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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Mars 2008

Étude spéciale

Le chant du dollar : exposition de l’industrie à la montée du taux de change

par Z. Ghanem et P. Cross*

Après être descendu jusqu’à 63 cents américains vers la fin de 2002, le dollar canadien a entamé une escalade qui, vers la fin de 2007, devait le porter à la hauteur du dollar américain. Ce gain de moitié en si peu de temps n’a guère influé sur le taux général de croissance qui a oscillé autour d’une valeur de 3 % dans chacune des quatre dernières années, alors que le taux de chômage glissait sans cesse sous la barre des 6 %, niveau le plus bas qu’il ait atteint en une génération.

Dans l’ensemble, l’économie n’a pas été perturbée par la montée du taux de change, mais celle‑ci s’est accompagnée de larges effets de distribution. Les industries qui importent beaucoup de produits ont profité de la décroissance incessante des prix à l’importation. Par ailleurs, un grand nombre d’exportateurs ont vu leurs revenus rétrécir, les devises reçues à l’exportation rapportant de moins en moins en monnaie canadienne.

Dans cet article, nous examinerons une nouvelle façon de regarder les gagnants et les perdants de la montée du taux de change. À l’aide des tableaux d’entrées-sorties, nous verrons quelles industries dépendent au plus haut point des marchés d’exportation pour leur production. Ce sera notre point de départ pour jauger les gains et les pertes possibles par la valorisation de notre dollar, bien que, pour toute industrie, les résultats obtenus dépendent en dernière analyse des conditions du marché qui lui sont propres. Pour citer un exemple, un dollar fort n’a pas empêché les industries du pétrole et de l’aérospatiale d’afficher des ventes et des bénéfices records.

On peut aussi se reporter aux tableaux d’entrées-sorties pour suivre par branche d’activité les produits d’entrée qui sont importés. Plus les importations prennent de place dans l’ensemble des apports de l’industrie, plus celle‑ci devrait profiter de la baisse des prix à l’importation par la valorisation du dollar.

Enfin, si on compare les sorties à l’exportation aux entrées à l’importation par branche d’activité, on dégage une mesure de l’exposition nette de chaque industrie au taux de change. Les branches d’activité qui seront les plus vulnérables en situation de montée du dollar sont celles qui dépendent largement des exportations, mais sans guère pouvoir se rattraper du côté des produits d’entrée importés. Les industries les mieux placées sont celles qui importent en grande quantité et vendent le plus sur le marché intérieur, c’est‑à-dire hors exportation.

Ce ne sont pas tous les prix à l’exportation et à l’impor­tation qui sont arrimés aux variations du dollar américain. Tout de même, les pays dont le taux de change a fluctué avec le dollar américain (dont la Chine qui, encore récem­ment, gardait une politique de cours fixes sino-américains) étaient à l’origine de 86 % des exportations du Canada et de 66 % de ses importations en 2004 (d’après les données douanières). Les échanges hors États-Unis étaient concentrés dans des secteurs comme les industries de l’agriculture, du pétrole brut, des métaux, de l’automobile et des machines. De plus, ces dernières années, le dollar canadien a progressé dans une mesure appréciable par rapport à la presque totalité des grandes monnaies. Une telle comparaison des exportations et des importations par branche d’activité constitue donc un guide utile de la répartition par industrie des effets de l’envol du dollar canadien.

Avant un tel bilan comparatif, quelques observations s’imposent au sujet des données d’entrées-sorties et de leurs limites. Toutes ces données sont en dollars courants. Les exportations sont en valeur brute, ce qui incorpore leur contenu importé tant direct qu’indirect. Les entrées intermédiaires ne sont autres que les achats directs durant l’année en cours d’exercice : elles comprennent les matières premières, les pièces et les services, mais pas les immobilisations. La somme de toutes les entrées (inter­médiaires et brutes, lesquelles comprennent le travail et le capital) correspond à la production totale de sorte que le calcul des parts des exportations dans la production et des importations dans tous les intrants utilise le même dénominateur.

Le commerce de détail représente un cas d’espèce. Dans cette industrie, les produits d’entrée ne comprennent pas les produits finis importés (vêtements, téléviseurs, etc.) qui sont directement vendus aux consommateurs, puisqu’ils ne constituent pas des apports à la production effective de services au détail (ces apports sont notamment l’électricité, la publicité et le travail). Notre présente analyse d’entrées-sorties n’appréhende pas en soi l’avantage évident pour les détaillants de la baisse des prix des produits finis à l’importation.

Comme dans la plupart des calculs d’entrées-sorties, les données se situent à un niveau de grand détail de 300 branches d’activité (cela explique que les dernières estimations pour 2004 n’aient été diffusées que récemment); elles sont ensuite agrégées en 59 grandes industries. Pour faciliter l’analyse, nous convertissons ces industries en 24 groupes (la maroquinerie, le vêtement et le textile deviennent, par exemple, la fabrication de vêtements). Les données industrielles détaillées en question sont disponibles seulement depuis 1997, année de mise en application du nouveau système de classification des industries (SCIAN). Nous en faisons l’extrapolation jusqu’en 2006 en prenant les valeurs publiées des exportations et des importations tout en supposant que la structure d’entrées-sorties de la production n’a pas changé.

