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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Août 2005

Étude spéciale

Disparités de revenu entre les provinces dans une perspective urbaine-rurale 

par Des Beckstead et Mark Brown*

Introduction

La plupart des analyses des disparités régionales sur le plan des revenus au Canada ont porté surtout sur les disparités provinciales. Cependant, la province de résidence n’est pas la seule caractéristique géographique pouvant influer sur le revenu. Le fait de vivre dans une grande ou une petite ville ou encore dans une région rurale peut influer tout autant sur les niveaux de revenu.

Le présent document vise à analyser les disparités géographiques sur le plan des revenus au Canada dans la perspective des provinces et plus particulièrement des régions urbaines et rurales. Nous nous intéressons notamment à la façon dont les revenus par habitant varient dans le continuum urbain-rural, c’est-à-dire comment les revenus par habitant dans de grandes villes comme Toronto et Montréal se comparent à ceux dans les villes de taille moyenne comme Halifax et Victoria, les petites villes comme Brandon et Drummondville et les régions rurales.

Nous souhaitons déterminer non seulement comment les revenus varient dans le continuum urbain-rural, mais également si les disparités de revenu selon la taille de la ville et entre les villes et les régions urbaines peuvent nous permettre de mieux comprendre les disparités provinciales. Si les revenus baissent systématiquement avec la taille de la ville et en passant des villes aux régions rurales, alors une partie de la raison pour laquelle les revenus provinciaux varient tient à ce que les populations de certaines provinces sont concentrées dans les villes plus petites et les régions rurales, tandis que les populations d’autres provinces sont concentrées dans les grandes villes. C’est dans cette perspective urbaine-rurale que nous pourrons peut-être mieux comprendre les disparités provinciales sur le plan des revenus.

Nous nous attendons à ce que les niveaux de revenu par habitant varient entre les régions urbaines et rurales pour plusieurs raisons. En premier lieu, les revenus par habitant peuvent être inférieurs dans les petites villes et dans les régions rurales si une proportion plus petite de leur population est active comparativement aux grandes régions urbaines. En deuxième lieu, les travailleurs dans les régions rurales et les petites villes peuvent être moins bien rémunérés, en moyenne, que ceux dans les grandes régions urbaines. En partie, cela peut tenir à ce que les travailleurs dans les grandes régions urbaines occupent des catégories d’emplois mieux rémunérés; il s’agit de ce qu’on appelle l’effet de composition professionnelle. Il se peut en outre que les employeurs puissent verser des salaires plus élevés dans les grandes régions urbaines parce que ces salaires plus élevés correspondent à des niveaux de productivité plus élevés.

La présente analyse est fondée sur des données tirées du Recensement de 2001. Les régions urbaines sont subdivisées en quatre catégories de taille. La plus grande comprend les villes dont la population est égale à ou compte plus de 1 500 000 habitants, soit Toronto, Montréal et Vancouver (Tor-Mtl-Van). Les grandes régions urbaines sont celles qui comptent entre 500 000 et 1 499 999 habitants (p. ex., la ville de Québec). Les régions urbaines de taille moyenne comptent entre 100 000 et 499 999 habitants (p. ex., Kingston) et les petites régions urbaines, entre 10 000 et 99 999 habitants (p. ex., Red Deer). Toutes les autres régions du Canada sont classées comme régions rurales, que nous subdivisons en deux groupes. Le premier est celui des régions rurales dites « dans la zone d’influence urbaine », qui ont une interaction avec des régions urbaines sous forme de navettage. Le deuxième comprend les régions rurales éloignées, soit celles qui n’ont pas d’interaction avec les villes sous forme de navettage. Les niveaux de revenu sont les revenus d’emploi par habitant.

Répartition provinciale urbaine-rurale de la population

En 2001, la population du Canada est surtout urbaine. Les catégories de régions urbaines représentent ensemble près de 80 % de la population du Canada. Un autre 19 % de la population habite à une distance de navettage d’une région urbaine comptant au moins 10 000 habitants, soit dans une zone d’influence urbaine. Le reste de la population (1,2 %) habite dans des régions rurales éloignées qui n’ont pas d’interaction avec les régions urbaines comptant plus de 10 000 habitants. Les populations rurales qui sont très éloignées des régions urbaines sont relativement rares. Dans certaines provinces, toutefois, elles sont importantes. Elles représentent 10 % de la population de la Saskatchewan et 5 % de celle de Terre-Neuve-et-Labrador.

