Étude spéciale
Termes d’échange, PIB et devises
par F. Roy*
Introduction
Les termes de l’échange, c’est-à-dire
le ratio du prix des exportations aux prix à l’importation,
ont un effet important sur le rendement économique au Canada.
Ils influent directement sur la balance commerciale en dollars courants,
laquelle est le résultat non seulement du mouvement des volumes
échangés mais aussi de leurs prix. Les changements
des termes de l’échange peuvent aussi avoir indirectement
des conséquences sur la composition de la demande intérieure
en modifiant les prix et les profits de différents secteurs.
Le présent article examine pourquoi
les termes de l’échange au Canada ont varié
de façon marquée et démontre l’impact
de cette variation sur les différents secteurs de l’économie.
Il fait appel à l’expérience américaine
avec un dollar élevé pour explorer quels sont les
secteurs qui pourraient en tirer profit et lesquels pourraient plutôt
en souffrir. Il ne cherche pas à en déterminer l’effet
net qui, semblerait-il, serait plutôt faible1,
mais s’intéresse davantage à l’étendue
de ses répercussions qui ont déjà commencé
à se manifester.
Notre dollar a connu une remontée record
en 2003. Entraîné par un gain de 10,8 % par rapport
au dollar américain, le taux de change effectif du dollar
canadien2 a augmenté de 10,5 % en moyenne
en 2003. Parmi les pays de l’OCDE, seules les devises de l’Australie,
de la Nouvelle-Zélande et des pays qui ont adopté
l’Euro ont connu une croissance légèrement plus
forte. Entre décembre 2002 et décembre 2003, la hausse
est encore plus frappante et atteint presque 20 %. Notre dollar
est toujours néanmoins sous le sommet de 1991.
Termes de l’échange et dollar
La figure 1 présente la relation à
long terme entre les termes de l’échange3
au Canada et notre taux de change avec les États-Unis. Les
deux variables suivent en gros la même direction alors que
les termes d’échange ont souvent devancé le
dollar dans ses mouvements. Il y a cependant d’importantes
exceptions. Entre autres durant la plus grande partie des années
60 (quand le taux de change était fixe), et au moment de
l’envolée du prix des marchandises en 1973-74. Plus
récemment, soit au cours des huit dernières années,
les termes de l’échange se sont beaucoup améliorés
à deux occasions (notamment pendant la crise énergétique
en Californie) sans qu’il n’y ait eu augmentation comparable
du taux de change, qui ne s’est produite qu’en 2003.
Figure 1
Les termes de l’échange ont habituellement varié
au Canada en raison du prix des exportations de marchandises, et
de l’énergie en particulier. Ceci appuie ce qui a été
établi dans la littérature qu’en général,
les variations du taux de change sont influencées par celles
des termes de l’échange. En 2003, cependant, c’est
le contraire qui est survenu : la hausse du dollar a amené
le prix des importations à baisser plus rapidement que les
prix à l’exportation, ce qui a relevé nos termes
de l’échange.
La figure 2 montre que les termes de l’échange au
Canada et aux États-Unis sont presque le miroir l’un
de l’autre, ce qui traduit l’importance à la
fois du taux de change et des prix des marchandises sur la détermination
des termes de l’échange. Les termes de l’échange
du Canada ont davantage fluctué. Aux États-Unis, l’augmentation
marquée de la devise avant 2003 a eu moins d’impact
sur les termes de l’échange car les baisses de prix
ont été semblables à l’importation et
à l’exportation. De plus, la taille du secteur extérieur
américain est petite (par rapport au PIB) comparativement
aux autres grands pays industrialisés. À l’opposé,
au Canada, tandis que le dollar a entraîné une baisse
générale des prix de tous les principaux groupes de
produits d’importation, soit de 12 % l’an dernier, la
baisse du prix des exportations était moins étendue,
et totalisait seulement 7 %.
