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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Octobre 2004

Étude spéciale

Quatre décennies de destruction créatrice : renouvellement de la base du secteur de la fabrication au Canada, de 1961 à 1999

par J. Baldwin and M. Brown*

Introduction

Les économies de marché sont dynamiques, de nouvelles entreprises voyant constamment le jour et d’anciennes disparaissant. On peut constater ce dynamisme presque chaque jour dans les pages d’affaires des journaux, ou par la simple observation des entreprises qui apparaissent et qui disparaissent dans nos collectivités.

Il est maintenant courant de mentionner dans les discussions publiques que le degré de changement dynamique n’est pas seulement important, mais va en augmentant. On dit qu’il n’est plus possible d’occuper le même emploi toute sa vie. Le cycle de vie des produits est plus court. De nouvelles technologies voient le jour à un rythme de plus en plus rapide.

Nous sommes entourés d’exemples de changements qui servent à prouver la justesse de ces axiomes. On accorde une attention considérable aux entreprises bien établies qui échouent. Les mises à pied au niveau local suscitent beaucoup d’attention dans les médias. L’essor rapide des technologies de pointe, à la fin des années 90, et le recul qu’elles ont connu par la suite, font maintenant partie du discours courant concernant les revirements rapides qui peuvent survenir dans l’économie.

Malgré les descriptions exhaustives de la rapidité de plus en plus grande des changements, ainsi que la couverture dans les médias des divers événements qui se produisent, il existe peu de preuves globalement de la somme des changements qui se produisent1. Le présent document vise à combler cette lacune dans le domaine du renouvellement des entreprises. Il vise à déterminer combien faut-il de temps à une population d’établissements commerciaux pour se renouveler? Est-ce que cela se produit sur une décennie, ou sur une période beaucoup plus longue?

Dans ce bref article, sont présentées des mesures de la portée du renouvellement du secteur de la fabrication au Canada sur quatre décennies (1961-1999) — ce qui correspond approximativement à la durée de vie productive d’un travailleur. Nous établissons dans quelle mesure les usines qui existaient en 1961 se sont renouvelées 40 ans plus tard.

Causes sous-jacentes du roulement

On parle de renouvellement lorsque d’anciennes usines sont supplantées par des nouvelles ou lorsque certaines usines connaissent un déclin, et d’autres prennent de l’expansion. Dans les deux cas, les ressources servant à la production sont transférées des usines moins productives à celles qui le sont davantage (Baldwin et Gu, 2002). C’est dans le cadre de ce processus que de nouvelles technologies sont adoptées par les usines.

De nombreux facteurs sous-tendent la décision des entreprises de réduire leur effectif ou de fermer des usines. La première a trait à l’échec de l’entreprise qui découle de son incapacité à obtenir un taux de rendement raisonnable. Même si ces échecs ont des conséquences négatives pour la main-d’œuvre des établissements touchés, ils comportent aussi des avantages à long terme. L’échec est le résultat d’expériences non réussies de l’entrepreneur, et de nombreux entrepreneurs qui ont connu des échecs en ont tiré des leçons valables qui leur permettront de lancer des entreprises prospères plus tard.

Ce type d’échec est influencé par le degré de concurrence sur le marché. Des niveaux plus élevés de concurrence, au pays ou à l’étranger, mènent à des niveaux plus grands de roulement dans les usines. Les changements qui touchent le niveau de concurrence — et plus particulièrement par suite de la libéralisation des marchés — peuvent accélérer le processus de renouvellement.

Il arrive aussi que des usines ferment leurs portes ou rationalisent leurs activités en raison de changements technologiques ou de tendances qui favorisent la production dans certaines industries ou usines par rapport à d’autres. Il arrive que les changements technologiques rendent certaines usines désuètes, et qu’il faille en construire de nouvelles pour accueillir les nouvelles technologies. Dans ce cas, le renouvellement est essentiel pour l’adoption de nouvelles technologies de pointe, qui procurent un avantage concurrentiel au pays.

