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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Juin 2007

Étude spéciale

Projections de la population active au Canada, 2006-2031

par Laurent Martel*, Eric Caron-Malenfant, Samuel Vézina,  et Alain Bélanger

La faible fécondité et le vieillissement de la population, qui s’accélérera dans les années à venir, posent de nombreux défis au Canada.  L’un des plus importants et des plus d’actualité concerne la population active qui connaît déjà1 et continuera de connaître de profonds et rapides changements dans les décennies à venir.  Sous l’effet du vieillissement de la génération des boomers, le nombre et la proportion de travailleurs âgés au sein de la main-d’oeuvre se sont fortement accru au cours des dernières années.  Les boomers atteignent désormais l’âge de la retraite et commencent à quitter plus massivement la population active.  Par ailleurs, le nombre de jeunes entrants sur le marché du travail plafonne et pourrait diminuer dans l’avenir en raison de la faible fécondité observée au cours des dernières décennies.

À l’opposé, les taux d’activité continuent leur croissance au Canada. Cette hausse des taux d’activité, chez les hommes, depuis une dizaine d’années principalement au-delà de 50 ans et chez les femmes de tous les âges, compensera une partie des effets des changements démographiques.

Ces changements qui affectent et affecteront dans l’avenir la population active pourraient en effet avoir des effets significatifs sur le marché du travail, sur le potentiel de croissance de l’économie canadienne, sur les revenus des gouvernements et sur certains programmes sociaux, notamment ceux financés au moyen de régimes dits par répartition.

Dans ce contexte, il apparaît pertinent et utile de décrire et d’analyser l’évolution future possible de la population active au Canada ainsi que dans les provinces. Au moyen de projections de la main-d’œuvre, cet article vise à répondre aux questions suivantes : une baisse de la population active canadienne dans les prochaines décennies est-elle inéluctable ?  Quel en serait l’effet si la récente hausse des taux d’activité se poursuivait comme on l’observe actuellement chez les travailleurs âgés ?  Quel serait l’effet d’une immigration plus soutenue sur la population active canadienne ?  En répondant à ces questions, cet article contribuera à mieux cerner les leviers d’action disponibles pour préparer la société canadienne aux changements démographiques à venir.

Concepts et méthodes

La population active est définie comme l’ensemble des individus âgés de 15 ans et plus qui travaillent ou qui sont à la recherche d’un emploi.  Il s’agit donc du bassin de travailleurs employés ou disponibles pour l’emploi dans une population.  Le taux global d’activité de la population correspond au pourcentage de la population âgée de 15 ans ou plus dans la population active.  Cet indicateur résume l’importance de la population active par rapport à la population totale de 15 ans et plus, laquelle inclus, en plus de la population active, les étudiants, les personnes retraitées, les personnes occupées à long terme par des obligations familiales et les autres personnes n’étant pas à la recherche d’un emploi.

Les projections de la population active réalisées dans le cadre de cet article sont dérivées en appliquant aux résultats des plus récentes projections démographiques pour le Canada et les provinces2 des taux d’activité par âge, sexe et province. 

Quatre scénarios d’évolution future de la population active

Quatre scénarios de projections de la population active ont été élaborés dans le cadre du présent exercice (Tableau 1), scénarios qui combinent des hypothèses relatives à la croissance de la population et des hypothèses quant l’évolution future des taux d’activité selon l’âge. 

Tableau 1 Scénarios de projection de la population active canadienne

  Croissance démographique Taux d’activité
1 - Croissance faible Croissance faible Constants au taux de 2005
2 - Situation récente Croissance moyenne Constants au taux de 2005
3 - Activité à la hausse Croissance moyenne Taux à la hausse
4 - Croissance forte Croissance forte Taux à la hausse

Trois hypothèses ont été retenues quant à la croissance future de la population. Elles correspondent aux scénarios de croissance faible, moyenne et forte des plus récentes projections démographiques.  Le scénario de croissance moyenne repose sur des hypothèses reflétant en général le prolongement des tendances récentes observées dans chacune des trois composantes de la croissance de la population (fécondité, mortalité et immigration).  Le scénario de croissance faible suppose une fécondité, des espérances de vie et un niveau d’immigration plus faibles que le scénario de croissance moyenne alors que c’est l’inverse avec le scénario de croissance forte.  Ces trois scénarios réunis offrent une fourchette raisonnable de possibilités quant à l’évolution future de la population canadienne, reflétant l’incertitude inhérente à tout exercice de projection. Le lecteur intéressé plus particulièrement à la composante démographique des présentes analyses est invité à se référer à l’annexe 1 de cet article.