Figure 2
La hausse du dollar s’est entièrement traduite par
des baisses fortes et étendues des prix à l’importation
(figure 3). Pour les machines et équipement ainsi que les
biens de consommation, qui formaient 42 % des importations en 2003,
les baisses de prix des importations atteignent respectivement 15,2 % dans le premier cas, et 12,6 % dans le deuxième. C’est
aussi dans ces deux secteurs où les termes de l’échange
se sont de loin le plus améliorés, car la baisse du
prix à l’exportation dans ces groupes était
beaucoup moins importante : les termes de l’échange
se sont améliorés de 13,6 % dans le cas des biens
de consommation et de 10,1 % pour les biens d’investissement
(figure 4). Il en est résulté que, malgré la
forte hausse du volume des importations, le déficit de la
balance commerciale pour les biens d’investissement a peu
varié en dollars courants tandis que les prix ont baissé
(tableau 1). Parallèlement, le déficit commercial
pour les biens de consommation est demeuré pratiquement inchangé
à 29 milliards de dollars alors que les consommateurs se
sont procuré bien davantage de produits importés à
des prix plus bas.
Figure 3
Figure 4
Tableau 1 : Balance commerciale nominale et termes de l'échange
par secteur
|
Total |
Produits agricoles et poisson |
Énergie |
Forêts |
Biens industriels |
Machines et équipements |
Autos |
Biens de consommation |
Termes de l'échange* |
|
|
|
|
|
|
|
|
1997 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
1998 |
96,5 |
98,5 |
99,0 |
100,0 |
94,2 |
97,5 |
100,8 |
94,9 |
1999 |
98,1 |
99,6 |
106,5 |
100,2 |
94,0 |
98,2 |
100,2 |
95,9 |
2000 |
102,5 |
100,8 |
116,1 |
98,6 |
96,7 |
99,2 |
100,9 |
96,1 |
2001 |
101,5 |
103,1 |
123,1 |
100,4 |
92,1 |
98,1 |
101,8 |
93,6 |
2002 |
99,4 |
102,3 |
103,7 |
95,1 |
92,5 |
98,6 |
102,5 |
93,9 |
2003 |
106,1 |
101,9 |
117,8 |
94,0 |
98,3 |
106,0 |
103,4 |
102,1 |
Dollars courants |
|
|
|
|
|
|
|
|
1997 |
25 652 |
9 121 |
16 550 |
32 719 |
2 074 |
-22 405 |
8 644 |
-19 039 |
1998 |
23 765 |
7 786 |
15 179 |
32 938 |
-1 125 |
-20 419 |
11 673 |
-22 009 |
1999 |
42 011 |
7 957 |
19 168 |
37 340 |
-2 322 |
-19 571 |
21 358 |
-23 016 |
2000 |
67 827 |
9 118 |
35 305 |
39 690 |
-1 118 |
-12 509 |
20 677 |
-24 890 |
2001 |
70 886 |
10 757 |
38 004 |
37 308 |
-435 |
-9 548 |
20 286 |
-26 624 |
2002 |
57 845 |
9 135 |
33 015 |
34 062 |
1 357 |
-8 563 |
15 580 |
-28 749 |
2003 |
60 206 |
7 800 |
41 359 |
31 480 |
1 470 |
-8 924 |
11 584 |
-29 073 |
* La fréquence des données
de ce tableau est annuelle alors que la figure 4 utilise des
données trimestrielles. |
Pendant que les prix des importations reculaient de façon
générale et forte, la baisse des prix des exportations
s’alignait étroitement sur le mouvement du dollar dans
seulement deux des sept groupes de produits d’exportations.
Ces groupes, soit ceux de l’automobile et de l’agriculture,
constituaient moins du tiers des exportations. De plus, le secteur
de l’automobile a le contenu importé le plus grand
des industries manufacturières, et les prix des biens automobiles
importés ont baissé encore plus (-12,2 %) que les
produits exportés (-10,4 %), relâchant la pression
sur les marges de profit dans cette industrie. Les prix agricoles
étaient abaissés par la maladie de la vache folle.