Dépendance à l’égard des exportations par branche d’activité

Dans l’ensemble, l’industrie canadienne a directement tiré 20 % de ses revenus des exportations en 2004. Cette proportion a monté d’un minimum de 14 % au plus noir de la récession en 1991 à un maximum de 23 % au zénith des TIC en l’an 2000. Les 20 % de la part des exportations dans la production directe sont moins que les 31 % de la part des exportations directes et indirectes dans la production. Prenons un exemple : la part de la production forestière exportée directement sous forme de billes est relativement modeste à 4 %. Mais si on inclut les billes transformées en sciages par l’industrie du bois, cette proportion de produits directement et indirectement exportés est de 68 %. De même, les services d’électricité exportent relativement peu directement (5 % environ), mais si on tient compte de l’électricité comprise dans des productions énergivores comme celles de l’aluminium et des autres métaux, l’exposition générale à la demande à l’exportation est de 28 %. Pour d’autres produits exportés comme le matériel de transport, la différence est bien moindre entre la demande totale à l’exportation (c’est‑à-dire directe et indirecte) et la demande directe à l’exportation.

Il faut s’attarder sur les deux catégories (exportations directes et totales) pour dégager l’incidence du taux de change sur les fortunes industrielles. L’interprétation de ce que peut être l’effet des exportations indirectes sur les revenus de l’industrie n’est pas toujours aussi simple que pour le secteur des produits forestiers. Nombre de services (opérations bancaires, services juridiques, etc.) sont exposés à une grande diversité d’industries exportatrices et ils ont pu prospérer ces dernières années en se concentrant sur des secteurs de croissance comme ceux de l’énergie et des mines. De plus, les revenus tirés de ces services sont en dollars canadiens et, par conséquent, l’exposition au taux de change et à ses risques est fort indirecte et probablement des plus ténues. Nous signalons dans le texte les effets indirects importants (qui se présentent le plus souvent dans les industries de biens).

On ne s’étonnera pas que les branches d’activité varient amplement dans leur dépendance à l’égard des exportations. Le secteur de la fabrication et les industries de produits de base sont les principales branches d’activité exportatrices. En 2006, les fabricants d’équipement de transport (construction automobile et production aérospatiale surtout) en dépendaient directement pour 73 % de leur production, le plus à l’échelle des branches d’activité. Plusieurs autres fabricants en dépendent pour près de la moitié de leur production (machines et matériel, produits chimiques, métaux, bois d’œuvre, papier, vêtements, etc.). Les industries de l’extraction minière, pétrolière et gazière exportent directement la quasi moitié de leur production et, si on tient compte des produits indirectement exportés (produits d’abord raffinés et ensuite exportés), la dépendance globale à l’égard des exportations est de 80 % du revenu de ce secteur de l’extraction.

Figure 1


Ce ne sont pas tous les fabricants qui ont une si vaste dépendance à l’égard des exportations. Les transformateurs alimentaires ont tiré environ le cinquième de leur revenu du marché extérieur, ce qui s’explique en partie par le caractère périssable de denrées comme le pain, la viande et les produits laitiers. Les raffineurs pétroliers (qui se situent pour la plupart dans l’est du pays) ont exporté 21 % de leur production. Au niveau de détail, les industries de l’imprimerie, des boissons et du tabac dépendent le moins des exportations, en partie parce que les goûts locaux prédominent pour ces produits (qu’il s’agisse des cigarettes, des journaux ou des magazines).

En revanche, un certain nombre de services affichent une relativement grande orientation vers l’exportation. Les services de transport dépendent le plus des exportations, soit pour presque le tiers de leur production (si on tient compte des exportations indirectes, c’est une dépendance de près de moitié). Le transport par pipeline est en tête avec un taux de dépendance de 50 % que crée l’acheminement du pétrole et du gaz vers le territoire américain. Par ailleurs, le transport aérien tire environ le tiers de son revenu du marché extérieur, tout comme le tourisme et les industries du film et du son. La demande de transport routier à l’exportation est tombée dans les années 1990 de près de 40 % du revenu à un tiers environ; c’est en partie que les exportations vers les États-Unis ont récemment diminué (dans le cas de l’industrie de l’automobile, le nombre de véhicules expédiés chez notre voisin du sud a baissé de 24 % de 1999 à 2006).

Tableau 1 Exportations en parts de la production (%)