Le passage du temps peut aussi entraîner la fermeture d’usines, celle-ci se détériorant en raison du processus de vieillissement. Il arrive un moment où l’entreprise doit décider de réinvestir dans une usine ou d’en construire une nouvelle. Dans nombre de cas, c’est cette dernière option qui est la plus rentable.

Enfin, il arrive qu’il se produise des changements géographiques du point de vue de la demande ou des sources d’entrées importantes, qui ont des effets sur l’emplacement optimal pour la production et entraînent des fermetures d’usines à un endroit et l’ouverture d’autres ailleurs. Ces changements peuvent se produire dans des périmètres relativement restreints (p. ex. lorsque les entreprises de fabrication passent des centres urbains aux banlieues — voir Brown et Baldwin, 2003), ou d’une province à l’autre, ce qui, dans le cas du Canada, a entraîné un mouvement général d’est en ouest du point de vue de l’activité économique.

En résumé, de nombreuses forces interviennent et peuvent entraîner le renouvellement de la base de production économique. Dans le présent document nous examinons l’importance de toutes ces forces conjuguées.

Mesure du roulement : taux de renouvellement et de disparition

L’utilisation d’une base de données élaborée à partir du Recensement des manufactures, maintenant appelée Enquête annuelle des manufactures (EAM) nous permet de suivre diverses usines au fil du temps. De cette façon, nous pouvons déterminer l’effectif d’une usine pour une année donnée, le moment où cette usine a vu le jour et le moment où elle a fermé ses portes, le cas échéant.

D’autres études ont aussi examiné un phénomène appelé roulement de l’emploi (voir Baldwin et Gorecki, 1990; Davis, Haltiwanger et Schuh, 1996). La plupart de ces études sont à court terme. Elles mettent l’accent sur des périodes d’un à cinq ans, et permettent de calculer des taux de croissance de l’emploi ou de baisse de l’emploi — définis comme la croissance du nombre d’emplois dans les usines où l’effectif augmente, divisée par le nombre initial d’emplois, ou la perte d’emplois divisée par l’effectif initial. Des études du roulement de l’emploi effectuées sur de courtes périodes peuvent comprendre une somme considérable d’interférences. Les entreprises peuvent connaître des hausses aléatoires, pendant une période seulement, et connaître un renversement de situation la période suivante (Davis, Haltiwanger et Schuh, 1993). Ces études ne permettent pas de déterminer si le changement est éphémère ou s’il a des conséquences cumulatives inexorables. Dans la présente étude, nous mettons l’accent sur une période beaucoup plus longue, afin de supprimer les mouvements à court terme qui peuvent connaître des renversements subits.

Pour élaborer des mesures des changements cumulatifs à long terme, nous mesurons le roulement sur des périodes d’une, de deux, de trois et de quatre décennies. Pour chaque période, nous nous demandons quelle proportion des emplois occupés la première année avaient disparu la dernière année, par suite de la fermeture d’usines ou de la réduction de l’effectif. Nous nous demandons en outre quelle proportion des emplois occupés la dernière année étaient des nouveaux emplois créés par suite d’investissements dans de nouvelles usines ou de l’expansion des usines existantes. Dans le premier cas, il s’agit de déterminer dans quelle mesure les emplois disparaissent, au niveau des diverses unités fonctionnelles, et dans le dernier cas, dans quelle mesure l’économie se renouvelle, encore une fois au niveau des diverses unités fonctionnelles.

