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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Août 2006

Étude spéciale

Convergence des rôles des sexes

par K. Marshall*

Les familles sont la pierre angulaire de toute société. La main­d’œuvre rémunérée qu’elles forment est essentielle à l’économie, tout comme leur travail non rémunéré d’éducation de la prochaine génération. La dynamique relative au type de travail effectué par les membres d’une famille continue d’évoluer. L’intensification du rôle économique des femmes est la cause principale de l’érosion de l’idée voulant que les hommes doivent être principalement responsables du travail rémunéré, tandis que les femmes s’occupent des tâches ménagères et familiales non rémunérées. Aujourd’hui, les couples partagent beaucoup plus équitablement les responsabilités financières et les obligations liées aux soins aux enfants et aux travaux ménagers.

Comprendre l’évolution de la répartition du travail au sein des familles est essentiel à la création de politiques efficaces. Les employeurs ont peut­être abandonné entièrement l’idée selon laquelle les gains des femmes ne sont que de l’argent de poche pour la famille, mais l’approbation du fait que les horaires des hommes sont de plus en plus influencés par les responsabilités familiales, telles que prendre les enfants à la garderie, demeurer à la maison pour soigner un enfant malade ou prendre un congé parental, est une notion relativement nouvelle. Les changements au chapitre du milieu de travail, tels que l’implantation de garderies sur place et d’horaires de travail flexibles, de même qu’au chapitre des lois sur le travail, notamment en ce qui a trait aux congés parentaux, aux congés de maternité et aux congés de soignant, confirment que « la conciliation travail­vie est devenue une question de politique publique essentielle au Canada » (RHDSC, 2005 (?)). Le nombre croissant de familles comptant deux soutiens et l’alourdissement de la charge de travail globale rendent d’autant plus difficile cette conciliation.

La répartition du travail au sein des familles est également intéressante sur le plan sociologique. On s’attendait à ce que la participation bien établie des femmes au marché du travail donne lieu à une « révolution de la répartition du travail selon le sexe », mais le rythme du changement est lent (Cooke, 2004) [traduction]. Des tensions découlant des nombreuses demandes quotidiennes et du prolongement de la journée de travail peuvent faire surface lorsque les couples discutent de la répartition des tâches du « deuxième quart ». Le déséquilibre au chapitre de la répartition des travaux ménagers a été associé aux conflits entre les conjoints, à une réduction du bien­être physique et psychologique et à une diminution des salaires (Cooke, 2004).

Les enquêtes sur l’emploi du temps peuvent faire la lumière sur les tendances globales des heures consacrées par les hommes et les femmes au travail rémunéré et aux travaux ménagers, ainsi qu’aux soins aux enfants et aux autres tâches ménagères non rémunérées. Les journaux sur l’emploi du temps permettent l’analyse des types d’activités effectuées quotidiennement et de leur durée. La présente étude cible les personnes âgées de 25 à 54 ans puisqu’elles sont les plus susceptibles d’être occupées et d’avoir des enfants à charge à la maison, et donc d’avoir un horaire chargé. La dernière partie de l’article est axée sur les heures de travail, la répartition du travail et le bien-être des familles comptant deux soutiens.

Plus de temps au bureau

Le nombre moyen d’ heures consacrées par jour au travail rémunéré, aux travaux ménagers et aux autres tâches ménagères non rémunérées (y compris les soins aux enfants) par les personnes âgées de 25 à 54 ans a connu une augmentation soutenue au cours des deux dernières décennies, passant de 8,2 heures en 1986 à 8,8 heures en 2005. Toute la hausse vient des heures consacrées au travail rémunéré, qui sont passées d’une moyenne de 4,7 heures par jour en 1986 à 5,4 heures en 2005, tandis que le temps accordé au travail non rémunéré a légèrement diminué. Ces observations contredisent les théories selon lesquelles l’avancement de la technologie et la croissance de la capacité de production donneraient invariablement lieu à une augmentation du temps libre.

