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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Décembre 2005

Étude spéciale

Le secteur manufacturier canadien a-t-il pris du retard par rapport à son homologue américain?

par Jennie Wang*

Introduction

Cette dernière année, les fabricants se sont montrés quelque peu pessimistes, puisque les livraisons et les commandes stagnaient, alors que les stocks s’accumulaient. De prime abord, on constate que le tableau des livraisons manufacturières a été bien plus sombre au Canada qu’aux États-Unis depuis septembre 2004 (figure 1).

Figure 1

Entre ce mois (où l’écart est né) et août 2005, la différence en dollars courants a été de 5,2 points de pourcentage pour la croissance des livraisons américaines et canadiennes avec un gain de 5,5 % aux États-Unis et un gain de 0,3 % seulement au Canada. Dans l’ensemble, 14 branches d’activité sur 21 ont concouru à cette divergence, surtout le matériel de transport, le bois, le pétrole, les produits chimiques et les aliments, qui forment tous des industries manufacturières de première importance au Canada.

Dans cet article, nous examinerons les causes de cet écart des livraisons et nous verrons quelles industries y jouent un rôle et si les livraisons sont véritablement à la traîne des États-Unis une fois prises en compte les variations de prix. Nous déterminerons en outre si les carnets de commandes sont intervenus ou non comme facteur dans cette divergence croissante des livraisons.

L’écart est surtout dû aux prix

L’écart des livraisons entre le Canada et les États-Unis depuis un an s’explique en majeure partie par des différences de prix des produits manufacturés au sortir de l’établissement de fabrication. Une fois l’effet des prix éliminé, on constate que, en dollars constants, le rythme des livraisons canadiennes était presque égal à celui que l’on peut observer chez notre voisin du sud (figure 2). L’écart canado-américain sur ce plan est pratiquement aboli (qui n’est plus que de 0,3 point). En fait, le Canada a mieux fait que les États-Unis dans 11 des 21 branches d’activité si on prend une mesure des livraisons en dollars constants.

Figure 2

Les prix sont déterminés par le taux de change

Le taux de change influe sur les prix des biens écoulés à l’étranger par les fabricants canadiens. La valorisation récente de notre dollar a eu pour effet d’abaisser nos prix à la production. La figure 3 indique à quel point les prix à la production sont liés au taux de change.

Figure 3

Les fabricants exportent près de la moitié de tout ce qu’ils expédient. Au nombre des industries qui écoulent une grande partie de leurs biens sur le marché extérieur, on compte celles des véhicules automobiles, de la machinerie, des pâtes et papiers et des produits du bois. Les prix de ces biens sont habituellement en dollars américains. Comme ces fabricants canadiens sont payés en dollars américains, ils ont reçu moins de dollars canadiens lorsque le taux de change a monté. Si les revenus tirés des exportations ont été en baisse, les prix des facteurs de production sont demeurés les mêmes au Canada (sauf ceux des biens d’équipement qu’ils importent).

Comme l’écart des prix est dû au taux de change et que la valeur des livraisons dépend des prix des biens qui sont expédiés, les livraisons prises à leur valeur en dollars courants ont été très sensibles aux mouvements du dollar (figure 4).

Figure 4

Avec un dollar en valorisation, les fabricants canadiens se sont heurtés à une concurrence plus vive sur le marché extérieur, puisque leurs produits coûtaient plus cher. Tout au long des années 1990, un dollar de moindre valeur a accru la demande intérieure de biens fabriqués au Canada par un renchérissement des produits importés, alors que nos exportations coûtaient moins cher à l’acheteur étranger. Dans une situation de faiblesse de notre dollar qui favorisait nos fabricants, l’écart des livraisons a constamment décru. Le dollar canadien devait finalement toucher le fond en janvier 2002 à une valeur de 62,49 cents américains. Depuis 2003, il n’a cessé de monter pour approcher des 85 cents.

Le rôle des différences de prix comme explication de cet écart a été particulièrement important dans le cas de l’automobile et des produits du bois, du pétrole et du charbon.

Véhicules automobiles

C’est l’automobile qui a eu la plus grande incidence sur l’écart global des livraisons. Les différences de prix à la production entre les États-Unis et le Canada expliquent 95 % de la divergence observée dans le cas des livraisons de matériel de transport. L’industrie de fabrication de véhicules automobiles, qui concourt surtout à cette divergence, est un secteur hautement exportateur dont 86 % des livraisons sont allées à l’exportation en août. Si on exclut cette industrie, l’écart de croissance globale des livraisons est ramené de 5,2 % à 4,3 %.

