Section 3 : Étude speciale
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Bilan de l'année 2010
par Philip Cross 1
Il y a eu un bon nombre de changements dignes de mention dans l'économie canadienne en 2010. Tant le PIB réel que l'emploi se sont, à toutes fins pratiques, remis des pertes subies au cours de la récession 2 , ce qui indique que le cycle d'affaires est passé d'une phase de reprise à une phase d'expansion; les principales sources de la croissance économique ont également changé. Au départ, dans la deuxième moitié de 2009, la reprise a été fortement stimulée par les dépenses des ménages et des administrations publiques tandis que les exportations reprenaient lentement. Dans la première moitié de 2010, la croissance du secteur des administrations publiques s'est mise à ralentir, mais ce ralentissement a été contrebalancé par une remontée de l'investissement des entreprises et par une reconstitution des stocks. Au fil de l'année 2010, la transition s'est accomplie vers des sources de croissance plus durables dans le secteur privé : les exportations ont affiché leur augmentation la plus élevée de la reprise au quatrième trimestre, l'investissement réel des entreprises a terminé l'année à un niveau supérieur de 14 % à celui atteint un an plus tôt (et les intentions pour 2011 indiquent que la croissance va continuer), et les dépenses de consommation ont crû de façon constante. Ces progressions ont compensé la baisse des stocks, le plafonnement des investissements résidentiels et le ralentissement continu de la croissance dans les dépenses des administrations publiques.
Dans un contexte plus large, les tendances économiques qui ont vu le jour durant la reprise en 2010 ressemblaient beaucoup à la performance de l'économie avant le début de la récession mondiale. Cette étude met en lumière quelques exemples montrant que certains changements survenus au cours de l'année dernière marquaient, en fait, un retour à des tendances à long terme de la croissance, tendances qui ont pris naissance au cours de la dernière décennie. Cela était tout particulièrement le cas des prix des produits de base et des marchés des actions et des devises étrangères, de même que des exportations et de l'emploi selon l'industrie. Toutefois, la tendance récente du prêt et de l'emprunt nets révèle qu'un changement plus fondamental s'est produit durant la récession et lors de la reprise.
Prix des produits de base, taux de change et termes de l'échange
Les prix des produits de base en 2010 ont récupéré environ la moitié de leurs pertes subies au cours de la récession. La reprise était particulièrement évidente pour ce qui est des produits de base non énergétiques. L'indice des prix des produits de base hors énergie de la Banque du Canada a atteint un sommet inégalé à la fin de l'année, malgré le fait qu'aucune de ses composantes n'aient atteint de nouveaux sommets 3 . Ce paradoxe s'explique bien si l'on examine les composantes plus en détail : à la fin de 2010, les métaux et les minéraux étaient tout près de leur sommet atteint en 2007, les produits forestiers étaient à un niveau supérieur aux faibles niveaux atteints en 2008 et 2009 4 , et les prix dans le secteur de l'agriculture étaient les deuxièmes plus élevés jamais enregistrés. Par ailleurs, le pétrole brut a été la cause principale de la reprise des prix de l'énergie, mais ceux-ci sont demeurés bien en deçà de leur sommet atteint en 2008, alors que les prix du gaz naturel sont restés faibles.
La remontée des prix des produits de base s'est fait sentir sur les marchés des devises. Le dollar canadien est revenu à la parité avec la devise américaine à la fin de l'année et, pour toute l'année 2010, sa moyenne de 97,1 cents américains était la plus élevée depuis 1976. L'appréciation de 10,8 % du dollar canadien par rapport à sa moyenne de 2009 constituait l'appréciation annuelle la plus forte du taux de change entre le Canada et les États-Unis depuis 1951 (alors que le dollar canadien a atteint un sommet inégalé par rapport au dollar américain à la mi-2008, sa valeur a diminué rapidement tandis que la récession prenait de l'ampleur et ainsi, sa moyenne de 93,7 cents américains pour toute l'année 2008 était très près de celle de 2007).
