Analyse en bref
Attentes et perspectives économiques des entreprises détenues majoritairement par des immigrants, troisième trimestre de 2022

Divers facteurs distincts ont une incidence sur la capacité des entreprises canadiennes à exercer leurs activités. La région géographique peut en constituer un facteur, puisque les entreprises situées dans une région donnée du pays peuvent être confrontées à des défis différents de celles situées dans d’autres régions; les caractéristiques de l’industrie peuvent aussi constituer un facteur, puisque les entreprises qui exercent leurs activités dans une industrie quelconque peuvent se buter à des obstacles différents de celles exerçant dans une autre industrie; la taille de l’entreprise peut également être un facteur considérable, puisque les obstacles auxquels les petites entreprises se heurtent peuvent être très différents de ceux que les grandes entreprises doivent surmonter. Des différences semblables peuvent également apparaître lorsqu’on examine les différentes catégories de propriétaires d’entreprise, puisque les différents segments de la population canadienne sont confrontés à des défis différents sur le plan personnel et à titre de propriétaires d’entreprise.

Entre le début de juillet et le début d’août 2022, Statistique Canada a mené l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises afin de recueillir des renseignements sur l’environnement dans lequel les entreprises évoluent actuellement et sur leurs attentes concernant l’avenir. Le présent article porte sur les résultats de l’enquête et permet d’examiner la situation des entreprises appartenant majoritairement^Note 1 à des immigrants au Canada. Comme plus de la moitié des immigrants au Canada résident en Ontario, la province qui comporte également la plus grande proportion d’entreprises détenues majoritairement par des immigrants, le présent article soulignera les expériences des entreprises détenues par des immigrants dans cette province. Au troisième trimestre de 2022, des différences dans les attentes entre ces entreprises et l’ensemble des entreprises du secteur privé au Canada ont été constatées dans différents secteurs clés, comme les perspectives globales d’avenir en ce qui concerne la situation financière de ces entreprises, en plus des obstacles auxquels elles se sont heurtées comme l’augmentation des coûts de l’immobilier, de la location ou de l’impôt foncier et l’intensification de la concurrence. En général, les entreprises détenues majoritairement par des immigrants au Canada se sentaient moins confiantes dans ces principaux secteurs pour les trois prochains mois et étaient plus susceptibles de s’attendre à ces obstacles.

Au Canada, les taux d’immigrants détenant une entreprise ou un travail autonome étaient généralement plus élevés que pour la population née au Canada

Les immigrants au Canada constituent une part importante de la population canadienne. En juillet 2022, les immigrants au Canada âgés de 15 ans et plus constituaient plus d’un quart (26,9 %) de la population canadienne. De ces immigrants, plus de la moitié (50,5 %) résident dans la province de l’Ontario, ce qui représente trois fois le nombre d’immigrants basés en Colombie-Britannique (17,0 %)^Note 2, deuxième province en nombre d’immigrants au Canada. Au cours du troisième trimestre de 2022, les entreprises détenues majoritairement par des immigrants représentaient 24,4 % de toutes les entreprises du secteur privé au Canada; les provinces ayant les proportions les plus élevées étant l’Ontario (53,3 %), la Colombie-Britannique (21,2 %) et l’Alberta (10,6 %).

La proportion dans laquelle les immigrants détiennent une propriété majoritaire dans les entreprises est plus élevée que dans les rangs du reste de la population. Par exemple, selon une étude menée en 2016, 11,9 % des immigrants au Canada âgés de 25 à 69 ans étaient propriétaires d’une entreprise privée constituée en société ou principalement travailleurs autonomes, comparativement à 10,1 % de ceux de la deuxième génération (personnes nées au Canada et ayant un parent immigrant) et à 8,4 % de ceux de la troisième génération et des générations subséquentes (toutes les personnes nées au Canada et ayant deux parents nés au Canada)^Note 3. En 2016, environ 5,2 % des immigrants au Canada détenaient une entreprise privée constituée en société et dotée d’employés, par rapport à 5,0 % de la deuxième génération, et à 4,0 % de la troisième génération et des générations subséquentes^Note 3. Les taux de travailleurs autonomes étaient également plus élevés parmi les immigrants au Canada à 6,9 %, contre 5,3 % pour la deuxième génération, et 4,6 % pour la troisième génération et les générations subséquentes. Le taux plus élevé de travail autonome observé chez les immigrants au Canada était en partie attribuable à la difficulté de ceux-ci à se trouver un emploi rémunéré convenable^Note 3.

Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants étaient moins optimistes au sujet des perspectives économiques et des attentes en matière de rendement financier

Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants au Canada (61,1 %) étaient moins susceptibles d’indiquer avoir une perspective optimiste pour les 12 prochains mois que l’ensemble des entreprises du secteur privé (68,0 %). Ces niveaux d’optimisme étaient semblables à ceux enregistrés au cours du premier trimestre de 2022, lors duquel plus des trois cinquièmes (62,0 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants indiquaient avoir des perspectives positives pour l’avenir.

Dans la province de l’Ontario, 65,1 % de toutes les entreprises du secteur privé avaient des perspectives optimistes pour les 12 prochains mois. Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants (59,5 %) en Ontario étaient moins susceptibles d’avoir des perspectives optimistes pour les 12 prochains mois.



Conformément à ces attentes, plus du cinquième (20,9 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à ce que leurs ventes diminuent et près de trois cinquièmes (57,7 %) s’attendaient à ce que leurs dépenses d’exploitation augmentent au cours des trois prochains mois, par rapport à 15,6 % et 50,6 % respectivement de l’ensemble des entreprises du secteur privé. De plus, près du quart (23,3 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à une baisse de la demande au cours des trois prochains mois, par rapport à 13,5 % de l’ensemble des entreprises du secteur privé. Par conséquent, plus de la moitié (51,1 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à une diminution de leur rentabilité au cours des trois prochains mois, comparativement à moins des deux cinquièmes (37,4 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé.

De plus, plus du tiers (37,1 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à une diminution de leurs réserves de liquidité au cours des trois prochains mois, alors que les trois dixièmes (30,9 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé avaient ces mêmes attentes. Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants en Ontario étaient aussi susceptibles, sinon plus susceptibles, d’avoir des attentes semblables. Une tendance semblable est également observée pour l’ensemble des entreprises du secteur privé en Ontario.



Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendent à ce qu’une intensification de la concurrence constitue un défi

Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants au Canada étaient plus susceptibles que l’ensemble des entreprises du secteur privé de s’attendre à une intensification de la concurrence comme obstacle.

Alors qu’un quart (25,1 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à ce qu’une intensification de la concurrence constitue un obstacle au cours des trois prochains mois, moins d’un cinquième (17,1 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé avaient les mêmes attentes. Les constatations étaient semblables en Ontario, où 26,2 % des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à ce qu’une intensification de la concurrence constitue un obstacle au cours des trois prochains mois, comparativement à 20,2 % pour l’ensemble des entreprises du secteur privé.

Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendent à ce que l’augmentation des coûts de l’immobilier, de la location ou de l’impôt foncier représente un obstacle

Par rapport à l’ensemble des entreprises du secteur privé, les entreprises détenues majoritairement par des immigrants au Canada étaient plus susceptibles de s’attendre à des défis liés à la hausse des coûts de l’immobilier, de la location ou de l’impôt foncier.

Près du tiers (32,4 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à ce qu’une hausse des coûts relatifs aux biens immobiliers, au loyer ou à l’impôt foncier constitue un obstacle au cours des trois prochains mois, par rapport à plus d’un quart (26,9 %) de toutes les entreprises du secteur privé ayant déclaré avoir ces mêmes attentes.

