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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Mai 2008

Étude spéciale

De dernier à premier : Terre-Neuve et la Saskatchewan profitent de l’essor des ressources

par Diana Wyman*

 

Ces dernières années, l’essor du secteur des ressources de l’Alberta et à un moindre degré de la Colombie-Britannique ont monopolisé l’attention dans l’économie du Canada. Bien que l’envolée ait continué, elle n’est plus confinée à ces deux provinces, car elle inclut maintenant la Saskatchewan et Terre-Neuve.

Qu’ont la Saskatchewan et Terre-Neuve en commun ? Leurs paysages évoquent peu d’images semblables, mais, au-delà de la géographie, les deux provinces sont sorties des vieux stéréotypes. Elles sont entrées dans une nouvelle ère de prospérité depuis que l’essor continu des produits de base commençant en 2002 a présenté une occasion unique de mettre à profit leurs ressources naturelles comme jamais auparavant.

De manière plus significative, la Saskatchewan et Terre-Neuve ont renversé leur tendance à long terme de population en déclin. Le mouvement des travailleurs de ces provinces vers l’économie de l’Alberta a énormément contribué à sa croissance, mais a également permis aux Saskatchewanais et aux Terre-Neuviens d’accumuler une certaine richesse et de retourner dans leur province d’origine avec un certain degré de sécurité ou d’expérience professionnelle. La récente remontée de leur économie les a motivés à revenir dans leur province d’origine, alors que la sortie migratoire y ralentissait. Par conséquent, dans les deux provinces, les sorties nettes ont fait place à des entrées nettes l’an dernier. Le revirement de la population était le plus prononcé en Saskatchewan, se déplaçant d’une diminution à une claire augmentation jusqu’en 2008, surpassée seulement par l’Alberta.

De plus, parmi toutes les provinces, Terre-Neuve et la Saskatchewan ont enregistré la croissance la plus rapide du PIB en 2007, grandement en raison de la croissance des exportations d’énergie, de minerais et de produits agricoles. Alors que les revenus ont monté et que la croissance démographique a repris, les consommateurs de Terre-Neuve et de la Saskatchewan se sont lancés dans une bringue d’achats, menant la croissance des ventes de détail, du logement et de l’automobile au pays. Les intentions d’investissement pour 2008 s’envolent, alors que les compagnies augmentent l’extraction et le raffinage pour profiter de la hausse des prix. Tout comme leurs homologues minéraux, les fermiers de la Saskatchewan maximisent leur capacité de plantation tout en remplaçant l’avoine et l’orge avec des récoltes plus lucratives comme le canola et le blé.1 Les employeurs en Saskatchewan et à Terre-Neuve partagent également les mêmes frustrations à commercer dans un marché du travail de plus en plus serré.

Cette étude explore les contributions des prix plus élevés des matières premières et de la migration interprovinciale à la relance dans ces provinces. Elle examine les récents changements dans la production, les marchés du travail, les exportations, le logement et les ventes au détail, dont les tendances se démarquent toutes de leur évolution passée.

Terre-Neuve et la Saskatchewan menaient la croissance économique provinciale en 2007

L’économie de Terre-Neuve menait la croissance2 du PIB nominal à 13,4 % en 2007, suivie par celle de la Saskatchewan à 11,4 % et en tête de celle de l’Alberta à 8,3 %. La croissance du PIB réel de 9,1 % à Terre-Neuve était la plus rapide parmi toutes les provinces et représentait plus que le triple de la moyenne nationale. La croissance en Saskatchewan était entraînée par une hausse du prix de ses exportations alors qu’une faible récolte sapait le volume du PIB.

En fait, Terre-Neuve a détrôné l’Alberta en tant que meneur dans la croissance de revenu du PIB de 2002 à 2007. Le PIB nominal a monté de 76 % à Terre-Neuve, comparé à 73 % en Alberta. La croissance de la Saskatchewan, tiers de rang, était un peu plus lente, soit de 49 % durant les cinq dernières années. Cependant, l’élan dans cette province con­tinue de s’accélérer grâce à une reprise de la demande pour les produits de base tels que la potasse, les céréales et l’uranium.