La remontée des prix des produits de base s'est également reflétée sur le marché boursier. Alors que les prix sur le marché de Toronto sont demeurés inférieurs à leur pic mensuel atteint à la mi-2008, les prix étaient plus élevés, en moyenne, en 2010 qu'en 2008, et tout près de leur sommet de 2007. Cela reflète la plus grande stabilité du marché en 2010 que pendant le cycle d'expansion et de ralentissement de 2008. Les métaux et les minéraux ont mené le bal, tandis que les prix des actions étaient supérieurs du tiers par rapport à leur précédent sommet atteint en 2007 et que les actions aurifères établissaient un nouveau record. L'énergie a affiché des gains de 10 % ou plus tout en demeurant bien en deçà de son sommet de 2008. Pour la première fois depuis 2001, la hausse des prix sur le marché boursier américain a dépassé celle du marché de Toronto mais, depuis 2001, le marché américain a diminué de 3,2 % tandis que le marché de Toronto a crû de 56,4 %. Les investisseurs étrangers ont réagi à cette performance supérieure en achetant pour une valeur nette de 17,3 milliards de dollars d'actions canadiennes l'an dernier, après en avoir acquis pour une valeur de 26,2 milliards de dollars en 2009.
L'augmentation du taux de change et des prix des produits de base a fait en sorte que les termes de l'échange ont affiché en 2010 leur plus forte hausse annuelle jamais enregistrée, soit une progression de 6 % qui dépasse même les gains enregistrés durant n'importe quelle année du boom des prix des produits de base ayant eu lieu plus tôt dans la décennie. À la suite d'un déclin prononcé en 2009, la remontée des termes de l'échange les a laissés à leur deuxième niveau le plus élevé jamais atteint. Les prix des exportations ont crû de 2,1 % en 2010, alors que les prix des importations ont fléchi de 3,8 %, ce qui reflète l'appréciation du dollar canadien.
Les prix plus faibles des importations ont également fortement contribué à entraîner les termes de l'échange du Canada à la hausse de 2001 à 2008, leur baisse cumulative ayant été de 11,9 % comparativement à une augmentation de seulement 4,8 % des prix des exportations. C'est seulement au sommet de l'envolée des prix des produits de base en 2008 que les prix des exportations ont dominé l'augmentation des termes de l'échange. La reprise des termes de l'échange a été reflétée dans l'accélération plus rapide de la croissance du revenu intérieur brut (RIB) réel que celle du PIB réel (5,0 % comparativement à 3,1 % en 2010). Le RIB est le PIB ajusté pour tenir compte des changements dans les termes de l'échange. Comme on peut le voir à la figure 4, les changements survenus dans les termes de l'échange ont contribué à la croissance de 25,6 % du revenu réel au cours des dix dernières années, comparativement à un gain de 20,4 % de la production réelle. Dans les années 1980 et 1990, les termes de l'échange n'ont apporté aucune contribution à la croissance du revenu réel.
Commerce international
Malgré l'amélioration des termes de l'échange du Canada, le déficit du compte courant s'est élargi en 2010, les importations nominales ayant crû légèrement plus que les exportations. L'écart était beaucoup plus grand en volume, puisque les importations réelles ont augmenté plus de deux fois plus rapidement que les exportations réelles (13,4 % comparativement à 6,2 %). Cela reflète la reprise bien plus forte des dépenses intérieures au Canada que dans la plupart de ses principaux partenaires commerciaux. En particulier, les volumes des importations ont progressé à des taux de 10 % ou plus pour ce qui est des automobiles, des machines et du matériel, et des voyages.
Les exportations de marchandises ont affiché une hausse de 10,0 % en 2010, récupérant ainsi presque le tiers de leur chute record de 24,6 % survenue en 2009. Les exportations vers les États-Unis ont été lentes à reprendre, rebondissant de 9,2 % en 2010 et récupérant de la sorte moins d'un cinquième des pertes qu'elles avaient subies en 2009. Les exportations vers l'Europe continentale ont été encore plus faibles, augmentant de seulement 1,8 % après avoir chuté de 25 % en 2009. Les économies émergentes ont apporté une note positive en ce qui a trait à la demande d'exportation en 2010, les exportations vers ces marchés émergents ayant récupéré la moitié des pertes qu'elles avaient connues en 2009 pour atteindre leur deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré. La demande robuste en provenance des marchés émergents a également joué un rôle clé dans la remontée des prix des produits de base. Les exportations vers le Royaume-Uni ont aussi amorcé une remontée prononcée.
