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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Mai 2006

Étude spéciale

L’essor économique de la côte Ouest

par P. White, M. Michalowski et P. Cross*

Introduction

En ces premières années du nouveau millénaire, les Canadiens en sont venus à constater que, dans l’économie du pays, le centre de gravité s’est déplacé vers l’ouest. Forte de ses richesses naturelles, l’Alberta a joué le premier rôle dans cette évolution. Moins courante est la constatation que la Colombie-Britannique, qui est « l’ouest de l’Ouest », a connu un essor économique du même ordre dans le nouveau siècle. En fait, elle est la seule province à avoir maintenu un rythme proche de celui de l’Alberta en ce qui a trait à la production réelle et à la croissance de l’emploi au cours des trois dernières années1.

Notre propos sera de considérer certaines des raisons pour lesquelles l’économie de la Colombie-Britannique a repris de la vigueur depuis quelque temps après la période de marasme qu’elle avait connue dans les années 1990. Nous verrons aussi comment le boom actuel de la Colombie-Britannique diffère de l’essor albertain et comment on peut apprendre de l’expérience de l’Alberta.

Le raffermissement de l’économie de la Colombie-Britannique depuis 2001 a déjà ramené son taux de chômage à un creux inégalé, et on s’attend à ce que l’emploi continue à y croître en raison de la montée en flèche des prix des métaux et à l’approche des Olympiques de 2010. La contrainte occasionnée par ces pénuries ne peut être combattue que par trois moyens : la croissance démographique, la progression de l’activité sur le marché du travail et l’amélioration de la productivité du travail. Nous passerons ces trois aspects en revue en voyant les perspectives qu’ils offrent.

La décennie à oublier des années 1990

Après avoir été le chef de file de la croissance économique au pays de 1984 à 1990, la Colombie-Britannique s’est laissé distancer dans les années 1990, ce dont témoigne une progression du PIB réel de 2,9 % seulement par année de 1990 à 2001, ce qui représente plus d’un point de perte par rapport à la période précédente. Cette province a continué à créer des emplois dans les années 1990, mais il faut préciser que beaucoup étaient des emplois à temps partiel.

Figure 1

La figure 2 fait clairement ressortir les répercussions du ralentissement en Colombie-Britannique. Le PIB réel provincial par habitant est tombé de 8 % au-dessus de la moyenne du reste du pays en 1992 à 8 % au-dessous en 2001, après quoi devait s’amorcer un mouvement de reprise.

Figure 2

Le gros de la faiblesse constatée dans les années 1990 s’explique par la faiblesse prolongée de la demande de logements. La construction résidentielle a fléchi de près de 25 % pendant les années 1990. Les mises en chantier d’habitations ont chuté de 38 000 unités à 17 000 unités et la proportion du total national qu’elles représentaient a rétréci, passant de 25 % en 1990 à 9,5 % en 2000. L’affaissement du marché de l’habitation tient en partie à un net ralentissement de la croissance démographique après 1995, ainsi qu’à la correction d’un marché où les prix crevaient tous les plafonds. Les prix de la construction résidentielle se sont contractés de 10 % de 1994 à 2000.

Il faut aussi dire que les investissements des entreprises n’ont guère bougé dans les années qui ont suivi la crise asiatique de 1997, ayant gagné moins de 1 milliard de dollars (moins de 10 %) en 2002. Le peu de fermeté de ces investissements est le reflet de la faiblesse des ressources provinciales autres que l’énergie, notamment des ressources forestières et minières. La mise en valeur des gisements gaziers du nord-est de la Colombie-Britannique a aidé à compenser ces pertes.

Figure 3

Ce ne sont pas tous les secteurs de la demande qui ont ralenti dans les années 1990. Les dépenses de consommation ont connu une progression stable, ayant enregistré un taux annuel d’environ 3 % en volume. Dans le cas des revenus tirés des exportations, la croissance annuelle moyenne s’est établie à 12 % et à été attribuable à peu près également aux prix et aux volumes plus élevés. Là encore, le phénomène s’explique en majeure partie par les exportations de gaz qui ont décuplé dans les années 1990 pour atteindre 2,6 milliards de dollars.