Figure 1

Les hommes et les femmes ont augmenté leurs heures de travail quotidiennes globales depuis 1986. La majeure partie de l’augmentation de 0,6 heure chez les hommes provient du temps consacré au travail non rémunéré, qui est passé de 2,1 heures à 2,5 heures, quoique les heures vouées au travail rémunéré aient également augmenté (de 6,1 à 6,3 heures). L’augmentation de 0,7 heure chez les femmes provient entièrement du travail rémunéré (de 3,3 heures à 4,4 heures), malgré une réduction d’une demi­heure du temps consacré au travail non rémunéré (de 4,8 à 4,3 heures). Bien qu’il existe encore clairement des différences entre les sexes pour ce qui est de la répartition du travail, elles diminuent peu à peu.

Participation à la population active

La montée du nombre moyen d’ heures consacrées par les femmes au travail rémunéré est non seulement attribuable au temps passé au travail, mais également à une croissance de leur taux d’activité. Le taux d’activité des Canadiennes figure parmi les plus élevés au monde, soit un taux qui s’approche de celui des hommes. Par exemple, alors que la différence du taux d’activité des hommes et des femmes âgés de 25 à 54 ans était de 24 points de pourcentage en 1986 (94 % chez les hommes par rapport à 70 % chez les femmes), elle n’était que de 10 points en 2005 (91 % contre 81 %). Les données sur l’emploi du temps relatives aux taux d’activité quotidiens moyens révèlent une tendance semblable, le taux des femmes étant passé de 44 % en 1986 à 51 % en 2005, et celui des hommes, de 68 % à 65 % (tableau 1).

Figure 2

Davantage d’hommes font des travaux ménagers

La proportion des personnes effectuant quotidiennement des travaux ménagers, qu’il s’agisse de préparer des sandwichs pour le lunch, de passer l’aspirateur ou de sortir les poubelles, est passée de 72 % en 1986 à 79 % en 2005. Cependant, cette hausse est entièrement attribuable aux hommes, dont le taux de participation est passé de 54 % à 69 %, alors que celui des femmes est demeuré stable à environ 90 %. Les variations du taux quotidien de participation aux travaux ménagers principaux (préparation des repas, nettoyage après le repas, ménage et lessive) sont les plus visibles, passant de 40 % à 59 % chez les hommes et de 88 % à 85 % chez les femmes.

Même si la proportion de personnes effectuant des travaux ménagers quelconques s’est accrue, le nombre d’ heures y étant consacrées a diminué, passant d’une moyenne de 2,7 heures par jour en 1986 à 2,5 heures par jour en 2005. La diminution est entièrement attribuable aux travaux ménagers principaux. Les électroménagers (tels que les lave­vaisselle), les produits alimentaires semi­préparés ou préemballés (sacs de salade préalablement lavée, carottes déjà pelées ou repas surgelés) ainsi que les nombreux comptoirs de mets à emporter peuvent être responsables de la diminution du temps passé dans la cuisine.

Tableau 1 Participation et temps consacré au travail rémunéré, aux travaux ménagers et aux autres travaux non rémunérés

  Hommes de 25 à 54 ans Femmes de 25 à 54 ans
  1986 1992 1998 2005 1986 1992 1998 2005
  Nombre moyen d’heures par jour (population)1
Total du travail rémunéré et non rémunéré 8,3 8,6 8,9 8,8 8,1 8,4 8,5 8,8
                 
Travail rémunéré et connexe 6,1 6,1 6,3 6,3 3,3 3,6 4,0 4,4
Travail 4,9 5,1 5,1 5,3 2,8 3,0 3,2 3,7
Activités connexes 0,7 0,6 0,6 0,4 0,3 0,3 0,4 0,3
Navettage 0,5 0,5 0,5 0,6 0,3 0,3 0,3 0,4
                 