La remontée des exportations a été surtout attribuable aux biens industriels qui ont progressé de 25 % pour se situer à 99,5 milliards de dollars. En fait, les biens industriels ont dépassé les machines et le matériel et les ont remplacés au titre du plus grand secteur d'exportation du Canada pour la première fois depuis 2007. Au cours des 12 dernières années, quatre différents secteurs sont venus en tête des exportations du Canada : les automobiles en 1999; l'énergie en 2008; les biens industriels en 2006, 2007 et 2010; et les machines et le matériel au cours des sept autres années. Cela traduit bien comment la base des exportations du Canada s'est diversifiée. En comparaison, les automobiles ont été les principales exportations du Canada pendant 15 années consécutives à partir de 1983.
En fait, il y a eu au cours de la dernière décennie un certain nombre de changements majeurs en ce qui touche la composition des exportations. Les exportations de produits forestiers ont chuté de 49 % par rapport au sommet qu'elles avaient atteint en 2000, un déclin qui reflète l'affaissement de la demande de logements aux États-Unis et le mouvement d'abandon des matériaux imprimés. Même si elles ont enregistré un rebond de 30 % en 2010, les exportations d'automobiles sont demeurées à un niveau inférieur de 42 % à leur marque élevée atteinte en 2000. Alors que les pertes subies par les exportations de produits forestiers et d'automobiles sont bien connues, il faut noter que les exportations de machines et de matériel ont également régressé de 30 % par rapport à leur pic de 2000. Environ la moitié de cette baisse a été le fait de l'éclatement de la bulle des TIC du début de la décennie, mais presque la moitié s'est produite au cours des trois dernières années, alors que les exportations déclinaient de 19 %. En dépit de quelques épisodes heureux qui sont survenus récemment en ce qui a trait aux exportations de machines et de matériel (notamment les dispositifs sans fil), ceux-ci ont été annulés par des pertes subies depuis 2000, soit une baisse de 68,9 % (ou 17,2 milliards de dollars) pour le matériel de télécommunications et une de 60,5 % (ou 6,5 milliards de dollars) pour les machines de bureau.
Tandis que les exportations de produits forestiers, d'automobiles et de machines et de matériel ont toutes décru de façon marquée par rapport à leur sommet de 2000, les autres exportations ont pris les devants de la scène pour ce qui est de la demande d'exportation. Les exportations d'énergie ont triplé depuis 1999, ce qui est un reflet de prix plus élevés mais aussi de l'expansion de la production dans les sables bitumineux 5 . Les exportations de biens industriels ont crû de 66 % dans les années 2000, une progression principalement attribuable aux métaux. Leur part des exportations totales a augmenté pour se situer à 24,6 % l'année dernière, soit une proportion très proche du sommet inégalé atteint en 1971. Les produits agricoles ont affiché une hausse de 44 % depuis 1999; malgré de faibles baisses au cours des deux dernières années, leur part des exportations était la plus élevée depuis le début des années 1980.
Emploi
Les tendances à long terme de la croissance de l'emploi selon l'industrie ont repris en 2010. C'était particulièrement le cas de l'emploi dans la construction (+4,8 %) et dans les ressources naturelles (+3,5 %), ces deux industries ayant affiché les remontées les plus fortes parmi toutes les industries à l'exception de celle des services professionnels et connexes. Pour ce qui est de la construction, la hausse est venue couronner une décennie au cours de laquelle cette industrie était en tête de toutes les industries, les emplois y ayant connu une expansion de 51 %. En ce qui concerne les ressources naturelles, l'emploi y a crû de 20,5 % dans les années 2000. Il s'agit d'un revirement prononcé par rapport à la baisse de 17,3 % enregistrée au cours des deux décennies précédentes.