Reprise de la croissance après 2001

La croissance en Colombie-Britannique a atteint un creux de 0,6 % en 2001. Depuis 2001, le PIB réel s’est élevé en moyenne de 3,4 % dans cette province. Avec cette reprise récente, la Colombie-Britannique dépasse à nouveau la moyenne nationale.

L’habitation a d’abord mené ce mouvement de relance, ayant connu un rythme de croissance de 10 % et plus chaque année pour une progression totale de près de 80 % depuis 2000. Il s’agit du meilleur résultat au Canada; c’est plus que la moyenne nationale dans un contexte de faiblesse des taux d’intérêt. Sur le marché de l’habitation, les prix ont réagi à l’essor de la demande en recouvrant leurs pertes des années 1990. Dans l’ensemble de la construction résidentielle, les prix ont augmenté de 20 % depuis 2000 surtout grâce à un renchérissement de 18 % des maisons neuves. Les mises en chantier de logements ont ralenti en 2005 pour atteindre une croissance de 9 %, mais les investissements des entreprises ont pris le relais de la croissance.

Les investissements se sont mis à monter en 2003 lorsque le commerce avec la Chine et les bénéfices des sociétés ont commencé à croître rapidement (les profits sont passés de 12,6 milliards de dollars à 20,1 milliards de dollars en seulement deux ans). Les dépenses d’investissement ont crû de 4 milliards depuis 2003 et, selon les prévisions, elles devraient être de 17,8 milliards cette année. L’exploitation minière, tant pétrolière que gazière, est venue en tête de cette montée initiale des investissements. Ceux-ci ont presque doublé, passant de 2,4 milliards de dollars à 4,0 milliards de dollars l’an dernier. Les sociétés minières prévoient que leurs investissements rétréciront à 3,5 milliards cette année, mais les transports et les services publics seront là pour compenser. Pour les transports seulement, une progression de 37 % est attendue en 2006 après un gain de 34 % l’an dernier, ce qui indique bien le besoin d’accroître les capacités pour pouvoir acheminer les marchandises et les personnes en provenance et à destination de l’Asie (cette année, le grand facteur de croissance a été l’agrandissement de l’aéroport de Vancouver).

Figure 4

Jusqu’à présent, la hausse de l’investissement ne peut guère être directement attribuée aux Olympiques, puisque, des projets qui y sont liés, il n’y a encore que celui de l’autoroute « Sea-to-Sky » qui ait débuté. Alors que la construction des patinoires et des pentes de ski débutera cette année, le gros des travaux est prévu pour 2007 et 2008, ce qui garantit que la fermeté de la demande d’investissement se maintiendra. Le tout coïncide avec de grands projets touchant l’infrastructure qui visent notamment à remédier à l’étranglement de la circulation routière dans la basse région continentale.

Soutenues par la demande d’investissement, les industries de biens d’équipement ont dominé au tableau de la croissance des livraisons manufacturières ces deux dernières années. Après avoir progressé d’environ 5 % par an de 1999 à 2003, les livraisons de biens d’équipement ont fait un bond de 33 % de 2003 à 2005, conséquence de la montée soudaine de l’activité de construction sur la côte Ouest. Après l’Alberta, c’est la Colombie-Britannique qui a vu ces industries (celles des minéraux non métalliques, de la machinerie et des produits métalliques) croître le plus rapidement au Canada.

Figure 5

Ces trois branches d’activité détiennent des parts à peu près égales dans la croissance du tiers de la demande d’investissement depuis 2003. Certains sous-secteurs s’en sont mieux tirés que d’autres. L’industrie du béton préparé a vu son activité doubler en deux ans. Le sous-secteur de la machinerie agricole et minière et des engins de construction a dépassé le sous-secteur des machines de travail du bois comme part la plus importante de l’industrie de la machinerie. Il n’avait que la moitié de sa taille actuelle au début de la décennie en cours.