Travaux ménagers 1,0 1,4 1,4 1,4 2,8 2,9 2,6 2,4
Principaux 0,4 0,5 0,7 0,7 2,5 2,3 2,2 1,9
Non principaux 0,6 0,9 0,7 0,7 0,3 0,6 0,5 0,5
                 
Autres travaux non rémunérés 1,1 1,1 1,2 1,1 2,0 1,9 2,0 1,9
Soins aux enfants 0,4 0,4 0,5 0,5 0,9 1,0 1,0 1,0
Achats et services 0,7 0,6 0,7 0,6 1,1 0,9 1,0 0,9
                 
  Nombre moyen d’heures par jour (participants)1
Total du travail rémunéré et non rémunéré 8,7 8,9 9,1 9,2 8,3 8,5 8,6 8,9
                 
Travail rémunéré et connexe 9,0 9,4 9,5 9,7 7,6 8,0 8,2 8,5
Travail 7,7 8,1 8,1 8,5 6,7 6,9 7,1 7,5
Activités connexes 1,4 1,2 1,3 1,1 1,1 1,0 1,0 1,1
Navettage 0,9 0,8 0,9 1,0 0,7 0,7 0,8 0,9
                 
Travaux ménagers 1,9 2,0 1,8 2,1 3,1 3,1 2,8 2,8
Principaux 1,1 1,0 1,0 1,2 2,9 2,6 2,4 2,3
Non principaux 2,2 2,3 2,2 2,5 1,3 1,6 1,4 1,8
                 
Autres travaux non rémunérés 2,4 2,1 2,1 2,2 2,9 2,8 2,8 2,9
Soins aux enfants 1,5 1,6 1,8 1,8 2,1 2,2 2,3 2,5
Achats et services 2,3 1,8 1,7 1,9 2,4 2,0 1,9 2,0
                 
  Participation (%)
Total du travail rémunéré et non rémunéré 94 96 98 96 98 99 99 98
                 
Travail rémunéré et connexe 68 65 67 65 44 45 48 51
Travail 64 63 63 62 41 43 46 49
Activités connexes 46 48 51 39 29 33 36 30
Navettage 61 57 59 58 39 40 43 46
                 
Travaux ménagers 54 67 77 69 90 93 94 89
Principaux 40 52 69 59 88 91 92 85
Non principaux 26 38 36 31 23 37 42 35
                 
Autres travaux non rémunérés 46 51 56 49 69 68 71 66
Soins aux enfants 23 28 30 27 44 44 43 39
Achats et services 32 33 39 31 45 47 51 45
1. Calcul de la moyenne des heures au cours de sept jours; les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale

Néanmoins, étant donné la tendance favorisant les maisons toujours plus grandes, il est étonnant de constater une réduction du temps consacré aux travaux ménagers. Cette situation n’est pas propre aux Canadiens, une tendance tout à fait semblable ayant été observée aux États­Unis. En effet, de 1975 à 1995, le nombre hebdomadaire moyen d’ heures que les Américains ont consacrées aux travaux ménagers est passé de 15,5 à 13,7. En outre, « les heures consacrées par les femmes et les hommes aux travaux ménagers ont convergé au cours de la période, principalement en raison de la baisse marquée du nombre d’ heures y étant accordées par les femmes » (Bianchi et coll., 2000) [traduction]. Le déclin global pourrait être attribuable, entre autres, à l’économie axée sur les services dans laquelle nous évoluons actuellement. Les personnes achetent davantage de biens et de services qu’on produisait autrefois chez soi — allant des repas pour emporter au déneigement, en passant par l’entretien paysager et ménager. Il est également possible que les normes de propreté aient régressé et qu’il importe moins aux gens que leur maison réussisse le test de propreté du « gant blanc ». Dans la même veine, il est possible que les priorités des gens aient évolué en ce qui concerne la façon dont ils veulent employer leur temps (Bianchi et coll., 2000).