  1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Agriculture 23,4 29,2 23,0 23,0 24,3 22,8 20,5 19,6 20,5 24,3
Foresterie et pêche 5,2 5,9 7,0 8,1 9,1 9,6 9,2 9,1 10,3 10,0
Pétrole et gaz 44,5 45,0 48,7 52,9 52,1 51,4 50,8 50,5 51,3 51,4
Mines 54,8 54,9 54,8 52,7 51,5 53,8 53,7 49,2 53,6 48,4
Services publics 4,6 5,3 6,0 11,3 12,1 5,0 5,0 5,4 7,7 6,4
Construction 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Aliments et boissons 20,6 21,8 23,0 22,4 23,5 23,8 22,4 23,4 22,3 21,1
Vêtements 37,2 44,1 49,1 46,0 47,3 47,9 45,2 48,3 46,7 48,9
Bois et papier 54,5 55,2 56,4 54,2 52,6 50,5 47,6 50,6 48,6 47,9
Raffinage de pétrole 18,6 19,5 19,3 19,3 21,1 20,5 20,5 21,3 20,9 21,2
Produits chimiques et plastiques 40,0 42,8 45,2 44,1 42,7 42,2 40,8 41,4 39,5 38,4
Production de métaux 44,4 45,2 44,1 43,2 43,0 43,0 40,4 42,4 41,6 44,8
Machinerie et équipement 61,9 66,3 68,8 71,3 65,4 63,6 60,1 60,2 58,9 58,9
Équipement de transport 74,8 79,2 77,0 75,3 75,6 74,8 71,8 71,5 73,2 73,1
Autres manufacturières 56,8 55,2 55,9 54,1 50,5 51,1 47,1 46,0 44,1 41,4
Commerce 8,7 9,0 9,3 9,2 9,6 9,3 8,9 9,0 9,1 8,5
Transport 30,9 30,4 29,2 30,9 30,6 29,3 27,6 27,5 27,8 25,7
Loisirs 9,9 10,3 10,9 10,5 10,1 9,7 9,4 9,9 9,9 9,7
Finance 2,9 3,3 2,9 2,6 2,8 3,4 3,2 2,7 2,5 2,5
Services aux entreprises 13,6 15,1 14,0 12,7 11,5 11,8 12,0 11,5 11,2 10,4
Éducation et santé 0,7 0,7 0,8 0,8 0,8 0,8 0,9 0,8 0,9 0,9
Hébergement et restauration 14,9 16,2 16,5 16,1 15,8 15,6 13,7 15,3 14,1 13,2
Autres services 2,0 2,0 2,7 3,1 3,3 3,3 3,2 3,4 3,0 3,2
Gouvernement 1,3 1,2 1,2 1,1 1,1 1,0 1,0 1,0 1,1 1,1
                     
Total 20,8 21,7 22,5 23,3 22,0 21,0 19,7 19,8 19,7 18,9

Les services aux entreprises obtiennent 10,4 % de leur revenu directement à l’exportation (la proportion est de près du tiers si on ajoute les exportations indirectes), mais c’est trois points de moins depuis la crête du cycle des TIC en 2000 (les produits informatiques de conception et de programmation font partie de cette catégorie). Le commerce de gros et l’entreposage dépendent aussi des exportations pour environ le cinquième de leur revenu. Dans le cas des services récréatifs (jeux de hasard notamment) et des services d’hébergement et de restauration, la proportion est d’environ 10 %.

De grands pans de l’industrie tertiaire ne dépendent guère des exportations cependant. Les soins personnels et les services de réparation tirent 95 % de leur revenu de la demande intérieure; la radiodiffusion et les télé­communications ont une même orientation. Les finances, les assurances et les services immobiliers demeurent largement (95 %) une affaire intérieure et, bien sûr, la plupart des services gouvernementaux et des services de santé et d’éducation sont avant tout axés sur les besoins intérieurs1. Avec l’industrie de la construction (la seule industrie de biens dont la production ne va presque jamais à l’exportation), les branches d’activité qui ne sont presque pas exposées aux marchés d’exportation sont responsables de près de la moitié (48 %) du PIB.

Une poignée d’industries ont accentué leur orientation à l’exportation directe de 1997 à 2004. On peut mentionner à cet égard l’industrie du vêtement dont les exportations vers la fin de la décennie 1990 ont fait un bond pour représenter presque la moitié de la production, et ce, en grande partie à cause de la baisse du taux de change. Dans l’industrie du pétrole et du gaz, la demande à l’exportation a tout aussi rapidement progressé après 1997. Il reste que, dans la plupart des industries, le pourcentage exporté de la production n’a guère évolué; c’est le cas de la plupart des services.

Dans l’industrie primaire, le tableau est en demi-teintes. Les exportations de produits forestiers et halieutiques se sont élevées de quatre points, mais dans l’ensemble, la proportion directe reste faible à 10 % parce que le gros de la production brute de cette industrie est ultérieurement transformé avant d’être exporté; si on ajoute les produits indirectement exportés, la part des exportations est de 68 %. Dans l’agriculture, les exportations se sont affaissées, surtout en 2003 et 2004 quand l’éclosion de la maladie de la vache folle a fait interdire les exportations de bovins canadiens. En 2006, elles se sont mises à remonter rapidement.

La seule autre baisse digne de mention du pourcentage exporté peut être relevée dans l’industrie de l’équipement de transport où on est passé d’un sommet de 79 % en 1998 à une valeur de 73 % en 2006 (cette industrie demeure cependant la plus orientée vers l’exportation). Cette diminution a coïncidé avec une augmentation au Canada de la production des constructeurs asiatiques, d’où un passage d’une importation de véhicules d’Asie à une production intérieure.

Produits d’entrée importés

Dans l’ensemble, les branches d’activité au Canada ont importé en 2006 10,6 % de leurs entrées2; c’est moins que la valeur récente (1999) de culmination de 12,9 %. Tout ce recul s’explique par une vive contraction de 10 points des importations dans les industries des machines et du matériel, qui sont les deuxièmes plus grandes consommatrices d’entrées importées (avec 37 % en 2000). Dans ce dernier cas, il faut y voir l’effet de l’implosion du secteur des TIC après que la bulle de la haute technologie ait éclaté en 2001. Il reste que la plupart des autres industries ont diminué leurs importations, tout comme l’ont fait valoir les données de l’étude du mois dernier sur le contenu importé des exportations3. La valorisation du dollar après 2002 a ralenti – sans la neutraliser – la décroissance de l’utilisation d’entrées importées (la baisse des prix des importations après 2002 a contribué à relever le volume des entrés importées).