Les exportations de la Colombie-Britannique sont en croissance lente depuis le début du siècle, mais leur composition a évolué notablement. Pendant le plus clair des années 1990, les produits forestiers ont laissé dans l’ombre tous les autres produits à l’exportation, mais depuis lors ils ont reculé pour n’être plus l’an dernier que d’une valeur de 13,8 milliards de dollars. C’est le cas tout particulièrement des pâtes et papiers (les exportations de bois d’œuvre se sont maintenues malgré les droits prélevés par les États-Unis sur le bois de résineux, en partie parce que l’infestation de dendroctone du pin oblige les sociétés forestières à continuer à récolter le bois mort).

Si les exportations forestières se sont affaiblies, les exportations d’autres marchandises ont crû de 47 % depuis 1999 pour ainsi atteindre 21,5 milliards de dollars. À partir de 2000, elles ont été plus vigoureuses que les exportations de produits forestiers. Les exportations énergétiques ont prédominé à cet égard, ce qu’on doit avant tout aux livraisons vers les États-Unis des exploitants de nouveaux gisements de gaz naturel2. Plus récemment, les exportations de charbon vers la Chine ont beaucoup augmenté. De 2004 à 2005, les exportations totales de charbon ont doublé pour se situer à 3 milliards de dollars. Les produits industriels, surtout les métaux, ont profité de la montée des prix attribuable à la demande chinoise grandissante. Les exportations autres que celles des ressources de la Colombie-Britannique demeurent relativement modestes : les exportations d’automobiles sont négligeables et les exportations de machines et de matériel se sont révélées stables, représentant 10 % environ de toutes les exportations.

Figure 6

À cette variation de la composition des marchandises de la province à l’exportation correspond une évolution de leur destination. Depuis 2001, la part des États-Unis a décru de 70 % à 64 %, alors que celle de l’Asie a fait un bond, passant de 20,5 % à 24 %. Ainsi, la Colombie-Britannique dépend moins du marché américain que le reste du pays (64 % contre 86 %). À l’inverse, elle est tournée vers l’Asie presque cinq fois plus que le reste du territoire, dont la part asiatique des exportations s’établit à 5 %. La contraction des exportations vers les États-Unis aurait été pire s’il n’y avait eu la hausse des exportations énergétiques. Les produits forestiers constituent toujours la première exportation en importance vers la Chine, mais les métaux et le charbon se sont récemment améliorés sur ce plan.

Figure 7

Les flux de voyages confèrent une fonction semblable à la Colombie-Britannique comme plaque tournante canadienne vers l’Asie. Moins de 80 % des voyageurs en Colombie-Britannique venaient des États-Unis comparativement à près de 95 % en Ontario. Le nombre de voyageurs en provenance d’outre-mer dans cette province, principalement de la Chine, a presque triplé depuis 1986. Le résultat est que seule la Colombie-Britannique a une entrée nette de ses flux de voyages. Aussi, chaque voyageur a dépensé davantage par visite en Colombie-Britannique.

Maintes autres exportations habituelles de cette province en dehors des produits forestiers se sont récemment trouvées en décroissance lente, dont les produits de la mer transformés (par suite de la chute des remontées de saumons ces dernières années). Comme dans le reste du pays, les livraisons de produits informatiques et électroniques sont en forte baisse depuis l’an 2000. La Colombie-Britannique a essuyé les pertes les plus cuisantes avec les ordinateurs et les semi-conducteurs.

Raffermissement du marché du travail

En 2004 et 2005, tous les secteurs de la demande ont progressé de conserve. Les dépenses de consommation ont affiché leur meilleur gain en 10 ans. Le marché de l’habitation a continué à croître à un taux de 10 % et plus. Les investissements des entreprises se sont accélérés et les exportations sont sorties d’une léthargie de trois ans, les revenus qu’elles ont générés ayant crû de 16 % en 2004 et 2005. Les larges bases de cette croissance aident à expliquer le soudain raffermissement du marché du travail ces deux dernières années.

L’emploi a repris après 2001 et surtout dans les deux dernières années. Le mouvement en dents de scie de cette croissance vient en majeure partie de l’extérieur de Vancouver, ville où l’emploi est en progression stable depuis 1990. Dans le reste de la province, il a cependant fléchi de 1996 à 2001 pour ensuite s’élever de 10,4 % et prendre la tête du renouveau qui s’est opéré en Colombie-Britannique.