Dans l’ensemble, les taux de participation aux autres types de tâches non rémunérées — principalement les soins aux enfants et les courses en vue d’acheter des biens et des services — sont demeurés relativement stables au cours des 20 dernières années. En moyenne, les gens accordent plus de temps aux soins aux enfants et moins de temps aux courses. Cependant, le taux de participation de ceux ayant des enfants à la maison et le temps qu’ils consacrent aux soins aux enfants ont affiché une hausse plus marquée, particulièrement chez les hommes.

Le mariage et les attitudes face au marché du travail

En ce qui concerne le travail rémunéré, les taux quotidiens d’activité des hommes mariés ayant des enfants étaient, de façon appréciable, supérieurs à ceux des hommes vivant seuls en 1986 et en 2005, soit environ 70 % par rapport à 60 %. Par contre, en 1986, les femmes mariées (avec ou sans enfants) étaient, de manière significative, moins susceptibles d’avoir un travail rémunéré (39 % et 49 % respectivement) que celles qui habitaient seules (60 %). Toutefois, en 2005, on n’a observé aucune différence statistiquement significative entre les femmes mariées sans enfants et celles vivant seules. De plus, la différence entre les femmes mariées ayant des enfants et les femmes habitant seules, qui était de 21 points de pourcentage en 1986, est passée à 12 points en 2005.

On a observé une tendance semblable en ce qui a trait aux heures consacrées quotidiennement au travail rémunéré. Alors que les hommes mariés ayant des enfants accordaient nettement plus de temps au travail rémunéré que les hommes vivant seuls en 1986 et en 2005, les femmes ayant des enfants y consacraient, de manière significative, moins de temps que leurs homologues vivant seules. Cependant, alors qu’on a observé une différence significative sur le plan des heures de travail rémunérées entre les femmes habitant seules et les femmes mariées sans enfants en 1986 (5,0 et 3,9 respectivement), on n’a constaté aucune différence significative en 2005 (5,0 et 4,8).

Les femmes mariées, avec ou sans enfants, ont augmenté de manière significative le nombre moyen d’ heures qu’elles ont consacré au travail rémunéré entre 1986 et 2005. Ainsi, bien que les hommes mariés (avec ou sans enfants) accordent toujours plus de temps que les femmes au travail rémunéré dans les mêmes circonstances, l’écart a rétréci. Par exemple, les hommes mariés sans enfants ont accordé en moyenne 2,2 heures de plus que les femmes au travail rémunéré en 1986 (6,1 heures par rapport à 3,9 heures), mais en 2005, l’écart était passé à 1,4 heure (6,2 par rapport à 4,8).

Le mariage et les travaux ménagers

Peu importe le type de famille, les taux quotidiens de participation aux travaux ménagers des femmes demeurent, de façon significative, supérieurs à ceux des hommes. Cependant, la différence s’amenuise. Par exemple, chez les hommes mariés ayant des enfants, le taux de participation est passé de 54 % à 71 %. De plus, tandis que la présence d’une femme réduisait la participation des hommes aux travaux ménagers en 1986 (les hommes seuls affichaient un taux de participation de 61 % et les hommes mariés, un taux de 53 %), en 2005, environ 7 hommes mariés sur 10, avec ou sans enfants, participaient à ces travaux. L’augmentation de la participation des maris est une réaction logique à la réalité voulant que la plupart des femmes aient maintenant un travail rémunéré et que leurs journées de travail soient plus longues, ce qui fait qu’elles ont moins de temps à consacrer aux travaux ménagers. La hausse significative de la participation des hommes vivant seuls peut être partiellement attribuable à l’évolution des normes culturelles, qui prévoient maintenant l’apprentissage aux hommes et aux femmes des aptitudes à la vie quotidienne autrefois réservées aux membres du sexe opposé. « On accepte probablement davantage l’idée qu’un homme fasse la cuisine et le ménage; en fait, on apprécie que les hommes soient en mesure de préparer un bon repas maison, par exemple » (Bianchi et coll., 2000) [traduction].

