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Les analystes comprennent et reconnaissent depuis longtemps le rôle clé joué par le mouvement des stocks dans le cycle d’affaires. Nombre de récessions au cours des décennies ayant suivi la Seconde Guerre mondiale ont été dominées par ce qui a été désigné comme le « cycle des stocks », c’est-à-dire les hausses et les baisses des stocks à l’origine de la variation globale de la production. Le rôle essentiel des stocks a été reconnu par l’inclusion du ratio des stocks aux ventes en tant que composante de l’indicateur avancé composite du Canada.
Statistique Canada a déjà documenté la baisse à long terme du ratio des stocks totaux aux ventes, qui a diminué en dollars courants de plus de la moitié du début des années 1960 aux dernières années, étant passé de 1,5 à moins de 0,7 2 . Une part importante de cette tendance à la baisse est attribuable aux meilleures techniques de gestion des stocks auxquelles a donné lieu la diffusion de systèmes informatisés de contrôle des stocks dans les années 1980. De ce fait, les stocks ont joué un rôle moins important dans la production, ce qui a notamment contribué à réduire la volatilité du PIB au cours des trois dernières décennies.
Le présent document porte sur le rôle des stocks des entreprises non agricoles au cours des cycles d’affaires récents, afin de déterminer si l’accumulation des stocks non prévus a contribué à entraîner des récessions, si les diminutions des stocks ont contribué directement aux ralentissements économiques et si les variations des stocks ont contribué ou nui aux reprises. À cette fin, on examine les stocks sous trois angles : les modifications de leur niveau (à la hausse ou à la baisse); l’accélération ou la décélération du taux de variation; et le ratio des niveaux de stocks aux ventes 3 . Ensemble, ces éléments montrent à quelle vitesse les entreprises réagissent aux changements cycliques de la demande. Les variations des stocks au cours de la récession de 2008-2009 sont examinées en détail, et plus particulièrement leur répartition sectorielle entre les fabricants, les grossistes et les détaillants.
Un examen rapide de la contribution des stocks à la variation du PIB réel montre le rôle clé qu’ils ont joué au cours des récessions des années 1970 et 1980. Les stocks proprement dits ont représenté l’ensemble des baisses du PIB au cours des récessions de 1970, 1975 et 1980, et plus de 80 % de la contraction de 1981-1982. Cela ne veut pas nécessairement dire que les stocks ont été le facteur déterminant de la production plus faible. Les entreprises réduisent leurs niveaux de stocks lorsque les ventes diminuent; la décision de réduire la production est prise afin de réaligner les stocks avec le niveau plus faible des ventes en périodes de récession. Comme il a été noté par les chercheurs de la Federal Reserve Board, « l’évolution de la fluctuation des stocks depuis le milieu des années 1980 est plus susceptible d’être la conséquence de changements survenus dans l’environnement macroéconomique et a donc ainsi un rôle complémentaire, et non un rôle de premier plan, dans la diminution de la variabilité de la production agrégée » [traduction] 4 .
Toutefois, les stocks ont joué un rôle moins important au cours des deux récessions les plus récentes. Les variations globales des stocks n’ont pas eu de répercussions directes sur la croissance du PIB au cours de la récession de 1990-1991, et elles ont représenté moins du tiers de la baisse pendant l’effondrement de 2008-2009. Les recherches menées par la Federal Reserve Board ont fait ressortir une réduction similaire du rôle joué par les stocks dans les récessions aux États-Unis après 1982 5 .
Les augmentations des stocks ne constituent pas une menace à la croissance à court terme si elles se produisent à peu près au même rythme que celles des ventes; il s’agit du réapprovisionnement normal des entreprises. C’est lorsque les stocks sont mal alignés avec les ventes que des réductions correctives de la production et des stocks sont justifiées. La figure 3.2 montre le ratio du total des stocks aux ventes immédiatement avant, pendant et juste après les trois dernières récessions qui ont commencé en 1981, 1990 et 2008. Un certain nombre d’éléments sont dignes de mention.
Tout d’abord, le ratio des stocks aux ventes a été sensiblement plus faible pour chaque cycle, le ratio en 2008 représentant environ la moitié de son niveau de 1981. Cela fait ressortir la tendance à la baisse à long terme du ratio des stocks.