Figure 1

La croissance rapide à Terre-Neuve peut être résumée par son PIB par habitant. Il y a moins d’une décennie, il était à 10 000 $ au-dessous de la moyenne du Canada et aussi récemment qu’en 2005, il était encore au-dessous de la moyenne. Cependant, en 2007, il a bondi à 57 348 $, plus de 10 000 $ au-dessus de la moyenne du Canada de 46 441 $, marquant le plus important revirement en dix ans dans l’histoire canadienne.3 L’Alberta (74 825 $), Terre-Neuve et la Saskatchewan (51 327 $) étaient les seules trois provinces où le PIB par habitant était au-dessus de la moyenne.

La hausse des prix du pétrole mène la croissance

La hausse du prix du pétrole depuis 2002 a donné un coup d’envoi au revirement de ces provinces en raison de l’or noir de la Saskatchewan extrait à partir des puits conventionnels et celui de Terre-Neuve pompé à partir des plateformes pétrolières offshore. Après l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve sont les plus importants producteurs de pétrole au Canada.

En 2007, la Saskatchewan et Terre-Neuve se réclamaient pour presque un tiers de la production de pétrole brut au Canada,4 soit 17 % et 14 % respectivement.Tandis que la production globale de pétrole en Saskatchewan excède toujours celle au large des côtes de Terre-Neuve, la hausse de la production de Terre-Neuve ces dernières années a rétréci cet écart entre les deux provinces.

Figure 2

Le Canada a produit 150 mil­lions de mètres cubes de pétrole brut en 2007, ce qui constitue une augmentation de presque 40 millions de mètres cubes au cours des dix dernières années. L’expansion s’est produite en grande partie à Terre-Neuve et en Alberta, Terre-Neuve contribuant pour un peu plus de la moitié et l’Alberta, un peu moins. La production en Saskatchewan était stable, mais la récente découverte dans la formation du schiste bitumineux Bakken pourrait changer cette situation dans les années à venir.5

Depuis 1997, trois projets offshore ont vu le jour à Terre-Neuve – Hibernia, Terra Nova et White Rose. En août 2007, un accord entre la province et l’industrie a été conclu afin de mettre sur pied un quatrième projet à Hébron, qui devrait être en production d’ici 2015. Ces gisements de pétrole sont localisés à 350 kilomètres au sud-est de St-John dans le «Iceberg Alley», un nom attribué à ce secteur en raison des masses de glace qui flottent tous les ans en direction sud à partir des glaciers du Groenland.

Les prix plus élevés du pétrole menaient l’essor à Terre-Neuve et en Saskatchewan, soulevant les recettes d’exportation et les bénéfices d’exploitation bien au-delà de ceux que les niveaux de production justifiaient. Récemment vers la fin de 2007, les prix du pétrole ont grimpé au-dessus de 100 $ É.-U. par baril, après avoir plus que quadruplé depuis 2002. L’expansion de l’infrastructure et de la fabrication dans les économies émergentes telles que la Chine et l’Inde se traduisait en une augmentation de la demande énergétique globale qui a justifié l’élan de la hausse des prix. Pour la Chine seule, la quantité de pétrole brut importé a plus que doublé entre 2002 et 2007. Puisque les prix ont aussi augmenté, la dépense de la Chine en importation de pétrole brut a ballonné de 13 milliards de dollars É.-U. en 2002 à 80 milliards de dollars É.-U.en 2007.

Figure 3

Tandis que les économies émergentes propulsent les prix encore plus haut, les exportations de pétrole en provenance du Canada continuent à être destinées aux États-Unis, qui demeure le principal consommateur mondial de pétrole brut. Reliés par des milliers de kilomètres de pipelines ainsi que par les lignes de navigation maritime de Terre-Neuve, les exportateurs canadiens de pétrole ont tiré plus de 40 milliards de dollars de leurs ventes vers les États-Unis en 2007. Tandis que les volumes transportés depuis 2002 ont augmenté d’un peu plus de 25 %, les ventes ont plus que doublé pour atteindre 18 milliards de dollars.

