Conditions
économiques actuelles
Tableau sommaire - Indicateurs principaux
Vue générale*
La production a réévolué en hausse en mai après
un bref arrêt au printemps qui mettait fin à presque une
année de forts gains. La demande des ménages est demeurée
le moteur de la croissance, plus particulièrement la demande d’automobiles
et d’habitations en mai et juin. De plus, les investissements des
entreprises ont montré des signes d’amélioration,
mais l’emploi a été incapable en juillet de continuer
dans la voie de la reprise qui s’était amorcée en
juin.
La demande des ménages et la demande d’investissements se
sont redressées, mais la faiblesse des exportations amortissait
toujours l’activité manufacturière. Près du
quart des fabricants ont dit que leurs stocks étaient trop abondants,
ce à quoi ils devaient réagir en mai en réduisant
leur production pour la troisième fois en quatre mois. Ajoutons
que les industries liées au tourisme subissaient toujours les effets
de l’épidémie de SRAS. Par ailleurs, les transports
aériens semblent avoir laissé derrière le plus noir
de la période de marasme qu’ils ont traversée. En
juin, le transport aérien international accusait une baisse de
12 % sur sa valeur d’il y a un an comparativement à
un recul de 21 % en mai (qui s’explique par une chute de 55 %
dans le cas des transporteurs aériens de la région Asie-Pacifique).
En Amérique du Nord, les investissements des entreprises ont paru
lentement secouer une léthargie ayant duré deux ans. Aux
États-Unis, les investissements ont fini par présenter leur
premier gain d’une année à l’autre depuis les
premiers mois de 2001, et les nouvelles commandes annoncent une croissance
à court terme. Au Canada, les entreprises prévoyaient au
milieu de l’année relever leurs dépenses de 3,6 %
après avoir indiqué une légère baisse en début
d’année. Cette progression se répartissait à
peu près également entre les constructions et les machines
et le matériel, et ce, malgré d’importantes baisses
de prix au premier semestre pour le contenu importé de l’outillage
du fait de la montée du taux de change (ce que n’avaient
sans doute pas prévu la plupart des entreprises au moment d’annoncer
leurs budgets au début de l’année).
Ce qui étonne le plus dans ces révisions du milieu de l’année
est une augmentation des investissements prévus par les fabricants
malgré la faiblesse de leurs livraisons au premier semestre. Ceux-ci
s’attendent maintenant à investir 14 % de plus qu’en
2002 – c’est le double du taux d’accroissement annoncé
en début d’année – progression que l’on
doit surtout à l’industrie de l’automobile. Ailleurs,
les intentions d’investissement suivent dans une large mesure l’évolution
de la demande au premier semestre de 2003. Un prix de l’énergie
en plein essor a fait que le secteur pétrolier a renoncé
à réduire ses investissements de près d’un
milliard de dollars. Il y a aussi les mines métalliques qui
ont annulé la plupart des compressions d’investissements
annoncées au début de l’année. Le secteur des
finances et des affaires immobilières a encore majoré plus
que tout autre secteur ce qu’il prévoit comme dépenses
en immobilisations. En revanche, les industries de l’informatique
et de l’électronique ont sabré leurs dépenses
plus vigoureusement encore et, dans l’industrie des télécommunications,
les compressions se sont aussi accentuées. Dans le secteur du tourisme,
la faiblesse des investissements se remarque à des réductions
de dépenses qui se multiplient dans les industries des transports
aériens et de l’hôtellerie-restauration. Dans le secteur
public, la situation n’a guère évolué sauf
pour une augmentation des investissements dans les services d’électricité.
Sur le plan régional, l’Ontario et l’Alberta sont les
premiers bénéficiaires du relèvement des intentions
d’investissement dans l’industrie de l’automobile et
le secteur du pétrole et du gaz, mais ces révisions à
la hausse portent sur des intentions déjà modestes d’investissement
au début de l’année, ce qui veut dire que, dans leur
croissance, les investissements des entreprises dans ces provinces le
cèdent toujours à ceux du Québec (11 %) et de
la Colombie-Britannique (6 %). Au Québec, les grands projets
de l’industrie primaire (notamment pour l’aluminium et le
papier) dominent au tableau des investissements. En Colombie-Britannique,
on relève des gains pour le secteur pétrolier et gazier
au milieu de l’année et, en contrepoids, une importante baisse
dans le secteur des télécommunications. Précisons
que l’industrie du pétrole et du gaz a aussi étoffé
ses plans d’investissement dans la plupart des autres provinces.