Deux hypothèses concernant les taux d’activité selon l’âge ont été formulées.  La première suppose des taux d’activité constants à leur niveau observé en 2005 dans l’avenir.  La seconde suppose la poursuite des tendances haussières observées au cours des dix dernières années au moyen des données de l’Enquête sur la population active.  Le lecteur trouvera davantage de détails sur ces hypothèses à l’annexe 2.

La combinaison de trois hypothèses de croissance démographique et de deux pour les taux d’activité permettait de formuler six scénarios d’évolution future de la population active. Quatre ont été retenus.  Le scénario 1, dit de « croissance faible », conjugue une croissance démographique faible et le maintien des taux d’activité à leurs niveaux observés en 2005 dans l’avenir.  Le scénario 2 suppose lui aussi le maintien des taux d’activité récemment observés au Canada, mais les combine à une croissance moyenne de la population plutôt que faible.  En comparant les scénarios 1 et 2, il est possible d’isoler l’effet qu’aurait un ralentissement de la croissance démographique sur la population active, l’évolution future des taux d’activité étant la même dans les deux cas.

Le scénario 3 marie, à la croissance moyenne de la population, la poursuite des tendances haussières des taux d’activité telle qu’observée depuis une dizaine d’années chez les hommes surtout après 50 ans et chez les femmes à presque tous les âges.  La comparaison des scénarios 2 et 3 permet de dégager l’effet d’une hausse de l’activité sur l’évolution future de la population active, la croissance démographique étant la même dans les deux cas. 

Enfin, le scénario dit de « croissance forte » suppose à la fois une croissance démographique forte et la poursuite des tendances haussières des taux d’activité.  En le comparant au scénario 3, il est possible de mesurer l’effet que pourrait avoir une hausse de la fécondité et de l’immigration sur la population active.  Les scénarios de croissance faible et forte permettent également de limiter la fourchette de projection l’incertitude inhérente tout exercice de projection. 

Résultats : Croissance des effectifs de la population active dans trois scénarios sur quatre…

La Figure 1 présente les effectifs observés (1981‑2005) et projetés (2006-2031) de la population active du Canada.  Dans trois des quatre scénarios, la croissance des effectifs de cette population devrait se poursuivre de manière ininterrompue jusqu’en 2031.  Selon le scénario 2, lequel prolonge la tendance récente, la population active compterait 19,4 millions de personnes en 2031, soit une hausse de 9,0% par rapport aux 17,8 millions de personnes qu’elle comptait en 2005.  Si les taux d’activité continuaient d’augmenter (scé­nario 3), les effectifs de la population active atteindraient 20,5 millions de personnes en 2031, soit 1,1 millions de plus que dans le scénario 2.  Il s’agirait, dans le cas du scénario 3, d’une augmentation de 15,9% entre 2005 et 2031.  Si on combinait à ces taux d’activité une plus forte croissance de la population (scénario 4), la population active compterait 21,8 millions de personnes en 2031, une croissance de 22,9% par rapport à son niveau de 2005. 

Figure 1

Seul le scénario 1 de faible croissance n’entraîne pas de hausse continue d’ici 2031.  Selon ce scénario, les effectifs de la population active atteindraient un sommet de 18,6 millions de personnes en 2017 puis déclineraient légèrement par la suite pour atteindre 18,1 millions en 2031.  Il est cependant intéressant de remarquer que ce nombre demeurerait supérieur à celui observé en 2005 (17,8 millions).

Avec un taux d’accroissement annuel moyen variant entre 0,1 % (scénario 1) et 0,8 % (scénario 4) entre 2005 et 2031, la croissance de la population active serait cependant inférieure au cours de la période de projection à celle observée de 1980 à 2005 (1,5 %).  Il s’agit d’une conséquence de l’arrivée à l’âge de la retraite des boomers.  Par exemple, entre 2011 et 2015, les taux de croissance annuels de la population active chuteront d’au moins 50% dans tous les scénarios.