Terre-Neuve a mené le gain d’une année à l’autre des revenus d’exportation de pétrole, affichant une augmen­tation de 35 % à 6,1 milliards de dollars É.-U. en 2007. Les revenus d’exportation pour Terre-Neuve ont plus que triplé depuis 2002, dépassant ceux de l’Alberta et de la Saskatchewan en raison de plus grands gains de production. Les exportations de pétrole brut de la Saskatchewan ont engrangé 6,7 milliards de dollars en 2007, en hausse de 9 % depuis 2006, et le double de 2002.

En plus de la montée des recettes provenant des exportations, des prix plus élevés signifiaient des recettes plus élevées tirées des expéditions vers le reste du Canada. Terre-Neuve expédie 40 % de son pétrole brut à des raffineries à travers le Canada, alors que la Saskatchewan en distribue le quart.6

Saskatchewan : Pas tout son pain dans le même panier

Alors que le pétrole brut figure comme principale exportation de la Saskatchewan, les récentes augmentations de la demande mondiale et du prix des céréales, de la potasse et de l’uranium suggèrent que l’élan économique de la province ne fait que commencer. Rebaptisé « Saskaboom », le phénomène récolte certainement de l’attention.

En 2007, la Saskatchewan a exporté pour 21 milliards de dollars de marchandises au reste du monde, une augmentation de 13 % par rapport à 2006. Ceci a placé la Saskatchewan derrière Terre-Neuve seulement en termes de croissance la plus rapide en matière d’exportations provinciales. De ces 21 milliards de dollars, 35 % a été constitué de pétrole brut, 30 % de produits agricoles, 15 % de potasse et 5 % d’uranium. Les 15 % restant étaient répartis parmi les métaux, les machines agricoles, et d’autres produits. La Saskatchewan a expédié 15 milliards de dollars additionnels en marchandise aux autres provinces.

Figure 4

Les recettes d’exportation de pétrole brut ont initié la montée subite des exportations de la province en 2003. Cependant, depuis 2005, les produits en provenance de la Saskatchewan autres qu’à base de pétrole, notamment les produits agricoles, la potasse et l’uranium, ont affiché des gains importants. Les produits agricoles, dominés par le blé, mais incluant également l’huile de canola et les lentilles, ont affiché une croissance stellaire en 2006 et 2007 à la suite de plusieurs années ternes.

La Saskatchewan a exporté entre 9 et 10 millions de tonnes de blé pendant chacune des deux dernières années, encaissant des revenus d’exportations de 2 milliards de dollars en 2006 et de 2,5 milliards de dollars en 2007 pendant que les prix augmentaient. Les exportations étaient en hausse vers les quatre coins du monde.

Outre le blé, les ventes de canola, de graines de lin, de petits pois et de lentilles de la Saskatchewan se sont également épanouies. En 2004, leurs ventes d’exportations se sont élevées à presque 1,5 milliard de dollars. Deux ans plus tard, leurs ventes avaient bondi à 2,6 milliards de dollars. L’envolée des prix des produits agricoles tôt en 2008 promet de grands gains cette année, si les conditions climatiques le permettent bien. En effet, on s’attend à ce que la surface laissée en jachère en 2008 en Saskatchewan soit la plus petite depuis 1920. Un facteur contribuant à la hausse de prix a été l’augmentation de la taille de la classe moyenne dans les économies émergentes telles que l’Inde et la Chine, laquelle consomme davantage de blé, de légumes, de légumineuses et de viande.7

Cette expansion de l’agriculture mondiale signifiait également une demande accrue de potasse, «l’or rose de la Saskatchewan», le composant potassium de l’engrais.8 Lorsque les terres sont moissonnées, le potassium dans le sol a besoin d’être renouvelé, ainsi augmentant la demande pour la potasse. La Saskatchewan, la Belarus et la Russie dominent l’offre mondiale de potasse, comptant pour plus d’un quart du total.