Marché du travail
En juillet, l’emploi n’a pas fait d’éclats,
reculant de 0,1 % après avoir avancé de 0,3 %
en juin. Toute cette perte concerne l’emploi à temps partiel
(surtout chez les jeunes), composante qui dominait pourtant le mois précédent
pour la croissance. La population active a cessé de croître
après trois augmentations consécutives, laissant le taux
de chômage en hausse de 0,1 point à 7,8 %.
En juillet, le secteur public a élagué les emplois avec
des diminutions dans le secteur de l’éducation qui ont eu
plus de poids que de nouvelles augmentations dans le secteur de la santé.
La même évolution était évidente dans les intentions
d’investissement au milieu de l’année avec une baisse
de 0,3 milliard pour l’éducation et une hausse du même
ordre pour la santé. Il n’y a que le secteur de la fabrication
où il se soit perdu plus d’emplois que dans le secteur de
l’éducation depuis le début de l’année.
C’est en construction que les gains sont restés les plus
imposants. L’emploi y a progressé de 5,4 % depuis juillet
dernier, l’essor du marché de l’habitation s’ajoutant
à un redressement des dépenses des entreprises en construction.
On a enfin observé une croissance soutenue de l’emploi dans
le secteur des finances et des affaires immobilières.
Les provinces de l’Ouest ont offert les seuls gains de juillet dans
le domaine de l’emploi. La Colombie-Britannique a mené le
mouvement, mais seul l’emploi à temps partiel y a progressé.
En Alberta, des hausses dans le secteur pétrolier et l’industrie
de la construction ont suffi à porter le taux de chômage
à son plus bas niveau (4,9 %) au Canada. Dans les provinces
centrales, il s’est uniquement perdu des emplois à temps
partiel, particulièrement en Ontario où l’élimination
de la treizième année a engendré une double cohorte
d’étudiants diplômés du secondaire cette année.
Indicateurs avancés
L’indicateur avancé composite a enregistré une hausse
modérée de 0,3 % en juin, qui est néanmoins légèrement
plus marquée que celles enregistrées depuis un an. Six des
dix composantes ont progressé, une de plus qu’en mai. Le
redressement du marché boursier au cours des derniers mois s’est
poursuivi, appuyé par le raffermissement du logement et du renversement
à la hausse des services. Les seules composantes à enregistrer
des baisses proviennent du secteur de la fabrication.
Tous les indicateurs de la demande des ménages étaient à
la hausse ou stables. Le logement reprend l’avant de la scène
avec une progression de 0,7 % en juin, la plus marquée depuis le
bond de 2,2 % enregistré en février. Tant les mises en chantier
que les ventes de maisons existantes ont augmenté alors que l’emploi
mettait fin à deux mois de baisse et que les taux hypothécaires
demeuraient bas. Les ventes de meubles et d’articles ménagers
étaient stables après plus de deux ans de croissance soutenue.
Les ventes de biens durables, très volatiles récemment sur
une base mensuelle avec le passage des rabais à l’achat d’automobiles,
étaient de nouveau à la hausse. L’emploi dans les
services a rebondi de 0,3 % face à la diminution de l’impact
du SRAS sur les dépenses.
Les indicateurs du marché financier ont tous deux continué
de faire des gains. La bourse reprenait en juin presque tout le terrain
perdu au cours de l’année écoulée. Après
une croissance de 1,2 % en mai, l’offre de monnaie en a enregistré
une autre de 0,8 % en juin, ce qui fait d’elles les plus importantes
d’affilée depuis le début de 2002.
L’indicateur américain a également enregistré
une légère progression, qui renverse la tendance des deux
derniers mois. Ceci s’explique cependant en grande partie par le
relèvement de la confiance des ménages depuis la fin de
la guerre avec l’Irak. La consommation était anémique
face à la maigreur des revenus personnels.
