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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Avril 2004

Étude spéciale

Revue de fin d’année

par P. Cross*

Introduction

En 2003, les grands thèmes ont été dictés par les événements internationaux. L’accélération de l’intégration de la Chine (symbolisée par l’accession de ce pays à l’Organisation mondiale du commerce vers la fin de 20011) et d’autres pays en émergence économique à l’économie mondiale a continué de transformer rapidement le panorama économique, plus particulièrement dans le cas des échanges et des investissements directs. La part des importations des États-Unis en provenance de la Chine s’est accrue pour atteindre 12,1 %, au deuxième rang devant le Mexique et derrière le Canada dont la part atteint 17,8 %. Dès l’an dernier, la Chine était devenue une grande consommatrice de produits de base (ses importations pétrolières ne sont aujourd’hui dépassées, par exemple, que par les importations américaines), d’où un effet de stimulation sur les prix de nos exportations de métaux et d’énergie2.

Figure 1

Les événements récents ont aussi fait voir que l’intégration économique qui prend de l’ampleur dans le monde nous expose à des situations qui ne dépendent guère de notre volonté. Les attentats du 11 septembre ont instauré une ère de terreur internationale. La propagation du virus du SRAS de la Chine au Canada, conjuguée à l’apparition du virus du Nil occidental l’année précédente, indique avec quelle rapidité les maladies peuvent suivre les flux transfrontaliers du commerce. Par ailleurs, la découverte du premier cas de maladie de la vache folle en Alberta a fermé la plupart des marchés étrangers à notre viande de bœuf. Enfin, les hostilités qui ont éclaté en Iraq ont largement réduit au deuxième trimestre les voyages internationaux à destination et en provenance du Canada. Enfin, la panne d’électricité en Ontario provient d’installations du mid-ouest américain.

Pour notre pays, le grand événement économique de la dernière année a été la montée du dollar canadien vis-à-vis du dollar américain. La hausse de 21,7 % de notre dollar qui, dans l’année, est passé de 63,39 à 77,13 cents américains, est la plus ample variation positive ou négative qui ait été observée en 12 mois dans notre histoire. Entraîné par un déficit record au compte courant des États-Unis, le dollar américain a chuté par rapport à diverses grandes monnaies. Toutefois, plusieurs pays asiatiques (et notamment la Chine et le Japon) ont résisté à l’appréciation de leurs monnaies respectives3, reportant sur l’euro (qui a atteint un sommet) et les dollars australien et canadien le gros de l’adaptation à la dépréciation du dollar américain.

Production

Le PIB réel a décéléré de 3,3 % à 1,7 %. C’est ainsi que le Canada et l’Allemagne ont été les deux seuls pays membres du Groupe des Sept à voir ralentir la croissance de leur économie l’an dernier. Le Canada avait dominé au tableau de la croissance en 2002 et se situait toujours en 2003 à un rang intermédiaire au sein du Groupe des Sept. Il était devancé par les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon, qui présentaient des taux de progression qui se sont accélérés à près de 3 %, mais laissait encore loin derrière les grands pays européens continentaux qui, invariablement, avaient du mal à dégager un faible taux de progression dans cette deuxième année de l’adoption d’une monnaie commune. Depuis le début de la décennie, le taux annuel de croissance du PIB canadien s’est établi en moyenne à 2,3 %. C’est la moitié du rythme vertigineux de 5 % en période de culmination de l’économie de 1998 à 2000.

Au cours de l’année, on a beaucoup discuté de cette succession presque épique de chocs négatifs de l’économie : épidémie de SRAS qui a débuté en mars à Toronto, découverte d’un cas de maladie de la vache folle (ESB) en Alberta an mai, grève à Inco en juin, panne d’électricité en Ontario en août, ouragan Juan par la suite en Nouvelle-Écosse et incendies de forêt en Colombie-Britannique. Il reste que chaque année apporte son cortège de catastrophes. Par exemple, la sécheresse a coûté des milliards aux producteurs céréaliers des Prairies en récoltes perdues au cours des deux années précédant 2003, le temps perdu dans des arrêts de travail a touché un sommet de cinq ans en 2002 (73 % de temps perdu de plus qu’en 2003), tandis que les incendies de forêt ont été si intenses au Québec que le ciel s’en est trouvé brouillé jusqu’à New York au sud. Rien n’indique statistiquement que les bouleversements de 2003 aient constitué un facteur considérable de ralentissement économique dans l’ensemble de l’année, mais on sait qu’ils ont influé sur la répartition trimestrielle de la croissance. (La Banque du Canada estime que le SRAS, l’ESB et la panne d’électricité ont retranché 0,3 point au PIB aux deuxième et troisième trimestres, mais l’économie devait regagner 0,2 point au quatrième4.)

Que ces événements aient eu de légers effets sur le PIB s’explique peut-être en partie par la taille énorme de notre économie aujourd’hui. Avec un PIB de 1,2 billion de dollars en valeur annuelle, même un événement marquant comme la perte de 1 milliard de dollars (aux taux annuels) occasionnée par la grève à Inco ne touche que 0,1 % de la production alors que 1 milliard de dollars représentait 1 % du PIB en 1972. Il faut ajouter que certains de ces événements influent davantage sur la répartition du revenu que sur son ordre de grandeur. Ainsi, la perte de débouchés à l’exportation des producteurs bovins à cause de la crise de la vache folle a été partiellement compensée par un accroissement du pouvoir d’achat des consommateurs de viande de bœuf dans un contexte de baisse des prix, ainsi que par les gains qu’ont pu faire les producteurs d’aliments de substitution (volaille, poisson et fruits de mer, etc.). Le plus grand effet persistant d’un de ces événements semble avoir été un recul pour une industrie touristique canadienne dont la production annuelle a perdu l’équivalent de 0,1 % du PIB5. Mais ce n’est pas dire que le SRAS en est entièrement responsable, car le dérapage a commencé après les attentats du 11 septembre et s’est accentué par la guerre en Iraq et l’appréciation du dollar canadien l’an dernier.