La répartition des populations provinciales varie considérablement entre les six catégories de régions urbaines et rurales. Ni la Saskatchewan ni aucune des provinces de l’Atlantique n’a de ville comptant plus de 500 000 habitants. Ces régions ont également une importante population rurale. Les régions rurales éloignées et celles dans une zone d’influence urbaine représentent bien plus de 40 % de la population de la Saskatchewan et de celle de chacune des provinces de l’Atlantique, sauf la Nouvelle-Écosse, qui néanmoins a une importante population rurale. Par comparaison, pour l’ensemble du Canada, la population rurale présente 21 % de la population totale.

Les autres provinces comprennent au moins une ville qui entre dans la catégorie Tor-Mtl-Van ou celle des grandes régions urbaines. Ces villes représentent la plus forte proportion de la population de la province. Par exemple, Winnipeg comprend 60 % de la population du Manitoba et Vancouver, juste au-dessus de 50 % de celle de la Colombie-Britannique.

En fait, le Canada se compose de deux types de provinces, soit celles qui sont dotées de grandes régions urbaines et celles qui sont plus rurales. Si les revenus varient systématiquement dans le continuum urbain-rural, alors les disparités provinciales sur le plan des revenus que nous observons peuvent être attribuables en partie aux différences sur le plan de la composition urbaine-rurale des provinces.

Disparités de revenu par habitant entre les provinces et les régions urbaines et rurales

Les revenus d’emploi par habitant pour les provinces et le continuum urbain-rural sont présentés aux figures 1 et 2, respectivement. Comme l’illustre la figure 1, de fortes disparités de revenu subsistent entre les provinces. Le revenu par habitant est le plus élevé en Ontario (18 010 $) et le plus faible à Terre-Neuve-et-Labrador (10 100 $). Cependant, dans le continuum urbain-rural, les revenus par habitant sont encore plus élevés. Le revenu est le plus élevé dans les grandes régions urbaines (18 500 $) et le plus faible dans les régions rurales éloignées (8 600 $). L’écart de 10 000 $ entre les grandes régions urbaines et les régions rurales éloignées est plus marqué que celui de 8 000 $ au chapitre du revenu par habitant entre les provinces.

Figure 1

La dernière conclusion à tirer de la figure 2 est que le revenu augmente systématiquement avec la taille de la région urbaine et dans les régions urbaines par rapport aux régions rurales. Cela laisse supposer qu’une proportion plus petite de la population est occupée dans les petites régions urbaines et dans les régions rurales comparativement aux grandes régions urbaines et(ou) que les niveaux de revenu d’emploi y sont inférieurs.

Figure 2

Disparités provinciales et dotation en régions urbaines

Comme nous l’avons signalé ci-dessus, les provinces diffèrent sensiblement sur le plan de leur composition urbaine-rurale. Étant donné en outre la forte variation des revenus par habitant que nous observons dans le continuum urbain-rural, cela laisse supposer que les disparités provinciales sur le plan des revenus peuvent être attribuables en partie à la façon dont les populations provinciales sont réparties entre les régions urbaines et les régions rurales. Dans certaines provinces, les revenus par habitant peuvent être relativement faibles parce que la population est concentrée plus fortement dans les petites régions urbaines et dans les régions rurales.

En termes plus précis, une partie des différences sur le plan du revenu par habitant entre les provinces s’explique par leur composition urbaine-rurale lorsque les conditions suivantes sont réunies:  les provinces diffèrent sur le plan de la composition urbaine-rurale et le revenu d’emploi par habitant diffère sensiblement entre les régions urbaines et les régions rurales dans chaque province.

La figure 3 illustre ce dernier point. Elle montre les tracés du revenu d’emploi par habitant dans les six catégories de régions urbaines et rurales pour plusieurs provinces et pour deux régions plus grandes, soit le Canada atlantique et Manitoba et Saskatchewan.