Les trois composantes de la fabrication ont baissé. Tandis que
les nouvelles commandes retournaient en terrain négatif, l’accumulation
des stocks s’est accentuée, entraînant une troisième
baisse consécutive du ratio des livraisons aux stocks. Le bois
et les biens industriels constituaient une bonne partie de l’affaiblissement,
lequel traduit l’enlisement du secteur des exportations. L’industrie
des produits forestiers est également la plus touchée par
le recul des prix à l’exportation, qui ont baissé
de près de 15 % au cours de l’année écoulée.
Les fabricants ont réduit leur besoins de main-d’œuvre
en diminuant tant l’emploi que les heures de travail.
Production
En mai, le PIB réel a un peu monté (0,1 %), reprenant
la moitié du terrain perdu en avril. Cette faiblesse s’est
surtout manifestée par des diminutions qui continuent en fabrication
et un plafonnement en construction et dans les mines après un solide
premier trimestre. Une fois de plus, le tourisme a ressenti les effets
de l’épidémie de SRAS qui, en avril, a retranché
0,1 % au PIB. Les dépenses des ménages sont restées
le moteur de la croissance, notamment dans l’industrie de l’automobile
et le secteur de l’habitation.
Les fabricants ont réduit leur production de 0,4 %. C’est
la troisième perte du genre en quatre mois. Le bois d’œuvre
et le papier ont dominé au tableau des baisses à cause tant
d’une demande moindre à l’exportation que de prix en
décroissance. Les industries liées à l’investissement
sont demeurées peu fermes. Il y a notamment les fabricants de matériel
de télécommunication qui ont vu leurs exportations se contracter
une fois de plus. Par ailleurs, si la production a augmenté dans
quatre des cinq derniers mois dans l’industrie canadienne de l’automobile,
le ralentissement de la production aux États-Unis a mené
à des baisses d’activité dans l’industrie des
pièces automobiles.
La production de biens non durables a également régressé
en mai. L’industrie du vêtement et les industries connexes
ont accusé une sixième baisse consécutive. L’industrie
de la transformation alimentaire a vu sa production diminuer en réaction
à une forte contraction de la demande de viandes après la
découverte d’un cas de maladie de la vache folle (encéphalopathie
spongiforme bovine), mais la baisse de production tant à l’abattage
qu’à la transformation équivalait à moins de
0,1 % du PIB. Ce sont des pertes qui ont presque été
compensées par d’amples gains dans le cas des raffineries
et des sociétés pharmaceutiques.
En construction, l’activité a plafonné ces deux derniers
mois, la construction d’habitations ayant perdu de son rythme effréné
du premier trimestre. La construction neuve a amorcé une reprise
pendant l’été. Les investissements des entreprises
ont été inégaux avec un redressement en construction
et un pas en arrière dans le secteur pétrolier. La production
a également marqué un net recul un troisième mois
de suite dans les mines métalliques. Dans l’industrie primaire,
l’agriculture a été une note encourageante, car la
sécheresse qui sévissait au cours des deux dernières
campagnes agricoles dans les Prairies a cessé.

La demande de services a augmenté de 0,2 % après une
pause de deux mois. Le commerce de détail a remonté et l’industrie
des finances a été poussée en avant à la fois
par la montée des ventes d’habitations et par l’essor
des bourses. Les services aux entreprises ont aussi été
en solide progression. Quant au tourisme, il a été gêné
par le constant recul du nombre de voyageurs en provenance des États-Unis
(-4 %) et d’outre-mer (-13 %) qui a nui à toutes
les activités, depuis le transport aérien jusqu’à
l’hôtellerie. Les transports par eau et par rail se sont ressentis
du marasme de l’industrie primaire. Ainsi, les chargements ferroviaires
ont été en baisse de 12 % sur leur valeur d’il
y a un an; les pertes les plus lourdes de trafic-marchandises ont été
relevées pour le blé, la potasse et les autres minéraux
non métalliques. Dans l’industrie de l’entreposage,
les stocks céréaliers étaient bas, ayant été
réduits de moitié par deux années de sécheresse
et ne pouvant être regarnis que par la récolte de l’automne.