Plus concrètement, nous décrivons le taux de renouvellement pour la période de 1961 à 1999, comme correspondant à la somme des emplois occupés dans les usines en 1999 créés depuis 1961 et présents en 1999 (Nouvelles usines), plus la somme des gains d’emplois dans les usines existantes où l’effectif a augmenté entre 1961 et 1999 (Gains d’emplois), divisées par l’effectif total en 1999 (Effectif 1999) ou plus formellement :

Le taux de disparition est défini de façon similaire comme la somme des emplois dans les usines en 1961 qui ont fermé leurs portes entre 1961 et 1999 (Usines fermées), plus les emplois qui ont disparu dans les usines existantes qui ont réduit leur effectif (Pertes d’emplois) au cours de cette période, divisés par l’effectif en 1961 (Effectif 1961) :

Les taux de renouvellement et de disparition peuvent être calculés pour diverses combinaisons d’années entre 1961 et 1999. Nous calculons ces taux pour des périodes s’étalant sur 10, 20, 30 et (presque) 40 ans2.

Taux de renouvellement et de disparition au fil du temps

Combien faut-il de temps au secteur de la fabrication au Canada pour se renouveler? Les taux de renouvellement et de disparition pour quatre périodes différentes sont présentés dans la figure 1. Sur des périodes s’étalant sur une décennie, en moyenne, environ 40 % des emplois sont le résultat du renouvellement. Une proportion similaire d’emplois sont perdus au cours d’une décennie. Par conséquent, sur une période relativement courte, environ deux emplois sur cinq sont éliminés, à cause de fermetures d’usines ou de la réduction de l’effectif et sont par la suite renouvelés.

Figure 1

Comme il fallait s’y attendre, l’augmentation de la durée de la période donne lieu à une proportion plus importante d’emplois renouvelés. Par exemple, sur une période de 20 ans, plus de 65 % de l’économie se renouvelle; sur une période de 30 ans, le renouvellement se situe à un peu plus de 75 %; et sur 40 ans, un peu plus de 85 % des emplois sont des nouveaux emplois. En 40 ans, l’économie de la fabrication au Canada a effectivement connu un roulement. Elle s’est presque totalement renouvelée.

Gains et pertes d’emplois dans les usines existantes comparativement à l’entrée et à la sortie d’usines

Le roulement et le renouvellement peuvent provenir de sources différentes. D’une part, ils peuvent découler de la redistribution des emplois à l’intérieur des usines existantes — d’un groupe d’usines en déclin au profit d’un autre en croissance. Ils peuvent aussi découler de la fermeture d’anciennes usines et de l’ouverture de nouvelles. Dans le premier cas, on dispose d’un environnement plus stable, étant donné que les usines subsistent; elles ne font qu’échanger des postes. Dans le dernier cas, on assiste à une transformation plus fondamentale, étant donné que certains participants disparaissent, tandis que de nouveaux apparaissent.

Les taux de renouvellement et de disparition sont divisés en trois composantes dans le tableau 1. La majorité des nouveaux emplois se retrouvent dans des usines qui ont été établies depuis 1961. C’est donc dire que parmi les 86 % d’emplois qui sont nouveaux depuis 1961, une proportion de 76 points est attribuable à la création de nouvelles usines. Parmi les 81 % d’emplois perdus depuis 1961, une proportion de 72 points est attribuable à la fermeture d’usines. Par conséquent, à long terme, le processus de renouvellement n’est pas principalement le résultat du déplacement de travailleurs d’usines en déclin vers des usines en croissance. Il découle plutôt du renouvellement presque complet des usines de fabrication et des emplois existants dans ce secteur au pays.

Tableau 1. Taux de disparition et de renouvellement, 1961-1999

  Effectif de 1961 Effectif de 1999
    %   %
Perte d'emplois [1] 106 147 9    
Gains d'emplois [2]     181 462 11
Usines fermées [3] 880 139 72    
Nouvelles usines [4]     1 307 148 76
Base 236 682 19 236 682 14
Effectif total 1 222 968 100 1 725 292 100
Disparition : [1]+[3] 986 286 81    
Renouvellement : [2]+[4]     1 488 610 86
Taux de croissance de 1961 à 1999   41    