L’énergie et les biens industriels, qui génèrent
des exportations presque aussi grandes que l’agriculture et
l’automobile, ont vu leurs prix en dollars canadiens supportés
par la hausse sur les marchés mondiaux de marchandises, ce
qui a contré l’effet du taux de change. Les prix des
biens de consommation exportés se sont maintenus.
Ces écarts entre les prix à l’exportation
et à l’importation permettent d’envisager la
possibilité d’un PIB qui pourrait bénéficier
de la hausse du dollar. La baisse des prix des importations pourrait
ainsi mettre les consommateurs en position de substituer à
leurs achats davantage de biens importés moins chers, donc
d’accroître l’argent qu’ils peuvent affecter
à d’autres dépenses, et mettre les entreprises
en situation d’investir davantage. Les exportateurs ont souffert
quant à eux d’une perte de leurs revenus à l’exportation
bien que la tendance n’ait pas été universelle,
surtout pour les ressources.
Livraisons et profits
C’est, en tout cas, ce que démontrent les chiffres
sur l’évolution récente des livraisons manufacturières.
À cause de l’importante part exportée et de
la possibilité de substituer des importations aux livraisons
manufacturières, le secteur manufacturier est sans contredit
le plus exposé aux variations rapides des termes de l’échange.
Mais même dans ce cas, les industries classées dans
ce secteur ne semblent pas avoir été toutes touchées
de façon négative.
On a observé un lien étroit entre
les livraisons et le dollar dans seulement neuf des 224
industries manufacturières, comptant pour juste un peu plus
de la moitié des livraisons (figure 5). Les livraisons qu’on
appelle « sensibles au dollar » sont celles
rattachées à une industrie où les profits ont
généralement évolué de concert avec
les variations du taux de change au cours des trente dernières
années5. La plupart de ces industries
sont orientées vers l’exportation, dont l’automobile,
les produits chimiques et les machines. Cependant, quelques- unes
pourraient être incluses pour être davantage sujettes
à la substitution d’importations. Les industries moins
touchées se retrouvent dans le secteur des ressources (notamment
le pétrole, les métaux de première transformation
et les produits forestiers) où les livraisons dépendent
davantage des prix sur les marchés mondiaux que du dollar.
Les secteurs « mous » comme le tabac, le cuir,
les textiles et les vêtements font également partie
de ce groupe, de pair avec les produits de haute technologie (qui
expliquent en grande partie le pic de ces livraisons en l’an
2000 et la baisse par la suite).
Figure 5
Les livraisons des industries « sensibles au dollar »
ont augmenté de 26 % entre 1997 et 2002 avant de baisser
très légèrement l’an dernier. Au cours
de la même période, la croissance des livraisons dans
le reste des industries était la moitié de ce taux.
Notons que ces industries dans lesquelles les profits étaient
les plus touchés par les taux de change comprennent celles
qui ont généré la plus forte croissance de
l’investissement direct à l’étranger durant
les années 1990 (notamment l’équipement de transport
et les machines). La hausse de l’investissement à l’étranger
exacerbe l’impact des variations du dollar sur les profits.
Ainsi, lorsque les revenus réalisés à l’étranger
sont convertis en dollars en monnaie nationale à un taux
de change plus bas, les profits s’en trouvent améliorés
au pays. L’inverse se produit quand le taux de change s’accroît,
les profits s’abaissant alors.
À la sortie de la récession de 1990-1992 au Canada,
le secteur manufacturier a pris la tête des industries en
ce qui concerne la croissance des profits, aidé par la dépréciation
de la devise. En 2003 cependant, les profits industriels étaient
déjà comprimés par la hausse du dollar canadien.
