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Le ralentissement de l’économie mondiale tout au long de l’année s’est fortement accéléré après septembre 2008 lorsque les conditions sur le marché financier se sont détériorées à la suite de la faillite de la banque d’investissement Lehman Brothers aux États-Unis. Le PIB de la plupart des pays s’est contracté rapidement au cours des trois trimestres qui ont suivi, mais les diminutions les plus importantes se sont observées dans les flux des échanges. Selon les estimations de la Banque mondiale, au cours des quatre mois qui ont suivi septembre 2008, les exportations mondiales, qui au début de la période connaissaient une croissance nominale de 19 % d’une année à l’autre, ont affiché une baisse de 31 %. L’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon ont connu des taux de décroissance record étonnamment semblables. La baisse beaucoup plus rapide des échanges commerciaux que du PIB mondial tient à plusieurs facteurs, dont la dépendance des flux des échanges à l’égard du crédit, une forte baisse des prix des produits de base et des reculs plus importants de la production de biens que des services (les services ont un impact plus important sur le PIB que les échanges commerciaux).
La disparition du crédit a eu un effet particulièrement marqué sur le commerce de certains pays d’outre-mer. Au plus profond de la crise, les banques et les autres institutions financières étaient peu disposées à consentir du crédit à des entreprises de l’autre côté du monde, ce qui ne saurait surprendre étant donné qu’elles étaient déjà réticentes à financer certaines des entreprises les plus grandes et les mieux connues dans leur propre pays 2 . Selon une estimation, le financement du commerce mondial, qui est nécessaire à 90 % des échanges, accuse un déficit de 100 milliards de dollars 3 . Le commerce entre les firmes multinationales ne serait pas touché par les problèmes de financement du commerce, ce qui pourrait expliquer pourquoi la baisse du commerce était concentrée dans quelques secteurs.
On ne peut pas établir que la nature intégrée des chaînes d’approvisionnement transnationales, où une composante ou une pièce particulière peut traverser la frontière plus d’une fois au cours de l’assemblage d’un bien, est venue accentuer la baisse des échanges commerciaux par rapport à la production. Par exemple, de l’acier fabriqué en Inde pouvait être estampé et embouti au Mexique, transformé en pièces d’automobile aux États-Unis, installé dans une automobile finie au Canada, puis expédié pour être vendu aux États-Unis. Dans cet exemple hypothétique, l’acier traverserait cinq frontières. Le renversement de ce processus au fur et à mesure de la réduction de la production explique pourquoi la baisse des échanges à l’échelle mondiale a été remarquablement synchronisée 4 . Cependant, alors que les chaînes mondiales d’approvisionnement ont élevé la part du commerce dans le PIB, leur reversement durant la récession n’a pas nécessairement mené à une baisse plus rapide du commerce que de la production 5 .
Le Canada n’a pas échappé au marasme du commerce mondial, ses exportations et importations s’étant repliées plus rapidement que tout autre secteur de la demande. La part relativement importante du commerce international dans le PIB du Canada a amplifié l’impact sur notre économie. Par-dessus tout, pour le Canada, la forte baisse des prix des produits de base a aggravé les effets de la diminution du volume des livraisons.
Le déclin rapide du commerce international a entraîné une récession au Canada tant par son impact direct sur les revenus et la production de biens (notamment manufacturiers et miniers) que par son impact indirect sur les industries de services connexes. Même si la récession qui a si durement frappé les industries des biens a relativement peu touché la plupart des services au Canada, les services de manutention de biens ne s’en sont pas sortis indemnes. Les transports et le commerce de gros ont vu leur production se replier de 5 % et de 10 %, respectivement, dans une large mesure à cause du marasme du commerce transfrontalier.
Étant donné que le commerce international était à l’épicentre de la récession qui a suivi, nous exposons dans le présent document de façon sommaire les répercussions sur les exportations et les importations canadiennes.