Il reste que les solides gains réalisés aux premier et quatrième trimestres se sont accompagnés de valeurs presque nulles de croissance aux deuxième et troisième trimestres. L’inertie du PIB réel pendant près de six mois soulève inévitablement la question de savoir comment caractériser cette période dans l’optique des cycles économiques, et nous porte même à faire la comparaison avec des récessions comme celles de 1981-1982 et 1990-1992.

Plutôt que de retrouver la forme habituelle en V d’une économie en récession (figure 2), nous devons plus justement comparer le relâchement au milieu de 2003 à 1986, période où l’économie s’est enlisée au premier semestre, accusant notamment une baisse de 0,5 % du PIB mensuel de novembre 1985 à juin 1986. La source de faiblesse était le secteur de l’énergie (figure 3), les cours pétroliers s’étant affaissés à moins de 10 $ le baril avec pour résultat une contraction de la production pétrolière et gazière de 6 % et un effondrement des dépenses d’exploration et de mise en valeur de 63 %. Ce sont des pertes qui ont enfoncé le PIB même si on ne tient pas compte des effets secondaires sur les industries d’approvisionnement du secteur pétrolier ni des pertes de pouvoir d’achat des travailleurs. À plus long terme, il y a eu croissance de l’économie à cause de l’effet de stimulation sur les autres secteurs du recul des taux d’inflation et d’intérêt ayant suivi la baisse des cours pétroliers.

Figure 2

Figure 3

Des circonstances semblables semblent avoir causé l’inertie de notre économie cette année. Une grande partie des industries exportatrices ont été heurtées de plein fouet par une brusque évolution des prix relatifs attribuable à la montée du dollar et dont les conséquences favorables sur la demande intérieure se manifestent plus lentement alors que les prix et les taux d’intérêt ont baissé comme en 1986. Pour accentuer la faiblesse de l’économie à court terme, il y a eu les événements que nous avons énumérés et, plus particulièrement, la panne d’électricité en août. Ce dernier événement a véritablement été un important facteur de marasme au milieu de l’année, provoquant la perte la plus cuisante d’heures travaillées et la contraction la plus générale de la production jamais observée au moment même où l’économie commençait à secouer sa léthargie du deuxième trimestre (le PIB avait fait un bond de 0,5 % en juillet). Sans ces événements, la croissance au troisième trimestre aurait été plus forte et celle du quatrième, plus faible, une évolution moins susceptible de ramener la question à savoir s’il y a eu ou non une récession. La faiblesse des industries de fabrication exportatrices n’en a pas moins ralenti le mouvement foncier de l’économie en réduisant la croissance près de zéro, laissant ainsi le PIB vulnérable devant de tels chocs négatifs.

Ménages

Les dépenses des ménages ont connu une troisième année consécutive de solide progression. L’habitation a encore montré la voie, tout en étant incapable de maintenir sa croissance à deux chiffres des deux années précédentes. Les dépenses de consommation se sont encore élevées d’un peu plus de 3 %. Toutefois, la croissance des dépenses en biens durables a chuté de 9 % à 2 % en grande partie à cause du marasme des ventes d’automobiles. La demande de services a crû plus rapidement, bien que ce gain tienne en majeure partie à une flambée des voyages à l’étranger, ce qui n’est guère de nature à aider les détaillants au pays.

La demande d’automobiles a montré des signes de fatigue ou de saturation, fléchissant de 6 % après avoir progressé pendant sept ans. Il reste que le nombre de véhicules vendus a été le deuxième en importance dans l’histoire. Le marché de l’automobile a présenté d’importants éléments d’évolution. La part de marché des trois premiers producteurs nord-américains a décru de 59 % à 56 %; on est loin des 74 % du début de l’essor des ventes d’automobiles en 1995. Qui plus est, ces producteurs ont perdu beaucoup de terrain sur le marché lucratif des camions, des minifourgonnettes et des utilitaires sportifs, qui était pourtant leur principale source de vigueur, puisque la proportion des ventes de voitures de tourisme a diminué de 65 % en 1995 à 41 % l’an dernier.

L’élévation du revenu personnel disponible s’est faite plus lente, le taux de progression passant de 4,7 % à 2,8 % et devançant à peine les hausses de prix. Dans une situation de croissance incessante des dépenses de consommation et avec un marché de l’habitation qui battait toujours son plein, les ménages ont dû trouver d’autres moyens de financer leurs achats en érodant leurs épargnes et en multipliant les emprunts. Le taux d’épargne est tombé à un bas niveau record, passant de 4,2 % à 2,0 % et dégageant ainsi 15 milliards. Par ailleurs, les consommateurs ont emprunté une somme record de 50 milliards, dont 30 par le seul crédit hypothécaire.