Sur le plan du temps, les femmes mariées, particulièrement les mères, continuent à faire, de manière significative, plus de travaux ménagers que les hommes mariés, mais la différence globale a diminué. En 1986, les mères y consacraient 2,2 heures de plus par jour que leurs homologues masculins (3,3 heures contre 1,1 heure). Cette différence est passée à 1,3 heure en 2005 (2,8 heures contre 1,5 heure). Le resserrement découle du fait que les hommes mariés ayant des enfants accordent, de manière significative, plus de temps aux travaux ménagers, alors que les femmes mariées en accordent nettement moins.

Couples à deux soutiens

La participation de plus en plus grande des femmes au marché du travail signifie que, au sein de la plupart des couples, même ceux qui ont des enfants à charge à la maison, les deux conjoints travaillent. La proportion de couples à deux soutiens parmi les familles époux­épouse ayant des enfants de moins de 16 ans à la maison est passée de 36 % en 1976 à 58 % en 1992, puis à 69 % en 2005. Il n’y a pas de doute qu’il est plus difficile de concilier vie familiale et vie professionnelle lorsque les deux parents travaillent. La société a intérêt à veiller à ce que ces personnes soient en mesure d’atteindre cet équilibre, car les conséquences d’une surcharge de travail influent non seulement sur la santé et le bien­être de celles­ci et de leur famille, mais aussi sur la capacité d’être efficace en milieu de travail. Des responsabilités difficiles à gérer dans l’une ou l’autre des sphères peuvent avoir des répercussions négatives, comme l’inattention à la maison ou un manque de productivité au travail (Daly, 2004).

Non seulement le nombre de couples à deux soutiens a­t­il augmenté depuis 1992, mais aussi le nombre moyen d’ heures que ceux­ci consacrent chaque jour au travail rémunéré et aux tâches ménagères combinés (en hausse de 0,5 heure par jour, c’est­à­dire 0,7 heure en travail rémunéré de plus, mais 0,2 heure en tâches ménagères de moins) (tableau 2). Ce changement net au sein des couples est attribuable à une augmentation du travail rémunéré et des tâches ménagères des maris (0,3 heure et 0,1 heure respectivement) ainsi qu’à un accroissement du travail rémunéré et à une diminution des tâches ménagères des femmes (0,4 heure et ­0,2 heure respectivement).

Tableau 2 Travail rénuméré et travaux ménagers dans les familles à deux soutiens

  Participation   Temps quotidien1  
  1992 2005   1992 2005  
             
  %   Heures  
Total            
Ensemble 99 99   15,3 15,8  
Homme 99 98   7,7 7,9  
Femme 100 99   7,6 7,8  
             
Travail rémunéré            
Ensemble 72 72   11,5 12,2 *
Homme 71 73   6,3 6,6  
Femme 72 70   5,2 5,6  
             
Travaux ménagers            
Ensemble 82 82   3,8 3,6  
Homme 70 74   1,3 1,4  
Femme 94 90 * 2,4 2,2  
             
Part de la femme 50 50        
Travail rémunéré 45 46        
Travaux ménagers 65 62 *      
* Différence significative par rapport à 1992 au niveau de 0,05 ou moins.
1. Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux. Fondé sur la déclaration du ménage; la participation est basée sur la déclaration du répondant.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale

En 1992 et 2005, chaque partenaire des couples à deux soutiens s’acquittait de 50 % du travail rémunéré et des tâches ménagères combinés chaque jour. Cependant, les femmes faisaient 45 % du travail rémunéré total, mais 65 % des tâches ménagères en 1992. En 2005, ces proportions s’établissaient à 46 % et à 62 %.

Comme c’est le cas dans la population en général, les hommes faisant partie d’une famille à deux soutiens ont augmenté leur participation aux travaux ménagers (de 70 % en 1992 à 74 % en 2005), tandis que le taux des femmes a chuté (passant de 94 % à 90 %).