Figure 3

La première conclusion à tirer de la figure 3 est que dans le cas de presque toutes les provinces et les régions, le revenu par habitant baisse lorsqu’on passe des grandes villes aux villes plus petites, des villes aux régions rurales et des régions rurales dans une zone d’influence urbaine aux régions rurales plus éloignées. Le gradient négatif que nous observons à l’échelle nationale se répète pour toutes les provinces (voir également le tableau 1).

La deuxième conclusion à tirer de la figure 3 est que le degré de variation que nous observons dans chaque catégorie urbaine et rurale dans toutes les provinces est systématiquement inférieur au degré de variation du revenu par habitant à l’intérieur de chaque province et dans toutes les catégories de régions urbaines et rurales. Le revenu par habitant dans les régions urbaines de taille moyenne, par exemple, va de 17 000 $ en Ontario à 14 000 $ au Nouveau-Brunswick (voir le tableau 1), tandis qu’en Ontario, par exemple, le revenu d’emploi par habitant va de 20 400 $ à Toronto à 8 100 $ dans les régions rurales éloignées. Ces deux exemples ne sont pas les seuls. Dans tous les cas, nous observons un écart-type plus important du revenu par habitant entre les catégories de régions urbaines et rurales à l’intérieur d’une province qu’à l’intérieur de chaque catégorie urbaine ou rurale entre les provinces.

Cette analyse suggère que les disparités provinciales sur le plan du revenu par habitant observées pourraient être causées en partie par la différence entre la composition urbaine-rurale de chaque province. Cependant, nous ne pouvons déterminer d’après ces données dans quelle mesure la composition urbaine-rurale importe et pour quelles provinces elle importe le plus. Pour examiner cette question, nous devons décomposer les différences sur le plan du revenu provincial par habitant en une composante attribuable à la « composition urbaine-rurale » des provinces et en une composante résiduelle attribuable aux « autres facteurs ». Les résultats de cette décomposition sont présentés à la figure 4 et au tableau 2.

Tableau 1 : Revenus provinciaux par habitant dans le continuum urbain-rural

  Toronto-Montréal-Vancouver Grandes régions urbaines Régions urbaines de taille moyenne Petites régions urbaines Zone d'influence urbaine Régions rurales éloignées Écart-type
  dollars
Terre-Neuve-et-Labrador     14 303 12 790 6 917 5 490 4 324
Île-du-Prince-Édouard       13 140 9 470 7 483 2 870
Nouvelle-Écosse     14 262 11 687 10 324 6 543 3 219
Nouveau-Brunswick     13 960 13 783 9 690 8 082 2 953
Québec 16 014 16 245 13 278 12 995 11 121 8 998 2 799
Ontario 20 408 19 836 16 977 14 109 14 477 8 065 4 543
Manitoba   15 999   13 736 10 918 6 033 4 295
Saskatchewan     15 642 13 067 10 725 9 269 2 791
Alberta   19 652   17 607 14 572 10 133 4 137
Colombie-Britannique 17 535   14 775 13 913 13 109 10 522 2 549
Canada 18 352 18 514 15 795 14 061 12 208 8 624 3 809
Écart-type 1 831 2 095 1 224 1 548 2 367 1 701  

Figure 4

Pour la décomposition, la composante « composition urbaine-rurale » saisit l’incidence de la composition urbaine-rurale des provinces sur leur écart par rapport à la moyenne nationale, tout en tenant compte des différences sur le plan du revenu d’emploi dans chaque catégorie rurale et urbaine entre les provinces. Les provinces dont la population est concentrée dans les petites régions urbaines et dans les régions rurales ont tendance à afficher un effet de dotation en régions urbaines-rurales négatif, tandis que les provinces dont une proportion relativement élevée de la population habite dans les grandes villes ont tendance à afficher un effet positif.