Du sommet atteint au troisième trimestre de 2008 au récent creux enregistré au deuxième trimestre de 2009, les recettes d’exportation ont chuté de 32 % tandis que les importations nominales ont baissé de 22 %, selon les données sur le commerce de marchandises des comptes nationaux. (En comparaison, le PIB nominal a baissé de 7,4 %, et le PIB réel de 3,3 %.) La diminution plus importante des exportations par rapport aux importations est entièrement attribuable aux prix plus faibles, le volume tant des exportations que des importations ayant diminué d’environ 20 %. Les prix à l’exportation ont reculé de 12 %, reflétant le rôle plus important des produits de base dans nos exportations que dans nos importations. Les prix à l’importation sont demeurés inchangés au cours des trois derniers trimestres, les pressions à la hausse exercées par la baisse sans précédent du taux de change au quatrième trimestre de 2008 sur les prix des produits manufacturés étant venues compenser les prix plus faibles des importations de produits de base sur les marchés mondiaux.
Entre le troisième trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009, les importations ont chuté de 25,1 milliards de dollars (-22 %). Les diminutions les plus importantes en ce qui a trait tant en dollars qu’en pourcentage ont été affichées par les importations de produits énergétiques, d’automobiles et de biens industriels, dans cet ordre. Ensemble, ces importations ont diminué de près de 20 milliards de dollars, contribuant dans une proportion de 80 % à la baisse globale des importations de marchandises.
Les importations énergétiques ont diminué de près de moitié, reculant de 7,0 milliards de dollars (-48 %) au cours des trois derniers trimestres. La plus grande partie de ce repli s’expliquait par les prix et les volumes plus faibles des produits pétroliers importés. Les importations de produits pétroliers ont amorcé une reprise au deuxième trimestre à la faveur d’un raffermissement des prix; en revanche, les importations énergétiques, dans l’ensemble, ont continué de régresser en raison d’une forte chute des importations de charbon, particulièrement après les fermetures prolongées dans l’industrie du fer et de l’acier au printemps.
Les importations de produits automobiles ont reculé de 6,8 milliards de dollars (-37 %) après le troisième trimestre de 2008. La baisse la plus importante (soit de 3,0 milliards de dollars) a été enregistrée au chapitre des voitures particulières, les ventes ayant stagné au quatrième trimestre lorsque la confiance des consommateurs était à son plus bas niveau. Les importations de pièces ont également reculé, de 2,4 milliards de dollars, reflétant la baisse d’activité des chaînes d’assemblage au Canada.
Les importations de biens industriels ont enregistré une baisse de 6,1 milliards de dollars (-26 %) par rapport au sommet atteint au troisième trimestre de 2008. Près de la moitié de cette baisse était attribuable à une diminution de 3,0 milliards de dollars enregistrée par les métaux. Cette dernière s’expliquait par la forte contraction de la demande de biens industriels des producteurs canadiens ainsi que par le ralentissement des importations de minerais métalliques pour affinage au Canada (avant leur réexportation vers les marchés mondiaux). La demande d’autres produits industriels était particulièrement faible dans le cas du fer et de l’acier, ayant diminué de moitié au cours des deux derniers trimestres seulement. Les produits en plastique et les produits chimiques ont également accusé un repli marqué.
La forte baisse des produits énergétiques et industriels reflétait la diminution marquée des prix des produits de base. Après un boom de sept ans qui a fait tripler les prix des ressources naturelles, les prix des produits de base ont dégringolé de moitié entre le sommet atteint au début du troisième trimestre de 2008 et au début de 2009. Même si les prix des produits de base ont toujours été cycliques, cette dernière variation était la plus importante jamais enregistrée. Les produits énergétiques et les métaux ont connu les diminutions les plus marquées. Le recul de la demande industrielle mondiale a contribué à la chute de 53 % des prix des métaux 6 .
Le secteur des importations de machines et de l’équipement est le seul autre secteur qui a enregistré une baisse marquée, soit de 4,2 milliards de dollars (-14 %) entre le troisième trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009. Cette diminution correspondait presque exactement à la baisse de 13 % de l’investissement nominal des entreprises, notamment dans les secteurs des mines et de la fabrication, au cours de cette période au fur et à mesure que la récession s’est aggravée. La réduction des importations était la plus prononcée dans le cas des machines industrielles et de bureau (par exemple, les ordinateurs). Ces baisses ont été atténuées par une demande stable de machines agricoles et d’aéronefs.