Tableau 2 Importations en parts des entrées (%)

  1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Agriculture 6,6 7,3 7,5 7,3 7,9 7,8 7,8 7,1 7,5 7,4
Foresterie et pêche 12,2 11,9 13,4 14,6 12,9 12,8 12,4 12,2 13,5 13,0
Pétrole et gaz 7,8 10,0 10,2 7,6 7,4 7,5 6,6 6,5 5,5 5,7
Mines 10,8 11,3 10,1 9,4 9,6 9,6 8,2 6,9 5,6 5,0
Services publics 5,5 6,3 7,7 8,3 7,9 7,8 7,1 6,6 7,4 6,4
Construction 12,7 14,0 14,2 12,4 11,7 11,4 11,3 11,3 10,9 10,9
Aliments et boissons 11,3 11,9 11,5 11,9 12,3 12,6 11,9 10,8 11,1 11,4
Vêtements 27,7 29,0 27,9 26,1 26,4 26,8 25,9 25,3 24,9 24,2
Bois et papier 11,8 12,5 12,3 11,9 12,5 12,4 12,4 11,2 11,9 11,8
Raffinage de pétrole 36,6 35,8 36,6 41,6 40,8 37,7 35,5 36,6 37,9 36,2
Produits chimiques et plastiques 22,4 23,5 23,7 22,5 22,2 21,6 21,3 21,3 20,9 20,4
Production de métaux 21,9 22,0 20,9 20,3 20,0 19,8 19,1 21,8 22,8 22,7
Machinerie et équipement 33,5 34,2 33,7 36,9 34,7 32,1 30,0 29,8 27,2 26,3
Équipement de transport 44,9 47,5 46,3 44,9 41,6 42,0 40,2 42,0 43,5 43,0
Autres manufacturières 22,6 22,3 21,3 19,6 18,2 19,8 17,8 20,3 22,3 24,8
Commerce 4,1 4,3 4,0 4,2 4,3 3,9 3,7 3,5 3,6 3,6
Transport 7,4 7,5 7,2 7,2 6,6 6,6 6,4 6,3 7,1 7,4
Loisirs 9,7 10,6 9,9 10,8 9,6 10,0 10,0 9,3 7,9 8,4
Finance 3,0 3,4 3,1 2,8 2,6 2,6 2,6 2,6 2,6 2,4
Services aux entreprises 7,5 8,5 8,4 8,0 7,0 6,6 6,1 5,8 5,5 5,4
Éducation et santé 5,0 5,4 5,4 5,0 5,2 5,2 5,3 5,3 5,2 5,2
Hébergement et restauration 7,5 8,0 7,7 7,5 7,3 7,2 7,1 7,0 6,7 6,7
Autres services 5,9 6,3 6,8 7,0 6,1 5,6 5,8 5,7 5,5 5,4
Gouvernement 5,1 6,0 6,0 6,0 6,2 5,9 5,7 5,6 5,4 5,4
                     
Total 12,0 12,7 12,9 12,9 12,0 11,6 10,9 10,9 10,9 10,6

L’équipement de transport, le plus grand importateur d’intrants à 43%, a affiché une légère perte. La baisse dans l’industrie de l’automobile a notamment pour cause la réduction dans la part des sorties et la croissance de l’offre asiatique. Plusieurs des grands exportateurs manufacturiers canadiens dépendent des importations pour environ le quart de leurs entrées. Outre les industries de l’automobile et des machines et du matériel, les secteurs du raffinage pétrolier, du vêtement et des autres produits manufacturés appartiennent à cette catégorie. Les industries chimique et métallique obtiennent environ 20 % de leurs entrées sur le marché extérieur; on importe notamment de la bauxite pour les alumineries et du minerai pour les fonderies et les affineries.

En revanche, plusieurs grands exportateurs manufacturiers achètent relativement peu de produits d’entrée à l’importation. Le secteur de l’extraction minière, pétrolière et gazière n’est pas le même au Canada que dans toute la zone de l’OCDÉ, puisque la plupart des pays membres sont largement tributaires des importations4, n’étant pas aussi bien pourvus que nous en ressources naturelles. Bien sûr, le Canada a amplement sur le plan intérieur de quoi alimenter ce secteur et il n’obtient à l’importation que 5 % des apports. L’industrie des produits forestiers va chercher environ un dixième de ses entrées à l’importation.

La plupart des autres secteurs (agriculture, forêts, administrations publiques, etc.) importent moins de 10 % de leurs entrées. Dans l’industrie tertiaire, les transporteurs limitent leurs importations à seulement 7 % des entrées. Les services aux entreprises importent moins de 6 % de leurs entrées et sont d’ailleurs en tendance de chute libre. C’est le secteur des finances qui en importe le moins (2 %) parmi les branches d’activité. Comme nous l’avons mentionné, aucune tendance à la hausse ne se remarque pour le pourcentage importé dans ces industries même après que le dollar a amorcé sa montée en 2003.

Ce qui a été en baisse dans tous les cas, c’est le contenu importé des États-Unis. Les industries de l’automobile et des machines et du matériel ont lancé le mouvement après l’an 2000. Tous les secteurs sauf deux se sont aussi mis à délaisser le marché d’importation américain après que le dollar canadien est entré en 2002 dans sa période de valorisation par rapport au dollar américain. Parallèlement, les entrées importées du reste du monde ont un peu monté ces dernières années.