La composante « autres facteurs » pourrait s’expliquer en partie par la situation du marché du travail de la province ou par des forces particulières à des catégories données de régions urbaines ou rurales à l’intérieur d’une province. L’écart négatif observé pour le Manitoba est un exemple de ce deuxième cas. Les niveaux de revenu par habitant relativement faibles du Manitoba sont attribuables dans une large mesure au faible revenu par habitant à Winnipeg comparativement aux groupes de villes homologues et au fait que Winnipeg représente une plus forte proportion de la population du Manitoba comparativement à ce groupe de villes homologues.

La dotation en régions urbaines et rurales explique une proportion significative des disparités de revenu observées dans le cas des quatre provinces de l’Atlantique et de la Saskatchewan. Le cas de la Nouvelle-Écosse est un bon exemple. Le revenu par habitant en Nouvelle-Écosse est de 3 616 $ inférieur au niveau national. Cette disparité se décompose comme suit : 2 007 $ est attribuable à la composition urbaine-rurale de la province et 1 609 $ est attribuable à d’autres facteurs (voir la figure 4 et le tableau 2). Lorsque la composition urbaine-rurale importe, les populations provinciales sont concentrées dans les villes relativement petites et les régions rurales. Toutefois, la dotation en régions urbaines et rurales ne constitue pas un déterminant important des disparités de revenu pour toutes les provinces.

Pour le Québec, l’Ontario et le Manitoba, ce sont les niveaux de revenu dans leurs grandes villes qui importent. En revanche, les niveaux de revenu relativement élevés en Ontario sont attribuables principalement aux revenus supérieurs à la moyenne à Toronto, à Ottawa et à Hamilton comparativement aux groupes de villes analogues. Par contre, les revenus d’emploi relativement faibles au Québec et au Manitoba sont attribuables à la faiblesse des revenus à Montréal et à Winnipeg comparativement aux villes analogues. La variation des résultats affichés par ces villes pourrait s’expliquer par de nombreux facteurs, y compris leur structure industrielle sous-jacente.

Les bons résultats affichés par l’Alberta s’expliquent par les revenus par habitant relativement élevés dans toutes les catégories de régions urbaines et rurales comparativement aux groupes de régions homologues. Ils sont attribuables également aux résultats de la concentration relativement élevée de la population de l’Alberta dans ses grands centres urbains (Calgary et Edmonton) qui affichent de meilleurs résultats que leurs groupes de villes homologues sur le plan des revenus par habitant.

Tableau 2. Décomposition des disparités provinciales.

  Composition urbaine-rurale Autres facteurs Total
dollars
Terre-Neuve-et-Labrador -2 919 -3 103 -6 022
Île-du-Prince-Édouard -2 851 -1 779 -4 630
Nouvelle-Écosse -2 007 -1 609 -3 616
Nouveau-Brunswick -2 586 -1 676 -4 262
Québec 231 -1 896 -1 665
Ontario 525 1 512 2 037
Manitoba -208 -2 169 -2 377
Saskatchewan -2 567 -505 -3 072
Alberta 255 1 729 1 984
Colombie-Britannique 71 -434 -363

En résumé, les disparités provinciales sont étroitement liées à la répartition des populations provinciales dans les régions urbaines et rurales ainsi qu’à la prospérité relative des grandes économies urbaines.

Caractéristiques démographiques et situation du marché du travail

Nous avons montré à la section précédente comment la répartition de la population d’une province dans les régions urbaines et rurales peut influer sur le niveau global des revenus par habitant. Il serait naturel de se demander ce qui sous-tend le fort gradient négatif que nous observons dans les revenus par habitant allant des régions urbaines les plus grandes aux régions rurales les plus éloignées. L’une des possibilités est que les revenus par habitant plus faibles observés dans les villes plus petites et dans les régions rurales ne tiennent pas à la rémunération plus faible des travailleurs dans ces endroits, mais plutôt à une faible proportion de personnes occupées dans ces régions en raison de facteurs démographiques et(ou) liés au marché du travail.