À 2,0 %, le taux d’épargne personnelle a été aussi bas au Canada qu’aux États-Unis pour la première fois depuis 1971 (au second semestre, le taux canadien le cédait même au taux américain avec 1,4 % contre 2,0 %). Comme les dépenses de consommation ont augmenté exactement au même rythme dans les deux pays, la différence tient aux revenus. Pour des taux comparables de progression du revenu personnel, la grande différence a été l’élévation bien plus rapide du revenu disponible chez notre voisin du sud (4,4 % contre 2,8 %). Depuis deux ans, l’impôt américain sur le revenu s’est allégé de 20,5 % (ou 255 milliards), presque entièrement au niveau fédéral, transformant une croissance lente du revenu personnel en une solide avance du revenu disponible (tout en créant un imposant déficit budgétaire). En revanche, l’impôt sur le revenu des particuliers n’a guère changé au Canada avec un taux de 15,2 % du revenu personnel, et ce, après trois années de décroissance où ce même taux devait passer de 17 % en 1999 à 15,4 % en 2002 (figure 4). La faiblesse des taux d’intérêt et l’enrichissement du patrimoine des ménages ont amené de bas niveaux d’épargne personnelle dans l’un et l’autre de ces pays.

Figure 4

Le bilan du secteur des particuliers a continué à délaisser les avoirs financiers au profit des avoirs non financiers, mouvement qui est né de l’effondrement boursier. Le volet non financier des portefeuilles des ménages s’est étoffé trois années de suite, passant de 42,4 % à 45,5 %, sa valeur la plus élevée depuis 1992 (figure 5). Le gros de cette progression s’explique par l’accroissement du patrimoine dans le secteur de l’habitation. La dernière fois que les ménages ont eu une si longue période de délaissement à l’égard des avoirs financiers est au moment de la flambée inflationniste de 1973-1974, époque où les avoirs non financiers en sont venus à représenter 54 % des portefeuilles. Depuis cette période, il y a eu un constant mouvement qui s’est opéré en faveur des avoirs financiers jusqu’en l’an 2000, tout particulièrement en période de crête boursière dans les années 1990.

Figure 5

Secteur canadien des entreprises

Malgré une modeste reprise des investissements des entreprises, le secteur de l’entreprise a encore été marqué par l’abondance de son épargne nette, qui est passée de 35 (déjà un record) à 57 milliards de dollars de 2002 à 2003. L’accroissement de l’excédent à ce compte a eu pour origine un bond de 18 % des bénéfices non répartis : les bénéfices avant impôt ont secoué une inertie de deux ans par une progression à deux chiffres, alors que les paiements de dividendes évoluaient en baisse.

Les entreprises non financières ont consacré le plus clair de leurs moyens financiers améliorés à la poursuite de la restructuration de leurs bilans. Elles ont réduit leur endettement à court terme à un rythme accéléré (15 milliards de dollars), tout en se garantissant pour l’avenir de bas taux d’intérêt par des émissions obligataires d’une valeur de 18 milliards. Le redressement boursier a soutenu de nouvelles émissions d’actions de 31 milliards (ce qui est toujours bien moins que la valeur de culmination de 54 milliards relevée en 2000).

La volonté d’étoffer les bénéfices et d’améliorer les bilans a peut-être pour origine partielle la perception de la faiblesse des finances des entreprises ces dernières années. Dans les sociétés, le désendettement a été important tout au long de 2001 et 2002 (mais moins important qu’aux États-Unis ou dans l’Union européenne). Par ailleurs, la prime de risque des titres ayant droit à la cote BBB a monté en flèche, passant de 150 centièmes à plus de 300 vers la fin de 2002, tandis que le taux général de défaut de paiement dans les entreprises faisait un bond, passant d’une valeur trimestrielle de 20 en 2000 à 100 en 20036.

Toutes ces mesures de la santé financière des entreprises ont fait voir une amélioration fondamentale l’an dernier. Le nombre de décotes de solvabilité a fortement diminué au Canada. La diminution des pertes sur prêts a largement concouru à la croissance des bénéfices bancaires. Les marges de risque sur les créances des entreprises n’avaient jamais autant rétréci depuis 1997. Avec la baisse rapide des taux d’intérêt sur leurs obligations, les trésoriers des entreprises ont délaissé le crédit à court terme pour le crédit obligataire et éloigné les échéances de leur passif7. Si les entreprises ont opté pour la prudence, c’est aussi que l’économie est entrée en pays inconnu depuis la montée inégalée du dollar canadien par rapport au dollar américain.

Les résultats de ce réaménagement des bilans ressortaient de toutes les grandes mesures de la santé financière des entreprises. Dans les entreprises non financières, le ratio capital d’emprunt-capitaux propres a continué à diminuer comme il le fait depuis dix ans. Il a chuté à 0,62 en 2003, se situant à son plus bas niveau depuis 1970. Le ratio avoir à court terme-passif à court terme ou ratio de liquidité relative s’est élevé à 0,89, autre sommet depuis 1970. Enfin, le ratio dette à court terme-dette à long terme est tombé à un minimum de 9,46 pour la période postérieure à 1964. Deux décennies durant, il avait oscillé autour de 20 avant de se mettre à descendre dans les années 1990.

Figure 6

Les bourses du monde ont mis fin aux cours baissiers des trois années précédentes par un gain de 29 %, le meilleur en sept ans, grâce à l’essor du marché asiatique. Les nouveaux marchés ont dominé dans ce mouvement de relance avec une hausse de 64 %. La bourse de Toronto a marqué une avance de 24 %, à peu près autant qu’aux États-Unis.

Si le marché boursier va mieux, c’est que divers autres facteurs sont entrés en jeu. Les marchés ont entamé leur redressement presque immédiatement après la fin rapide des grands combats en Iraq. Les bénéfices ont réévolué en hausse après un ralentissement de deux ans. Il y a encore eu des scandales dans les sociétés, mais ceux-ci n’avaient pas l’ampleur des scandales des dernières années8. Le redressement serait en partie à mettre au compte d’efforts de rétablissement de la confiance des investisseurs dans les rapports financiers, les normes de vérification et la régie d’entreprise. Le Canada s’est doté d’un Conseil canadien sur la reddition de comptes pour l’amélioration et le contrôle des vérifications9. La montée boursière a aussi adouci les inquiétudes au sujet de la capitalisation insuffisante des régimes de retraite.