Demande des ménages
En volume, les ventes au détail se sont redressées de 0,7 %
en mai, effaçant en majeure partie leurs pertes des deux derniers
mois. Des ventes d’automobiles en progression ont mené le
mouvement. Elles ont presque atteint leurs sommets pour l’année.
Les ventes d’automobiles sont demeurées fermes en juin, alors
que la demande avait précédemment évolué par
flambées provoquées par les programmes d’encouragements
à l’achat.
En dehors de l’industrie de l’automobile, les achats ont un
peu évolué en baisse par suite de la découverte en
Alberta d’un cas d’ESB qui aurait causé la plus vive
contraction de la consommation alimentaire jamais relevée depuis
1986. Les dépenses de consommation sont restées vigoureuses
dans la plupart des autres secteurs. Les ventes de vêtements ont
mis fin à une léthargie de trois mois et la vigueur renouvelée
des ventes d’habitations a stimulé la demande de meubles
et d’appareils électroménagers. La forte baisse du
prix de l’essence a fait monter la consommation de ce produit un
deuxième mois de suite.
En juin, les mises en chantier ont atteint un niveau annuel de 206 000
logements, hausse qui effaçait leur baisse de mai. Les mises en
chantier de logements unifamiliaux ont été particulièrement
nombreuses, se situant à leur plus haut niveau depuis février.
La reprise de la construction neuve s’est traduite par une troisième
augmentation consécutive du nombre d’habitations neuves inoccupées.
La revente a aussi amplement progressé un deuxième mois
de suite, et ce, dans les trois premières villes en importance.
Commerce de marchandises
En valeur, les échanges commerciaux canado-américains ont
encore diminué en mai dans un contexte de descente du prix de l’énergie
et de montée du taux de change. Le résultat net a été
un excédent commercial d’un peu moins de 4 milliards
pour la première fois cette année. Si on fait abstraction
de la récente décroissance des prix à l’exportation
et à l’importation, on peut cependant constater que, en volume,
la demande tant extérieure qu’intérieure a crû
ces derniers mois.
En valeur nominale, les exportations ont chuté de 2,8 %, tombant
en mai à leur plus bas niveau en 19 mois à cause d’une
diminution des prix de 3,4 %. Les prix sont en décroissance
de 6 % depuis février dans une situation où les vastes
pressions à la baisse exercées par le taux de change depuis
l’automne dernier n’ont plus eu pour contrepoids les cours
de l’énergie. En mai, les produits primaires ont dominé
au tableau des baisses. Le recul a été de 9 % en agriculture
où les exportations de viande et de bétail ont été
amputées du quart, les livraisons de ces produits aux États-Unis
ayant cessé à la suite de la découverte le 20 mai
d’un cas de maladie de la vache folle. Les exportations de produits
énergétiques ont aussi décru de 7 %, ce qui
s’explique par une baisse du prix du gaz dans ce qui reste un léger
redressement de la demande en volume. À l’exportation, les
produits forestiers ont encore reculé de 3 %; d’une
année à l’autre, la perte est de 17 %, la plus
cuisante qu’ait connue un secteur de l’économie. La
source de faiblesse n’est plus le bois d’œuvre, mais
le papier journal.
En volume, la demande de produits manufacturés finis a été
portée à son plus haut niveau en trois mois, bien que les
revenus nominaux tirés des exportations aient subi l’effet
d’amortissement du dollar. Les exportations d’automobiles
ont mis fin à un dérapage de deux mois surtout grâce
aux voitures de tourisme. À l’exportation, les machines et
le matériel se sont soldés en équilibre avec des
gains pour la machinerie industrielle et les aéronefs qui ont compensé
la faiblesse persistante du matériel de télécommunication.
Les importations ont régressé de 1,1 %, ce que l’on
doit aussi à une diminution des prix de 4 %. Depuis octobre
dernier, le recul à l’importation est de 9 % au total.
Les baisses de prix ont contribué à une progression de 4 %
des importations en volume pendant cette période, dont une poussée
de 3 % en mai. La demande a été particulièrement
ferme dans le cas des automobiles, car les ventes au Canada ont fait des
bonds en mai et juin. Une diminution de 5 % des prix des biens de
consommation a concouru à une augmentation de 2 % de la demande
en volume. Les machines et le matériel demeurent une exception
à la règle, puisque les remises de prix n’ont pu l’emporter
sur une autre forte contraction de la demande dans une industrie de l’aéronautique
en difficulté. Mentionnons enfin que la décroissance du
prix du pétrole brut a allégé notre facture énergétique
à l’importation.