Les profits hors fabrication atteignaient, à l’opposé,
leur sommet de dix ans de concert avec la hausse du dollar. C’est
exactement ce qui s’est passé aux États-Unis
jusqu’à l’an dernier, les profits ayant diminué
de près de moitié dans la fabrication pendant que
le dollar américain atteignait un sommet, tandis qu’ils
ont doublé dans le reste de l’économie (voir
les figures 6a et 6b).
Figure 6a
Figure 6b
Cette dichotomie s’est reflétée sur les chiffres
de l’emploi, le secteur des biens ayant contribué deux
fois plus à la croissance de l’emploi au Canada qu’aux
États-Unis durant les années 1990. Déjà
en 2003, au Canada, les tendances de l’emploi divergeaient
de façon dramatique entre le secteur manufacturier et le
reste de l’économie. C’est le recul de la fabrication
qui a ralenti la croissance globale. L’emploi dans les secteurs
autres que celui de la fabrication continuait de s’accroître
de façon graduelle.
Dépenses par secteur
Les États-Unis donnent l’exemple
avant 2002 d’une vive appréciation de la monnaie qui
donne lieu à une forte croissance dans les secteurs de la
demande bénéficiant de prix plus bas entraînés
par la hausse du dollar (pour la plupart des biens qui sont échangeables,
comme les biens de consommation et les dépenses des entreprises
en machine et équipement6). Les figures
7a et 7b montrent à quel point les prix de ces biens suivent
étroitement la tendance inversée du dollar aux États-Unis,
diminuant d’environ 20 % entre 1995 et 2002, alors qu’ils
sont demeurés pratiquement inchangés au Canada durant
cette période.
Figure 7a
Figure 7b
Les États-Unis ont profité de ces prix plus bas pour
augmenter substantiellement le volume de leurs dépenses de
consommation en biens, et les dépenses des entreprises en
matériel et en équipement, lesquelles ont contribué
à un peu plus de la moitié de la croissance de la
demande agrégée entre 1989 et 2003. Durant la même
période, au Canada, les dépenses de consommation en
biens, et des entreprises en machines et équipement —
secteurs à « dollar élevé »
— expliquent seulement environ le tiers de la croissance.
La croissance beaucoup plus marquée de l’investissement
aux États-Unis en machines et équipement a également
contribué à l’amélioration plus rapide
de la productivité de ce pays.
À l’opposé, la contribution du reste de l’économie
à la croissance, qui comprend les secteurs plutôt sensibles
à un dollar faible (les exportations nettes surtout) ainsi
que les biens qu’on ne peut transiger comme les services et
la construction expliquent une part plus grande de la croissance
du PIB au Canada qu’aux États-Unis. Les exportations
nettes sont cependant responsables de presque toute la différence
avec les États-Unis. Les administrations publiques n’ont
pas été incluses dans cette comparaison, mais elles
modifient très peu ce portrait. Le tableau 2 présente
la contribution de chaque secteur à la croissance cumulée
du PIB entre 1989 et 2003. Les figures 8a et 8b présentent
la contribution à la croissance cumulée des secteurs
« à dollar fort » et des autres secteurs.
Tableau 2 : Contribution à la croissance du PIB réel,
1989-2003*
|
Part de la croissance du PIB |
|
Canada |
États-Unis |
|
|
|
PIB |
100,0 |
100,0 |
|
|
|
Secteurs affectés par un dollar élevé
: |
|
|
Total |
34,8 |
53,3 |
Biens de consommation |
21,8 |
34,9 |
Dépenses des entreprises en machines et équipement |
13,0 |
18,4 |
|
|
|
Autres secteurs |
|
|
Total |
46,5 |
34,4 |
Services de consommation |
33,8 |
39,3 |
Construction résidentielle et non résidentielle |
3,5 |
3,7 |
Exportations nettes |
9,2 |
-8,6 |
|
|
|
Dépenses des administrations (Courantes
et d'investissement) |
15,9 |
11,2 |
* Sans les stocks. |
Figure 8a
Figure 8b
Grâce au dollar, les exportations nettes ont joué
un rôle plus grand dans la croissance au Canada qu’aux
États-Unis. Cependant, elles compensent seulement le rôle
plus important qu’ont joué les secteurs de la demande
intérieure aux États-Unis, lesquels étaient
en partie stimulés par la baisse du prix des importations.