Les investissements des entreprises ont progressé de 3,4 % en volume, s’extirpant d’un marasme ayant duré deux ans. Les entrepreneurs ont surtout investi en ordinateurs et en logiciels que de fortes baisses de prix leur rendaient plus accessibles. De plus, le regain d’intérêt pour l’investissement en fabrication s’est traduit par une progression à deux chiffres dans le cas de la machinerie industrielle. En volume, les dépenses demeurent faibles dans la plupart des autres secteurs, particulièrement en meubles, en matériel de transport et en appareils de télécommunication.

La répartition industrielle de la croissance des investissements semble indiquer que des facteurs autres que les baisses de prix ont joué un plus grand rôle. Les 14 principaux groupes d’industries pourraient avoir profité de la décroissance des prix des machines et du matériel importés pour investir davantage, mais 5 seulement l’ont fait et, sur ce nombre, la fabrication est le groupe qui a de loin le plus accru ses immobilisations, relevant ses dépenses de 1,5 milliard (11 %) malgré des pertes de rentabilité. C’est le signe évident que l’impératif d’amélioration de la productivité, dans un contexte d’intensification des pressions concurrentielles par l’appréciation du dollar, a représenté un souci de tous les instants.

Les fabricants ont élagué leurs dépenses en construction, indice d’une sous-utilisation croissante des capacités. Dans l’ensemble, ces dépenses ont toutefois augmenté, surtout grâce aux projets dans le domaine du pétrole et du gaz « classiques ». Les investissements ont été peu fermes dans la plupart des autres secteurs. L’essor des cours des produits de base, et notamment des cours des métaux, ne les a pas stimulés, du moins jusqu’en 2004, année où une hausse de 35 % est prévue. Le secteur des TIC a sabré ses investissements, en particulier les sociétés de télécommunication, les fournisseurs de services Internet et les fabricants de produits informatiques et électroniques. Le secteur des finances qui investissait abondamment vers l’an 2000 a continué à réduire ses immobilisations (taux de régression à deux chiffres).

Une fois de plus, le secteur public a multiplié les investissements, surtout en infrastructures locales. Les services publics ont également relevé leurs dépenses, surtout les services des eaux et des eaux usées. Après des années de négligence, ils ont doublé les sommes investies depuis la catastrophe de Walkerton. Les services de santé et les universités ont aussi présenté des gains à deux chiffres, ces dernières à la faveur de l’arrivée de la double cohorte de diplômés des écoles secondaires ontariennes avec la disparition de la 13e année.

L’accumulation de stocks s’est un peu accrue l’an dernier. Le gros du phénomène tient au regarnissement des stocks du réseau de distribution céréalière, lesquels s’étaient appauvris depuis deux ans à cause de mauvaises récoltes. Par ailleurs, la fermeture des frontières aux exportations canadiennes de viande de bœuf a obligé les producteurs canadiens à garder des cheptels plus nombreux. Les stocks non agricoles ont largement augmenté au premier semestre, plus particulièrement lorsque les livraisons manufacturières se sont affaissées, mais le mouvement était déjà contenu à la fin de l’année.

Balance des paiements

Les flux transfrontaliers de marchandises ont baissé dans les deux directions pour une troisième année d’affilée, en dépit d’une croissance explosive avec la Chine. L’excédent au compte courant a gagné 2,4 milliards l’an dernier au Canada pour approcher de 26 milliards, annulant en majeure partie sa baisse de l’année précédente. Cette progression s’explique par un excédent en croissance au compte des biens et un déficit en décroissance au compte des revenus de placements. La montée du taux de change a joué un rôle dans les deux cas. Au compte des biens, les prix ont baisé plus rapidement à l’importation qu’à l’exportation, ce que l’on doit en partie à la hausse tant du taux de change que des prix de nos produits énergétiques. Il en a coûté moins cher pour le service de notre dette extérieure grâce à l’appréciation du dollar, plus particulièrement pour les créances en dollars américains.

Le tourisme est le seul secteur où le bilan commercial s’est nettement détérioré l’an dernier. Le déficit à ce compte a plus que doublé pour atteindre un sommet de 4,3 milliards en 10 ans, ce qu’on doit surtout imputer à une ample diminution (12,8 %) des dépenses des visiteurs au Canada. C’est la première fois en 15 ans que décroît le nombre de visites en sol canadien (et la baisse en 1987 n’était pas étonnante étant donné la fin de l’expo en C.-B.). Il y a eu à peu près autant de visiteurs de moins en provenance des États-Unis que des pays d’outre-mer, d’où l’impression que le SRAS et la guerre en Iraq ont joué au moins un aussi grand rôle que le taux de change américain. Par ailleurs, les dépenses des voyageurs canadiens à l’étranger ont légèrement monté de 2 %. Cette hausse a entièrement été observée outre-mer.

Nos échanges avec la Chine étaient toujours en croissance rapide (figure 7). Les importations ont doublé depuis 1999. Elles se sont notamment accrues de 16 % l’an dernier. Ce pays a été à l’origine de 5,5 % de toutes les importations l’an dernier, presque deux fois plus que le Japon ou la Grande-Bretagne et à peu près autant que les autres pays de l’Union européenne (7,6 %). Le redressement des cours des produits de base a fait remonter les exportations de 13 % après un fléchissement l’année précédente. Celles-ci ont progressé des trois quarts depuis 1999; partant d’un niveau plus bas, cependant, les exportations traînaient derrière les importations par presque 14 milliards de dollars l’an dernier (versus 124 milliards de dollars aux États-Unis). Le déficit commercial avec la Chine représente 1,1 % du PIB dans les deux pays.