Figure 8

Au tableau des gains d’emplois, ce sont la construction et les services immobiliers qui ont dominé, reflet d’un essor du marché de l’habitation qui devait faire monter les mises en chantier de 12 000 à 31 000 logements de 2000 à 2005. Les services aux entreprises et les services financiers ont affiché de bons résultats comme dans la plupart des régions du pays. Plus récemment, les échanges avec l’Asie qui se sont intensifiés ont porté en avant les transports et le commerce de gros. Les industries manufacturières et minières traditionnelles ont pris du retard (notamment celles du bois d’œuvre et des pâtes et papiers) et l’industrie forestière s’est trouvée en chute libre (même là, les pertes ont été moindres que dans d’autres provinces par nécessité de maintenir l’abattage en forêt par suite de l’infestation de dendroctone du pin, cas classique de l’avantage obtenu à court terme pour un inconvénient à long terme). En Alberta, à l’opposé, l’exploitation minière a été à l’origine de 25 % de la croissance de l’emploi.

La forte dépendance du mouvement de croissance à l’égard de la construction et de l’habitation importe pour diverses raisons. Elle aggrave les pénuries en mobilisant des compétences qui n’appartiennent qu’au petit nombre. Cette constatation vaut tout particulièrement pour les emplois en construction et dans les services immobiliers. Relativement peu d’immigrants sont présents dans ces activités, lesquelles forment le seul secteur de croissance récente de la main-d’œuvre.

Figure 9

Le redressement soudain de l’emploi, joint à une croissance paresseuse des effectifs démographiques et de la population active, a ramené le taux de chômage à un creux sans précédent. Cela se remarque d’emblée à l’extérieur de Vancouver où un taux de chômage qui était presque à deux chiffres en 2002 n’était plus que de 6 % l’an dernier, moins que les minima des premières années de la décennie 1990. À Vancouver même, il s’établissait à 5,7 % l’an dernier; il était proche de son minimum de l’an 2000, mais nettement inférieur à sa valeur de 8 % pendant le plus clair de la décennie 1990.

Le raffermissement du marché du travail s’est traduit par des pénuries de main-d’œuvre. Dans l’Enquête sur les perspectives du monde des affaires l’an dernier, 5 % des fabricants ont signalé que des pénuries de main-d’œuvre non spécialisée nuisaient à la production (13 % ont aussi mentionné des pénuries de main-d’œuvre qualifiée, mais c’est là un problème permanent qui a moins à voir avec le cycle économique). Par comparaison, 12 % des entrepreneurs albertains ont évoqué des pénuries de main-d’œuvre non qualifiée comparativement à 2 % seulement des entrepreneurs des provinces centrales.

Figure 10

Figure 11

On peut essayer de remédier aux pénuries qui se font jour par la croissance démographique, le relèvement du taux d’activité ou l’amélioration de la productivité du travail.

Croissance démographique

Depuis 1997, la croissance démographique s’est faite nettement plus lente en Colombie-Britannique. En moyenne annuelle, le taux de croissance de la population s’est établi à près de 3,0 % par année de 1990 à 1996. Il a diminué d’abord à 1,5 % en 1997, puis à une moyenne d’environ 1 % pendant les huit années qui ont suivi.

Figure 12

Ce ralentissement s’explique plus par la migration interprovinciale que par la migration internationale. Il est sûr que, avant 1997, l’approche de la rétrocession du territoire de Hong Kong à la Chine a fait faire un léger bond à l’immigration en Colombie-Britannique (les Britanniques ont rendu Hong Kong à la Chine le 1er juillet 1997)3.