Prix
L’IPC a légèrement monté de 0,1 % en
juin après avoir un peu baissé en mai. C’est ainsi
que le taux annuel d’inflation est descendu de 2,9 % à
2,6 %, continuant à glisser rapidement du sommet de 4,6 %
atteint en février.
Les cours énergétiques ont remonté en juin après
avoir mené le mouvement de décroissance des prix au printemps.
Ce sont plutôt les pressions à la baisse qui se sont avivées
sur les prix de biens durables et semi-durables, qui ont respectivement
perdu 1,1 % et 2,2 %. Les diminutions de prix ont été
des plus marquées une fois de plus dans les secteurs où
les importations tiennent une grande place, qu’il s’agisse
de l’automobile, du vêtement ou de l’équipement
ménager. Par ailleurs, les prix des services ont été
tenus en laisse par un plafonnement des primes d’assurance automobile.
À cause des répercussions de l’épidémie
de SRAS sur les voyages, les prix ont été bien moindres
dans ce secteur qu’il y a un an. En revanche, la réorientation
des exportations de viande de bœuf vers les marchés intérieurs
n’a pas empêché le prix de ce produit de s’élever
de 3 % depuis juin 2002.
Le dollar a encore joué un grand rôle en enfonçant
les prix dans l’industrie (de 1 % en juin). Si le taux de change
canado-américain n’avait pas augmenté, les prix auraient
diminué de 0,1 % seulement. Depuis un an, la valorisation
du dollar a retranché 4 % aux prix reçus par les fabricants.
Le recul mensuel des prix a été très étalé
et, parmi les 21 produits de base, le bois d’œuvre a été
le seul à commander une faible hausse (par suite de fermetures
d’établissements de production).
En juillet, les cours des produits de base ont décru et l’indice
de la Banque du Canada a perdu 5 %, annulant ainsi la plupart de
ses gains en mai et juin. Le gros du phénomène est attribuable
à l’énergie, plus particulièrement au gaz naturel,
car il n’y a pas eu de grandes chaleurs dans les États du
nord-est aux États-Unis. Les prix des aliments ont également
décru, la viande de bœuf coûtant moins cher une fois
fermée la frontière américaine aux exportations canadiennes.
Quant aux matériaux industriels, ils se sont accrochés à
leurs gains récents, et il y a surtout eu une forte progression
des cours des métaux.
Marchés financiers
Le dollar canadien a perdu trois cents par rapport au dollar américain,
approchant à la fin de juillet d’un minimum en deux mois
de 71 cents. Ce rabaissement de notre dollar, qui avait pourtant
été en plein essor cette année, s’est accompagné
d’une diminution d’un quart de point du taux d’escompte.
En pondération des échanges, la dévalorisation du
dollar perd seulement la moitié de son ampleur. Toutefois, les
rendements obligataires se sont accrus au rebours même de leurs
baisses des deux derniers mois.
La diminution des taux d’intérêt à court terme
a accentué le délaissement des fonds communs de placement
sur le marché monétaire, lesquels étaient en baisse
de 2,1 % en juin. Les investisseurs ont plutôt opté
pour d’autres fonds un troisième mois de suite, ce qui a
favorisé une reprise boursière pendant cette période.
En juillet, les bourses sont revenues à leur régime de croissance
de 4 % en avril et mai après avoir ralenti à 2 %
en juin. Toutes les grandes composantes ont progressé. Les actions
liées à la technologie de l’information ont repris
un rythme de croissance à deux chiffres après un recul en
juin. Les gains ont également été imposants dans
le cas des industrielles et des métallifères.
Pour leurs mobilisations de fonds, les entreprises ont continué
à s’en remettre en juin aux émissions d’actions,
et plus particulièrement aux émissions d’obligations.
Le rétrécissement de l’écart de rendements
obligataires entre les administrations publiques et les sociétés
semble aussi indiquer un regain de confiance des entreprises dans le marché.