En deuxième lieu, le ratio n’a pas augmenté de façon appréciable avant le début des récessions. À la veille de la dernière récession, le ratio des stocks aux ventes égalait son niveau le plus bas jamais enregistré, soit 0,61 au troisième trimestre de 2008. Il a connu une hausse légère, passant de 0,95 à 0,96, au cours des trimestres ayant précédé la récession de 1990, puis a diminué, passant de 1,18 à 1,17 au cours des deux trimestres ayant précédé le ralentissement économique de 1981 (cette dernière baisse aurait été plus importante si la période avait été élargie pour inclure le sommet de 1,22 atteint au cours de la récession de 1980). Les réductions de la production n’ont pas été déclenchées par l’accumulation involontaire des stocks, qui sert traditionnellement à définir le début d’un cycle.
Les stocks ont augmenté légèrement par rapport aux ventes tôt dans les trois dernières récessions, les ventes ayant diminué davantage que les stocks. La hausse la plus marquée du ratio des stocks aux ventes s’est produite en 2008-2009, soit 0,11 point en trois trimestres. Cela rend compte de l’ampleur de l’effondrement inattendu de la demande dans des secteurs clés comme les exportations, le logement, les ventes de véhicules automobiles et l’investissement des entreprises, au fur et à mesure de la progression de la crise financière mondiale 6 . En comparaison, le ratio des stocks aux ventes n’a augmenté que de 0,05 point au cours des trois premiers trimestres de la récession de 1981, celle avant 2008 ayant connu la baisse la plus marquée de la demande jamais enregistrée. Étant donné que les niveaux des stocks étaient beaucoup plus faibles en 2008, la hausse de 0,11 point était proportionnellement beaucoup plus élevée que celle enregistrée en 1982 (17,1 % comparativement à 4,6 %).
En 1990-1991, le ratio des stocks aux ventes n’a pas augmenté du tout, sauf pour une brève période au premier trimestre de 1991, lorsque l’économie a été ébranlée par le choc de la guerre du Golfe et l’adoption de la TPS. Cela reflète le fait que ce sont les ventes plus faibles, et non pas les stocks, qui ont entraîné une baisse de la production au cours de cette récession.
Il convient de souligner que le ratio des stocks aux ventes a augmenté davantage en 2008-2009 qu’au cours des deux récessions précédentes. Cela laisse supposer que les entreprises au Canada n’ont pas connu globalement de difficultés inhabituelles de financement des stocks, contrairement à ce qui s’est produit ailleurs dans le monde (particulièrement au chapitre du crédit commercial).
Les premiers trimestres de reprise ont invariablement été marqués par des baisses rapides du ratio des stocks aux ventes, celui-ci atteignant habituellement des creux records. Au cours des quatre premiers trimestres de 1983, le ratio a diminué de 0,16 point, passant de 1,17 à un nouveau creux record de 1,01; en 1991, il a connu une baisse de 0,08 point, passant de 0,95 à un autre creux record de 0,87; et jusqu’à maintenant, au cours des trois trimestres de reprise ayant commencé en 2009, il a diminué de 0,07 point, passant de 0,72 à 0,65. C’est donc dire que même si le ratio des stocks aux ventes n’augmente pas de façon significative avant ou pendant les récessions, les entreprises se servent souvent des périodes de reprise pour faire diminuer le ratio. Ce niveau très faible de stocks en période de reprise contribue à faire en sorte que la croissance de la demande soit suffisamment soutenue pour justifier l’accélération de la production et du recrutement.
Mises à part les franches récessions, l’économie a connu trois périodes de quasi-récession : en 1986, 1994-1995 et 2001. Les trois fois, le PIB réel a stagné ou a diminué légèrement, et la croissance d’une année à l’autre du PIB est passée sous la marque de 1 %. Même si ces trois périodes n’ont pas été suffisamment graves ou longues pour se qualifier techniquement comme récessions, il est utile d’étudier le comportement du ratio des stocks aux ventes au cours de ces périodes.
Pendant ces trois ralentissements, le ratio des stocks aux ventes à l’échelle de l’économie a connu une hausse de beaucoup inférieure à 0,1 point. Il n’a augmenté que de 0,02 point en 1986 et 2001, et de 0,05 point en 1995. Ce contrôle strict des stocks contribue à expliquer pourquoi, dans chaque cas, l’économie a échappé à une franche récession 7 .
La figure 3.3 montre la variation absolue en dollars constants des niveaux des stocks aux taux annuels avant, pendant et après les trois dernières récessions. Avant chacune des trois dernières récessions, le volume des stocks a toujours augmenté, mais le taux d’accumulation des stocks a ralenti juste avant la baisse d’activité. Au cours des trois trimestres avant chacune des trois périodes de récession, l’accumulation des stocks trimestriels a ralenti à moins de 10 milliards de dollars au taux annuel (une hausse plus importante de plus de 20 milliards de dollars s’est produite au troisième trimestre de 2007, au moment où la crise financière mondiale s’est amorcée).
