqu’ils sont positifs, les taux d’entrée nets fondés sur le nombre d’entreprises s’accompagnent généralement de taux d’entrée nets positifs fondés sur l’emploi; mais il y a des exceptions qui reflètent une restructuration inhabituelle. En Alberta, le taux d’entrée net fondé sur le nombre d’entreprises de l’industrie de l’extraction minière et pétrolière était positif, mais le taux d’entrée net fondé sur l’emploi était négatif. Des entreprises de taille supérieure à la moyenne sortaient de ce secteur et la croissance de l’emploi dans cette industrie était surtout attribuable au segment des entreprises persistantes plutôt qu’au processus d’entrée et de sortie. Il en a été de même pour plusieurs des industries examinées en Saskatchewan.

Le transport et la construction ont également présenté les taux les plus élevés d’entrée nets fondés sur le nombre d’entreprises (la différence entre les taux d’entrée et de sortie) en Ontario, suivis par les secteurs de l’extraction minière et pétrolière et de la finance. La fabrication était la seule industrie du groupe sélectionné à avoir un taux d’entrée net négatif. Cela coïncide avec le déclin global de ce secteur après 2000.

Le Québec a également vu croître ses industries de l’extraction minière et pétrolière et de la construction au cours de la période allant de 2000 à 2009. Néanmoins, le reste de ses industries parmi le groupe sélectionné, notamment la fabrication, le commerce de détail, le transport et la finance, ont enregistré une entrée nette négative au cours de cette période.

Au Canada atlantique, l’entrée et la sortie dans les industries ont suivi une tendance semblable à celle du Québec, hormis le secteur de la finance, qui a enregistré une croissance, alors qu’il a décliné au Québec.

4.2  Taux d’entrée et de sortie par province pour chaque industrie sélectionnée

Des comparaisons interprovinciales du roulement dans chaque industrie permettent d’examiner les effets des différentes trajectoires provinciales de croissance sur l’entrée et la sortie. Les taux annuels moyens d’entrée et de sortie fondés sur le nombre d’entreprises au cours de la période allant de 2000 à 2009 par province et pour les industries sélectionnées sont présentés dans les graphiques 15 à 20. Le tableau 7 (section A) renferme des estimations de l’impact du processus d’entrée et de sortie sur la croissance de la taille de la population d’entreprises.

La croissance de l’industrie de l’extraction minière et pétrolière dans l’Ouest canadien a été associée aux taux les plus élevés d’entrée bruts et nets; cela dit, ces taux étaient assez élevés dans cette industrie, même en Ontario et au Canada atlantique, ce qui démontrait la force de cette industrie à l’échelle du pays. C’est au Québec que le taux d’entrée dans ce secteur était le plus bas. Ce portrait général s’observait aussi quant à l’incidence de l’entrée sur la croissance de population d’entreprises (tableau 7). L’impact a été le plus marqué dans les provinces de l’Ouest et le plus faible au Québec.

L’effet conjugué de l’essor des ressources naturelles et de l’expansion rapide du marché du logement a aussi été à l’origine de la croissance du secteur de la construction à l’échelle du pays. Mais là encore, les provinces de l’Ouest ont surpassé le reste du pays au chapitre de l’entrée nette et de la contribution de cette entrée nette à la population totale d’entreprises. Comme c’était le cas pour le secteur des ressources, le Québec était à la traîne des autres provinces.

Toutes les provinces sauf le Québec ont enregistré une expansion de leur industrie de la finance. Cette expansion était attribuable en partie à la croissance rapide des marchés de la finance et du logement entre 2003 et 2007. La croissance de cette industrie transparaissait dans les taux d’entrée bruts élevés en Ontario et dans les provinces de l’Ouest. Fait intéressant à noter, le Canada atlantique a enregistré des taux d’entrée bruts presque aussi élevés que ceux de l’Ontario. Le déclin de la finance au Québec (le taux d’entrée brut plus bas et le taux négatif d’entrée net) était dû au déclin de deux sous-segments du secteur de la finance — la finance et les assurances (SCIAN 52) et la gestion de sociétés et d’entreprises (SCIAN 55) —, mais pas le segment des services immobiliers et de location (SCIAN 53) 13 . Les contributions de l’entrée nette à la population globale d’entreprises ont été les plus importantes dans les provinces de l’Ouest et en Ontario et les plus faibles au Québec et au Canada atlantique.

Dans la plupart des provinces, la fabrication a décliné ou n'a pas changé durant la période. L’Alberta et la Saskatchewan ont été les seules provinces où le secteur de la fabrication a légèrement crû au cours de la période, affichant un taux d’entrée net positif. Cela était très probablement attribuable à l’industrie de la fabrication dans ces deux provinces, qui a servi l’extraction minière et l’exploitation pétrolière et gazière. La contribution nette de l’entrée au nombre total d’entreprises était généralement négative. Les valeurs négatives les plus grandes ont été observées au Québec et au Canada atlantique.