Figure 5

Alors que les 2,7 milliards de dollars versés aux entreprises de potasse de la Saskatchewan par l’intermédiaire des exportations en 2007 faisaient les manchettes, l’année 2008 semble être celle de la potasse. En avril 2008, un prix de 576 $ É.-U. par tonne de potasse a été négocié entre Canpotex, la société de marketing appartenant aux producteurs de potasse de la Saskatchewan, et l’acteur principal de la Chine, Sinofert.9 Ceci était plus que le triple du prix de 2007. De même, l’acheteur principal en Inde s’est récemment mis d’accord sur un prix de 625  $ É.-U. par tonne, deux fois et demie le prix de l’année précédente. La valeur des exportations vers la Chine et l’Inde n’est dépassée que par celle vers les États-Unis. Elle dépasse celles destinées vers le Brésil, en quatrième place.

L’année 2008 s’annonçant comme une année record, et les investissements dans les mines de potasse en Saskatchewan (ainsi qu’au Nouveau-Brunswick10) étant à la hausse, Potash Corp. de la Saskatchewan s’est attiré l’attention des investisseurs et s’est assuré la plus importante place sur la bourse de Toronto en termes de pondération. Tandis que certains pourraient s’étonner de trouver un producteur de potasse d’une province des Prairies dans cette position aussi prestigieuse, son caché repose sur le fait que «les céréales et l’engrais sont des produits essentiels, non pas des produits discrétionnaires.».11

La Saskatchewan est également un important fournisseur mondial d’uranium, fournissant approximativement 30 % de la demande mondiale. L’oxyde d’uranium fraisé de Saskatchewan est raffiné et puis utilisé par les réacteurs nucléaires pour produire de l’électricité. Puisque les prix des combustibles fossiles ont monté en flèche, les prix de l’uranium ont réagi de la même manière. Après s’être positionnés au-dessous de 40 $ É.-U. en 2006, les prix ont monté à 72 $ É.-U. la livre en 200712, et avoisinnent les 70 $ É.-U. en 2008. En 2007, les exportations de la Saskatchewan ont rapporté 1,4 milliard de dollars, plus que le triple de leur valeur en 2005 et dix fois leur valeur en 2004. Ceci a fait de l’uranium l’exportation dont la croissance a été la plus rapide en Saskatchewan, dépassant même celle du pétrole brut.

Alors que la montée des produits de base au Canada est souvent décrite comme un jeu à somme nulle dans lequel les producteurs de produits de base gagnent et les fabricants perdent, la réalité est que beaucoup d’industries prospèrent, un rappel de ne pas peindre un si grand et divers secteur du même pinceau. La potasse, l’huile de canola et la fabrication de machines agricoles en Saskatchewan, ainsi que les raffineries à Terre-Neuve sont des exemples stellaires de cas de réussite dans le secteur de la fabrication. Par exemple, en Saskatchewan, les ventes de machines agricoles ont totalisé 635 millions de dollars en 2007, une augmentation de 30 % par rapport à 2006.

Terre-Neuve : extraction de roche, extraction de mer

Les exportations de Terre-Neuve ont monté en flèche de 20 % en 2007, la croissance la plus rapide parmi toutes les provinces. Les exportations étaient à un peu moins de 2 milliards de dollars au début des années 1990, à la suite du moratoire de la morue. En 2002, la production de pétrole brut et raffiné et une pêcherie en reprise ont soulevé les exportations à presque 6 mil­liards de dollars. Au cours des cinq années suivantes, les exportations ont doublé pour atteindre 12 milliards de dollars, pendant qu’une conjugaison de produits de base énergétiques et non énergétiques de Terre-Neuve est entrée dans une ère de prix plus élevés.