… mais une baisse inéluctable du taux global d’activité de la population canadienne

Le taux global d’activité, c’est-à-dire ce que représente la population active en proportion de la population canadienne âgée de 15 ans et plus (Figure 2), permet de mieux cerner l’ampleur des changements à venir.  Le taux global d’activité connaîtrait une importante baisse d’ici 2031 selon tous les scénarios de projection.  D’environ 67% en 2005, le taux d’activité passerait à environ 58% en 2031 dans l’hypothèse du maintien des taux d’activité à leur niveau récemment observés (scénarios 1 et 2). La baisse serait moins prononcée pour atteindre un niveau de 62% en 2031 si les taux d’activité continuaient d’augmenter comme c’est le cas depuis une dizaine d’années (scénarios 3 et 4). 

Il est également intéressant de remarquer que selon les scénarios 1 et 2, le taux global d’activité passerait sous le plus bas niveau observé depuis 1981 (64% en 1982) dès 2015.  Cette échéance serait repoussée à environ 2025 dans le cas des scénarios 3 et 4, soit une décennie plus tard.

Cette baisse inéluctable du taux global d’activité résulte d’abord d’un phénomène d’ordre démographique, le vieillissement de la population.  Ce phénomène, qui découle de la faible fécondité depuis trois décennies et de l’allongement constant de l’espérance de vie, sera exacerbé dans les prochaines années par l’arrivée à 65 de la génération des boomers.  Il est à prévoir que les départs à la retraite, notamment des boomers, seront nombreux et surpasseront le nombre de personnes entrant sur le marché du travail et ce, même si les taux d’activité devaient poursuivre leur tendance à la hausse.

L’effet qu’aurait la poursuite de la hausse des taux d’activité n’est cependant pas négligeable pour l’avenir de la population active.  Le contraste des scénarios 2 et 3, qui ne sont différents que par les hypothèses portant sur les taux d’activité, montre que si la baisse du taux global d’activité est inéluctable, cette baisse pourrait non seulement être atténuée, mais aussi retardée, si les taux d’activité continuaient de croître dans les années à venir.  Selon le scénario 3 en effet, la baisse ne débuterait qu’en 2012 après avoir égalé un niveau historique à près de 68% ; deux Canadiens sur trois âgés de 15 ans et plus seraient alors sur le marché du travail à ce moment.  Par la suite, le taux global d’activité demeurerait supérieur d’environ 4 points de pourcentage sur toute la période de projection à celui observé dans le scénario 2 et atteindrait un niveau proche de 62% en 2031. 

Figure 2

On pourra enfin remarquer que l’évolution future du taux global d’activité n’est que marginalement affectée par les différents scénarios de croissance démographique, peu de différences étant observées entre les scénarios 1 et 2, ainsi qu’entre les scénarios 3 et 4 qui ont des hypothèses communes quant aux taux d’activité selon l’âge mais différentes au niveau de la croissance démographique.  Une reprise de la fécondité ou une augmentation des niveaux d’immigration au Canada n’auraient qu’un effet très mineur sur le taux global d’activité dans l’avenir et ne saurait enrayer la tendance à la baisse.  La démographie est donc la cause des évolutions à venir ; elle n’est pas la solution, du moins à court et moyen termes.

Sensiblement moins d’actifs pour chaque retraité dans 25 ans

Le nombre d’actifs pour chaque personne retraitée est un indicateur utile notamment lorsqu’il s’agit de considérer la pression qui s’exerce sur les programmes sociaux publics de retraite et de santé financés au moyen de régimes dits par répartition.  Dans tous les scénarios, le nombre de travailleurs pour chaque personne inactive de 65 ans et plus chuterait de moitié entre 2005 à 2031, passant d’environ cinq aujourd’hui à peine plus de deux en 2031 (Figure 3).  En 1981, ce rapport était supérieur à cinq travailleurs pour une personne âgée inactive. Ces résultats suggèrent également que ni une hausse de la fécondité, ni une hausse de l’immigration, ni même la poursuite de la hausse des taux d’activité ne permettraient de renverser la tendance à la baisse.  Encore une fois, le passage de la vie active à la retraite des générations nombreuses du baby-boom et l’arrivée d’effectifs proportionnellement moins importants de jeunes expliquent en grande partie ce phénomène.