Autrement dit, les entreprises ont commencé à réduire la croissance des stocks au fur et à mesure qu’approchait la baisse des ventes, plutôt que d’accélérer l’accumulation des stocks, comme elles l’avaient fait dans les périodes précédant les récessions des années 1970. Avant la récession de 1970, l’accumulation des stocks a doublé pour atteindre 2,9 milliards de dollars en 1969. Elle a ensuite également doublé pour se chiffrer à 9,1 milliards de dollars en 1974, avant que le PIB réel diminue au début de 1975. Puis, l’accumulation des stocks s’est accélérée fortement pour se situer à 8,6 milliards de dollars en 1979, avant la contraction de 1980.
Au cours de chacune des trois dernières récessions, l’amorce du ralentissement a donné lieu immédiatement à une variation des niveaux des stocks détenus par les entreprises. En dépit de la baisse des ventes liée à la récession, l’accumulation des stocks s’est arrêtée ou est devenue négative 8 . Toutefois, cette baisse initiale des stocks n’a pas été aussi importante que celle des ventes, et le ratio des stocks aux ventes a souvent augmenté légèrement, comme il est indiqué dans la section précédente.
Par la suite, les entreprises ont vite fait de réduire la production davantage que les ventes, et les volumes des stocks ont diminué rapidement. Les réductions les plus marquées et les plus longues des stocks ont eu lieu pendant et après la récession de 1981-1982, avec une baisse de 21 milliards de dollars sur huit trimestres consécutifs. De 1990 à 1993, les stocks ont diminué de 22 milliards de dollars pendant un nombre record de 13 trimestres d’affilée. Les réductions des stocks ont été relativement faibles et brèves au cours de la dernière récession, totalisant 5,2 milliards de dollars (moins que leur baisse enregistrée pendant le ralentissement de 2001), en dépit des niveaux beaucoup plus élevés de ventes dans les années 1980 ou 1990.
Les niveaux des stocks tirent souvent de l’arrière en période de reprise suivant une récession, c’est-à-dire qu’ils continuent de diminuer, même lorsque la production commence à reprendre. Cela est illustré par les lignes pointillées de la figure 3.3; les variations des stocks sont demeurées négatives même après la reprise de la production au cours des trios cycles, même si le taux de diminution a ralenti de façon considérable après une année de reprise (comme il est expliqué en annexe, un taux plus faible de baisse des stocks contribue à la croissance positive du PIB). Les stocks ont continué de diminuer pendant les trois premiers trimestres de 1983, bien après que la récession a pris fin (au quatrième trimestre de 1982). Le PIB réel a cessé de diminuer au deuxième trimestre de 1991, mais les stocks ont continué de baisser jusqu’au quatrième trimestre de 1993, une des raisons qui explique que la reprise en 1992-1993 a été aussi terne. En 2009, les stocks ont baissé pendant les quatre trimestres de l’année, tandis que le PIB réel a connu une reprise au troisième et au quatrième trimestres.
Apparemment, les entreprises utilisent la reprise initiale de la demande pour finir de ramener le ratio des stocks aux ventes à des niveaux satisfaisants. Elles commencent généralement à augmenter la production une fois que le ratio des stocks aux ventes est revenu à son niveau d’avant la récession. Toutefois, la reprise initiale de la production ne s’accompagne pas d’une reprise des ventes, et les stocks diminuent généralement, tant en termes absolus que par rapport aux ventes tôt au début d’une reprise. L’année 2009 a fait exception, le ratio global des stocks aux ventes ayant tiré de l’arrière par rapport à la reprise, par suite de problèmes propres au secteur primaire et à la fabrication, qui sont abordés dans la section suivante.
La faible reprise des stocks au début de la récession au quatrième trimestre de 2008 s’est limitée à la fabrication et à l’extraction minière. Les niveaux des stocks du commerce de gros et du commerce de détail ont diminué de façon constante tout au long de la récession, une réussite digne de mention compte tenu des baisses respectives des ventes de 16 % et de 4 % à l’hiver de 2008-2009 (les stocks de véhicules automobiles au détail ont connu une légère hausse de 1,4 % au quatrième trimestre de 2008). Les grossistes et les détaillants ont commencé à rebâtir leurs stocks au premier trimestre de 2010, mais les fabricants ont continué de les réduire 9 .