L’Ontario et l’Alberta ont vu leur industrie du transport prendre de l’expansion par rapport aux autres provinces, comme en témoignent des taux d’entrée bruts et nets élevés et la contribution plus forte de l’entrée nette à la croissance de la population d’entreprises. L’industrie du transport se compose des sous-industries des transports aérien, ferroviaire, par eau et par camion ainsi que de la sous-industrie du transport par pipeline. L’essor de l’industrie du pétrole et du gaz en Alberta a généré une demande pour des produits de transport du pétrole et du gaz naturel. L’Ontario enregistrait le plus haut taux d’entrée net mesuré par le nombre d’entreprises pour le transport, mais son taux d’entrée net mesuré selon l’emploi était presque nul (tableau 19). Cela porte à croire que les entreprises entrantes de l’industrie du transport de l’Ontario étaient beaucoup plus petites que les entreprises sortantes.

Bien que la taille du secteur du commerce de détail se soit généralement accrue (Brown et Gellatly, à paraître), l’Alberta et la Colombie-Britannique étaient les deux seules provinces ayant enregistré plus d’entrées que de sorties dans ce secteur, et leur contribution d’entrée nette à la population d’entreprises a été la plus élevée. C’était aussi les deux seules provinces où il y a eu une migration nette positive au cours de la période allant de 2000 à 2009, ce qui a fait augmenter la population ainsi que la demande à l’égard des services de commerce de détail 14 .

4.3  La contribution de l’entrée et de la sortie à la croissance de l’emploi pour les industries sélectionnées et les provinces

La contribution de l’entrée nette à la croissance de l’emploi dans chacune des industries sélectionnées et dans chaque province au cours de la période allant de 2000 à 2009 est documentée dans la section B du tableau 7 15 . Il y aura un écart entre l’impact de l’entrée nette sur la population totale d’entreprises, dont on a discuté précédemment, et son impact sur l’emploi lorsque les populations d’entreprises entrantes ou sortantes croissent à des rythmes différents de ceux des entreprises demeurées en activité.

Les écarts sont flagrants dans l’industrie de l’extraction minière et pétrolière, où la contribution annuelle moyenne de l’entrée nette à la croissance de l’emploi a été négative en Alberta (-3,1 %) et positive en Saskatchewan (13,2 %). Cela dénote une dynamique différente de l’industrie de l’extraction minière et pétrolière dans ces deux provinces. La croissance de l’emploi dans l’industrie pétrolière en essor en Alberta a surtout été alimentée par les entreprises persistantes plutôt que par une croissance nette de l’emploi due à l’entrée nette. Cela confirme les résultats (Leung et coll., 2012) indiquant que la croissance a été la plus forte, pour cette industrie, parmi les classes d’entreprises de plus grande taille, lesquelles ont tendance à être des entreprises persistantes.

Les contributions à l’emploi total dans le secteur minier et pétrolier ont aussi été plus importantes que les contributions au nombre total d’entreprises en Ontario, et plus particulièrement en Saskatchewan et au Canada atlantique. Dans l’industrie pétrolière de la Saskatchewan, le roulement d’entreprises a fait une contribution de plus de 13 % à la croissance de l’emploi, comparativement à une contribution de 3 % seulement à la croissance du nombre d’entreprises. Au Canada atlantique, le roulement d’entreprises découlant de l’entrée et de la sortie a contribué près de 20 % à la croissance de l’emploi dans le secteur minier et pétrolier. Ces deux résultats dénotent un déclin relatif des entreprises de plus grande taille dans ces provinces.

Le roulement d’entreprises avait contribué positivement à la croissance de l’emploi dans le secteur de la construction dans toutes les provinces, mais plus particulièrement dans la plupart des provinces de l’Ouest. Cette contribution variait entre 19 % en Colombie-Britannique et environ 6 % en Saskatchewan. La construction n’était généralement pas une industrie dominée par les entreprises de grande taille, si bien que, dans ce secteur, l’entrée a fait une contribution disproportionnée à la croissance de l’emploi. Dans le secteur de la fabrication, le roulement d’entreprises était à l’origine d’environ 7 % en moyenne, par année, de la croissance de l’emploi au Québec, comparativement à seulement 0,5 % en Ontario. Il en ressort que les entreprises persistantes du secteur de la fabrication en Ontario ont représenté une plus grande part de la perte d’emplois dans cette industrie qu’au Québec.

Dans la plupart des secteurs — fabrication, commerce de détail, transport et finance —, l’entrée nette a généralement eu une incidence plus importante sur l’emploi que sur les nombres d’entreprises. L’ampleur relative de cette incidence a généralement été plus grande dans les provinces de l’Ouest, reflétant ainsi les différences générales de croissance entre les provinces. Une des exceptions était l’Ontario, où les effets de l’entrée nette sur l’emploi ont été les plus marqués dans le transport. La croissance de l’emploi en Ontario, dans ce secteur, ne venait pas des entreprises persistantes de grande taille, mais plutôt des nouvelles entreprises entrantes.