Notre interprétation des effets économiques de ces niveaux élevés d’entrées et de sorties d’usines diffère selon qu’on les perçoit comme indépendantes ou dépendantes les unes des autres. Si les entrées et les sorties sont indépendantes les unes des autres, les effets additionnels des entrées et des sorties que nous observons au quotidien ont un effet cumulatif important à long terme. Sans un investissement constant dans de nouvelles usines pour renouveler la base manufacturière d’un pays, d’une région ou d’une ville, le secteur de la fabrication disparaîtrait presque complètement après une génération. Toutefois, si les entrées et les sorties d’usines dépendent les unes des autres — les entrées provoquant certaines sorties — nous devons modifier notre interprétation. Sans entrées, nombre des usines existantes continueraient probablement à exister. Toutefois, étant donné que les entrants sont plus productifs que les sortants, sans entrées, la population des usines utiliserait des pratiques technologiques et de gestion plus anciennes et moins productives. Selon toute probabilité, les usines ferment à la fois en raison des pressions concurrentielles de leurs rivales, et en raison de « causes naturelles », lesquelles sont le résultat d’un processus combiné de sélection et d’entropie. D’un point de vue économique, par conséquent, le renouvellement est nécessaire, à la fois pour compenser l’érosion constante de la base économique et pour augmenter la productivité économique.

Taux de renouvellement et de disparition d’une province à l’autre

Les taux élevés de disparition et de renouvellement que nous avons connus au niveau national entre 1961 et 1999 laissent supposer qu’il existe des possibilités considérables de transferts géographiques des emplois au pays. Cela se manifesterait par des taux de renouvellement extrêmement différents au pays. L’enjeu dans ce cas consiste à déterminer si les taux de renouvellement sont très élevés dans les provinces où l’effectif total du secteur de la fabrication a augmenté, et les taux de disparition plus élevés dans les provinces où l’effectif total a diminué.

Figure 2

Les taux de renouvellement et de disparition d’une province à l’autre sont montrés à la figure 2. Les taux provinciaux de disparition sont remarquablement similaires. De la Nouvelle-Écosse vers l’Ouest, ils vont d’un peu moins de 80 % à un peu plus de 80 %. Les deux exceptions à cette tendance sont Terre-Neuve et l’Île-du-Prince-Édouard, qui enregistrent toutes les deux des taux de disparition relativement faibles. Ces deux provinces ont de loin les économies les moins importantes du point de vue de la fabrication parmi toutes les provinces. C’est donc dire que leurs faibles taux de disparition sont peut-être le résultat de facteurs idiosyncratiques.

Il ressort en outre de la figure 2 qu’aucune des provinces n’a connu un exode particulièrement grand de son effectif de la fabrication. C’est donc dire qu’aucune province ne s’est démarquée comme comportant des entreprises de la fabrication qui ont réduit leur effectif ou qui ont mis fin à leurs activités de façon prématurée.

Les taux de renouvellement affichent un modèle uniforme similaire. Seule Terre-Neuve a un taux de renouvellement qui est inférieur à 80 %. Le taux de renouvellement le plus élevé a été enregistré en Alberta, à 93 %. Autrement dit, un peu plus de 90 % des emplois en Alberta en 1999 se trouvaient dans des usines qui n’existaient pas en 1961, ou étaient des nouveaux emplois qui se sont ajoutés dans des usines existantes depuis 1961.

Taux de disparition et de renouvellement d’une industrie à l’autre

Étant donné que les taux de renouvellement et de disparition varient d’une province à l’autre, ils varient aussi d’une industrie à l’autre. Les variations dans les taux de renouvellement d’une industrie à l’autre sont le fait de la structure du marché, des changements technologiques et des différences dans les possibilités sous-jacentes d’activités commerciales.