Figure 7

Dans l’année, certaines tendances récentes au bilan commercial sectoriel se sont consolidées. Les produits énergétiques ont présenté un excédent supérieur à celui de l’exploitation forestière d’abord en 2001, et ce, par moins de 1 milliard de dollars. Depuis toujours, la foresterie dégageait l’excédent le plus imposant. En 2003, l’écart a fait un bond à 10 milliards (41,4 contre 31,5 milliards). Dans le commerce des machines et du matériel, le déficit le plus considérable qu’ait accusé un secteur avant 1998 s’est constamment contracté, passant de 22,4 milliards à 9 seulement l’an dernier (en partie à cause de la forte baisse des prix à l’importation). Ce sont les biens de consommation qui laissent aujourd’hui le déficit le plus lourd, soit 29,1 milliards l’an dernier, plus du triple de celui des machines et du matériel. Cette combinaison d’un déficit relativement modeste au compte des biens d’équipement et d’un déficit bien plus important au compte des biens de consommation rappelle les tendances déficitaires du commerce américain (dans l’ensemble, celui-ci est déficitaire et le commerce canadien est excédentaire grâce au secteur des ressources). L’excédent canadien au compte des produits agricoles et automobiles a légèrement diminué l’an dernier par suite de la fermeture de grands marchés à nos exportations de viande de bœuf et à une plus grande pénétration des importations sur le marché canadien de l’automobile.

Les investissements directs étrangers au Canada ont été les plus lents en dix ans. En fait, les Canadiens ont racheté durant la deuxième moitié de l’an dernier des entreprises à des investisseurs directs de l’étranger pour la première fois depuis 1990, l’appréciation du dollar ayant rendu les entreprises canadiennes moins abordables aux étrangers. L’appréciation du dollar a soutenu une croissance rapide des investissements directs du Canada à l’étranger, ceux-ci s’élevant à 30 milliards. Il y a notamment eu un grand nombre de prises de contrôle vers la fin de l’année.

Les échanges sur actions ont été inverses des investissements directs. Alléché par la montée boursière et l’appréciation du dollar au Canada, l’étranger s’est procuré pour presque 13 milliards d’actions au pays après des délestages l’année précédente. En revanche, le pays a acheté en valeur nette pour seulement 4,3 milliards d’actions étrangères, le moins en 13 ans. Cette hésitation à se porter acquéreur d’actions pourrait s’expliquer par des taux moindres de rendement imputables au taux de change, mais la situation n’a pas empêché les Canadiens de se procurer pour 8,2 milliards de dollars – un record – d’obligations étrangères, surtout aux États-Unis.

Marché du travail

Dans l’ensemble, la croissance de l’emploi est demeurée stable à 2,2 % l’an dernier. Ce qui a le plus manifestement marqué l’évolution de l’emploi l’an dernier a été le marasme qui a régné dans le secteur de la fabrication. L’emploi a accusé sa première baisse importante depuis 1993 (il y a cependant eu en 2001 un fléchissement ténu qui était lié à l’effondrement du secteur des TIC). En contrepoids, la demande s’est accélérée à 2,8 % hors fabrication. Une vive demande intérieure a soutenu une ferme progression dans les services et en construction, alors qu’une industrie primaire en difficulté offrait son premier gain appréciable depuis le milieu de la décennie 1980, le plus grand depuis l’essor des cours des produits de base en 1972 (figure 8). Il faut y voir l’effet de la vigueur de la demande internationale qui s’attache à nos grands produits primaires, ainsi que du rétablissement de l’activité agricole après la sécheresse. Dans l’industrie primaire, la production s’est redressée de 6 % l’an dernier après avoir subi des pertes coup sur coup.

Figure 8

Un élément plus fondamental d’évolution du marché du travail a été une répartition plus égale de l’emploi et plus particulièrement du chômage entre les groupes d’instruction. Dans les années 1990, la progression de l’emploi se trouvait largement infléchie en faveur du groupe des plus instruits, et notamment des diplômés d’université. Depuis l’an 2000, le taux annuel de croissance de l’emploi est tombé de 6 % (années 1990) à 4 %10 dans le cas de ces diplômés au moment où leur nombre s’accroissait largement. C’est ainsi que la proportion de scolarisés universitaires ayant un emploi a décru, passant de 78,4 % en 2000 à 76,1 %. C’est toujours plus que dans tout autre groupe, mais cette diminution de 2,3 point contraste vivement avec les augmentations qu’ont connues d’autres groupes, en particulier les titulaires d’un diplôme ou d’un certificat du palier postsecondaire, dont le taux d’emploi de 73,5 % n’est maintenant inférieur que de 2,6 points à celui des scolarisés universitaires, écart le plus mince jamais constaté11.