Figure 3

Une personne active sur cinq sera âgée de 55 ans ou plus d’ici 15 ans

Outre la diminution inéluctable du taux global d’activité de la population canadienne, un autre défi se présente : le vieillissement de la population active.  On peut mesurer ce phénomène en calculant le pourcentage que représentent les actifs âgés et donc proches de la retraite (55 ans et plus) au sein de la population active.  Cet indicateur prévoit que la proportion de la population active qui sera âgée de 55 ans et plus atteindrait entre 18% et 20% en 2021, soit environ le double de ce qui pouvait être observé au milieu des années 1990 (Figure 4).  Autrement dit, environ un actif sur cinq en 2021 sera âgé de 55 ans ou plus comparativement à environ un sur sept en 2005. 

Figure 4

Le vieillissement de la population active serait un peu plus marqué selon les scénarios 3 et 4 qui poursuivent les tendances à la hausse des taux d’activité par âge, particulièrement après 50 ans.  Cela s’explique du fait que ces scénarios maintiendraient plus longtemps en activité les travailleurs âgés.

Baisse du taux global d’activité dans toutes les provinces, mais à des intensités différentes

Bien que la baisse du taux global d’activité ainsi que le vieillissement de la population active s’observeraient dans toutes les provinces canadiennes, leur intensité varierait d’une province à l’autre sous l’effet d’une évolution différentielle de la croissance démographique et des taux d’activité.  Pour cette raison, les résultats à l’échelle nationale ne peuvent être généralisés à toutes les provinces.  Le Tableau 2, qui présente l’effectif de la population active ainsi que le taux global d’activité en 2005 et 2031 pour chacune des provinces, permet de cerner l’ampleur des différences à l’échelle provinciale.

Tableau 2 Effectif de la population active et taux globaux d'activité par province en 2005 et 2031 selon quatre scénarios

  2005 2031
Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4
nombre taux (%) nombre taux (%) nombre taux (%) nombre taux (%) nombre taux (%)
Terre-Neuve-et-Labrador 253 588 58,3 197 490 45,5 202 950 45,5 231 337 51,9 237 854 51,9
Île-du-Prince-Édouard 77 317 68,0 72 536 58,3 75 277 58,4 77 375 60,0 79 865 60,0
Nouvelle-Écosse 498 708 63,5 429 846 51,9 444 622 52,0 479 052 56,0 495 356 56,1
Nouveau-Brunswick 398 377 63,2 332 779 50,8 341 761 50,8 370 140 55,0 380 139 55,1
Québec 4 113 870 64,9 3 780 978 54,8 4 003 627 55,2 4 296 437 59,3 4 521 002 59,7
Ontario 6 940 741 67,6 7 593 221 59,2 8 198 994 59,8 8 706 668 63,5 9 368 109 64,0
Manitoba 647 125 68,4 646 833 60,7 688 621 61,2 721 117 64,1 763 812 64,5
Saskatchewan 540 720 67,6 472 596 59,7 487 947 59,7 503 389 61,6 520 080 61,7
Alberta 1 903 474 72,3 2 089 591 62,7 2 191 391 62,9 2 312 555 66,4 2 425 072 66,6
Colombie-Britannique 2 322 868 65,3 2 504 170 56,3 2 697 122 56,8 2 759 626 58,1 2 953 692 58,6
Canada 17 755 138 66,8 18 143 688 57,6 19 356 354 58,1 20 526 803 61,6 21 819 310 62,0
Note: Les trois territoires ont été exclus de l’analyse.

Seules trois provinces – l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique – verraient les effectifs de leur population active plus élevés en 2031 qu’en 2005 et ce, selon tous les scénarios élaborés.  Ces provinces sont aussi les seules à l’heure actuelle à connaître une croissance démographique proche ou supérieure à la moyenne canadienne ou proche de celle-ci.  À l’opposé, trois des provinces atlantiques (Terre-Neuve-et-Labrabor, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick) ainsi que la Saskatchewan présenteraient, en 2031, une population active moins nombreuse qu’en 2005 selon tous les scénarios.  Cette population serait tantôt à la baisse, tantôt à la hausse selon les scénarios à l’Ile-du-Prince-Édouard, au Québec et au Manitoba.