Figure 6

De ces 12 milliards de dollars en recettes d’expor­tation internationales, juste un peu plus de la moitié provient du pétrole brut, alors que le pétrole raffiné est la deuxième plus grande exportation. En 2007, la hausse de la production et des prix élevait les exportations de pétrole raffiné à 2,5 milliards de dollars, soit le double du niveau en 2002. Les exportations de pétrole brut et raffiné atteignaient 8,5 milliards de dollars, ou plus de 70 % du total des exportations. Un montant additionnel de 8 milliards de dollars était livré aux autres provinces, surtout composé de pétrole brut (4,3 milliards de dollars) et de minerais métalliques (2,9 milliards de dollars).

Figure 7

En plus d’extraire le pétrole à partir de plateformes pétrolières offshore, «the Rock » a bien mérité son nom et a extrait du fer, du nickel et du minerai de cuivre, qui figurent tous dans les principales exportations de Terre-Neuve. Les minerais de métal comptaient pour 1,7 milliard de dollars en exportations à l’étranger en 2007, soit 1 milliard de dollar pour le minerai de fer, et le reste pour les minerais de nickel et de cuivre. Le minerai de fer est extrait dans l’ouest du Labrador. Les principales destinations pour ces boulettes sont la Chine, l’Allemagne, le Japon et les États‑Unis. La Chine a particulièrement émergé en tant que principal consommateur de minerai de fer, alors que les sidérurgistes de ce pays alimentent une demande insatiable pour la construction d’infrastructures et la fabrication. Alors que les exportations de minerai de fer en provenance de Terre-Neuve n’ont pas affiché une augmentation d’une année à l’autre durant les deux premiers mois de 2008, plusieurs négociations ont résulté en des contrats qui établissent une augmentation de 70 % des prix pour les expéditions en 2008, ce qui aura pour conséquence une pression à la hausse sur les prix mondiaux.13 Répondant à cette demande accrue, les investisseurs prévoient augmenter la production de 30 % au cours d’une période de trois ans.14

Alors que les minerais de nickel et de cuivre de Terre-Neuve n’ont été produits et exportés que vers la fin de 2005, leur hausse en valeur est notable, les exportations à l’étranger de nickel étant évaluées à 340 millions de dollars en 2007, alors que les exportations de cuivre atteignent 325 millions de dollars pour l’année. D’ailleurs, la grande partie des minerais de nickel et de cuivre de Terre-Neuve est actuellement expédiée aux autres provinces pour la transformation avant d’être exportée à l’étranger.

La pêche, un employeur traditionnel à Terre-Neuve, a également contribué au récent boom, le crabe de neige, les crevettes et le poisson de fond allant chercher des prix plus élevés sur les marchés internationaux. Alors que les prix ont légèrement diminué depuis 2005, ils demeurent à des niveaux sans précédent. Les fruits de mer en provenance de cette province sont principalement destinés aux États-Unis, à la Chine et au Japon.

Ils ne font plus leurs adieux à la ville de l’Est (ou des Prairies)15

La migration des provinces atlantiques, notamment de Terre-Neuve, vers le centre et l’ouest du Canada a longtemps fait partie de leur histoire. Cependant, cette sortie migratoire s’est accélérée entre 2002 et 2007, alors que les particuliers et les familles se déracinaient et se dirigeaient vers l’Alberta. L’impact n’a pas été aussi large que celui des années ayant suivi le moratoire de la morue. L’exode a cependant été ressenti à travers Terre-Neuve, ayant comme conséquence le départ de plusieurs ouvriers spécialisés, laissant ainsi un vide dans leurs communautés rurales.

En plus de cette sortie migratoire, l’impact démogra­phique a été intensifié en raison du taux de natalité de Terre-Neuve chutant d’un des plus hauts au Canada dans les années 1980 au plus bas (à 1,3 enfant par femme en âge de procréer) au cours des dernières années. La population de Terre-Neuve a atteint son summum pendant les années 1980 avec 580 000 habitants. Depuis que le moratoire de morue a vu ses débuts en 1992, la population de Terre-Neuve a diminué de façon constante, touchant un creux de 506 000 habitants au milieu de 2007.