Figure 9

La convergence des résultats sur le marché du travail se remarquait d’emblée aux taux de chômage. Depuis l’an 2000, le chômage a plus monté chez les diplômés d’université que dans tout autre groupe. Le taux est passé de 3,9 % à 5,5 %, prenant sa deuxième valeur en importance dans l’histoire (il avait culminé à 5,9 % à la suite de la récession du début des années 1990). Le chômage en hausse chez les diplômés d’université s’explique par une prépondérance de l’offre sur la demande. Le nombre de ces diplômés s’est élevé plus rapidement que l’effectif de tout autre secteur de la société. Avec un gain de 6,4 % en 2003, le taux de progression s’est établi à 15 % dans l’ensemble depuis l’an 2000. Le nombre de diplômés des universités canadiennes a été stable à 175 000 environ ces dernières années; c’est 5 % du contingent de ces diplômés sur le marché du travail. Si cette partie de la population active a augmenté plus vite que le nombre de diplômés récents, c’est peut-être à cause des apports d’immigrants ayant des titres universitaires (en 2001, 42 % des intéressés étaient titulaires d’un grade contre 19 % seulement en 1981)12. L’offre globale de non-titulaires de grade universitaire s’est accrue de 2 % seulement depuis l’an 2000; presque tous étaient des scolarisés postsecondaires.

L’écart de taux de chômage entre titulaires et non-titulaires de grade a rétréci à 2,7 points l’an dernier, valeur la plus basse jamais relevée. En 1992, il était de 6,7 points et, dans les années 1990, il s’est établi en moyenne à 5,5 points. Depuis le début de la décennie, la moyenne est tombée à 3,2 points, ce qui est presque entièrement dû à la montée du chômage chez les diplômés d’université.

Les augmentations dans le cas des titulaires d’un grade ou d’un certificat du palier postsecondaire expliquent cette convergence des taux de chômage ces dernières années. Au début de la décennie 1990, les scolarisés universitaires avaient un taux de chômage qui était de presque quatre points inférieur à celui des titulaires d’un certificat ou d’un diplôme postsecondaire. En 2003, l’écart entre les deux taux en était à un minimum sans précédent de moins d’un demi-point (5,5 % contre 5,9 %). C’est là une tendance au plafonnement du chômage chez les titulaires d’un certificat postsecondaire et à une montée de ce même chômage chez les scolarisés universitaires. Chez les premiers, le taux de chômage a été stable à 6 % environ depuis trois ans, loin de sa valeur de culmination de plus de 9 % au début des années 1990. Contrairement à ce qui s’est passé chez les diplômés d’université, cette stabilisation a eu lieu malgré une constante progression du taux d’activité de ce groupe, ce qui s’explique par une poussée de l’emploi de 10 % chez les titulaires d’un certificat ou d’un diplôme du palier postsecondaire. La montée du chômage chez les diplômés d’université s’est trouvée amortie par un ample fléchissement de leur taux d’activité depuis cinq ans (2,3 points au total). Cette situation est à comparer à l’élévation des taux d’activité de tous les autres groupes d’instruction depuis l’an 2000. Là encore, on constate l’inverse des tendances des années 1990, époque où les gens ayant fait moins que les études secondaires quittaient le marché du travail à un rythme bien supérieur au taux de passage à l’inactivité des groupes d’instruction supérieure13.

Figure 10

Les raisons de ce retournement de situation de chômage sont complexes chez les diplômés d’université et dans les autres groupes d’instruction et pourraient traduire davantage l’impact des phénomènes à court terme comme l’éclatement de la bulle technologique en 2000. Une explication partielle provient peut-être des difficultés auxquelles se heurtent les immigrants récents sur le marché du travail. Une autre explication serait l’évolution de la demande selon les professions, le secteur des cols bleus ayant été plus en croissance que le secteur des cols blancs l’an dernier pour la première fois depuis 1997.

Ajoutons que la progression de 2,2 % de l’emploi dans le premier de ces secteurs s’est opérée malgré une contribution nulle des industries manufacturières, le mouvement s’appuyant lourdement sur une pointe de croissance ayant duré six ans dans l’industrie primaire et en construction. Ces dernières années, un meilleur financement des services de santé est aussi intervenu comme facteur, la demande de techniciens ayant augmenté plus vite que la demande de professionnels.

Figure 11

En revanche, le secteur des cols blancs a assisté à un ralentissement de la croissance de l’emploi après trois années consécutives de progression de 3 % à la crête de la vague de la haute technologie de 1998 à 2000. Le taux de croissance y est tombé à 2 % depuis trois ans, mais il y a eu un gain de 1,8 % en 2003. Le gros du ralentissement des trois dernières années a eu lieu dans les professions de la gestion et des sciences naturelles et appliquées, d’où l’idée que l’évolution crête-creux de la haute technologie a joué comme facteur premier dans ces secteurs professionnels. De 1997 à 2000, l’emploi a fait un bond de 23 % dans le domaine scientifique et de 5 % en gestion; depuis trois ans, le taux de progression a diminué à 7 % dans le premier cas et a véritablement chuté de 3 % dans le second (malgré une légère remontée l’an dernier).

Le résultat est que le taux de chômage est tombé de 8,1 % à 7,7 % l’an dernier chez les cols bleus et a monté à 4,5 % chez les cols blancs. L’écart de 3,2 points des taux de chômage entre cols blancs et cols bleus est le plus mince depuis 1989. Il a culminé à 6,4 points en 1991 (où le taux de chômage s’est envolé à 12,8 % chez les cols bleus en période de récession) et oscillé autour de 4 % depuis dix ans.

Figure 12

L’emploi était toujours en baisse dans l’ensemble chez les gens ayant fait des études secondaires ou moins, mais il y a aussi des éléments subtils d’évolution qui sont dignes de mention. En particulier, l’emploi a un peu augmenté une deuxième année de suite chez les gens n’ayant pas fait d’études secondaires, ce qui s’explique par la montée de l’emploi dans l’industrie primaire (notamment en agriculture) et en construction.