Par contre, le taux global d’activité diminuerait entre 2005 et 2031 dans toutes les provinces et selon tous les scénarios.  C’est à Terre-Neuve-et-Labrador avec les scénarios 1 et 2 que ce taux atteindrait, en 2031, son plus bas niveau à environ 45%, suggérant que plus d’une personne âgée de 15 ans et plus sur deux serait alors inactive dans cette province.  À l’opposé, l’Alberta connaîtrait, en 2031, un taux global d’activité proche de celui observé au Canada en 2005 dans tous les scénarios. 

Conclusion 

Les projections de la population active réalisées pour cet article permettent d’anticiper quelques tendances pour le futur.  Le plus important est la baisse inéluctable du taux global d’activité au Canada et dans toutes les provinces, une tendance également observée dans d’autres pays industrialisés comme l’Allemagne3 ou les Etats-Unis4.  C’est une conséquence projetée de la faible fécondité et du vieillissement de la population canadienne, vieillissement qui sera exacerbé dans les années à venir par l’arrivée à l’âge de la retraite des boomers.  Une hausse de la fécondité ou de l’immigration n’aurait qu’un effet marginal sur l’évolution attendue du taux global d’activité, du moins à court ou à moyen termes.

Second constat, la poursuite de la hausse des taux d’activité par âge permettrait de retarder de quelques années la baisse du taux global d’activité.  Et cette évolution procurerait au Canada une possibilité d’exploiter une « fenêtre d’opportunité » pendant encore quelques années. Il pourrait profiter d’un taux global d’activité atteignant un niveau historiquement élevé pour préparer la société canadienne à la baisse de la population active et au vieillissement démographique. 

Troisième constat, le vieillissement rapide de la population active continuera au moins jusqu’au début des années 2020 d’avoir des effets sur le marché du travail, constituant pour les employeurs canadiens un défi important quant à la gestion et au renouvellement de leur main-d’oeuvre. L’augmentation du nombre de travailleurs âgés pourrait également avoir des effets sur la productivité du travail.

Quoi qu’il en soit, nul doute que la baisse attendue dans l’avenir de la population active aura de nombreuses implications sur l’économie et la société canadienne.  De nouveaux équilibres seront probablement à trouver afin d’assurer la pérennité des régimes de retraite et de santé actuels, la baisse de la population active ayant un effet non seulement sur le rapport de cotisants/prestataires mais aussi sur le volume des revenus fiscaux des gouver­nements.  Elle affectera également le potentiel de croissance de l’économie canadienne puisqu’il repose essentiellement sur deux facteurs : la part de la population au travail et la productivité.  Cet article montre que la croissance économique dans l’avenir reposera moins sur la démographie et davantage sur les gains en productivité, gains qui pourraient cependant venir atténuer les conséquences de l’évolution plus lente, voire de la baisse de la population active.  Les tendances de la population active devront faire l’objet d’une attention particulière si le Canada veut relever les défis d’une société vieillissante tout en assurant sa prospérité économique.

Annexe 1  Les scénarios démographiques 

Les trois scénarios de croissance démographique qui ont été retenus sont tirés des dernières Projections démographiques pour le Canada, les provinces et les territoires, 2005-2031, publiés par Statistique Canada en 20055.  Le tableau A.1 rappelle brièvement, pour le Canada seulement, les hypothèses de fécondité, de mortalité et d’immigration de ces scénarios.

Tableau A.1 Scénarios de croissance démographique retenus

  Fécondité (nombre d’enfants par femme) Mortalité (espérance de vie à la naissance) Immigration (taux) Population du Canada en 2031
1 - Scénario de croissance faible 1,3 enfants Hommes : 81,3 ans 5,5 pour mille† 36,3 millions
Femmes: 85,3 ans
3 - Scénario de croissance moyenne 1,5 enfants Hommes : 81,9 ans 7,0 pour mille† 39,0 millions
Femmes : 86,0 ans
6 - Scénario de croissance forte 1,7 enfants Hommes : 82,6 ans 8,5 pour mille† 41,8 millions
Femmes : 86,6 ans
†: Dans les scénarios de croissance faible, moyenne et forte, ces taux correspondent à 204 000, 280 000 et 364 000 immigrants reçus annuellement en 2031.
Source: Statistique Canada. Projections démographiques pour le Canada, les provinces et les territoires, 2005-2031, no 91-520 au catalogue.