Ce qui apparaît généralement au tableau du recours aux importations par branche d’activité est un net clivage entre le secteur de la fabrication et le reste de l’économie : la plupart des fabricants importent beaucoup de leurs entrées, ce que ne fait à peu près pas le reste de l’économie. Ainsi, l’importation de produits d’entrée a donné une protection à beaucoup de fabricants contre les variations du taux de change : si la valorisation de notre dollar a rétréci les revenus à l’exportation, la baisse des prix des produits d’entrée à l’importation était là pour compenser, du moins en partie. La section qui suit se concentre sur l’importance, petite ou grande, de cette compensation.

Comparaison sorties exportées et entrées importées

Lorsqu’on compare les sorties exportées aux entrées importées, on obtient une première approximation de l’exposition « nette » de chaque secteur aux variations du taux de change. Dans cette analyse, on soustrait d’abord de la part du contenu importé des entrées la part du contenu exporté de la production. On reprend ensuite la comparaison au moyen des valeurs absolues des revenus à l’exportation et des entrées importées par branche d’activité afin d’éliminer les parts relativement faibles.

a) Parts

On compte sept secteurs qui ont exporté nettement plus de leurs sorties qu’ils n’ont importé de leurs entrées (un écart de 20 points), d’où une exposition possible aux effets négatifs de la valorisation du dollar sans que les importations soient là pour compenser outre mesure. Dans le secteur de la fabrication, les industries du bois et du papier étaient le plus exposées en valeur nette avec un écart de 36 points entre les sorties exportées et les entrées importées, ce qui aide à comprendre le sort financier difficile que subissent actuellement ces branches d’activité. Les exportations représentent directement 48 % de leur production, qui est donc surtout en dollars américains. Pis encore, les prix de ces produits en dollars américains décroissent en raison de la faiblesse de la demande de bois d’œuvre et de papier journal. Ces mêmes branches d’activité ne sont guère secourues par la baisse des prix à l’importation, puisqu’elles n’importent que 12 % de leurs produits d’entrée.

Tableau 3 Écart entre la part des exportations et la part des importations (%)

  1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Agriculture 16,8 21,9 15,5 15,7 16,4 15,0 12,7 12,5 13,0 16,9
Foresterie et pêche -7,0 -6,0 -6,4 -6,5 -3,8 -3,2 -3,2 -3,1 -3,2 -3,0
Pétrole et gaz 36,7 35,0 38,5 45,3 44,7 43,9 44,2 44,0 45,8 45,7
Mines 44,0 43,6 44,7 43,3 41,9 44,2 45,5 42,3 48,0 43,4
Services publics -0,9 -1,0 -1,7 3,0 4,2 -2,8 -2,1 -1,2 0,3 0,0
Construction -12,7 -14,0 -14,2 -12,4 -11,6 -11,3 -11,2 -11,2 -10,8 -10,8
Aliments et boissons 9,3 9,9 11,5 10,5 11,2 11,2 10,5 12,6 11,2 9,7
Vêtements 9,5 15,1 21,2 19,9 20,9 21,1 19,3 23,0 21,8 24,7
Bois et papier 42,7 42,7 44,1 42,3 40,1 38,1 35,2 39,4 36,7 36,1
Raffinage de pétrole -18,0 -16,3 -17,3 -22,3 -19,7 -17,2 -15,0 -15,3 -17,0 -15,0
Produits chimiques et plastiques 17,6 19,3 21,5 21,6 20,5 20,6 19,5 20,1 18,6 18,0
Production de métaux 22,5 23,2 23,2 22,9 23,0 23,2 21,3 20,6 18,8 22,1
Machinerie et équipement 28,4 32,1 35,1 34,4 30,7 31,5 30,1 30,4 31,7 32,6
Équipement de transport 29,9 31,7 30,7 30,4 34,0 32,8 31,6 29,5 29,7 30,1
Autres manufacturières 34,2 32,9 34,6 34,5 32,3 31,3 29,3 25,7 21,8 16,6
Commerce 4,6 4,7 5,3 5,0 5,3 5,4 5,2 5,5 5,5 4,9
Transport 23,5 22,9 22,0 23,7 24,0 22,7 21,2 21,2 20,7 18,3
Loisirs 0,2 -0,3 1,0 -0,3 0,5 -0,3 -0,6 0,6 2,0 1,3
Finance -0,1 -0,1 -0,2 -0,2 0,2 0,8 0,6 0,1 -0,1 0,1
Services aux entreprises 6,1 6,6 5,6 4,7 4,5 5,2 5,9 5,7 5,7 5,0
Éducation et santé -4,3 -4,7 -4,6 -4,2 -4,4 -4,4 -4,4 -4,5 -4,3 -4,3
Hébergement et restauration 7,4 8,2 8,8 8,6 8,5 8,4 6,6 8,3 7,4 6,5
Autres services -3,9 -4,3 -4,1 -3,9 -2,8 -2,3 -2,6 -2,3 -2,5 -2,2
Gouvernement -3,8 -4,8 -4,8 -4,9 -5,1 -4,9 -4,7 -4,6 -4,3 -4,3
                     
Total 8,8 9,0 9,6 10,4 10,0 9,4 8,8 8,9 8,8 8,3

Il ne faut pas penser qu’une forte proportion de sorties exportées par rapport à une faible proportion d’entrées importées implique nécessairement des difficultés finan­cières en situation de valorisation du dollar. Le secteur de l’extraction minière, pétrolière et gazière est le plus exposé en valeur nette aux variations du dollar avec 43 points pour les mines et 46 pour le pétrole et le gaz. Si on ajoute les exportations indirectes, les pourcentages passent respectivement à 47 et 63 points, les plus hauts à l’échelle des industries. Toutefois, ces branches d’activité ont récemment eu de bons résultats dans l’ensemble, car les prix en dollars américains de leurs produits (métaux et hydrocarbures en particulier) ont augmenté plus rapidement que la valeur du dollar canadien qui a provoqué une baisse maintenue du revenu tiré des exportations. En revanche, les revenus tirés des exportations ont continué d’augmenter. Les autres industries primaires (agriculture, pêches et forêts) offrent toutes un important excédent de leurs exportations sur leurs importations, surtout si on ajoute les produits indirectement exportés.