La croissance de l'emploi a repris dans les services, ceux-ci ayant affiché un gain de 1,6 % en 2010 à la suite d'un quasi plafonnement l'année précédente. La croissance a été principalement attribuable aux services professionnels et connexes, comme cela a été le cas pendant le reste de la décennie (son augmentation de 35,4 % a été la plus élevée parmi toutes les industries à l'exception de celle de la construction). L'emploi dans le secteur du commerce et dans celui de l'hébergement et de la restauration a rebondi après les pertes subies au cours de la récession. Les finances et l'immobilier ont affiché de faibles hausses au cours de chacune des deux dernières années, dans la foulée d'une hausse de 27,7 % enregistrée au cours de la décennie (en contraste marqué avec une perte de 0,7 % aux États-Unis). Les services gouvernementaux ont enregistré des gains stables, les plus fortes hausses ayant été de nouveau le fait de l'industrie des soins de santé.
Des emplois ont été supprimés dans le secteur de la fabrication en 2010, et ce, pour une sixième année consécutive, laissant l'emploi total pour les années 2000 dans cette industrie en baisse de 22,2 %. Il s'agit de la seule industrie, mise à part celle de l'agriculture, à avoir affiché une baisse au cours de la décennie.
Prêt net selon le secteur
Bien qu'il y ait eu de nombreuses similitudes entre les développements économiques survenus en 2010 et les tendances d'avant la récession, il y avait également d'importantes différences, tout particulièrement dans le secteur financier. La récession a entraîné une interruption du prêt net selon le secteur, et cette tendance s'est poursuivie en 2010. Avant que la récession ne commence à la fin de 2008, les secteurs des ménages et des non-résidents étaient de façon constante des emprunteurs nets tandis que les secteurs des administrations publiques et des entreprises étaient des prêteurs nets. Depuis lors, le secteur des administrations publiques a changé de position pour se retrouver, non plus comme un prêteur net, mais comme un emprunteur d'une somme de près de 90 milliards de dollars tant en 2009 qu'en 2010. À l'opposé, les non-résidents sont passés du statut d'emprunteur net à celui de prêteur net (reflétant le fait que le Canada est passé d'une position d'excédent commercial à une position de déficit commercial au cours de cette période). La plus grande part de ce prêt net effectué par les non-résidents s'expliquait par d'importants achats d'obligations gouvernementales.
Le passage d'un excédent commercial à un déficit commercial s'est produit pendant que la récession s'étendait à tout le globe au quatrième trimestre de 2008. Avant cela, le Canada avait affiché des excédents commerciaux pendant toutes les années 2000.
Le Canada est le seul grand pays dont la balance commerciale s'est inversée depuis le début de la crise économique mondiale. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont encore enregistré des déficits commerciaux, bien qu'à un niveau plus bas que leurs déficits records d'avant 2008. L'Italie et la France ont vu leurs déficits commerciaux diminuer légèrement en 2009 et en 2010. Parallèlement, les excédents ont continué d'être le fait de la Chine, du Japon et tout particulièrement de l'Allemagne, qui a affiché un excédent record en 2010.
Le passage au Canada d'un excédent commercial à un déficit commercial reflète plusieurs influences. Le revirement initial à la fin de 2008 s'expliquait par la forte baisse des exportations, alors que la récession mondiale influait sur les prix mondiaux des exportations de ressources naturelles et sur le volume de la demande d'automobiles. Mais l'élargissement constant du déficit commercial en 2009 et 2010 reflète également la plus forte reprise des dépenses intérieures au Canada que chez ses principaux partenaires commerciaux du monde développé. En conséquence, la demande d'importation au Canada a augmenté plus vite que les exportations.
L'emprunt net des ménages a augmenté pour se chiffrer à 31,6 milliards de dollars en 2010, après des baisses au cours des deux années précédentes. Cela reflète principalement le rebond des dépenses, en particulier pour les biens durables dispendieux et les logements. En outre, certains circuits de distribution de crédit qui avaient fermé au cours de la crise financière ont recommencé à fonctionner plus normalement. Pour les consommateurs, le changement le plus visible a consisté à acheter des automobiles en vertu d'un programme de location : les locations ont représenté 42,4 % des ventes d'automobiles en 2007, tombant à 24,0 % en 2008 et à 7,1 % en 2009, avant de remonter à 14,7 % l'an dernier. La baisse en 2008-2009 pour les véhicules loués a été équivalente à près de 500 000 véhicules. Toutefois, les ventes totales ont diminué de seulement 110 000 unités, les consommateurs ayant trouvé d'autres sources de financement ou ayant payé leurs automobiles comptant 6 .