La tendance sectorielle des ratios nominaux des stocks aux ventes en 2008-2009 jette de la lumière sur ce qui s’est produit. La baisse soudaine de la demande a donné lieu à une hausse du ratio des stocks aux ventes dans chacun des secteurs du commerce de gros, de la fabrication et du commerce de détail. Les grossistes et les détaillants ont pu rapidement stabiliser leurs stocks, puis réduire leurs ratios à l’hiver de 2009, par suite en partie du rebond rapide du logement et des ventes au détail. Au début de 2010, le ratio des stocks aux ventes avait atteint un creux record dans le commerce de détail et le commerce de gros.
Le cycle des stocks était plus prononcé pour les fabricants au cours de la récession de 2008-2009. Le ratio des stocks aux ventes a augmenté de 0,11 point, comparativement à des hausses de 0,02 point pour les détaillants et de 0,06 point pour les grossistes. Le ratio des fabricants a atteint un sommet de 0,60 au deuxième trimestre de 2009, un trimestre après le niveau élevé atteint par les secteurs du commerce, et au début de 2010, le ratio était encore bien au-dessus de son niveau d’avant la récession. Presque la totalité de la hausse a été attribuable à la diminution marquée des ventes du secteur de la fabrication, les stocks ayant crû de seulement 2,4 % comparativement au creux qu’ils avaient atteint au début de 2007.
Les stocks détenus par les fabricants, les grossistes et les détaillants représentent plus de 90 % de tous les stocks des entreprises non agricoles. Le reste est dominé par les stocks du secteur primaire, principalement l’extraction minière et les services publics (y compris l’extraction de gaz naturel). Ce secteur a eu le plus de difficulté à contrôler les stocks au cours de la récession de 2008-2009 10 . Les stocks ont augmenté de 14,6 % en volume entre le troisième trimestre de 2008 et le troisième trimestre de 2009, en raison pour une large part des accumulations de gaz naturel. Cela rend compte de la gravité de la baisse de la demande et des prix pendant la récession, ainsi que des efforts des producteurs de ne pas approvisionner le marché, afin d’éviter d’aggraver la baisse des prix.
Cette tendance sectorielle de variations du ratio des stocks s’est distinguée de celle du début des années 1990 (on ne dispose pas de données sectorielles avant 1989). Puis, les trois grands secteurs ont vu une augmentation graduelle de leurs ratios respectifs des stocks aux ventes, qui ont atteint un pic au premier trimestre de 1991, au moment où les ventes ont chuté par suite du poids combiné de la guerre du Golfe et de l’entrée en vigueur de la TPS. Les grossistes ont été les premiers à réduire rapidement leur ratio des stocks aux ventes, suivis de près par les fabricants. Les détaillants ont déployé des efforts pour freiner les stocks, leurs ventes ayant stagné tout au long de 1991 et au début de 1992, et le ratio des stocks aux ventes étant plus élevé qu’il ne l’avait jamais été en 1990 ou 1991.
Mise à part la tendance à long terme à la diminution des stocks, le rôle des stocks non agricoles dans le cycle d’affaires a changé au fil du temps. Les stocks n’augmentent plus beaucoup plus que les ventes en période de pré-récession, la nouvelle technologie et les nouvelles techniques de gestion ayant permis aux entreprises de mieux les contrôler. Au cours de la récession récente, les stocks ont plutôt bougé légèrement après les variations cycliques des ventes totales, augmentant peu après une baisse de la production et diminuant en premier en période de reprise. En fait, ce sont les ventes qui ont déterminé les cycles de production ces dernières décennies. Il y a plus d’une décennie, certains chercheurs laissaient entendre que « la tradition des récessions provoquées par les stocks avait probablement pris fin » 11 . L’absence des stocks comme principal facteur ayant contribué au ralentissement de 2001 ou à la récession de 2008-2009 au Canada va dans le sens de cette conclusion.
Quoique le rôle des stocks dans le cycle d’affaires soit bien connu, les stocks sont la composante la moins comprise du PIB en raison de l’influence qu’a leur complexité sur leur calcul et leur interprétation.