Toutefois, dans les deux derniers trimestres de 2007, le nombre de personnes s’installant à Terre-Neuve était le plus haut qu’il ne l’a été en 30 ans. Au même moment, la sortie migratoire a ralenti, ainsi diminuant la migration nette en 2007. Au début de 2008, la population a commencé à grimper en nombre pour la première fois en quinze ans.

Historiquement parlant, la Saskatchewan a également perdu des ouvriers au reste du Canada. Après avoir atteint une population de 1 million d’habitants dans les années 1980, elle a plané autour de cette marque jusqu’en 1996 avant d’afficher une solide diminution qui la ramenait à un creux de 988 000 habitants en 2006.

Depuis, la population de la Saskatchewan a rebondi. En 2007, les gens se sont massivement dirigés vers la province, davantage compensant pour la sortie migratoire et de nouveau poussant la population à 1 million d’habitants. La population de la Saskatchewan s’est accrue de 0,8 % l’année dernière, sa première augmentation en plus de dix ans. De plus, la croissance de la population de personnes âgées de 15 ans et plus durant les quatre premiers mois de 2008 en Saskatchewan a été de 2,0 %, un taux dépassé seulement par celui de 2,2 % en Alberta d’une année à l’autre.

La croissance de la population de Terre-Neuve a été concentrée parmi ceux âgés de 45 ans et plus, suggérant un retour à leur province d’origine, alors que la Saskatchewan affiche plutôt un mélange d’anciens et de nouveaux visages. Les gains dans cette dernière province se sont concentrés dans les catégories d’âge de 20 à 40 ans (démontrant que les jeunes choisissent la Saskatchewan comme endroit pour commencer leurs carrières et fonder leurs familles) et de 50 à 65 ans. Dans le passé, on aurait pu affirmer que ces derniers individus revenaient pour prendre leur retraite. Cependant, alors que plusieurs remettent à plus tard l’âge de retraite16, particulièrement lorsqu’il s’agit d’un marché du travail aussi lucratif, il se pourrait très bien que ces individus « battent le fer pendant qu’il est encore chaud ».

Figure 8

Avec la population et l’argent vient la bringue d’achats

Les individus se déplaçant vers Terre-Neuve et la Saskatchewan ont acquis des compétences ainsi qu’une santé financière leur permettant une meilleure mobilité. Déménageant dans les centres urbains tels que St-John, Regina et Saskatoon, ils accèdent également à un marché du travail différent de celui des quelques années passées. Le taux de chômage dans ces villes est à son plus bas jamais observé, et la Saskatchewan ainsi que Terre-Neuve signalent maintenant des pénuries de main-d’oeuvre. En effet, les deux provinces ont affiché des gains de revenus moyens de 11 % par an au cours de la dernière décennie, un taux qui n’est dépassé seulement que par l’Alberta.17 Ces augmentations de revenus ont été des plus prononcées depuis 2004.

En plus de la croissance des gains, Terre-Neuve et la Saskatchewan ont affiché un afflux de revenus des ouvriers travaillant en Alberta qui ‘’font la navette’’ entre ces provinces. Ces individus travaillent selon un horaire de trois semaines en Alberta suivies de huit jours de congé dans leur province d’appartenance, où ils dépensent la grande partie de leurs revenus. Dans de telles situations, l’employé demeure dans un camp dans lequel la nourriture et l’hébergement sont fournis, ainsi minimisant leurs occasions de consommer.18 Alors qu’il est difficile d’estimer le nombre de ceux qui optent pour cette sorte d’arrangement de travail, le gouvernement de Terre-Neuve suggère que leur nombre pourrait figurer dans les 10 000 personnes, avec des centaines de millions de dollars coulant vers les communautés de cette province.19