Les industries du matériel de transport, des produits chimiques, des machines et du matériel et des services de transport sont les autres grands secteurs où l’excédent des exportations sur les importations est à 20 points. Les industries de l’automobile et des machines et du matériel ont connu des difficultés avec la montée du taux de change. Les services de transport n’étaient guère loin derrière, mais ont bénéficié de la vigueur de la demande (plus particulièrement pour le transport ferroviaire et maritime de matières premières et le transport aérien d’affaires et d’agrément) et ont continué à prospérer. La plupart des autres fabricants ont eu un léger excédent de leurs exportations sur leurs importations.

Parmi les industries de biens, le secteur de la cons­truction a le plus à gagner à cette valorisation avec un écart de 10 points en valeur relative entre les entrées importées et les sorties exportées. Il n’exporte pour ainsi dire rien et il importe environ 11 % de ses produits d’entrée. Dans le cas des services publics, il y a peu d’exposition directe, mais une certaine vulnérabilité par cause d’une dépendance à l’égard de la demande des exportateurs qui consomment beaucoup d’énergie.

L’industrie du pétrole est la seule industrie manufacturière à présenter en valeur relative un excédent des entrées importées sur les sorties exportées. Les raffineurs ont nettement profité du renchérissement de leur production au Canada, alors que les mouvements de notre dollar contribuaient à amortir la montée des cours du pétrole brut à l’importation. Leurs bénéfices montent en flèche depuis 2003.

L’industrie du vêtement est évidemment l’exception : si ses exportations ont fortement augmenté, le recul des parts des marchés canadien et américain au profit des importateurs asiatiques a grandement nui à sa rentabilité, provoquant la fermeture de plusieurs usines. Ces fermetures expliquent probablement pourquoi les fabricants de vêtements (ainsi que l’industrie du textile) ont importé moins après 2002. Ceci a eu comme effet d’augmenter leur écart net entre les exportations et les importations de 9 % en 1997 à 25 % en 2006, la plus grande hausse d’entre tous les groupes d’industries.

Les services gouvernementaux importent une part plus grande de leurs entrées qu’ils n’exportent de leur production, notamment les services de la santé et de l’éducation. Dans la plupart des services commerciaux, les entrées importées l’emportent légèrement sur les sorties exportées (mais le tableau est inverse si on tient compte de l’exposition indirecte aux exportateurs destinataires de ces services). Il s’agit notamment des services aux entreprises et des services financiers et récréatifs. Les finances, les assurances et les services immobiliers dépendent le moins des apports à l’importation (2 %), moins encore que les administrations municipales et les services postaux. Le commerce de gros et de détail a indubitablement tiré parti de la baisse des prix à l’importation, même s’il importait en grande partie des produits finis (ceux‑ci étant alors exclus du calcul d’entrées-sorties pour les importations de produits intermédiaires).

Les tendances par branche d’activité sont tout à fait homogènes en ce qui concerne l’écart net entre sorties exportées et entrées importées. Depuis 1997, la plus grande augmentation se présente dans l’industrie du vêtement par un double mouvement en hausse des exportations et en baisse des importations. L’industrie du pétrole et du gaz suit immédiatement avec une augmentation de plus de 6 points, les exportations ayant progressé bien plus rapidement que les importations. On relève enfin un gain imposant dans l’industrie des machines et du matériel par suite d’une réduction des importations de produits d’entrée consécutive à l’effondrement du marché du matériel de télécommunications après l’an 2000.

Sept secteurs à vocation exportatrice pour la plupart ont diminué l’écart entre les sorties exportées et les entrées importées au cours de la dernière décennie. Malgré cela, la plupart de ces baisses ont été minimes.

b) Niveaux

Bien sûr, toute comparaison en parts entre sorties exportées et entrées importées risque d’induire en erreur là où, en dollars, des branches d’activité exportent une grande partie de leur production, mais importent relativement peu de leurs apports (ou vice versa). Les valeurs absolues d’exportations et d’importations ont aussi leur importance. Les résultats dégagés sont légèrement différents si on compare les exportations et les importations en valeur absolue. Lorsqu’on soustrait les dollars d’exportations des dollars d’importations, on peut voir que les producteurs pétroliers et gaziers ont été les plus exposés aux variations du taux de change avec une valeur nette directe de 45 milliards de dollars en 2006 et de 84 milliards de dollars compte tenu des effets indirects. On passe ainsi presque du simple au septuple depuis les 13 milliards de dollars de 1998 dans un essor des cours de l’énergie ayant permis à cette branche d’activité de plus que compenser la baisse de revenu causée par la montée du dollar.