Les importations nominales de biens de consommation et de produits agricoles ont été peu touchées par la récession. Toutefois, le volume de biens de consommation a baissé initialement de 15 % entre le troisième trimestre de 2008 et le premier trimestre de 2009, lorsque les ventes au détail se sont effondrées et que la dépréciation du dollar canadien a fait augmenter le coût des importations d’environ 10 % (comme dans le cas des automobiles, des machines et de l’équipement importés). Les importations de biens de consommation ont amorcé une reprise au deuxième trimestre, cependant, à la faveur d’un raffermissement des ventes au détail au Canada. Les importations de produits agricoles ont été stables, ce qui est peu étonnant étant donné que des aliments de base comme le café, les fruits et les légumes dominent dans cette catégorie.
Les exportations de marchandises ont chuté de 41,1 milliards de dollars (-32 %) au cours des trois derniers trimestres. Comme dans le cas des importations, plus de 80 % de la baisse était attribuable aux exportations d’énergie, de produits automobiles et industriels, qui ont régressé de 49 %, 40 % et 39 %, respectivement. Toutefois, étant donné la plus grande part des exportations représentée par les produits énergétiques et industriels après la montée des prix des produits de base au cours des cinq années précédentes (et l’effondrement des ventes dans le secteur de l’automobile), ces produits ont joué un rôle beaucoup plus important que les automobiles dans la chute de l’ensemble des exportations.
Entre le troisième trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009, les exportations de produits énergétiques se sont contractées de 17,0 milliards de dollars. Presque toute la baisse était attribuable à une chute de 46 % des prix de l’énergie. Les produits pétroliers ont connu le repli le plus marqué, ce qui reflète la baisse rapide des prix du pétrole ainsi que de plus faibles volumes d’exportations. Alors que les prix du pétrole ont rebondi au deuxième trimestre de 2009, les exportations de produits énergétiques ont poursuivi leur tendance à la baisse en raison du recul de plus en plus marqué des exportations de gaz naturel, dont les prix ont dégringolé de près des deux tiers depuis l’été dernier.
Les recettes d’exportation de biens industriels se sont contractées de 11,7 milliards de dollars au cours des trois derniers trimestres. Plus de la moitié (6,7 milliards de dollars) de cette perte était attribuable aux minerais métalliques et aux alliages. Pour les exportations de métal, la plus grande partie de la baisse des recettes reflétait un plus faible volume, les prix ayant diminué d’environ 20 %. La diminution la plus rapide a été enregistrée par les exportations de minerai de nickel, qui ont chuté de près de 75 % (soit environ 1 milliard de dollars) en deux trimestres à peine. Le cuivre et l’aluminium ont également enregistré de fortes baisses, soit de 50 % ou plus. Les métaux précieux comme l’or ont constitué une exception notable, ayant affiché seulement une faible perte en raison d’une remontée des prix au printemps.
Les exportations d’automobiles ont diminué de 40 %, mais étant donné les baisses progressives enregistrées depuis 2004, cela représentait un repli de 6,1 milliards de dollars des recettes d’exportation, ce qui est nettement inférieur à la baisse enregistrée par l’énergie et les produits industriels. En volume, la diminution des exportations d’automobiles était supérieure à 50 %, de loin la plus importante de tous les principaux secteurs d’exportations, les prix ayant augmenté de 10 % en raison de la baisse du taux de change. Les voitures particulières ont enregistré la plus forte baisse, étant donné qu’elles dominaient la production de véhicules automobiles au Canada (dans la première moitié de 2009, les camions représentaient 15 % seulement des véhicules assemblés).
Les baisses de près de 40 % des exportations ainsi que des importations dans le secteur de l’automobile étaient fortement interreliées. Étant donné qu’environ la moitié des véhicules assemblés au Canada comprennent des pièces importées, la forte diminution des exportations de véhicules s’est inévitablement répercutée sur les importations. En outre, le recul marqué de la production du secteur de l’automobile aux États-Unis a réduit la demande de pièces fabriquées au Canada.
Comme dans le cas des importations, les exportations de machines et d’équipement ont régressé de 15 % (ou de 3,4 milliards de dollars) au cours des trois derniers trimestres, soit un taux de moins de la moitié du taux de déclin des trois secteurs d’exportation les plus durement frappés. Par conséquent, au début de 2009, les machines et l’équipement étaient revenus au premier rang des exportations canadiennes, qu’ils avaient occupé la dernière fois en 2005 (lorsqu’ils ont été dépassés d’abord par les produits industriels, puis par les produits énergétiques). Alors que les machines industrielles et le matériel de bureau ont subi le contrecoup des réductions des dépenses des entreprises à l’étranger, les secteurs de l’aéronautique et des télécommunications (comme les téléphones sans fil) sont sortis relativement indemnes.