Plusieurs facteurs sont associés à la répartition du travail dans une famille à deux soutiens et au temps consacré à celui­ci. Par exemple, les enfants d’âge scolaire à la maison ajoutent en moyenne 1,2 heure à une journée de travail d’une famille, ce qui veut dire une journée de plus de 8 heures pour les deux parents. Cependant, il tend à y avoir chez les pères une augmentation du travail rémunéré et des tâches ménagères (0,4 heure et 0,3 heure de plus respectivement que les hommes sans enfants à la maison), tandis qu’il y a un accroissement des tâches ménagères seulement chez les femmes (0,6 heure de plus que les femmes sans enfants).

Dans un couple, lorsqu’il n’y a que la femme qui possède un grade universitaire, sa participation aux travaux ménagers diminue à 59 % comparativement à 62 % en général. Même s’il ne s’agit pas d’une constatation importante, elle concorde avec d’autres études, qui ont démontré que « l’augmentation du niveau de scolarité de la femme, en tant qu’approximation du taux salarial, est généralement associée à une participation accrue du mari aux tâches ménagères » (Anxo et Carlin, 2004, p. 30) [traduction]. De plus, la journée de travail totale (travail rémunéré et tâches ménagères) est plus longue lorsque les deux partenaires ont un niveau de scolarité plus bas. Les familles au sein desquelles ni l’un ni l’autre des partenaires n’a terminé des études universitaires travaillaient en moyenne 16,3 heures par jour comparativement à 15,2 heures pour les familles dont les deux partenaires avaient un grade universitaire. Une grande partie du temps ajouté était attribuable aux travaux ménagers.

Parité du travail lorsque les femmes ont un salaire élevé

Un revenu personnel élevé, pour l’homme ou la femme, est associé à plus de temps consacré à un emploi et moins de temps alloué aux travaux ménagers. Par exemple, comparativement aux femmes dont le revenu annuel était de moins de 30 000 $, celles gagnant 100 000 $ ou plus faisaient une heure de plus de travail rémunéré et une heure de moins de tâches ménagères par jour. (Les deux groupes travaillaient en moyenne en tout 8,1 heures par jour.)

Les heures plus longues consacrées à un emploi veulent souvent dire des gains plus élevés, ce qui peut permettre de se libérer des travaux ménagers en engageant quelqu’un d’autre pour les faire. En 2004, seulement 7 % des ménages gagnant moins de 40 000 $ ont engagé quelqu’un pour faire les tâches ménagères, dépensant en moyenne 813 $, comparativement à 43 % des ménages gagnant 160 000 $ ou plus, qui ont dépensé 2 150 $ à cette fin.

Lorsque les femmes ont un revenu de 100 000 $ ou plus, le travail rémunéré et les tâches ménagères sont plus susceptibles d’être répartis également entre les partenaires. Dans ces couples, chaque partenaire a consacré environ 6,5 heures par jour au travail rémunéré et 1,5 heure aux tâches ménagères.

De plus, le revenu de la femme a vraisemblablement une incidence sur le temps consacré par les deux partenaires aux travaux ménagers. Pour l’homme, le temps consacré aux tâches ménagères augmente en fonction du revenu de sa partenaire, tandis que pour la femme, le temps accordé à celles­ci diminue. Par contre, peu importe le niveau de revenu du mari, le temps que la femme réserve aux travaux ménagers reste le même. Ces constatations appuient partiellement la théorie des ressources relatives applicable à la répartition des tâches ménagères, théorie qui suppose que les partenaires ayant un revenu et un niveau de scolarité relativement élevés disposent de plus de latitude quant à la délégation des travaux ménagers (Bianchi et coll., 2000). D’autres études ont montré que les ménages à revenu élevé sont plus susceptibles d’engager quelqu’un pour faire les tâches ménagères, surtout si c’est la femme qui est le soutien principal. Ces derniers sont deux fois plus susceptibles d’engager quelqu’un que les ménages à revenu élevé au sein desquels c’est le mari qui est le soutien principal (Palameta, 2003).