Il reste que l’affaiblissement des courants d’immigration ne rend compte que d’environ 10 % du ralentissement de la croissance démographique en Colombie-Britannique depuis 1997, le grand facteur à l’origine de ce ralentissement étant la diminution de la migration en provenance du reste du territoire canadien (figure 13). L’apport net de migrants accuse une baisse appréciable depuis 1994. L’entrée nette devait devenir une sortie nette en 1998 et jusqu’en 2004 par la suite. La migration s’est plutôt opérée en faveur de l’Ontario vers la fin des années 1990 et, plus récemment encore, au profit de l’Alberta et de son économie en plein essor. (L’Alberta a devancé toutes les provinces pour ce qui est de la croissance de la population, ayant affiché une hausse de 2 % l’an dernier, en partie parce que les salaires horaires y ont dépassé ceux de la Colombie-Britannique pour devenir les plus élevés au pays). Parallèlement, l’accroissement naturel de la population en Colombie-Britannique a diminué pendant toute la période postérieure à 1990. Dans l’ensemble, le résultat en est une accentuation bien réelle depuis 10 ans de la dépendance de la Colombie-Britannique à l’égard de l’immigration pour la croissance de sa population.

Figure 13

Le ralentissement de la croissance démographique a été plus marqué à l’extérieur de Vancouver. De 1990 à 1997, le gain démographique total a été de 23 % dans cette ville; il est de 15 % depuis lors. Dans le reste de la province, le taux de croissance démographique, qui était de 21 % avant 1997, n’était plus que de 7 % après (il faut aussi tenir compte d’une sortie nette de Vancouver avec un retrait vers Victoria ou la vallée du Fraser). Pendant ce temps, la progression démographique s’accélérait dans le reste du pays, son taux passant de 8 % à 11 % entre ces deux périodes. Le taux est toujours inférieur à celui de la Colombie-Britannique en grande partie à cause du fort courant d’immigration qui continue à favoriser Vancouver.

Si la croissance démographique a marqué un tel ralentissement à l’extérieur de Vancouver, c’est qu’une forte chute de l’emploi a eu lieu. L’emploi dans cette province – la ville de Vancouver étant exclue – a en réalité été en baisse de 1997 à 2001. À Vancouver, il était toujours en hausse, cette agglomération restant la destination de prédilection des immigrants (avec Toronto et Montréal).

Une idée fausse fort commune à propos de la Colombie-Britannique est que sa population est âgée. Bien que l’assertion soit vraie en ce qui concerne des régions comme Victoria, dans l’ensemble, la proportion de la population de la Colombie-Britannique qui est âgée de 65 ans et plus est seulement légèrement supérieure à la moyenne nationale (16,0 % contre 15,3 %, selon l’Enquête sur la population active). Vancouver, en particulier, a une population relativement jeune en raison de l’arrivée d’immigrants.

Taux d’activité

Si la croissance de la population s’est faite plus lente, la seule autre possibilité de renforcer la population active est de hausser le taux d’activité. Comme l’indique la figure 14, c’est le contraire qui s’est produit au cours de la dernière décennie. Après avoir culminé dans les premières années de la décennie 1990, ce taux a invariablement décru jusqu’à ce que le raffermissement récent du marché du travail en détermine la reprise partielle. Il est pourtant encore de 2,2 points en deçà de sa valeur antérieure de culmination à Vancouver et de 1,4 point dans le reste de la province. Le plus frappant est que, si le taux d’activité a diminué en Colombie-Britannique, il a augmenté dans le reste du pays depuis 1995, incluant l’Alberta.

Figure 14

Divers facteurs démographiques et économiques semblent à l’origine du recul de l’activité. Le vieillissement de la population a freiné le taux d’activité, surtout dans les années 1990 où, dans tout le Canada, la retraite anticipée constituait le mot d’ordre. De piètres perspectives d’emploi dans les régions littorale et intérieure de la Colombie-Britannique ont découragé l’activité, d’autant plus que bien des industries traditionnelles de ressources comme les industries minière et forestière ont réduit leurs effectifs (l’agriculture a fait exception avec une floriculture qui battait son plein).

Il faut aussi dire que le taux d’activité a nettement fléchi chez les immigrants, selon les données du recensement, étant passé de 62,8 % en 1991 à 58,6 % en 2001, puisque cette province éprouvait davantage de difficulté à intégrer les nouveaux immigrants à son marché du travail. La Colombie-Britannique a fait entrer les Autochtones dans la population active, leur taux d’activité ayant dépassé celui des non-Autochtones.