La valeur de la plupart des composantes des Comptes nationaux est calculée simplement — prenons une série facile à comprendre, comme celle des ventes commerciales; c’est en déflatant la valeur de cette série nominale par l’indice des prix approprié que nous calculons sa valeur en dollars constants. Toutefois, on ne peut procéder de la même façon pour les stocks. Le calcul de la variation de la valeur en dollar courants fondé sur la valeur comptable déclarée par les entreprises se fait en deux étapes. La variation des valeurs des stocks causée par les variations des prix est annulée pour obtenir des stocks en dollars constants. Ce qui reste après cet ajustement est ensuite réévalué à l’aide des prix en tenant compte du roulement des stocks pour calculer la valeur de la variation physique des stocks en dollars courants.
L’interprétation des stocks demande une étape de plus, comparativement à celle des autres composantes du PIB. Pour toutes les autres composantes, la différence première (ou le changement) dans les dépenses montre leur impact sur le PIB global : une augmentation des dépenses en consommation fera incontestablement augmenter la valeur du PIB total. Toutefois, pour les stocks, c’est la différence seconde (ou la variation de la variation des niveaux des stocks) qui fait apparaître leur impact sur le PIB.
La figure 3.7 en démontre la raison. Pour cet exposé, nous avons créé un scénario hypothétique où le PIB, à l’exclusion des stocks, est le même pendant les périodes 1 et 2 : il se chiffre à 100 milliards de dollars. Pendant la période 1, les stocks ont augmenté de 10 milliards de dollars; le PIB total (le PIB à l’exclusion des stocks et de la valeur de la variation physique des stocks) est donc de 110 milliards de dollars. Pendant la période 2, les stocks augmentent toujours, mais seulement de 5 milliards de dollars; le PIB diminue donc pour atteindre 105 milliards de dollars. Même si les stocks ont augmenté pendant les deux périodes, leur taux de croissance s’est ralenti pendant la deuxième période, ce qui fait diminuer le PIB global. En conséquence, les stocks peuvent faire diminuer le PIB même si leur niveau demeure le même : ce fait s’avère uniquement pour cette composante du PIB.
Il s’ensuit qu’une accélération de l’accumulation des stocks pendant deux trimestres adjacents (ou années adjacentes) fera augmenter le PIB. Si les stocks augmentent puis diminuent, ils feront diminuer la croissance du PIB. S’ils diminuent puis augmentent, la variation de leur variation doit être positive; elle fera augmenter le PIB. Lorsque les stocks sont en décroissance, la règle de la « variation de la variation » veut que la croissance du PIB diminue lorsque la chute des stocks s’accélère, tandis que la croissance du PIB s’améliore lorsque le taux de diminution des stocks fléchit.
La figure 3.8 montre ce qui arrive lorsque les diminutions des stocks ralentissent entre les périodes 1 et 2 (de 10 milliards de dollars à 5 milliards de dollars). Le PIB excluant les stocks se chiffrant à 100 milliards de dollars au cours des deux périodes, le PIB se situait à 90 milliards de dollars dans la période 1 et à 95 milliards de dollars dans la période 2. Donc, même si les stocks continuent de diminuer, leur taux de déclin plus faible fait augmenter le PIB dans la période 2.
Le taux de variation des stocks montre seulement la contribution des stocks pour un trimestre comparativement à celle pour le trimestre précédent. Pour étendre l’analyse à plus d’un trimestre, les variations des stocks doivent être cumulées pour que leur incidence sur le PIB soit manifeste. Ce n’est pas le cas des autres séries : du premier trimestre de 2009 au premier trimestre de 2010, les dépenses personnelles de consommation ont augmenté de 45,2 milliards de dollars (de 885,1 milliards de dollars à 930,3 milliards de dollars). Cette augmentation reflète la contribution de ces dépenses au PIB nominal pendant cette période. Toutefois, pour les stocks, c’est la variation cumulative pour chacun des quatre trimestres qui importe lorsqu’on mesure leur incidence sur le PIB. Par exemple, après avoir atteint un creux au début de 2009, les stocks nominaux sont passés d’un taux annuel de déclin de 7,5 milliards de dollars pour le second trimestre de 2009 à un taux de 0,7 milliards de dollars pour le premier trimestre de 2010. Certains peuvent faussement interpréter cette variation comme étant un mouvement à la hausse de 6,8 milliards de dollars de la contribution des stocks à la croissance du PIB. Toutefois, ils n’ont pas tenu compte des diminutions de stocks de 4,9 milliards de dollars et de 10,6 milliards de dollars survenues respectivement dans les troisième et quatrième trimestres. Le taux de variation cumulatif pendant la période de quatre trimestres était positif et d’une valeur de 9,1 milliards de dollars. Ce taux reflète l’incidence totale des stocks sur le PIB nominal au cours des quatre trimestres de reprise.