L’afflux de dollars dans l’économie de Terre-Neuve devient apparent lorsqu’on compare les gains du revenu du travail de la province, en hausse de 6  % en 2007, aux ventes de détail, qui ont augmenté de 9,5 % (notamment les ventes d’automobiles, en hausse de 17 %). La Saskatchewan, où la permutation frontalière avec l’Alberta est beaucoup plus facile, a également affiché une augmentation beaucoup plus grande dans les ventes au détail que dans le revenu en 2007; le revenu du travail a augmenté de 8 %, tandis que les ventes au détail ont surpassé autant celles de Terre-Neuve que celles de l’Alberta, s’élevant de presque 13 %.

Cet accroissement dans le revenu a également causé une frénésie dans l’industrie du logement à Terre-Neuve et en Saskatchewan. En 2007, les mises en chantier étaient en hausse de 19 % à Terre-Neuve et de 62 % en Saskatchewan, et les ventes de maisons existantes ont atteint leur plus haut niveau jamais enregistré en Saskatchewan et leur deuxième plus haut niveau à Terre-Neuve lors du premier trimestre de 2008.20 Les prix des nouveaux logements à Saskatoon et à Regina ont grimpé considérablement, affichant la croissance la plus rapide parmi toutes les zones métropolitaines au Canada, avec des prix en février 2008 à Saskatoon presque 60 % plus élevés et à Regina presque 30 % plus élevés que ce qu’ils étaient l’année dernière. Cette débauche d’achats divers peut être expliquée par les gains en population conjugués à des revenus en hausse, alors qu’après un certain temps passé en Alberta, le choc des prix dans le logement et les services s’est estompé.

Conclusion

Terre-Neuve et la Saskatchewan occupent une position enviable, se réclamant chacune sur leurs sols de deux des trois produits dont le prix a monté en flèche depuis 2002 : le pétrole, les métaux et les produits agricoles. Après avoir constamment traîné derrière la moyenne canadienne pour la croissance du PIB durant les années 1980 et les années 1990, Terre-Neuve et la Saskatchewan ont considérablement pris de l’avance, surpassant même l’Alberta en 2007.

Cette croissance a amené avec elle davantage de possibilités d’emploi. Grâce à un coût de vie grandement inférieur à celui de l’Alberta, Terre-Neuve et la Saskatchewan sont devenues attrayantes aux ouvriers et à leurs familles. Par conséquent, ces deux provinces ont réussi à renverser leur tendance à long terme d’une population en déclin. La population de Terre-Neuve a légèrement augmenté en nombre à la fin de 2007 et continue de faire ainsi au début de 2008, alors que la population de la Saskatchewan augmente à un taux comparable à celui de l’Alberta.

Des prix, des revenus et des bénéfices plus élevés tout comme l’écoulement d’argent en provenance de l’Alberta ont donné un nouveau souffle à Terre-Neuve et à la Saskatchewan, permettant à l’essor du secteur des ressources de faire écho dans l’ensemble de l’économie réelle. Ces économies sont passées d’un état stagnant à une reprise stellaire, et pendant que les anciens résidants et les nouveaux visages commencent à affluer en masse, une période de renouvellement se déclenche dans les deux provinces.

Études spéciales récemment parues


Notes

* Analyse de conjoncture, 613-951-4181.
1

Waldie, Paul. « A prairie crop that’s too popular », Globe and Mail, April 22nd, 2008.

2

Alors que le PIB réel est souvent utilisé pour mesurer la croissance économique, le but de cet article est de décrire la croissance qui a été en partie alimentée par les prix montants des ressources du Canada et par les gains des termes de l’échange qui en ont résulté. Le revenu intérieur brut ou le RIB de Terre-Neuve (ou le PIB ajusté selon les termes de l’échange) a affiché une croissance trois fois plus rapide que celle du PIB réel au cours des cinq dernières années, tandis que les gains du RIB de la Saskatchewan représentent plus que le double de ce dernier. Donc, il serait plus approprié d’utiliser le PIB aux prix du marché dans cet article, qui rejoignent de plus près les gains du RIB.