Le crédit à court terme aux entreprises s’est contracté
un troisième mois de suite, notamment le crédit sous forme
d’effets de commerce.
Économies internationales
Aux États-Unis, le PIB a accéléré
sa croissance, son taux de progression passant de 0,4 % au premier
trimestre à 0,6 % au deuxième. Il reste que, d’une
année à l’autre, le régime de croissance demeure
discret à 2,3 %, à court de son récent sommet
de 3,3 % vers la fin de la dernière année. Cette tiède
progression du PIB depuis un an n’a pas suffi à chasser le
marasme dans le secteur de l’emploi. Le nombre d’emplois a
encore diminué de 44 000 en juillet : avec une perte
(révisée à la baisse) de 72 000 en juin, il
s’est perdu depuis janvier près d’un demi-million d’emplois
au total (c’est 0,4 % de la masse des emplois). Ce sont les
fabricants qui ont le plus sabré leurs effectifs, plus particulièrement
ceux des secteurs de l’automobile et de la technologie. Les transports
aériens et les administrations publiques ont continué à
réduire leur main-d’œuvre; les pertes d’emplois
dépassent les 100 000 depuis le dernier sommet atteint par
l’indicateur de l’emploi dans ces branches d’activité.
Les dépenses des ménages sont demeurées le moteur
de la croissance du PIB, bien que ces mêmes ménages aient
de plus en plus eu besoin de l’aiguillon des baisses de prix pour
maintenir leur consommation. Ainsi, la demande d’habitations s’est
élevée un cinquième trimestre de suite, mais seulement
après une première baisse des prix en plus d’une décennie.
De même, la presque totalité de la progression de 0,8 %
des dépenses de consommation a eu lieu dans le secteur des biens
durables où les prix ont diminué de 1 %. Ailleurs,
les dépenses ont été inertes, les consommateurs s’étant
tenus loin du marché à cause de la guerre en Irak et du
temps frais. Mais la guerre a fait monter en flèche les dépenses
militaires, qui rendent compte de toute la montée de 4 % des
dépenses des administrations publiques.
Les investissements des entreprises ont repris pied après avoir
glissé pendant deux ans. Les dépenses ont un peu monté
pour la deuxième fois en trois trimestres, et ce, après
deux ans de décroissance ininterrompue pour une perte totale de
13 %. D’une année à l’autre, les investissements
se sont rétablis pour la première fois depuis l’an 2000,
ce que l’on doit surtout aux dépenses en outillage et en
logiciels. Mentionnons que la construction non résidentielle a
offert un premier gain après six baisses consécutives.
Le déficit commercial ne s’est pas amélioré.
Malgré un taux de change en décroissance, les exportations
ont régressé un troisième trimestre de suite avec
des pertes pour toutes les composantes sauf celle de l’automobile.
Par ailleurs, les importations ont généralement augmenté
en volume grâce surtout à la reprise de la demande de biens
d’équipement. Dans l’ensemble, les prix à l’importation
ont été contenus par la forte descente des cours pétroliers.
La demande des ménages s’est encore accélérée
à la fin du deuxième trimestre. Le marché de l’habitation
a été rallumé par de nouvelles réductions
des taux hypothécaires; ceux-ci ont touché le fond avant
que les rendements obligataires ne montent en flèche et gagnent
bien plus d’un point entier en juillet, ce qui constitue leur montée
mensuelle la plus rapide en deux décennies. En juin, les ventes
d’habitations neuves ont fait un bond de 5 % qui s’ajoutait
à une flambée de 11 % en mai. Par rapport à
la situation un an auparavant, la croissance de la demande a été
concentrée dans le marché haut de gamme (habitations de
plus de 300 000 $) et du côté de l’habitation
à construire. C’est ainsi que les promoteurs ont mis plus
de maisons en chantier en juin et que les logements unifamiliaux ont approché
de leur sommet de janvier.
L’essor de la demande d’habitations s’est répercuté
sur des ventes au détail en hausse de 0,5 % en juin après
une absence de variation en mai. Le gain est attribuable en majeure partie
à un deuxième mois consécutif de solides hausses
pour des marchandises liées à l’habitation comme les
matériaux de construction, les meubles, les produits électroniques
et les appareils électroménagers (augmentation générale
de près de 2 % depuis avril).