Bien qu’ils engendrent des résultats différents quant à l’évolution de l’effectif de la population en âge de travailler au Canada, tous ces scénarios démographiques montrent que la proportion de la population totale que représente la population en âge de travailler diminuera au cours des vingt prochaines années, passant d’environ 70% aujourd’hui à environ 62% au tournant des années 2030 (Figure A.1).  Le bassin de travailleurs potentiels se réduira donc dès 2011 sous l’effet d’une hausse rapide du nombre de sortants de cette population, les premiers boomers atteignant, cette année-là, l’âge de 65 ans.  C’est que les boomers ne seront pas remplacés par des générations suffisamment nombreuses, héritage de trois décennies de faible fécondité au Canada.  Les différents niveaux d’immigration que supposent les scénarios retenus ne changent que peu les tendances à venir, illustrant bien qu’une hausse de  l’immigration ne saurait empêcher la baisse de la population en âge de travailler. 

Figure A.1

Toutes choses étant égales par ailleurs, notamment en ce qui a trait à l’activité, la baisse importante au cours des vingt prochaines années de la proportion de la population totale que représente la population en âge de travailler aura un effet à la baisse sur le taux global d’activité.

Tous les scénarios de projection conduisent égale­ment à la poursuite du vieillissement rapide de la population en âge de travailler, la proportion des individus âgés entre 55 et 64 ans passant de 16% en 2006 à 22% en 2021 (Figure A.2).  À partir de ce moment, au moins un actif potentiel sur cinq sera âgé entre 55 et 64 ans au Canada.

Figure A.2

Annexe 2  Les hypothèses concernant les taux d’activité

Deux hypothèses quant à l’évolution future des taux d’activité ont été élaborées dans le cadre des présentes projections de la population active.  La première hypothèse maintient constants sur toute la période de projection les taux d’activité par âge, par sexe et par province observés en 2005.  Cette hypothèse permet de projeter l’évolution future de la population active si la situation récente quant à l’activité persistera au cours des prochaines décennies.

La deuxième hypothèse poursuit quelques années encore les tendances à la hausse observées depuis 1996.  La projection des taux d’activité se fait séparément pour les hommes et pour les femmes.

Plus précisément, pour les hommes, les taux d’activité par groupes d’âge ont été projetés linéairement jusqu’en 2011 à partir des tendances observées au cours de la dernière décennie.  Cette période de référence (1996-2005) a été choisie afin de tenir compte des récentes hausses de l’activité des hommes âgés entre 15 et 24 ans ainsi que chez ceux de 50 ans et plus (Figure A.3).  Les taux d’activité atteints en 2011 sont par la suite maintenus constants sur le reste de la période de projection pour tenir compte du fait qu’ils ne peuvent raisonnablement pas dépasser un certain niveau.

Figure A.3

Chez les femmes, les taux d’activité sont, pour la plupart des groupes d’âge, en constante progression depuis les années 1970 (Figure A.4).  Récemment, l’activité des jeunes femmes âgées de moins de 30 ans est proche – voire supérieure entre 15 et 19 ans – à celle des hommes, suggérant que l’allure de la courbe de l’activité selon l’âge des femmes pourrait dans un avenir proche être similaire à celle des hommes, bien qu’à un niveau légèrement inférieur.  On remarque par ailleurs une augmentation de l’activité des femmes âgées de 50 ans et plus comme c’est aussi le cas chez les hommes.