Rappelons que ceci s’est produit alors que, aux États-Unis,
la hausse du dollar a entraîné de fortes variations,
tant des prix à l’exportation qu’à l’importation,
durant les années 1990. Les exportations sont un facteur
beaucoup plus important de l’économie du Canada, mais
le fait que leurs prix aient moins baissé que celui des importations
en 2003 amènera peut-être les profits et les revenus
des exportateurs à avoir moins d’impact sur le potentiel
de désinflation dans des secteurs clés de la demande
intérieure.
Ce qui pourrait paraître étonnant à première
vue c’est que, même pour les dépenses en services,
les États-Unis arrivent également devant le Canada.
Ceci s’explique par la forte croissance des dépenses
pour les services de santé. Les dépenses en soins
médicaux et en services de santé expliquent près
du tiers de la progression globale des dépenses de consommation
entre 1988 et 2002 (en dollars courants). Au Canada, la croissance
des dépenses en santé a constitué une part
minime (7 %) de la progression des services, en partie parce qu’elles
sont surtout à la charge des administrations publiques.
Le tourisme est un secteur qui peut être
touché négativement par l’impact de la hausse
d’une monnaie nationale. Les événements du 11
septembre ont toutefois déjà mis un brusque frein
à la hausse des tendances concernant les voyages internationaux7
face au resserrement des mesures de sécurité qui affectent
également le Canada. Ainsi, même si le dollar américain
continuait de progresser fortement en 2001 et au début de
2002, le nombre d’américains voyageant à l’étranger
est passé de 60,9 millions à 56,4 millions tandis
que le nombre de voyageurs en provenance de l’étranger
voyageant aux États-Unis a chuté de 50,9 millions
à 41,9 millions. Les données canadiennes les plus
récentes montrent une certaine sensibilité des voyages
à la hausse de notre dollar, notamment pour les voyages internationaux.
Notre déficit au titre des voyages a donc doublé l’an
passé pour atteindre un sommet de 10 ans.
Command GDP
Ce qu’on appelle le Command GDP (ou corrigé des termes
de l’échange) est une mesure sommaire de l’impact
des termes de l’échange sur le pouvoir d’achat
d’une économie. Les États-Unis publient cette
variante du PIB sur une base régulière. Le Command
GDP diffère du PIB réel en ce sens que sa composante
des exportations est obtenue en divisant les dollars courants par
des indices de prix des importations plutôt que des exportations.
La variable est une mesure de ce que l’économie pourrait
disposer en ressources suite aux mouvements des termes de l’échange.
Elle correspond à la quantité de biens et de services
qu’une économie pourrait acquérir sur les marchés
mondiaux, alors que le PIB conventionnel mesure ce qu’elle
produit. Lorsque les termes de l’échange varient en
faveur du Canada, le Command GDP augmente plus rapidement que le
PIB conventionnel parce que la baisse des prix à l’importation
relève notre pouvoir d’achat sur les marchés
mondiaux. À l’inverse, lorsque nos termes d’échange
se détériorent, parce que les prix de nos importations
augmentent plus rapidement que ceux de nos exportations, notre pouvoir
d’achat s’en trouve réduit et le Command
GDP diminue, comme ce fut le cas en 1998 et en 2001. Au cours de ces
années, les produits que nous avons achetés nous ont
coûté plus cher que ceux que nous avons vendus8.
La figure 9 montre que la correction du Command GDP aux États-Unis
ne diffère pas beaucoup du PIB conventionnel. Elle évolue
de façon parallèle avec les termes de l’échange,
mais le secteur extérieur est si petit par rapport à
l’ensemble de l’économie que l’effet sur
le PIB est marginal. Au Canada, le Command GDP évolue également
de pair avec les termes de l’échange mais notre large
ouverture au commerce extérieur en amplifie l’effet.