Les taux de renouvellement et de disparition sont présentés dans le tableau 2 et la figure 3, selon l’industrie. Les industries comme la première transformation des métaux et l’équipement de transport ont les taux de disparition les plus faibles (autour de 50 %). Ce sont aussi les industries où il existe des économies d’échelle et des structures de marchés concentrées. L’industrie des produits raffinés du pétrole, une autre industrie très concentrée, a enregistré un taux de disparition relativement faible de 73 %. À l’autre extrémité du spectre figurent le cuir, le caoutchouc et le plastique, le bois, les meubles et la première transformation des métaux, dont les taux de disparition tournent autour de 80 %. Toutefois, la plupart des industries se situent dans une fourchette d’environ 80 % à 90 %. Les taux de renouvellement diminuent aussi selon une échelle allant de 80 % environ à 95 % environ. L’industrie du tabac est la principale exception avec un taux de renouvellement de seulement 30 %.

Tableau 2. Taux de disparition et de renouvellement selon l’industrie, 1961-1999

Industrie Taux de croissance de l'emploi Taux de disparition Taux de renouvellement
  %
Aliments et boissons 5,1 82,5 83,4
Tabac -70,4 79,2 29,7
Caoutchouc et plastique 251,9 86,7 96,2
Cuir -68,5 93,6 79,8
Textiles et vêtements -25,8 88,1 84,0
Bois 92,5 89,0 94,3
Meubles 96,2 90,5 95,2
Papier 7,1 78,7 80,1
Première transformation des métaux 2,0 59,9 60,6
Produits métalliques 102,7 87,3 93,7
Machines 86,8 85,2 92,1
Matériel de transport 164,5 52,1 81,9
Matériel électrique 52,2 80,4 87,1
Produits minéraux non métalliques 4,2 85,3 85,9
Produits raffinés du pétrole -20,0 73,2 66,5
Produits chimiques 282,0 81,8 85,8
Autres 61,2 89,2 93,3

La croissance devrait influencer à la fois le taux de disparition et le taux de renouvellement3. La corrélation (r) entre la croissance et la disparition au niveau de l’industrie est négative, comme il fallait s’y attendre (r = -0,06), mais assez faible. Par ailleurs, la croissance comporte un rapport positif avec le renouvellement (r =0,54). Les économies qui connaissent une croissance sont les économies qui se renouvellent. Les économies qui ne connaissent pas de croissance ont un taux de disparition légèrement plus élevé, mais pas beaucoup. Cela correspond aux résultats figurant dans Baldwin et Gorecki (1990), selon lesquels il existe un processus plus ou moins aléatoire, qui touche dans la même mesure les différentes industries, régions géographiques et périodes. Cela découle du taux de probabilité plus ou moins constant qu’un échec se produise. Cela peut dépendre de facteurs économiques, mais dans une faible mesure, surtout lorsque l’on compare avec les entrées. Les entrées et le renouvellement, par ailleurs, sont davantage influencés par la situation économique. Lorsque la croissance est plus grande, on assiste à un plus grand nombre d’entrées et à un renouvellement plus important. Peu importe dans quel sens la causalité s’exerce, du renouvellement à la croissance ou de la croissance au renouvellement, les deux éléments sont liés. C’est pourquoi il existe un grand intérêt à l’égard de l’ampleur du renouvellement qui se produit.

Conclusion

Des études antérieures ont fait ressortir l’existence d’un taux de roulement élevé sur le marché de l’emploi. Toutefois, elles n’ont pas permis de démontrer si ce phénomène était le résultat de la disparition d’emplois et de la création d’emplois, s’annulant l’une à l’autre et laissant les producteurs dans la même position relative, ou s’il faisait partie d’un processus inexorable à long terme de croissance et de déclin.

Le présent document montre que le roulement de l’emploi dans le secteur de la fabrication comporte une composante à long terme importante. En outre, il permet de quantifier la taille de ce processus, décennie par décennie. Au cours d’une décennie, environ 40 % des emplois sont renouvelés. Sur une période de 20 ans, plus de 65 % de l’économie se renouvelle; sur une période de 30 ans, le renouvellement se situe à un peu plus de 75 %; et sur 40 ans, un peu plus de 85 % des emplois sont des nouveaux emplois.