La sécurité d’emploi a semblé s’améliorer l’an dernier. Toute la progression de l’emploi a consisté en un gain de 300 000 postes permanents, le meilleur depuis l’an 2000. Par ailleurs, l’emploi temporaire a marqué son premier recul (-32 000) depuis 1997. L’emploi occasionnel et saisonnier a décru et le mouvement ascendant de l’emploi temporaire a cessé, du moins temporairement.

Les travailleurs ont moins été menacés de licenciement. Les licenciements à titre définitif ou provisoire n’ont pas évolué après avoir augmenté globalement de 152 000 les deux années précédentes. Comme l’emploi a été en expansion dans l’ensemble, l’implication est un taux de licenciement plus faible (autre indice que l’arrêt de croissance du milieu de l’année n’est pas à comparer à la récession du début des années 1990, où près de 1,5 million de travailleurs perdaient leur emploi chaque année).

Le nombre de travailleurs qui ont quitté leur emploi (au lieu de le perdre) a continué à croître constamment au rebours même de ce qui s’était passé dans la décennie 1990 où le nombre de démissionnaires avait toujours été en décroissance (de 1990 à 1999). Depuis, il a augmenté de 21 % malgré un marché du travail plus faible. Il ne semble y avoir aucune raison particulière à cette tendance, puisqu’on relève de fortes hausses pour les divers motifs de démission : maladie, responsabilités familiales, retour aux études, insatisfaction au travail (dans ce dernier cas, les démissionnaires se sont faits plus nombreux d’année en année depuis 1995, ce qui en a fait le motif le plus fréquent de démission après le retour aux études).

Malgré une légère augmentation de leur taux de chômage ces dernières années, un nombre croissant de jeunes ont quitté leur emploi et sont passés à l’inactivité, étant insatisfaits du dernier emploi occupé. Depuis 1995, le nombre de jeunes démissionnaires est passé de 32 000 à un sommet de 85 000, rendant compte d’un peu plus de la moitié de la progression observée dans cette catégorie (chez les hommes et les femmes de plus de 25 ans, le nombre de démissionnaires s’est accru de 24 000 dans les deux cas). Le retour aux études n’a pas semblé un important facteur de démission.

Salaires et prix

Avant 2002, le Canada a présenté un taux d’inflation inférieur à celui des États-Unis huit ans de suite. Cette année-là, le taux d’inflation canadien a dépassé le taux américain. Il l’a fait encore en 2003 malgré la forte montée du dollar canadien vis-à-vis du dollar américain avec son éventuel effet d’amortissement sur les prix canadiens par rapport aux prix américains.

Cet effet ne s’est pas produit, ce à quoi on peut trouver diverses explications. Le dollar américain n’a pas été mis en dépréciation vis-à-vis d’un certain nombre de monnaies asiatiques et, par conséquent, il n’a décru que de 8,5 % l’an dernier en pondération des échanges, haussant uniquement de 2,7 % les prix à l’importation. Les importations rendent compte à leur tour d’une proportion relativement faible de 14 % de l’économie américaine.

Au Canada, l’IPC a été en hausse de 2,8 % contre 2,2 % l’année précédente en grande partie à cause du prix de l’énergie. Les détaillants ont relevé leurs marges bénéficiaires qui avaient été comprimées par la dépréciation du dollar jusqu’en 2002; tant les marges que le dollar ont atteint des sommets de dix ans. Ajoutons que le prix des cigarettes a fait un bond de 16 % après un alourdissement de sa taxation. Les prix de la plupart des autres biens ont décru en partie par suite de baisses de prix à l’importation. Les prix des biens durables ont diminué une quatrième année de suite sous les effets combinés d’une vive concurrence sur le marché de l’automobile et d’une descente toujours rapide du prix des ordinateurs en puissance. Les prix des biens semi-durables ont également fléchi et les prix des vêtements ont évolué en baisse une deuxième année de suite. Ceux des aliments ont été contenus par la baisse du prix de la viande de bœuf à la suite du cas de maladie de la vache folle, l’engouement rapide pour les aliments pauvres en hydrates de carbone – avec pour conséquence une diminution des prix des pâtes et du riz – et la réduction des prix des fruits et des légumes importés.

En revanche, les prix des services ont augmenté de 3,6 % malgré de fortes baisses dans une industrie touristique en difficulté. Les primes d’assurance-automobile ont fait un bond à deux chiffres et l’essor du marché de l’habitation a poussé le prix du logement en hausse.

Les cours des produits de base ont connu une forte progression une deuxième année de suite. Leur redressement a coïncidé presque parfaitement avec l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en décembre 2001. L’industrialisation rapide de ce pays en a fait un grand consommateur d’hydrocarbures et de matières industrielles.

Ces matières industrielles ont mené le mouvement des prix après avoir été devancées pendant deux ans par les aliments et l’énergie. Les cours des métaux, plus particulièrement de l’or, du nickel et du zinc, ont aussi été en tête, se situant à leur plus haut niveau depuis des années. Le prix de l’énergie, qui avait rapidement progressé en 2002, a crû plus lentement en 2003, mais en demeurant deux fois plus élevé qu’immédiatement après les attentats de septembre 2001.

Les règlements salariaux ont vite suivi ce soudain infléchissement des fortunes sectorielles. Après avoir prédominé en 2002, les majorations salariales en fabrication sont tombées à leur plus bas niveau (2,4 %) en six ans, la demande marquant un net ralentissement. Ce sont le secteur public et l’industrie primaire qui ont présenté les plus grandes augmentations de salaire (3 % environ) après avoir été à la traîne pendant le plus clair de la décennie précédente. C’est en construction que les salaires se sont le plus redressés. L’essor du marché de l’habitation a en effet créé des pénuries dans certains métiers.