Figure A.4

Afin de tenir compte de l’évolution différente des taux d’activité féminins depuis trois décennies ainsi que du fait qu’il est probable que l’activité des femmes sur le marché du travail ressemble de plus en plus à celle des hommes dans l’avenir, on a projeté des rapports, par groupe d’âge et par province, des taux d’activité féminin aux taux masculin.  L’évolution observée entre 1976 et 2005 de ces rapports a ensuite été extrapolée jusqu’en 2021.  La méthode d’extrapolation de ces ratios par âge et par province diffère parfois d’un groupe d’âge à l’autre pour que celle-ci s’ajuste le mieux possible aux tendances observées depuis trois décennies.  Les taux d’activité projetés des femmes pour la période 2006-2021 sont ensuite obtenus en multipliant ces rapports par les taux masculins précédemment projetés. À partir de 2021, les taux d’activité féminins obtenus sont  maintenus constants sur le reste de la période de projection.

Le tableau A.2 compare les taux d’activité projetés selon ces deux hypothèses à ceux projetés par l’Actuaire en chef du Canada dans son 21e Rapport actuariel modifiant le rapport actuariel du Régime de Pensions du Canada.  On constate que les taux d’activité de l’hypothèse « taux à la hausse » sont très proches, pour la plupart des groupes d’âge, à ceux projetés par l’Actuaire en chef du Canada.  L’activité projetée par ce dernier pour les groupes d’âge 15-19 et au-delà de 60 ans est légèrement inférieure, suggérant que l’hypothèse « taux à la hausse » formulée dans la présente étude est une projection un peu plus favorable de l’activité future au Canada.

Tableau A.2 Taux d'activité projetés en 2031 par groupes d'âge et sexe selon Statistique Canada et l'Actuaire en chef du Canada

  Hypothèse taux 2005 constants Hypothèse taux à la hausse Actuaire en chef
  Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes
15-19 ans 51,8 54,9 58,5 62,0 56,0 57,0
20-24 ans 79,8 76,1 82,1 78,3 83,0 79,0
25-29 ans 90,3 81,2 90,8 85,4 93,0 84,0
30-34 ans 93,1 81,5 94,2 87,0 94,0 85,0
35-39 ans 93,2 81,4 93,4 87,0 94,0 85,0
40-44 ans 92,6 83,1 93,3 88,6 94,0 86,0
45-49 ans 91,4 82,2 92,2 86,4 94,0 86,0
50-54 ans 88,0 77,1 89,8 84,2 91,0 80,0
55-59 ans 76,2 60,4 79,2 74,2 79,0 63,0
60-64 ans 53,9 35,0 60,4 47,7 56,0 36,0
65 ans et plus 12,1 5,0 13,1 5,6 n.d. n.d.
Source: Statistique Canada, Division de la démographie et Actuaire en chef du Canada, 21e Rapport actuariel modifiant le rapport actuariel du Régime de Pensions du Canada, p. 72.

Études spéciales récemment parues


Notes

* Division de la démographie (613-951-2352).
1 Sunter, D. “Démographie et marché du travail”, L’emploi et le revenu en perspective, no 75-001 au catalogue, Printemps 2001, pp.30-43.
2 Statistique Canada. Projections démographiques pour le Canada, les provinces et les territoires, 2005-2031, no 91-520 au catalogue.
3 Fuchs, Johann (2006). « Ageing Labor Force in Germany ».
4 Toossi, Mitra (2005). « Labor Force Projections to 2014: Retiring Boomers », Monthly Labor Review, Nov., Vol. 128, no 11, pp. 25-44.
5 L’effectif futur de la population en âge de travailler dépend en grande partie de l’évolution de la fécondité et de l’immigration. Selon le scénario de croissance moyenne des projections, les effectifs de la population en âge de travailler atteindraient environ 24 millions d’individus en 2011 puis fluctueraient peu par après, la sortie des boomers de cette population étant compensée par une immigration suffisamment soutenue, voisine du niveau moyen au cours des dernières années. Le scénario de croissance faible suggère en revanche que les effectifs de la population d’âge actif atteindraient un maximum de 23,7 millions d’individus en 2017, puis déclineraient ensuite sous l’effet d’une faible fécondité et immigration. Le scénario de croissance forte suggère enfin que les effectifs de la population d’âge actif croîtraient sans interruption sur toute la période de projection, atteignant 25,8 millions d’individus en 2031, conséquence de l’hypothèse d’un niveau d’immigration plus fort que celui qui est actuellement observé.



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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