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Le commerce et l'investissement étranger direct (IED) sont des éléments fondamentaux du processus de mondialisation. Au cours des 50 dernières années, les défenseurs d'une plus grande libéralisation des échanges et de l'IED ont soutenu que la suppression d'obstacles à ces deux activités stimule la croissance économique. Une foule de travaux s'appuyant sur de nouveaux fichiers de microdonnées ont été effectués pour comparer le niveau de productivité des établissements exportateurs à celui des établissements non exportateurs, et le niveau de productivité des établissements sous contrôle étranger à celui des établissements sous contrôle canadien. À part quelques exceptions, ces travaux montrent que les établissements exportateurs et ceux sous contrôle étranger sont significativement plus productifs, mais le sens de la relation de cause à effet entre l'internationalisation et la productivité continue de susciter des débats.
Un grand nombre de ces études empiriques décrivent aussi des différences substantielles quant aux effets des exportations et de l'IED sur d'autres mesures de productivité à l'échelle de l'établissement. En particulier, de plus en plus d'attention est accordée à la présence d'un avantage salarial associé à l'exportation et au contrôle étranger. La question que soulève cette constatation est celle de savoir pourquoi les établissements exportateurs et ceux sous contrôle étranger offrent des salaires plus élevés que les établissements non exportateurs et ceux sous contrôle canadien. D'une part, la situation pourrait tenir aux caractéristiques de l'établissement. Par exemple, les établissements exportateurs et ceux sous contrôle étranger pourraient avoir tendance à être plus grands et la taille est associée positivement à la rémunération. Par ailleurs, un établissement exportateur (ou sous contrôle étranger) pourrait verser des salaires plus élevés parce qu'il emploie des travailleurs plus compétents. Autrement dit, il pourrait embaucher des travailleurs possédant un ensemble différent de caractéristiques individuelles (âge, niveau d'études, etc.), qui sont également des déterminants clés de la rémunération.
Le présent document examine la présence d'avantages salariaux liés à l'exportation et au contrôle étranger au Canada et établit si ces avantages sont attribuables à des différences sur le plan des caractéristiques des entreprises ou de la qualité de la main-d'oeuvre, à l'échelle nationale ainsi qu'à l'échelon régional. Autant que les auteurs de cette étude le savent, aucune étude n'a abordé ces questions simultanément dans le contexte canadien. Les auteurs sont en mesure de le faire grâce à l'élaboration d'un nouvel ensemble de données sur les employeurs et les employés qui combine des renseignements détaillés sur les établissements manufacturiers et sur les caractéristiques de leurs travailleurs.
Quatre constatations importantes se dégagent de l'analyse.
Premièrement, il y a des avantages manifestes à travailler pour un établissement exportateur ou sous contrôle étranger. Les résultats des analyses de régression à l'échelle de l'établissement menées en tenant compte exclusivement du statut d'exportateur et du contrôle étranger de l'établissement révèlent que les exportateurs payent, en moyenne, des salaires d'environ 14 % plus élevés que ceux des établissements non exportateurs, et que les établissements sous contrôle étranger versent des salaires d'environ 30 % plus élevés que ceux des établissements sous contrôle canadien.
Deuxièmement, ces avantages salariaux semblent être en grande partie attribuables à d'autres caractéristiques des établissements. L'ajout de variables de contrôle pour la taille de l'établissement, l'intensité du capital et le statut d'entreprise à établissements multiples réduit les écarts salariaux d'environ 6 % pour les exportateurs et de 19 % pour les établissements sous contrôle étranger.
Troisièmement, l'ajout de variables de contrôle pour les caractéristiques individuelles des travailleurs réduit encore davantage les écarts salariaux observés, mais seulement légèrement. En outre, ces variables de contrôle n'éliminent pas la signification statistique de l'effet du statut d'exportateur et de contrôle étranger des établissements. Autrement dit, les écarts salariaux liés à l'exportation et au contrôle étranger ne disparaissent pas après avoir tenu compte de l'effet des caractéristiques individuelles des travailleurs. Ces résultats demeurent vrais à l'échelle nationale.
Quatrièmement, et peut-être la constatation la plus intéressante, les avantages salariaux associés à l'exportation varient selon la région. Comparativement au Québec et à la Colombie-Britannique, où les exportateurs paient, en moyenne, des salaires plus élevés pour des travailleurs ayant des caractéristiques identiques, l'avantage salarial associé à l'exportation en Ontario est considérablement plus faible et disparaît entièrement lorsque l'on tient compte d'autres caractéristiques des établissements et des travailleurs. Ce résultat observé pour l'Ontario pourrait être lié à des différences de caractéristiques organisationnelles et structurelles des établissements, ainsi qu'à la destination des biens exportés.
En dernière analyse, les résultats présentés ici donnent à penser qu'une grande part (de 45 % à 60 %) des avantages salariaux bruts associés à l'exportation et au contrôle étranger est attribuable aux caractéristiques des établissements et des travailleurs. Cependant, le fait que d'importants avantages salariaux persistent indique aussi qu'il est nécessaire de poursuivre l'analyse. Par exemple, il se pourrait que des caractéristiques importantes à l'échelle de l'établissement n'aient pas été prises en compte dans nos modèles. En particulier, une limite de l'Enquête annuelle des manufactures tient au fait qu'elle ne fait pas la distinction entre le statut de contrôle étranger et de société multinationale. Il se pourrait également que des compétences non observées des travailleurs n'aient pas été prises en compte. Or, si les établissements accroissent leur productivité grâce à un apprentissage tiré des activités d'exportation, ces gains de productivité peuvent être transférés aux travailleurs sous forme de salaires plus élevés puisque l'apprentissage est vraisemblablement inhérent aux travailleurs proprement dits. Par conséquent, pour mieux comprendre la part restante des avantages salariaux associés à l'exportation et au contrôle étranger, il faudra produire des données longitudinales fournissant des renseignements encore plus détaillés sur les travailleurs ainsi que sur les établissements, et sur l'évolution de ces caractéristiques au fil du temps.
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