La proportion des entreprises détenues par des immigrants en Ontario (30,7 %) qui s’attendent à ce que cela constitue un obstacle au cours des trois prochains mois était semblable à celle observée pour l’ensemble des entreprises du secteur privé en Ontario (29,0 %). Cependant, ces différences étaient plus marquées dans les autres provinces et territoires du Canada, particulièrement dans les territoires du Nord. Au Yukon, plus des deux tiers (36,0 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants s’attendaient à ce que la hausse des coûts de l’immobilier, de la location ou de l’impôt foncier constitue un obstacle au cours des trois prochains mois, tandis qu’un cinquième (20,7 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé du territoire avaient les mêmes attentes. Des différences similaires ont été également observées au Nunavut, où près du quart (24,3 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants avaient ces attentes, par rapport à 9,3 % de l’ensemble des entreprises du secteur privé de ce territoire. Ces écarts prononcés dans les attentes entre les entreprises détenues majoritairement par des immigrants et l’ensemble des entreprises du secteur privé ont aussi été observés en Nouvelle-Écosse (31,5 % comparativement à 17,1 %), au Nouveau-Brunswick (30,3 % comparativement à 20,7 %) et en Alberta (40,8 % comparativement à 30,4 %).

Tableau de données du graphique 1



Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Toutes les entreprises du secteur privé et Entreprises détenues majoritairement par des immigrants, calculées selon pourcentage des entreprises unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Toutes les entreprises du secteur privé	Entreprises détenues majoritairement par des immigrants
	pourcentage des entreprises
Terre-Neuve-et-Labrador	14,5	9,2
Québec	20,1	20,0
Saskatchewan	29,5	20,6
Nunavut	9,3	24,3
Territoires du Nord-Ouest	18,7	24,5
Île-du-Prince-Édouard	22,1	26,9
Manitoba	22,6	27,9
Nouveau-Brunswick	20,7	30,3
Ontario	29,0	30,7
Nouvelle-Écosse	17,1	31,5
Yukon	20,7	36,0
Colombie-Britannique	31,1	39,4
Alberta	30,4	40,8
Note : La propriété majoritaire est établie à 51 % ou plus. La propriété majoritaire n’a été déclarée que pour les entreprises du secteur privé. On a demandé aux répondants de déclarer les perspectives d’avenir de l’entreprise ou de l’organisme. Source : Enquête canadienne sur la situation des entreprises, troisième trimestre de 2022 (tableau 33-10-0534-01).

Les entreprises détenues majoritairement par des immigrants étaient moins susceptibles de s’endetter davantage

Plus des deux cinquièmes (42,6 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants au Canada ont déclaré pouvoir s’endetter davantage, alors que près de la moitié (49,3 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé le pouvaient. Parallèlement, plus des deux cinquièmes (42,2 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants en Ontario ont déclaré la même chose, par rapport à moins de la moitié (45,6 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé en Ontario.

À l’inverse, plus du tiers (34,1 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants au Canada ont déclaré ne pas être en mesure de s’endetter davantage, par rapport à moins de trois dixièmes (29,1 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé qui ne le pouvaient pas. En Ontario, plus du tiers (35,8 %) des entreprises détenues majoritairement par des immigrants avaient ces attentes, comparativement à trois dixièmes (29,7 %) de l’ensemble des entreprises du secteur privé.

Méthodologie

Du 4 juillet au 8 août 2022, des représentants d’entreprises de partout au Canada ont été invités à participer à un questionnaire en ligne sur la situation des entreprises et sur leurs attentes pour l’avenir. L’Enquête canadienne sur la situation des entreprises utilise un échantillon aléatoire stratifié d’établissements commerciaux dans lequel les employés sont classés par région géographique, secteur d’industrie et taille d’entreprise. L’estimation des proportions se fait à l’aide de poids calibrés, afin de calculer les totaux de population dans les domaines d’intérêt. La taille totale de l’échantillon pour cette itération de l’enquête est de 35 603 et les résultats sont fondés sur les réponses d’un total de 17 013 entreprises ou organismes.

Références

Statistique Canada, 2022. Enquête canadienne sur la situation des entreprises, troisième trimestre de 2022.

Statistique Canada, 2022. Enquête canadienne sur la situation des entreprises, premier trimestre de 2022.