De septembre 2004 à août 2005, les livraisons de matériel de transport ont augmenté en valeur de 2,2 % aux États-Unis et diminué de 4,1 % au Canada (tableau 1). Il reste que, en dollars constants, l’écart canado-américain est négligeable, les livraisons de l’un et l’autre de ces pays ayant été un peu en hausse.

Les produits du bois

L’industrie du bois (et plus particulièrement du bois d’œuvre) est deuxième en importance pour la contribution (0,8 point) à l’écart global des livraisons de 5,2%. Pour la plupart, les fabricants de produits du bois sont « preneurs de prix » et écoulent leurs biens en dollars américains sur des marchés hautement concurrentiels.

De septembre 2004 à août 2005, les prix reçus pour le bois d’œuvre ont décru de 14,6 % au Canada et de 0,8 % seulement aux États-Unis. L’écart canado-américain de croissance des livraisons de produits du bois s’est établi à 11,2 %. Sans l’industrie du bois, l’écart dans la croissance totale des livraisons aurait été de 4,4%.

En dollars constants cependant, les livraisons américaines étaient en baisse de 1,8 % et les livraisons canadiennes étaient en hausse à cause de la demande d’une florissante industrie de la construction.

Tableau 1 : Croissance des livraisons par industrie, septembre 2004 à août 2005

  Dollars courants Dollars constants Contribution des prix à l'écart global1
Industrie États-Unis Canada Écart États-Unis Canada Écart
              %
Fabrication 5,5 0,3 5,2 0,7 0,4 0,3 85,4
Aliments 2,9 -2,8 5,7 2,0 -0,2 2,2 7,8
Boissons et tabacs 3,8 4,0 -0,2 -0,3 2,0 -2,4 0,9
Textiles -8,6 -4,3 -4,3 -10,3 -5,0 -5,3 0,2
Produits textiles 2,6 -2,7 5,3 -0,6 -3,9 3,4 0,2
Vêtements 0,2 -11,5 11,7 0,3 -11,3 11,7 0,0
Cuir -4,4 -18,5 14,1 -5,0 -18,9 13,9 0,0
Papier 1,1 -3,3 4,4 -1,4 -0,1 -1,3 5,0
Impression -3,8 0,1 -3,9 -5,6 -0,7 -4,9 0,4
Pétrole et charbon 30,2 21,0 9,2 -0,2 -1,0 0,8 11,8
Chimiques 4,4 -3,0 7,4 -2,2 -5,8 3,6 7,0
Plastiques et caoutchoucs 5,1 0,2 4,9 -1,0 -2,7 1,7 2,7
Bois -2,6 -13,7 11,2 -1,8 1,0 -2,8 12,0
Minéraux non métalliques 9,6 4,0 5,6 3,6 1,2 2,4 1,3
Métaux transformés 0,3 1,3 -1,0 -2,0 1,6 -3,7 3,0
Produits métalliques 2,5 2,4 0,2 -1,6 2,3 -3,9 4,8
Machines 5,1 6,2 -1,0 1,8 5,0 -3,3 2,5
Produits informatiques 7,5 9,0 -1,5 8,9 12,3 -3,4 2,1
Appareils électriques 5,4 2,4 3,0 1,7 -0,2 1,9 0,4
Transport 2,2 -4,1 6,3 0,4 0,5 -0,1 22,4
Meubles 6,9 8,8 -1,8 3,3 6,7 -3,4 0,7
Divers 11,4 8,8 2,6 9,8 7,6 2,2 0,2
1. Cette analyse utilise une technique de décomposition qui mesure la contribution de trois facteurs à l'écart dans la croissance des livraisons (prix, quantité et poids).

Si les livraisons se sont légèrement accrues en volume, la forte baisse des prix a nettement influé sur les bénéfices des fabricants canadiens de produits du bois. Dans de récents constats de rentabilité décroissante de l’industrie forestière, on blâme la baisse des prix, la hausse du dollar et le renchérissement de l’énergie, du travail et des matières premières. Dans la dernière année, les bénéfices ont rétréci de 27 % dans l’industrie des produits du bois.