Enfin, même si les deux partenaires ayant un emploi à plein temps travaillent en tout 8 heures par jour chacun, les maris sont plus susceptibles de consacrer plus de temps à leur emploi que les femmes (6,6 heures contre 5,9 heures) et moins de temps aux tâches ménagères (1,4 heure contre 2,1 heures). Des études antérieures ont démontré que non seulement les femmes de ces familles étaient plus susceptibles de s’occuper de la plupart des tâches ménagères, mais qu’elles se sentaient aussi les plus responsables pour ce qui est de la prévision, de la planification et de l’organisation des choses à faire. Les résultats indiquent que les maris ou les femmes qui travaillent à temps partiel et dont le conjoint ou la conjointe travaille à plein temps ont une journée de travail globale moins longue (travail rémunéré et tâches ménagères) que leur conjoint ou conjointe. Cependant, bon nombre consacrent vraisemblablement beaucoup de temps aux soins aux enfants.

Être parent et travailler de longues heures affectent plus les femmes

Il n’est pas surprenant de constater que plus les couples consacrent de temps durant un jour moyen de semaine à leur emploi et à faire des tâches ménagères, plus ils ont du mal à atteindre l’équilibre travail­vie et à trouver le temps nécessaire pour tout accomplir. En général, les femmes ont tendance à se sentir plus stressées par le manque de temps que les hommes, peu importe la durée de la journée de travail ou la présence d’enfants. Par exemple, parmi les couples ayant les plus longues journées de travail et des enfants à la maison, les deux tiers des femmes se sentaient stressées par le manque de temps comparativement à la moitié des hommes. Des études ont démontré que les mères, peu importe leur situation professionnelle, se sentent systématiquement plus pressées par le temps que les pères (Zukewich, 2003).

Des journées de travail plus longues et la présence d’enfants ont également un effet plus marqué sur les femmes que sur les hommes en ce qui concerne la satisfaction relative à la conciliation travail­vie. Seulement 52 % des femmes en couple ayant des enfants et travaillant de longues heures se disaient satisfaites relativement à la conciliation travail­vie, soit le taux le plus bas dans l’ensemble. En revanche, 71 % de leurs homologues masculins étaient satisfaits. Cependant, malgré le fait que la satisfaction à l’égard de la vie en général diminuait un peu à mesure que s’allongeait la journée de travail des hommes et des femmes dans une famille à deux soutiens (avec ou sans enfants), la différence n’était pas significative, et la grande majorité (80 % ou plus) des répondants étaient satisfaits de leur vie en général.

Conclusion

Bien que l’entrée des femmes sur le marché du travail ait été marquée, la participation des hommes aux tâches ménagères a été graduelle, poussant certains à la qualifier de révolution au point mort (Cooke, 2004). Par contre, cette étude démontre que même si les différences entre les deux sexes persistent en matière de répartition du travail, ces différences s’estompent graduellement. Depuis 1986, du nombre total d’ heures vouées au travail rémunéré et aux tâches ménagères, les femmes âgées de 25 à 54 ans ont augmenté de façon proportionnelle le temps qu’elles consacrent en moyenne à leur emploi chaque jour (4,4 heures sur 8,8 heures en 2005), tandis que le temps que passent les hommes à faire des tâches ménagères s’est accru (1,4 heure sur 8,8 heures en 2005). À mesure que la participation des femmes à la vie active a grimpé, celle des hommes aux tâches ménagères et aux soins aux enfants a également augmenté. Le nombre croissant d’ heures que consacrent les femmes au travail rémunéré (faisant ainsi augmenter le revenu) et « les changements normatifs qui favorisent l’égalité et le partage » (Beaujot, 2006, p. 24) feront vraisemblablement diminuer davantage les différences entre les sexes en matière de répartition du travail dans l’avenir.