Conclusion

Depuis le début du nouveau millénaire, plusieurs tendances qui existent depuis longtemps dans notre économie se sont inversées. Le taux d’épargne personnelle est maintenant moins élevé au Canada qu’aux États-Unis et les ménages se sont de plus en plus endettés pour financer leurs achats, plus particulièrement sur le marché de l’habitation. En partie à cause de cet investissement accru dans le domaine du logement, l’infléchissement à long terme du patrimoine des ménages en faveur des avoirs financiers a pris fin depuis l’effondrement boursier de l’an 2000. La détérioration des bilans des ménages était le miroir de l’amélioration de ceux du secteur des entreprises. La décennie avait commencé par deux ans de décroissance des investissements après le boom technologique. Aujourd’hui, des excédents financiers records et des bilans largement bonifiés font que les entreprises sont bien placées pour faire durer cette relance de leurs immobilisations qui s’est amorcée l’an dernier et qu’elles prévoient poursuivre en 2004.

Notre relation avec le reste du monde change également rapidement, en partie modelée par le renversement de notre dollar. Le commerce transfrontalier de biens s’est affaissé pour une troisième année de suite malgré la croissance rapide avec la Chine, tandis que les dépenses des voyageurs au Canada ont baissé pour la première fois en quinze ans. L’investissement direct au Canada était le plus bas de la décennie, amorti par la hausse du dollar. La hausse du taux de change explique en grande partie l’écart entre les pertes dans la fabrication et l’accélération hors fabrication.

Ailleurs, sur le marché du travail, certaines des tendances les plus certaines des années 1990 se sont transformées ces dernières années. La demande qui s’attache aux titulaires d’un grade universitaire a ralenti au moment même où l’offre de cette main-d’œuvre s’accroissait. L’emploi s’est redressé chez les autres travailleurs en partie par une solide progression en construction et dans l’industrie primaire (celle-ci ayant connu sa meilleure année en deux décennies grâce à l’essor des cours des produits de base). C’est ainsi que l’écart de taux de chômage entre titulaires et non-titulaires d’un grade universitaire est tombé à un minimum record. La convergence des résultats sur le marché du travail se remarquait aussi à un écart entre professions des cols bleus et des cols blancs qui n’avait jamais été aussi petit en plus d’une décennie.

Études spéciales récemment parues


Notes

* Analyse de conjoncture (613) 951-9162 ou oec@statcan.ca.

1. Voir China competing in the Global Economy, W. Tseng et M. Rodlauer (dir.), FMI, 2003.

2. Voir « The Hungry Dragon », p. 59-60, dans The Economist, 21 février 2004.

3. Les avoirs en dollars des banques centrales asiatiques ont augmenté de presque 240 milliards de dollars américains; en Chine, les changes détenus ont atteint les 420 milliards en novembre et, au Japon, les 650 milliards en décembre, à en juger par le document « Remarks by Chairman Alan Greenspan » à l’Economic Club de New York le 2 mars 2004. C’est aussi la possibilité pour les États-Unis de financer relativement sans mal leur déficit au compte courant.

4. P. 11, Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, octobre 2003.

5. Une augmentation du tourisme intérieur a amorti l’effet de la diminution de 12 % des dépenses de non-résidents d’après le document Indicateurs nationaux du tourisme, quatrième trimestre 2003, publication no 13-009 au catalogue.

6. P. 5, Banque du Canada, Revue du système financier, juin 2003.

7. P. 11, ibid.

8. P. 21, US Federal Reserve Board, Monetary Policy Report to the Congress, février 2004.

9. P. 29, Perspectives économiques de l’OCDE, décembre 2002.

10. Fait intéressant, le ralentissement a été des plus prononcés chez les titulaires d’un grade universitaire, groupe qui avait pourtant mené le mouvement avec un gain de 61 % dans les années 1990.

11. La baisse du taux d’emploi chez les titulaires d’un grade s’est limitée aux gens de 25 ans et plus avec des diminutions à peu près égales chez les hommes (-3,5 points) et les femmes
(-2,7 points). Les mouvements étaient cependant contradictoires dans ces groupes d’âge. Chez les hommes, le recul se remarquait autant chez les 25 à 44 ans (-2,9 points) que chez les plus de 44 ans (-2,3). Chez les femmes toutefois, le mouvement était des plus concentrés chez les 25 à 44 ans (-2,9 points), les 45 ans et plus n’ayant vu leur taux d’emploi diminuer que de 0,4 point.

12. Extrait de la page 1, G. Picot, « The Deteriorating Economic Welfare of Immigrants, and Possible Causes », étude inédite, Direction des études analytiques, Statistique Canada, 2004. L’auteur (p. 17) constate que les gains des immigrants récents ont décru et que les taux de faible revenu se sont élevés dans ce groupe en partie à cause de la montée rapide de la scolarisation chez les Canadiens.

13. Un examen plus détaillé indique que, dans le groupe le plus instruit, le passage à l’inactivité a surtout eu lieu chez les femmes de 25 à 44 ans, dont le taux d’activité a diminué de 1,5 point depuis cinq ans. Ce mouvement contraste vivement avec la montée (près de 2 points au total) de l’activité dans tous les autres groupes d’instruction féminins. Le recul s’observait particulièrement chez les femmes titulaires d’un grade. Chez les titulaires de grade, le passage à l’inactivité était aussi évident chez les femmes plus âgées et chez les hommes de plus de 25 ans (le phénomène ne ressort pas autant chez les hommes dont l’activité est en lente décroissance depuis des années dans la plupart des groupes d’instruction).



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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