Pétrole

La fermeté de la demande mondiale et les contraintes de l’offre (avec les fermetures de raffineries provoquées par les ouragans du golfe du Mexique) ont récemment fait monter en flèche les cours pétroliers. Les raffineries canadiennes n’ont pas directement été victimes de ces catastrophes naturelles, mais il faut voir que les prix des hydrocarbures au Canada sont largement influencés par les prix aux États-Unis, car le marché du pétrole raffiné est intégré en Amérique du Nord. De septembre 2004 à août 2005, les prix des produits pétroliers se sont élevés de 30,5 % aux États-Unis et de 22,3 % au Canada.

C’est ainsi que, en valeur, les livraisons de pétrole et de charbon ont augmenté depuis un an de 30,2 % aux États-Unis et de 21,0 % au Canada, ce qui représente un écart de 9,2 %. En dollars constants, les livraisons ont été relativement stables dans l’année, l’écart n’étant que de 0,8 %.

L’industrie du matériel informatique est plus importante aux États-Unis

Le Canada est devancé par les États-Unis dans les livraisons surtout à cause des prix et des différences structurelles expliquent en majeure partie le reste de l’écart de croissance des livraisons. L’importance relative des diverses branches d’activité a joué comme facteur, plus particulièrement dans le cas des produits informatiques et électroniques.

En septembre 2004, l’industrie de l’informatique rendait compte de 9 % des livraisons manufacturières aux États-Unis et de 3 % seulement au Canada. De part et d’autre de la frontière, l’industrie des produits informatiques et électroniques est un secteur de forte croissance. On constate que, en dollars constants, les livraisons de ces produits se sont élevées de 8,9 % aux États-Unis et de 12,2 % au Canada entre septembre 2004 et août 2005. Bien que la hausse ait été plus rapide au Canada, ces mêmes produits ont moins contribué à la croissance globale des livraisons qu’aux États-Unis parce que cette industrie occupe une place relativement modeste dans notre pays. Si les produits informatiques et électroniques avaient la même importance au Canada qu’aux États-Unis, la divergence des livraisons aurait été moindre.

Commandes en carnet

Il n’y a pas eu que l’écart des livraisons dans la dernière année, puisque les carnets de commandes ont augmenté plus rapidement aux États-Unis qu’au Canada depuis les premiers mois de 2003. Il s’agit de la liste des commandes qui donneront lieu à des livraisons si elles ne sont pas annulées. Voilà pourquoi on se reporte parfois à cet indicateur pour prévoir ce que sera l’activité manufacturière. (Pour faciliter la comparaison canado-américaine des carnets de commandes, nous allons regarder uniquement un certain nombre d’industries de biens durables.)

De janvier 2003 à août 2005, les carnets de commandes de ces industries se sont accrus de 24,0 % aux États-Unis, tout en décroissant de 5.2 % au Canada pour un écart de 29.2 % (figure 5). Le matériel de transport est à l’origine d’une grande partie de cette divergence.

Figure 5

L’industrie de l’automobile jouait le plus grand rôle dans l’écart des livraisons, mais l’aérospatiale la remplace dans le cas des commandes en carnet de matériel de transport. Aux États-Unis, les commandes d’aéronefs – avec pour aiguillon la demande d’aéronefs militaires et celle d’une industrie touristique asiatique en pleine effervescence – ont augmenté de 17,6 % pendant la période considérée, alors qu’elles diminuaient de 24,2 % au Canada. Malgré sa forte contribution à l’écart de croissance des carnets de commandes, l’aérospatiale n’expliquait en rien l’écart de croissance des livraisons à cause des longs délais de livraisons, n’apportant que 2 % à la masse des livraisons manufacturières.

Profits

Dans l’ensemble, les livraisons croissent en volume au même rythme au Canada qu’aux États-Unis, mais les fabricants canadiens sont à la traîne pour les bénéfices. De leur creux de 2002 à 2004, les bénéfices des fabricants se sont élevés de 191 % aux États-Unis et de 19 % seulement au Canada. Ceci reflète en grande partie l’effet contraignant d’un dollar fort sur les prix.

Figure 6

Conclusion

Comme le gros de la production manufacturière canadienne est exporté, le taux de change et les différences de prix des produits manufacturés expliquent avant tout l’écart canado-américain sur le plan des taux de croissance des livraisons. Dans une comparaison en dollars constants, la différence de croissance disparaît pour ainsi dire. Si le Canada est devancé par les États-Unis pour la croissance globale des livraisons en valeur, il demeure à la hauteur de son voisin du sud pour la croissance en volume.

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Note

* Division de la fabrication, de la construction et de l’énergie,
(613) 951-9832.


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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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