Le document montre en outre que ce processus se situe à des niveaux élevés similaires dans les différentes régions et industries. Il y a des exceptions, mais il s’agit d’aberrations. Le phénomène offre davantage de similitudes que de différences d’un secteur de compétence à l’autre. Il s’agit d’un phénomène qui s’étend à l’ensemble du système industriel.

Figure 3

Les taux de renouvellement comportent un lien étroit avec la croissance. La croissance peut entraîner le renouvellement, ou l’inverse. Toutefois, il ne fait aucun doute que les deux sont interreliés. Il est intéressant de constater que les taux de disparition sont inférieurs aux taux de croissance. Les producteurs cessent leurs activités à un taux relativement similaire d’une catégorie à l’autre; toutefois, le renouvellement est beaucoup plus grand lorsque la croissance est plus élevée. Ceci explique l’intérêt généralisé à l’égard de la présence ou non de renouvellement dans une région ou dans une industrie.

Enfin, la majeure partie du renouvellement est le résultat de nouvelles usines qui en remplacent d’autres qui ont fermé leurs portes. Les entrées renouvellent le secteur de la fabrication de deux façons fondamentales. Tout d’abord, sans entrées, le taux élevé de sorties entraînerait une diminution substantielle de la taille du secteur. En deuxième lieu, les entrées entraînent le remplacement des anciennes usines moins productives par des nouvelles usines plus productives. Le renouvellement est nécessaire pour compenser l’érosion constante de la base économique et pour augmenter la productivité économique.

Bibliographie

Baldwin, J.R. 1995. The Dynamics of Industrial Competition: A North American Perspective. Cambridge : Cambridge University Press.

Baldwin, J.R. et P. Gorecki. 1990. Changement structurel et adaptation : croissance des entreprises et rotation de la main-d’oeuvre. Ottawa : Statistique Canada et le Conseil économique du Canada.

Baldwin, J.R. et W. Gu. 2003. Roulement des usines et croissance de la productivité dans le secteur canadien de la fabrication. Série de documents de recherche sur les études analytiques 11F0019MIF2003193. Direction des études analytiques. Ottawa: Statistique Canada.

Brown, W.M. 2004. Renouvellement de l’économie manufacturière au Canada : Une comparaison régionale, 1973 à 1996. Série de documents de recherche sur l’analyse économique 11F0027MIF2004023. Direction des études analytiques. Ottawa : Statistique Canada. À paraître.

Brown, W.M. et J.R. Baldwin. 2003. “The changing geography of the Canadian manufacturing sector in metropolitan and rural regions, 1976-1997”. The Canadian Geographer,
47(2) : 116-134.

Davis, S., J. Haltiwanger et S. Schuh. 1996. Job Creation and Destruction. Cambridge, Mass. : MIT Press.


Davis, S., J. Haltiwanger et S. Schuh. 1993. “Small Business and Job Creation: Dissecting the Myth and Reassessing the Facts.” Document de travail du NBER, no w4492. Cambridge, MA : National Bureau of Economic Research.

Études spéciales récemment parues



Notes

* Division d’études et d’analyse micro-économique (613) 951-4676.

1 Voir Baldwin (1995) pour une étude des changements dans le secteur de la fabrication dans les années 70.
2 Pour les estimations décennales, nous utilisons les moyennes de 1961 à 1969, de 1970 à 1979, de 1980 à 1989 et de 1990 à 1999; pour la période de vingt ans, nous utilisons 1961-1979, 1970-1989 et 1980-1999; pour la période de trente ans, 1961-1989 et 1970-1999; et pour la période de quarante ans, 1961 à 1999.
3 Voir l’annexe A dans Brown (2004) pour un examen du rapport entre le taux de croissance et le taux de renouvellement.

 



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Date de modification : 2012-08-03 Avis importants
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