Cependant, non seulement les hommes et les femmes partagent davantage les responsabilités économiques et domestiques au sein des familles, mais la plupart d’entre eux augmentent la longueur de leur journée de travail rémunérée. Cette situation a fait en sorte que la question de la conciliation travail­vie figure parmi les 10 questions les plus importantes dans le domaine de la négociation collective. Son importance a augmenté étant donné que « les coûts sociaux et économiques associés au déséquilibre entre le travail et la vie personnelle sont devenus de plus en plus évidents; il suffit de constater les taux d’accidents du travail, la santé générale des travailleurs ainsi que le développement et le bien­être des enfants et des parents vieillissants pour reconnaître ce lien manifeste » (Association canadienne des administrateurs de la législation ouvrière, 2002, p. 5). Les couples à deux soutiens qui faisaient de longues journées, effectuant leur travail rémunéré et s’occupant des tâches ménagères tout en ayant des enfants à charge à la maison, étaient moins satisfaits de leur équilibre travail­vie. Ils se sentaient aussi plus stressés par le manque de temps, surtout les femmes. Cependant, malgré ces pressions exercées à ce stade de la vie, la majorité des hommes et des femmes dans les couples à deux soutiens étaient satisfaits de leur vie dans l’ensemble.

Les employés ont de plus en plus droit, en vertu de la loi, à divers congés payés et non payés pour s’acquitter de leurs obligations familiales. Il existe aussi plus d’employeurs qui offrent des modalités de travail flexibles, des programmes de promotion de la santé et d’aide aux employés ainsi que d’autre soutien familial tel que des services de garde d’enfants sur place. Il a été démontré que les employés ayant des heures de travail souples se sentent considérablement moins stressés par le manque de temps que ceux qui n’ont pas un tel avantage (Fast et Frederick, 1996). En somme, les conditions de travail changeantes à la maison sont à l’origine de nouvelles modalités en milieu de travail.

Bibliographie

Anxo, Dominique, et Paul CARLIN. « Intra-family time allocation to housework: French evidence », International Journal of Time Use Research, août 2004, vol. 1, no 1, p. 14 à 36.

Association canadienne des administrateurs de la législation ouvrière (ACALO). La conciliation travail/vie personnelle au Canada : Rapport aux ministres responsables du travail au Canada, Gatineau (Québec), ACALO, 2002.

Beaujot, Roderic. « Modèles fondés sur le genre : la famille et le travail », Horizons, avril 2006, vol. 8, no 3, p. 24 à 26.

Bianchi, Suzanne M., Melissa A. Milkie, Liana C. Sayer et John P. Robinson. « Is anyone doing the housework? Trends in the gender division of household labor », Social Forces, septembre 2000, vol. 79, no 1, p. 191 à 228.

Cooke, Lynn Prince. « The gendered division of labor and family outcomes in Germany », Journal of Marriage and Family, décembre 2004, vol. 66, p. 1246 à 1259.

Daly, Kerry. L’évolution de la culture parentale, Ottawa, Institut Vanier de la famille, 2004, « Tendances contemporaines de la famille ».

Fast, Janet E., et Judith A. Frederick. « Arrangements de travail et stress lié au manque de temps », Tendances sociales canadiennes, no 11-008-XPF au catalogue de Statistique Canada, hiver 1996, p. 14 à 19.

Ressources humaines et développement social canada (RHDSC). Conciliation travail-vie au Canada, 2005 (?), http://www.rhdcc.gc.ca/asp/passerelle.asp?hr=fr/pt/psait/ctv/ctvc/01table_des_matieres.shtml&hs= .

Palameta, Boris. « Qui paye l’aide domestique? », L’emploi et le revenu en perspective, no 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada, août 2003, numéro en ligne.

Zukewick, Nancy. Le travail, la condition parentale et le manque de temps, no 89-584-XIF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 2003, « Emploi du temps et transitions au cours de la vie ».

Études spéciales récemment parues


Note

* Division de l’analyse des enquêtes auprès des ménages et sur le travail, (613) 951-6890. Adapté de L’emploi et le revenu en perspective, no 75-001-XIF au catalogue, juillet 2006, vol. 7 no 7.

 



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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