Le secteur de la fabrication a commencé à sortir de sa descente
en piqué. La production manufacturière s’est élevée
de 0,4 % grâce à une deuxième augmentation de
suite pour l’outillage des entreprises et à un redressement
pour les chaînes de montage de l’industrie de l’automobile.
Les nouvelles commandes de biens durables annoncent plus de vigueur encore :
cet indicateur était en hausse de 2 % en juin. La demande
de biens d’équipement non militaires a marqué sa première
avance depuis mars, ce que l’on doit avant tout aux ordinateurs,
puisque le matériel de télécommunication a continué
à s’enfoncer. Les entreprises ont enfin pressé le
pas dans leurs réductions de stocks malgré la stimulation
de la production.
Dans la zone de l’euro en mai, la production industrielle
a encore évolué en dents de scie comme récemment,
baissant de 0,9 % après une hausse de 0,4 % le mois précédent.
La production a subi des pertes dans tous les secteurs sauf dans celui
de l’énergie où on a observé un léger
gain. En volume, les ventes au détail ont reculé de 0,6 %
en mai; c’est leur troisième diminution en quatre mois, ce
qui s’explique largement par leur faiblesse en Allemagne et en France.
En mai, l’excédent du commerce extérieur a rétréci
par suite de la reprise des importations d’énergie et du
recul des exportations de machines et de véhicules en raison de
la faiblesse de la demande extérieure. Le taux annuel d’inflation
a gravité autour de 2 % tout au long de l’été,
ce qui devait inciter la BCE à laisser les taux d’intérêt
inchangés. En valeur mensuelle, le taux de chômage a été
stable à 8,9 %; son niveau était plus bas à
8,4 % en juin dernier.
En France, l’économie s’est encore
contractée en mai, car des grèves de fonctionnaires opposés
à la réforme des retraites ont nui à la production.
La production industrielle a régressé de 1,4 % dans
le mois, doublant presque son taux de décroissance du mois précédent.
Les exportations étaient toujours en baisse, et l’inflation
a un peu monté. Le taux annuel d’inflation s’établissait
à 2 % en juin.
En Allemagne, le ralentissement de l’économie
s’est accentué en mai et la production a encore reculé
de 0,5 % dans un contexte de faiblesse de la demande intérieure.
Ce pays a continué à offrir le plus grand excédent
du commerce extérieur de la zone de l’euro, tout comme le
taux annuel d’inflation le plus bas (1,1 %). En juin, son taux
de chômage égalait celui de la France à 9,4 %.
En Italie en mai, la production industrielle a diminué
le plus qu’elle ne l’avait fait en valeur mensuelle en plus
de quatre ans, perdant 1,6 % dans le mois et 4,4 % depuis un
an. Les biens de consommation et d’équipement ont prédominé
au tableau des baisses avec les automobiles. Le constructeur automobile
Fiat avait déjà annoncé son intention de procéder
à des licenciements massifs et à des fermetures d’usines
en réaction à la faiblesse de la demande. Le taux d’inflation
est demeuré à un niveau annuel de 2,9 %.
Au Japon, l’économie a encore été
à plat en juin, mais le taux de chômage a reculé pour
la première fois en quatre mois, tombant à 5,3 %. Les
dépenses de consommation ont poursuivi leur modeste reprise en
mai, aidées en cela par une hausse de presque 30 % des cours
boursiers depuis avril.
En Asie du Sud-Est, l’activité économique
présentait toujours des résultats inégaux. En Chine,
l’économie était toujours en expansion, soutenue par
la vigueur de la production industrielle et des exportations malgré
le ralentissement de la demande dans le monde. En Corée du Sud,
la production a baissé un deuxième trimestre de suite; le
PIB y a régressé de 0,5 % d’avril à juin
en partie à cause de l’épidémie de SRAS. À
Hong Kong, le taux de chômage est parvenu à un autre sommet
de 8,6 % en juin dans une situation de langueur persistante des secteurs
du tourisme, du commerce de détail et des services récréatifs.
* Basée sur
les données disponibles le 8 août; toutes les données
sont en dollars courants, sauf indication contraire.
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