Le revenu d’emploi par habitant dépend de plusieurs facteurs. Il dépend surtout, bien entendu, du niveau de rémunération des personnes occupées. Toutefois, le revenu d’emploi par habitant dépend de deux autres facteurs qui sont principalement liés aux conditions démographiques et à la situation du marché du travail d’une région. En premier lieu, il dépend de la proportion de la population qui peut être occupée, soit les habitants de 15 ans et plus. Le revenu par habitant est inférieur dans les régions qui comptent une proportion plus élevée d’enfants, toutes autres choses étant égales par ailleurs. Ainsi, les conditions démographiques aident à déterminer les revenus par habitant.

Le deuxième facteur qui influe sur les revenus par habitant est la proportion de la population en âge de travailler qui est occupée. Le taux d’emploi dépend à la fois de la situation du marché du travail pour les travailleurs et d’autres facteurs qui influent sur les décisions des travailleurs d’entrer sur le marché du travail. Plus le taux d’emploi est faible plus le revenu par habitant est faible.

Ensemble, ces facteurs, soit le taux d’emploi des travailleurs et le taux d’emploi, peuvent être reliés aux niveaux de revenu par habitant au moyen d’une simple identité selon laquelle le revenu par habitant est le produit du revenu d’emploi par travailleur, du taux d’emploi et de la proportion de la population en âge de travailler.

Les valeurs pour chacun de ces trois termes, ainsi que le revenu par habitant, sont donnés au tableau 3 pour chacune des catégories de régions urbaines et rurales. La deuxième ligne donne le niveau de revenu d’emploi par travailleur : il diminue progressivement allant des villes plus grandes aux villes plus petites et des régions urbaines aux régions rurales. Les revenus d’emploi sont les plus faibles dans les régions rurales éloignées. En outre, les taux d’emploi ont tendance à baisser également selon la taille de la ville, bien que les grandes régions urbaines affichent un taux d’emploi plus élevé que Tor-Mtl-Van. Les régions rurales éloignées affichent les taux d’emploi les plus faibles. Le ratio de la population en âge de travailler à la population totale varie peu d’une catégorie urbaine et rurale à l’autre. Ce ratio est nettement inférieur seulement dans les régions rurales éloignées, c’est-à-dire seulement dans les régions dans lesquelles les conditions démographiques importent.

Tableau 3 : Caractéristiques des régions urbaines et rurales

  Toronto-Montréal-Vancouver Grandes régions urbaines Régions urbaines de taille moyenne Petites régions urbaines Zone d'influence urbaine Régions rurales éloignées
  dollars
Revenu par habitant 18 352 18 514 15 795 14 061 12 208 8 624
Revenu d'emploi par travailleur 36 421 35 105 32 414 29 995 26 822 23 173
  pourcentage
Taux d'emploi 61 65 60 57 57 50
Ratio de la population en âge de travailler 81 81 81 81 80 74
Ratio de l'emploi à la population 50 53 49 46 46 37

Les résultats présentés au tableau 3 laissent supposer que les variations des revenus d’emploi des travailleurs ainsi que des conditions démographiques et de la situation du marché du travail contribuent aux disparités de revenu dans le continuum urbain-rural. Il reste à déterminer la contribution relative de ces facteurs aux disparités relevées.

Pour simplifier l’analyse, nous multiplions ensemble le taux d’emploi et le ratio de la population en âge de travailler à la population totale, ce qui nous donne le ratio de l’emploi à la population (voir le tableau 3). Ainsi, cette mesure combine les effets démographiques et ceux du marché du travail. Comme il y a peu de variations dans les conditions démographiques entre les régions urbaines et entre ces dernières et les régions dans la zone d’influence urbaine, ce terme saisit dans une large mesure l’effet de la variation de la situation du marché du travail. Les conditions démographiques et la situation du marché du travail contribuent à la différence observée entre la catégorie des régions rurales éloignées et les autres catégories de régions urbaines et rurales seulement dans le cas des régions rurales éloignées.

La figure 5 décompose les écarts sur le plan du revenu d’emploi par habitant en deux composantes pour l’ensemble des catégories de régions urbaines et rurales. La première est le ratio de l’emploi à la population, qui saisit l’effet des écarts du ratio de l’emploi à la population par rapport au niveau national sur les revenus par habitant dans chaque catégorie urbaine-rurale. Le deuxième terme est le revenu d’emploi par travailleur. Il saisit l’effet des écarts du revenu d’emploi par travailleur par rapport au niveau national sur les revenus par habitant dans chaque catégorie urbaine-rurale.