Un certain nombre d’industries de la Saskatchewan — extraction minière et pétrolière, fabrication et finance — ont généré une croissance de l’emploi proportionnellement plus élevée que la croissance de la population d’entreprises. Cela dénote une structure industrielle qui reposait moins sur les entreprises persistantes de grande taille. Cela c’est aussi vérifié au Canada atlantique, dans les secteurs de l’extraction minière et pétrolière, de la construction et du transport.

5   Conclusion

La constatation que les tendances de l’entrée et de la sortie qui existaient au niveau national existent aussi dans de nombreuses provinces confirme le caractère général des tendances observées à l’échelle nationale.

Dans toutes les provinces, le nombre d’entreprises entrantes était plus élevé que celui des entreprises sortantes au cours de la période allant de 2000 à 2009, ce qui souligne la contribution de base de cet aspect du roulement à la plupart des économies provinciales.

Au fil du temps, les tendances des taux d’entrée et de sortie ont réagi positivement aux variations du PIB, ce qui vient confirmer le lien étroit qui existe entre le roulement d’entreprises et la santé économique générale dans la plupart des provinces. Les différences entre industries reflétaient aussi des changements structurels globaux. Les tendances de l’entrée et de la sortie d’entreprises dans les secteurs dont l’importance changeait — l’extraction minière et pétrolière, la construction, la fabrication, le transport et la finance — étaient très corrélées à la restructuration sous-jacente de ces industries. Le taux d’entrée net fondé sur le nombre d’entreprises diminuait dans toutes les provinces dans le secteur de la fabrication et augmentait dans toutes les provinces ou presque dans le cas des industries de l’extraction minière, de la construction, du transport et de la finance.

Les taux d’entrée et de sortie calculés selon l’emploi ont décliné dans le temps dans toutes les provinces, comme cela s’est produit à l’échelle nationale, ce qui confirme la tendance à la baisse de l’importance de cet aspect du roulement. Même si les entreprises entrantes et sortantes mesurées selon leur part d'emploi diminuaient en taille avec le temps, elles continuaient de représenter une proportion significative de la croissance de l’emploi dans les provinces. Au cours des 10 dernières années, environ 1 emploi sur 5 qui a été créé (perdu) était attribuable au processus d’entrée et de sortie dans toutes les provinces, sauf au Canada atlantique.

Les taux d’entrée et de sortie calculés selon le nombre d’entreprises étaient négativement corrélés l’un à l’autre, ce qui confirme que les réponses contraires de l’entrée et de la sortie aux effets cycliques que l’on a observées au niveau national s’observaient aussi dans la plupart des économies provinciales.

La présente analyse a aussi permis de constater que les différences entre provinces révélaient le lien étroit entre le roulement et la croissance économique. Les écarts de roulement dus à l’entrée et à la sortie au niveau provincial dénotaient les écarts d’après 2000 entre les différentes économies provinciales. Au cours du temps, les taux d’entrée et de sortie ont varié au gré des changements survenus dans l’activité économique au niveau provincial. Fait plus important, le niveau moyen des taux d’entrée et de sortie des économies des provinces de l’Ouest a été plus élevé que celui des économies de l’Est canadien, le Québec et les provinces de l’Atlantique affichant les plus faibles contributions provenant de l’entrée et de la sortie d’entreprises. Si les tendances de l’entrée affichaient une trajectoire plus constante dans l’Ouest, elles suivaient une trajectoire déclinante au Québec et dans les provinces de l’Atlantique, ce qui était aussi le reflet des écarts de trajectoires de croissance de base entre les provinces de l’Ouest et de l’Est. Les contributions de l’entrée et de la sortie à la population d’entreprises agrégée étaient les plus faibles au Québec comme dans la région de l’Atlantique. Les contributions à la croissance de l’emploi étaient les plus élevées dans le Canada de l’Ouest et les moins élevées au Canada atlantique. L’examen du profil des entrées dans un groupe sélectionné d’industries où des changements structurels majeurs s’étaient produits a révélé une contribution plus dynamique de l’entrée d’entreprises dans les provinces de l’Ouest que dans l'Est canadien. En particulier, alors que le secteur financier enregistrait une croissance générale, cela n’était pas le cas au Québec. La construction aussi a crû à l’échelle du pays. Là encore, les provinces de l’Ouest ont surpassé le reste du pays au chapitre de l’entrée nette et de la contribution de cette entrée nette à la population totale d’entreprises.

Ces observations font ressortir le lien étroit qui existe entre l’entrée et la sortie d’entreprises et la croissance économique. Les économies provinciales qui ont enregistré une croissance au cours de cette période, par exemple en raison de l’essor des ressources naturelles, ont affiché des taux plus élevés d’entrée et de sortie. Des conditions macroéconomiques favorables s’accompagnaient d’une augmentation du nombre de nouvelles entreprises.

6   Annexe

Date de modification :