La plus faible baisse enregistrée dans le secteur des machines et de l’équipement que dans certains autres secteurs est notable, et ce, pour au moins deux raisons. Premièrement, l’investissement des entreprises en machines et équipement a affiché la plus forte baisse de tous les secteurs du PIB autres que les exportations. Deuxièmement, tandis que le secteur des machines et de l’équipement est le deuxième plus grand utilisateur de pièces importées (après le secteur de l’automobile), ceci ne devait pas accentuer le recul de la demande directe de machines et d’équipement (puisque la disparition du marché d’exportation des machines et de l’équipement a eu pour effet de faire diminuer la demande de pièces importées dans la même proportion). On a constaté le même résultat pour l’automobile. Peu de preuves démontraient pour le Canada que la désintégration verticale des chaînes mondiales d’approvisionnement a amplifié la chute des flux commerciaux, contrairement à ce que beaucoup d’analystes s’attendaient.
Le secteur des produits forestiers a aussi connu une chute des exportations, de 27 %, mais après des années de pertes constantes (notamment lors du ralentissement du secteur du logement aux États-Unis en 2006). Ce recul des exportations représente une baisse de 1,8 milliard de dollars, soit moins de 5 % du repli des exportations totales des trois derniers trimestres. La baisse des recettes d’exportation a été répartie de façon égale entre le bois d’oeuvre, la pâte et le papier journal. La diminution des exportations des secteurs forestier et de l’automobile en 2008 a succédé à une baisse de près de 40 % les quatre années précédentes (les exportations forestières ainsi que d’automobiles avaient atteint un sommet au deuxième trimestre de 2004).
À l’instar des importations, les exportations de biens de consommation et de produits agricoles ont été peu touchées par la récession, ayant affiché des baisses d’à peine 1 % entre le troisième trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009. Le secteur agricole a été soutenu par des exportations plus élevées attribuables à une bonne récolte de blé qui est venue contrebalancer un recul des prix des céréales par rapport à leurs sommets atteints plus tôt en 2008.
À l’échelle régionale, la plus forte baisse des exportations au cours des trois derniers trimestres a été celle de 35 % des livraisons aux États-Unis. Elle s’explique par le recul marqué de la demande des États-Unis d’exportations comme le gaz naturel et les automobiles. Les exportations vers l’Europe et vers le Japon ont chuté de près de 30 % en raison d’importantes baisses des exportations de biens industriels (notamment des métaux).
Les exportations vers les pays non membres de l’OCDE ont reculé seulement de 13 % depuis le troisième trimestre de 2008. Ce résultat relativement bon tient à plusieurs facteurs. Les exportations vers les pays émergents comprennent une forte proportion de produits agricoles (notamment de céréales) et la demande de ces produits est restée ferme alors que le financement est souvent facilité par les gouvernements. En outre, les économies des pays émergents ont été moins touchées par la récession mondiale (pour diverses raisons qui dépassent la portée du présent document). Le meilleur exemple est la Chine, où la croissance réelle du PIB s’est maintenue autour de 8 % au deuxième trimestre. Par conséquent, les exportations du Canada vers la Chine ont augmenté de 11 % jusqu’ici en 2009, après avoir enregistré une hausse de 10 % en 2008.
Trois secteurs ont été à l’origine de plus des trois quarts de la baisse sans précédent des exportations ainsi que des importations observée entre le troisième trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009, à savoir, les secteurs de l’énergie, de l’automobile et des produits industriels. Ce phénomène s’explique par la baisse des prix de l’énergie et des métaux ainsi que par la forte chute des ventes d’automobiles en Amérique du Nord. En revanche, les échanges de biens de consommation et de produits agricoles sont demeurés relativement stables durant la récession.
Les exportations et les importations se sont contractées plus rapidement que tout autre secteur de l’économie canadienne, ce qui est attribuable aux prix nettement plus faibles des produits de base qui constituent un élément important du commerce transfrontalier. Contrairement à d’autres pays, la diminution plus rapide du commerce que de la production ou de la demande au Canada semble avoir été causée davantage par les difficultés de financer le commerce qu’en réaction aux chaînes de production mondiales ou transfrontalières.