Figure 5

Le revenu d’emploi varie entre les régions urbaines et rurales au Canada puisque les revenus des travailleurs dans les régions rurales sont inférieurs à ceux des travailleurs dans les régions urbaines et qu’une proportion plus petite de la population est occupée dans les régions rurales. À Tor-Mtl-Van et dans les grandes régions urbaines, la conjoncture favorable du marché du travail se traduit par des revenus par habitant plus élevés. Dans les grandes régions urbaines, notamment, la moitié juste au-dessus de l’écart positif est dû à la conjoncture favorable du marché du travail. Par contre, la situation du marché du travail dans les petites régions urbaines et dans la zone d’influence urbaine a généralement un effet à la baisse sur les revenus par habitant. Enfin, dans les régions rurales éloignées, près de la moitié de l’écart négatif est attribuable au ratio de l’emploi à la population. Cette situation s’explique en partie par la conjoncture défavorable du marché du travail et en partie par des conditions démographiques qui se traduisent par une population en âge de travailler plus petite que la moyenne.

La conclusion à tirer est que la variation des revenus par habitant que nous observons est exacerbée par les conditions démographiques et la situation du marché du travail qui ont tendance à avantager les villes plus grandes et à désavantager les villes plus petites et les régions rurales, particulièrement les régions rurales plus éloignées.

Conclusion

Le présent document montre que la structure urbaine-rurale importe. Les revenus par habitant inférieurs à la moyenne dans les provinces de l’Atlantique et en Saskatchewan tiennent dans une large mesure à la concentration de leurs populations dans les régions urbaines plus petites et dans les régions rurales. Cependant, ce n’est pas le cas de toutes les provinces.

Les résultats relativement bons affichés par l’Ontario et ceux relativement faibles affichés par le Québec et le Manitoba ne s’expliquent pas, de façon générale, par une composition urbaine-rurale favorable ou défavorable, mais par les faibles niveaux de revenu dans leurs villes les plus grandes comparativement à leurs homologues. Plus particulièrement, les revenus par habitant élevés en Ontario sont attribuables aux revenus relativement élevés à Toronto, tandis que les revenus par habitant plus faibles au Québec et au Manitoba sont liés aux revenus faibles à Montréal et à Winnipeg relativement à leurs homologues. Bref, la façon dont nous déterminons le rendement de ces économies provinciales dépend de ce à quoi tient le rendement relatif de leurs grandes villes.

Comment, donc, interprétons-nous le gradient du revenu négatif fort allant des grandes aux petites villes et des villes aux régions rurales ? En partie, ce gradient du revenu par habitant négatif est attribuable à une situation du marché du travail relativement défavorable dans les petites villes et les régions rurales comparativement aux grandes villes. Toutefois, ce gradient négatif demeure après prise en compte de la situation du marché du travail ainsi que des conditions démographiques; en moyenne, la rémunération des travailleurs occupés dans les grandes villes est supérieure à celle des travailleurs occupés dans les petites villes et dans les régions rurales.

Le gradient du revenu des travailleurs occupés tient à de nombreux facteurs, dont deux qui sont probablement les plus importants. En premier lieu, les emplois mieux rémunérés peuvent être surreprésentés dans les grandes villes comparativement aux petites villes et aux régions rurales. En deuxième lieu, les salaires plus élevés dans les grandes villes correspondent peut-être à des niveaux de productivité plus élevés des travailleurs en milieu urbain.

De nombreux facteurs pourraient expliquer l’avantage sur le plan de la productivité de l’installation d’une entreprise dans une grande ville, y compris l’accès à de grands bassins de main-d’œuvre qualifiée et l’emplacement dans un centre qui comprend un grand nombre d’industries. Les économies associées aux grandes villes peuvent être très difficiles à réaliser dans les petites villes et dans les régions rurales. Par conséquent, une partie des disparités provinciales que nous observons peuvent en fait être structurelles.

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Note

* Division des études et de l’analyse micro-économique, (613) 951-6199.


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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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