PIB
Le PIB réel a rebondi de 3,1 % en 2010 après avoir fléchi de 2,5 % en 2009. Cela a fait en sorte que le volume de la production a été supérieur de 20,4 % à son niveau de 2000. Si l'on compare la croissance du PIB selon l'industrie à l'emploi au cours de la dernière décennie, on constate certaines tendances dignes d'intérêt 7 . Tout comme pour l'emploi, la construction est venue en tête de toutes les industries pour ce qui est de la croissance du PIB, ayant affiché une hausse de 41,5 %. Et, également comme pour l'emploi, la fabrication a enregistré la plus forte baisse, la production y ayant diminué de 17,6 %.
Mais il y a eu des différences notables entre la production et la croissance de l'emploi dans les années 2000. Comme il a été indiqué précédemment, l'emploi dans le secteur des ressources a augmenté de 20,7 %. Toutefois, la production n'a augmenté que de 7,0 %, un reflet de la façon dont il est devenu difficile de trouver de nouvelles sources de production des métaux et du pétrole brut. Cette baisse de la production par employé dans les ressources naturelles s'est produite malgré une forte augmentation des investissements dans le secteur minier. Les services publics ont également connu une baisse marquée de la production par employé, en dépit du niveau record des investissements chaque année de la décennie.
Par ailleurs, le commerce de détail est venu en tête de l'augmentation de la production dans les services, ayant crû de 47,7 % de 2000 à 2010. Les finances et l'immobilier ont augmenté de 36,0 % au cours de la décennie, soit une hausse juste un peu plus élevée que le gain de 35 % dans le secteur de l'information, de la culture et des loisirs. Les services professionnels ont affiché un net ralentissement de la croissance (à 33 %) dans les années 2000, après avoir vu doubler leur production dans les années 1990. La production du secteur des administrations publiques a augmenté de 26,4 %, soit presque le même taux que la croissance de l'emploi au cours de la décennie. Le secteur des transports et celui de l'hébergement et de la restauration ont connu les plus faibles gains de la production et de l'emploi.
La récession au Canada a été caractérisée par des baisses records des exportations et des dépenses des entreprises, mais ces diminutions ont été tempérées par l'augmentation des dépenses des ménages et des administrations publiques. Ces tendances se sont manifestées dans les parts de ces différents secteurs dans le PIB nominal, qui ont beaucoup changé en 2009 et qui ont peu varié en 2010.
Les exportations ont oscillé autour de 29 % du PIB tant en 2009 qu'en 2010. Cela était bien en deçà de leur niveau d'avant la récession (35 %), et nettement inférieur à leur niveau record de 45,6 % en 2000. La dernière fois que les exportations ont été inférieures à 30 % du PIB était en 1992 (27,1 %).
Un certain nombre de facteurs ont mené à la longue chute, qui s'est étendue au cours de toute la décennie, de la part des exportations dans le PIB. Premièrement, ce n'est pas un hasard si les exportations de machines et de matériel et d'automobiles ont atteint un sommet en même temps que la part des exportations dans le PIB. Les exportations de machines et de matériel et d'automobiles ont un contenu importé élevé, de près de 50 %, ce qui gonfle leur part brute des exportations 8 . La baisse régulière des exportations d'automobiles et de machines et de matériel dans les années 2000 a contribué à éroder la part des exportations brutes dans le PIB.
Deuxièmement, le volume des exportations en 2008 était exactement le même qu'en 2000, en partie en raison de la faiblesse des exportations de produits manufacturés. Cela reflète la fin de l'essor des TIC en 2001, comment le boom des produits de base a fait augmenter les prix mais non le volume des exportations de nombreux produits, et la façon dont les secteurs d'exportation clés (tels que ceux de l'automobile et du bois) ont suivi les États-Unis dans la récession survenue dans ce pays à partir de la fin de 2007 (les volumes d'exportation ont diminué de 4,6 % en 2008). Troisièmement, les exportations ont été tempérées par l'appréciation du dollar canadien, ce qui a annulé en grande partie la stimulation que les prix à l'exportation avaient reçu de l'envolée des prix des produits de base, qui a duré durant la plus grande part de la décennie. De 2000 à 2007, les prix des exportations de marchandises ont augmenté de 3,3 % au total (soit moins de 0,5 % par an), avant de grimper de 10,6 % en 2008.