3

Le revirement de la Saskatchewan, de 2 600 $ au-dessous de la moyenne du Canada de 33 000 $ en 2001, à 5 000 $ au-dessus en 2007 était le deuxième plus grand dans l’histoire canadienne. L’augmentation du PIB par habitant de l’Alberta de 20 000 $ entre 1997 et 2007 a presque égalé la hausse de Terre-Neuve. Cependant, comme l’Alberta a commencé au-dessus de la moyenne du Canada, ses gains ne peuvent pas être qualifiés en tant que revirement.

4

L’Alberta est le principal acteur, se réclamant pour deux tiers de la production totale du pétrole brut du Canada. La Colombie-Britannique, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest, et l’Ontario complètent le reste de la production brute canadienne, se réclamant de manière conjuguée un 2,6 %, en baisse par rapport à 2,8 % en 2005.

5

Johnstone, Bruce. « Oil survey brings good news for Saskatchewan », Regina Leader-Post. April 16th, 2008.

6

La Saskatchewan, comme Terre-Neuve, produit du pétrole raffiné. Par contre, alors que Terre-Neuve exporte la quasi-totalité de son produit raffiné, la grande partie du produit raffiné de la Saskatchewan demeure dans la province ou est redistribuée à d’autres provinces de l’Ouest.

7

Dans l’article de John Greenwood intitulé « Food Boom : Canada’s Growing Wealth », et publié dans le Financial Post le 18 février 2008, on remarque que la croissance de l’industrie du biocarburant ainsi que les sécheresses en Ukraine et en Australie auraient pu également influencer les prix des céréales.

8

Nickel, Rod. « Potash Pink Gold : Countries like Brazil demand potash and Saskatchewan supplies it », Canada.com, April 14th, 2008.

9

Partridge, John. « Potash prices on the rise, fertilizer stocks hit new highs », Globe and Mail, April 16th, 2008.

10

Se référer à l’article de R. Nickel intitulé « Potash Pink Gold » pour une description plus détaillée de ces investissements.

11

Tel que cité par Terry Ortslan dans l’article de Peter Koven « New Big Three Powering TSX to 2008 High », du Financial Post, le 17 avril 2008.

12

« Fuel for thought », CBC News, January 22nd, 2007.

13

Newswire, « Vale settles 2008 Benchmark Iron Ore fines prices with China Steel Corporation », le 15 février 2008. Cette hausse dans les prix en 2008 est aussi relevée dans l’article « China says steelmakers’ ore deals needs guidance » de Theresa Tang et Helen Yuan (Bloomberg), le 17 avril 2008.

14

La Presse canadienne, « Iron Ore Co. Of Canada to spend $500 million to expand operations in Labrador », le 11 mars 2008.

15

En référence aux paroles « So I bid farewell to the Eastern Town I never more will see » de la chanson The Idiot de Stan Roger.

16

Selon le recensement de 2006, un peu plus de 2 mil­lions de personnes âgées de 55 et 64 ans étaient occupées à un emploi en 2006, soit 43 % de plus qu’en 2001. Dans l’ensemble, le taux d’activité pour ce groupe a augmenté de 54 % à 60 %. « L’évolution de la population active au Canada, Recensement de 2006 », une publication de Statistique Canada, le 11 mars 2008.

17

Les revenus moyens annuels en Alberta ont augmenté de 15 % au cours de cette période, a rapporté René Morissette dans son article « Les gains au cours de la dernière décennie », L’emploi et le revenu en perspective, février 2008, vol. 9, no 2.

18

CBC News, « Long commute, huge rewards: Alberta oil patch changing N.L. labour force », October 29th, 2007.

19

Ibid.

20

« Le marché MLS de l’habitation a repris l’équilibre au premier trimestre », l’Association canadienne de l’immeuble, le 17 avril 2008.



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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