Chez les femmes adultes de 25 à 44 ans, le taux est descendu de 81,5 % à 79,7 % l’an dernier. Il s’agit peut-être là d’une simple réaction aux fortes augmentations des deux années précédentes, mais si cette perte marque en fait le début d’une décroissance à long terme comme en Alberta après 1998, les pénuries de main-d’œuvre s’en trouveront aggravées. À la différence de l’Alberta (et de la plupart des autres régions du pays), la Colombie-Britannique a été en mesure d’attirer plus de jeunes sur le marché du travail depuis deux ans.

Figure 15

Productivité

Comme la croissance démographique et la progression de la population active accusent un retard en Colombie-Britannique par rapport à leurs pointes des années 1990, un autre remède possible aux pénuries de travailleurs est une exploitation plus efficiente de la main-d’œuvre. Dans la décennie 1990, la production par heure travaillée dans cette province, à la différence de l’Alberta, a été inférieure à celle du reste du pays, s’élevant de moins de 1 % d’année en année. Elle s’est redressée récemment grâce à la relance des investissements, mais elle se trouve toujours à court de la moyenne canadienne. Il y aurait donc d’amples possibilités d’y améliorer l’utilisation de la main-d’œuvre.

Déjà, les entreprises ont entrepris de faire passer leurs employés d’un statut de temps partiel à un statut de temps plein. Après avoir atteint un sommet de 450 000 en 2002, les postes à temps partiel en Colombie-Britannique ont affiché une baisse de près de 3 %. Parallèlement, les emplois à temps plein ont crû de 12 %. Il s’agit là d’un renversement prononcé par rapport aux années 1990, au cours desquelles les emplois à temps partiel ont augmenté de 50 %, soit un taux représentant le double de celui des emplois à temps plein.

Conclusion

La Colombie-Britannique est idéalement placée pour continuer à croître. Elle mérite sa réputation de plaque tournante canadienne vers une Asie en plein essor économique. Les prix records des produits de base ont fait revivre ses industries minières traditionnelles, notamment celles des métaux et du charbon, bien que les forêts et les pêches soient en proie au marasme. Les projets liés à l’infrastructure pour l’acheminement d’une masse grandissante de marchandises en direction et en provenance de l’Asie stimulent la construction et les projets en prévision des Jeux olympiques d’hiver de 2010 ne font que commencer.

Tous ces facteurs entraînent une vaste croissance en Colombie-Britannique, mais ce mouvement engendre rapidement des pénuries, plus particulièrement de main-d’œuvre. Pour que ces pénuries ne nuisent pas aux perspectives de croissance, la Colombie-Britannique aura comme solution d’attirer plus de gens sur son territoire, d’inciter plus de ses gens à entrer sur le marché du travail ou de tirer un meilleur rendement de ses travailleurs. Elle aura aussi le défi d’attirer les travailleurs vers ses régions éloignées, particulièrement quand on considère la croissance si rapide de sa voisine l’Alberta.

Études spéciales récemment parues


Notes

* Groupe d’analyse de conjoncture, (613) 951-9162.
1 Au cours des trois dernières années, le PIB réel en Colombie-Britannique a progressé de 2,7 %, de 4,0 % et de 3,5 %, contre 3,1 %, 4,3 % et 4,5 % en Alberta; la croissance de l’emploi a été de 2,8 %, 2,3 % et 3,4 % comparativement à 2,8 %, 2,3 % et 1,5 %. Toutefois, le PIB nominal en Alberta a augmenté près de deux fois plus rapidement qu’en Colombie-Britannique, ce qui traduit la montée en flèche des prix de l’énergie.
2 Office national de l’énergie, « Le potentiel ultime des ressources en gaz naturel classique du nord-est de la Colombie-Britannique », mars 2006.
3 Fait intéressant, la monnaie thaïlandaise s’est effondrée le jour suivant, marquant le début d’une crise asiatique qui allait bientôt gagner la Corée du Sud, l’Indonésie, la Malaisie et d’autres pays encore.

 



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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