Ensemble, ces trois facteurs ont réduit de façon constante la part des exportations dans le PIB, celle-ci étant passée de 45,6 % en 2000 à 35,3 % en 2008. La récession mondiale a alors fait tomber la part des exportations à 28,7 % en 2009, et elle n'a repris que légèrement pour se situer à 29,4 % en 2010.
Parallèlement, la part des investissements des entreprises (à l'exclusion du logement) a chuté pour s'établir à 11,0 % en 2010, soit son plus bas niveau depuis 1996. Les investissements en 2010 étaient uniformément répartis entre les bâtiments et les machines et le matériel. L'investissement en bâtiments en proportion du PIB est demeuré à des niveaux historiquement élevés par rapport aux deux dernières décennies, ce qui reflète l'importance de l'industrie de l'énergie dans cette composante 9 . Pour les machines et le matériel, leur part de 5,5 % du PIB était la plus faible depuis 1963.
La reprise du logement en 2010 a fait grimper la part de la construction résidentielle dans le PIB à 6,9 %, juste en dessous de son pic de 7,1 % en 2007 (équivalant à sa part de 1989 et tout près de son niveau record de 7,2 % en 1976). Cependant, alors que cela suggère qu'une part de 7 % semble habituelle pour le logement lorsqu'il se situe à un sommet cyclique, si l'on examine les composantes de la construction résidentielle, on constate comment la dynamique du logement a changé considérablement au fil du temps.
En particulier, le sommet de 1989 dans la construction résidentielle était attribuable à la construction de bâtiments neufs, qui ont vu leur part du PIB croître de 2,4 % en 1985 à 3,8 % en 1989. Par comparaison, la part de la construction de bâtiments neufs dans le PIB a été stable à environ 3,3 % de 2004 à 2008. Elle est tombée à 2,7 % en 2009 avant de remonter à 3,0 % l'an dernier.
Au lieu de cela, les rénovations ont mené l'augmentation de la part de la construction résidentielle dans le PIB au cours des dernières années. Leur part du PIB se situait à 2,0 % ou moins tout au long des années 1980 et 1990, puis a augmenté régulièrement, passant de 2,0 % en 2003 à un sommet de 2,7 % en 2010. En 2009 et 2010, le volume des dépenses en rénovation a dépassé la construction de maisons. Les coûts de transfert sur les ventes de logements ont augmenté, étant passés de 1,0 % du PIB en 2003 à 1,2 % en 2010.
Les dépenses de consommation en pourcentage du PIB ont bondi de 3,1 points de pourcentage pour se chiffrer à 58,8 % en 2009 avant de retomber à 58,1 % l'an dernier. Une grande partie de cette diminution reflète la stabilité des dépenses de consommation par rapport à de fortes fluctuations dans le PIB nominal (celui-ci reflète la forte baisse des exportations et des investissements des entreprises en 2009 et leur reprise ultérieure en 2010).
La part des dépenses des administrations publiques dans le PIB a augmenté durant la récession, comme elle l'a toujours fait au cours des ralentissements passés. Ce qui était différent dans ce repli a été l'augmentation marquée des investissements en capital fixe par les administrations publiques, qui ont augmenté d'un point de pourcentage en proportion du PIB, passant de 3,2 % en 2008 à 4,2 % en 2010, soit la part la plus élevée depuis 1971. Cela se compare à des hausses lors des ralentissements cycliques passés, soit de 0,1 point de pourcentage en 1975, 0,3 point en 1981-1982, 0,2 point en 2001 et une baisse de 0,2 point en 1991-1992. L'augmentation rapide de l'investissement public a eu lieu principalement en 2009 (hausse de 3,9 % du PIB), reflétant l'augmentation des dépenses dans les projets d'infrastructure.
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