Après avoir atteint un creux à la fin de 2002, les
termes de l’échange se sont accrus de 10,6 %. Nous
pouvons donc exporter 10,6 % de moins pour nous procurer la même
quantité d’importations qu’à la fin de
2001. Le Command GDP était 9,6 % plus élevé
qu’il y a deux ans.
Figure 9
Conclusion
Les producteurs ont ressenti presque immédiatement les effets
négatifs de la hausse de la devise canadienne : les
termes de l’échange ont varié à la faveur
des importateurs et au détriment des exportateurs, l’emploi
a diminué dans le secteur manufacturier et les revenus d’investissement
à l’étranger ont reculé une fois convertis
en monnaie nationale. L’expérience des États-Unis
est cependant un exemple récent suggérant qu’une
monnaie forte a aussi des effets positifs, créant un potentiel
de désinflation et des taux d’intérêt
plus bas. Le dollar élevé a dégonflé
sa facture d’importations de biens de consommation et de biens
d’équipement, et libéré des ressources
financières pour l’investissement en biens de haute
technologie et à des fins visant à relever la productivité.
Études spéciales récemment parues
Notes
* Analyse de conjoncture (613) 951-3627
ou oec@statcan.ca.
1. La grande majorité de la recherche
démontre que les améliorations des termes de l’échange
stimulent légèrement l’économie. Par
exemple, une revue du NBER a conclu que les chocs positifs des termes
de l’échange, toutes choses étant égales
par ailleurs, ont toujours un effet positif sur le PIB. La question
empirique est de déterminer à quel point. Voir « Terms
of Trade Shocks and Economic Performance 1870-1940 : Prebisch
and Singer Revisited » par Y. Hadass et J. Williamson,
NBER Working Paper 8188, Cambridge MA, 2001.
2. Taux de change de la devise intérieure
comparé aux autres devises et pondéré par leur
part dans soit le commerce international du pays soit ses paiements
(OCDE).
3. Toutes les données sur le commerce
et les prix de cette étude proviennent des Comptes nationaux,
lesquels comprennent les ajustements de la balance des Paiements.
4. L’industrie du transport a été
scindée en deux, l’automobile et le reste de l’industrie,
afin de faciliter le rapprochement des données sur les livraisons
à celles des profits.
5. Nous avons lié les bénéfices
des entreprises avant impôt provenant de trois bases :
de 1998 à 2001, les statistiques financières et fiscales
des entreprises selon le SCIAN, de 1988 à 1997, les statistiques
financières et fiscales des entreprises selon la classification
industrielle de 1980 et de 1972 à 1987, les statistiques
détaillées du bilan et du revenu et les bénéfices
réinvestis selon la classification type des industries de
1960. Les industries manufacturières sensibles au taux de
change ont été définies comme celle pour lesquelles
la corrélation entre les variations du taux de change et
les profits étaient supérieures à 0,5 sur la
période de 30 ans.
6. Tout un domaine de la recherche analyse
l’impact des taux de change sur les indicateurs économiques
et utilise cette distinction entre les biens qui sont échangeables
ou non échangeables. Voir notamment J. Greenwood, «
Non-Traded Goods, the Trade Balance and the Balance of Payments
», The Canadian Journal of economics, vol. 17, no 4, novembre
1984, 806-823.
7. Aux États-Unis, entre 1992 et 2000,
près de 20 millions d’américains de plus chaque
année ont entrepris un voyage à l’étranger,
une augmentation de près de 50 %. Pendant ce temps, le nombre
de voyageurs étrangers augmentait beaucoup moins, soit de
5 millions, ou environ 10 %.
8. Voir aussi P. Krugman et R. Lawrence, « Trade,
Jobs and Wages ». NBER Working Paper No. 4478, Cambridge
MA, 1993.
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