Tableau 4 Exportations moins importations (millions de dollars)

  1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Agriculture 6 010 7 742 5 545 5 909 6 427 5 797 4 970 5 097 5 216 6 790
Forestrie et pêche -1 090 -904 -1 086 -1 082 -567 -515 -518 -541 -487 -458
Pétrole et gaz 14 342 11 835 16 563 33 697 33 272 30 047 39 911 45 373 59 579 60 040
Mines 6 927 6 589 6 426 6 932 6 490 6 854 7 319 8 487 11 678 12 078
Services publics -263 -326 -561 1 076 1 457 -1 060 -840 -479 108 -7
Construction -13 371 -15 046 -16 103 -14 967 -15 431 -15 955 -17 030 -19 160 -20 767 -23 518
Aliments et boissons 5 900 6 518 7 720 7 868 8 742 9 018 8 673 10 623 9 380 8 384
Vêtements 1 373 2 234 3 196 3 492 3 553 3 518 3 025 3 201 2 788 2 786
Bois et papier 28 441 28 379 32 564 35 709 32 791 31 073 28 390 33 498 29 983 27 062
Raffinage de pétrole -3 982 -2 867 -3 880 -8 020 -7 234 -6 241 -6 147 -7 481 -10 048 -9 618
Produits chimiques et plastiques 10 759 11 862 14 011 16 712 16 466 17 332 17 182 18 771 18 663 18 910
Production de métaux 12 727 13 701 14 052 16 235 15 930 16 498 15 123 16 684 16 424 21 495
Machinerie et équipement 15 616 18 791 22 408 27 806 21 477 19 842 18 541 19 005 21 538 23 306
Équipement de transport 28 775 32 865 40 100 41 434 44 094 43 315 39 215 37 850 38 163 37 053
Autres manufacturières 4 795 5 085 5 771 7 404 7 145 7 346 6 837 5 993 5 294 4 058
Commerce 6 372 6 738 8 173 8 623 9 705 10 274 10 369 11 534 12 075 11 350
Transport 16 281 16 552 17 006 19 885 20 915 20 134 19 141 20 939 21 476 20 087
Loisirs 112 -119 507 -175 305 -203 -413 436 1 518 1 025
Finance -64 -392 -590 -682 612 2 255 1 622 433 -185 516
Services aux entreprises 4 365 5 352 5 258 5 110 5 132 6 204 7 395 7 648 8 146 7 423
Éducation et santé -4 692 -5 352 -5 468 -5 360 -5 904 -6 320 -6 709 -7 214 -7 185 -7 684
Hébergement et restauration 3 705 4 337 4 998 5 291 5 506 5 730 4 579 6 043 5 559 5 239
Autres services -763 -885 -983 -1 027 -782 -658 -787 -743 -855 -762
Gouvernement -5 083 -6 803 -7 251 -7 761 -8 552 -8 746 -9 038 -9 134 -9 113 -9 684
                     
Total 137 192 145 881 168 375 204 110 201 547 195 537 190 809 206 866 218 948 215 872

À l’autre extrême, l’industrie de la construction est le principal bénéficiaire de la valorisation du dollar canadien; ses entrées importées dépassent en effet en 2006 de 23,5 milliards de dollars ses sorties exportées (qui sont négligeables). Il faut aussi dire que les pressions à la baisse exercées par cette même valorisation sur les taux d’intérêt sont encore venues stimuler la demande en construction (phénomène qui n’est pas traité dans cet article, mais qui a nettement été un bienfait pour cette industrie).

La plupart des autres résultats industriels sont généra­lement en accord avec cette analyse comparative de la part des sorties exportées et celle des entrées importées en valeur proportionnelle. Les industries du matériel de transport, du bois d’œuvre et du papier présentent une large exposition nette à la montée du taux de change, les sorties exportées excédant les entrées importées (valeurs respectives de 37 et 27 milliards de dollars en 2006). Dans les services de transport, l’exposition nette est de 20 milliards de dollars avec une répartition à peu près égale entre le camionnage, les pipelines et le transport aérien (ces deux derniers sous-secteurs se sont soustraits à d’éventuelles difficultés grâce à la fermeté de la demande). Dans les industries des produits chimiques, du caoutchouc et des matières plastiques, l’exposition nette globale est de 19 milliards de dollars, presqu’autant que dans l’industrie des machines et du matériel. Si on inclut les exportations indirectes, l’exposition est de près de 40 milliards de dollars, à égalité avec celle des fabricants de produits métalliques et forestiers.

Dans les services aux entreprises, notamment en construction et en architecture, les exportations ont dépassé les importations d’un grand montant de 47 milliards de dollars étant donné que ces premières ont augmenté ces dernières années. Chez les fabricants d’aliments et de boissons, l’excédent est relativement imposant à 11 milliards de dollars environ dans chaque cas; dans les services d’hébergement et de restauration, il s’établit à environ la moitié seulement de cette valeur. En agriculture, les sorties exportées ont invariablement été supérieures de 5 milliards de dollars aux entrées importées avant que les exportations ne se soient consolidées en 2006. Dans l’industrie de l’extraction autre que pétrolière et gazière, l’exposition directe a doublé à 12 milliards de dollars (et à 22,6 milliards de dollars) à cause de la flambée des cours des métaux. Dans le cas des services publics, l’écart important entre la part des entrées importées et la part des sorties exportées se traduit par une différence relativement modeste en valeur absolue.

La plupart des industries de services importent plus qu’elles n’exportent et peuvent donc tirer parti de la montée du dollar. Le secteur public en est le premier bénéficiaire : il importe pour presque 20 milliards de dollars de produits d’entrée, mais exporte peu. En valeur nette, les importations approchent au total de 10 milliards de dollars pour les services gouvernementaux et de 8 milliards de dollars pour les services de santé, en grande partie en raison de l’importance des ordinateurs et autre matériel importés. Fait intéressant, les importations des services éducatifs sont de moins de 1 milliard de dollars supérieures à leurs exportations. Une explication partielle est que les exportations en ligne ont été en croissance rapide ces dernières années, alors que le gros des apports en éducation consiste en main-d’œuvre. De tous les services commerciaux, ce sont les communications et le commerce de détail qui ont le plus d’importations en valeur nette.

En dehors de l’industrie de la construction, il n’y a que quelques industries de biens qui importent plus qu’elles n’exportent. Les raffineurs sont en tête avec 9,6 milliards de dollars, important du pétrole brut (surtout pour l’est du pays) et exportant peu d’essence. D’exportateurs nets au plus noir de la crise californienne en 2000 et 2001, les services d’électricité sont devenus importateurs nets. Un des facteurs qui entre en jeu est la dépendance de l’Ontario à l’égard du charbon importé pour ses centrales.

Somme toute, le tableau est le même en part et en niveau dans l’analyse des sorties exportées et des entrées importées. L’industrie de la construction profite le plus de la situation : elle tire parti des baisses de prix des produits d’entrée à l’importation et écoule presque entièrement sa production sur le territoire canadien. La plupart des services axés sur la demande intérieure sont en mesure de bénéficier de ces baisses, les services de transport et les services aux entreprises mis à part (la demande s’avère solide de toute manière dans ces industries). Dans les industries de ressources, les sorties exportées excèdent largement les entrées importées, mais l’ample renchérissement des produits de base les a protégées contre les répercussions négatives de la valorisation du dollar canadien (avec pour exception notoire l’industrie des produits forestiers).

Les fabricants sont les plus vulnérables devant la montée du taux de change. La fermeté de la demande a aidé certains à surmonter cette difficulté (industries de l’aérospatiale, des machines, des métaux et du pétrole en particulier), mais les autres restent vulnérables. Dans la plupart des cas, les entreprises ont su réduire leur exposition nette en important plus de produits d’entrée moins chers de manière à compenser l’effet d’amortissement de la valorisation de notre dollar sur les revenus tirés des exportations.

Conclusion

Nous avons démontré dans cette étude que l’exposition nette aux proportions de la production qui est exportée et des entrées qui sont importées joue un rôle marquant – sans prédominer – dans les fortunes industrielles. En effet, pour la quasi moitié de l’économie, les exportations sont presque sans rapport à la demande. Plus particulièrement dans le cas de l’industrie de la construction et la plupart des industries de services qui ont tiré avantage de la vigueur de la demande intérieure et de la baisse des prix à l’importation. Pour la plupart, les autres secteurs qui ont su tirer leur épingle du jeu ces dernières années ont profité de l’essor des cours des produits de base (hydrocarbures, métaux et céréales). Les autres qui ont souffert le plus – notamment les industries des produits forestiers, du textile et du vêtement – ont été victimes de circonstances qui leur étaient propres. Les variations du taux de change ont accentué le mouvement sans l’infléchir fondamentalement.

Bien des fabricants sont protégés par leur structure de coûts même qui contribue à compenser l’effet négatif de la montée du taux de change sur le revenu. Lorsqu’un dollar canadien en plein essor est venu ralentir les revenus tirés des exportations, la baisse des prix des entrées importées a servi de contrepoids partiel. On peut ainsi mieux s’expliquer que les fabricants aient pu s’adapter à l’ascension du taux de change en maintenant leur production stable depuis 2003, tout en intensifiant les plans d’investissements et les projetant dans 2008.

Bien sûr, les exportateurs canadiens ont d’autres moyens de protection contre la montée du taux de change que les importations ou une concentration de leurs activités sur le marché intérieur par rapport aux marchés d’exportation. Le moyen le plus évident est la diversification des exportations hors du marché américain. Cette possibilité s’est faite plus attrayante à mesure que montait le dollar canadien : la part américaine de nos exportations a culminé en 2002 avant de régresser; elle avait perdu près de 10 points en 2007. Le gros de ce recul a eu lieu dans les deux dernières années. Un autre moyen tactique intéressant est l’investissement des deux côtés de la frontière canado-américaine ou la délocalisation dans un grand nombre de pays.

Études spéciales récemment parues


Notes

* Groupe de l’analyse de conjoncture (613-951-9162).
1

Les services éducatifs privés font exception, car les didacticiels en ligne ont fait monter les exportations à près de 11 % de tous les revenus.

2

Nous avons également regardé les importations tant en proportion des entrées intermédiaires qu’en entrées totales. L’effet est d’augmenter la proportion des impor­tations, mais il n’y a presque aucune incidence sur les tendances à l’importation dans l’ensemble ou par branche d’activité.

3

P. Cross et Z. Ghanem, « À la trace du commerce à valeur ajoutée : contenu des exportations en intrants ». OEC, février 2008.

4

K. De Backer et N. Yamano, « Mesurer la mondialisation à l’aide des tableaux internationaux d’entrées-sorties ». Document de travail de la DSTI 2007‑2008, OCDE, janvier 2008, p. 25.



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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