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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Février 2005

Étude spéciale

La montée du huard et les voyages internationaux

par F. Roy*

La remontée récente du dollar a été plus marquée que celle qui avait mené à la forte hausse du magasinage des Canadiens aux États-Unis au tournant des années 1990.

À l’époque, l’accroissement des voyages aller-retour par automobile le même jour aux États-Unis avait accentué la faiblesse générale des dépenses à la consommation au pays, déjà touchées par la récession et l’entrée en vigueur de la TPS, et avait aggravé considérablement le déficit du Canada au chapitre des dépenses en voyages internationaux. Le renversement du cours du dollar y avait mis fin dès 1992.

Jusqu’à maintenant, cependant, même avec un dollar à 84 cents en novembre, la propension des consommateurs canadiens à traverser la frontière américaine pour aller faire leurs achats, n’a à peu près pas augmenté. En fait, le Canada ne se distingue pas du reste du monde qui évite de plus en plus les États-Unis comme destination, en dépit du renforcement de quelques monnaies importantes.

Figure 1

Ces éléments nouveaux se sont produits dans un environnement de croissance phénoménale du tourisme à l’échelle internationale depuis 1990, une autre manifestation de la mondialisation. L’Asie constitue de plus en plus la provenance et la destination du tourisme. Ces tendances mondiales se reflètent au pays par un certain déplacement de la destination des voyageurs vers l’Ouest. Ainsi, en 2004, il y avait presque autant de visiteurs en provenance d’outre-mer voyageant en Colombie-Britannique qu’en Ontario. La Colombie-Britannique était même la seule région du pays à enregistrer une entrée nette de voyageurs d’outre-mer. L’Ontario accusait la sortie nette la plus marquée à ce titre alors que les Ontariens quant à eux affectionnent de plus en plus les voyages à l’étranger.

Le magasinage transfrontalier n’augmente pas avec la montée du huard

Les voyages des Canadiens aux États-Unis ont généralement évolué de concert avec le taux de change. À partir de 1992, quand le dollar s’est affaissé, les voyages au sud de la frontière ont diminué de 55 %, à 35,9 millions. Cette baisse était surtout à mettre au compte des voyages automobiles effectués durant la même journée, une mesure du magasinage transfrontalier couramment utilisée.

En 2002, cependant, la relation étroite qui avait existé entre le dollar et les voyages des Canadiens aux États-Unis s’est brisée (figure 2). Le huard s’est renforcé mais la tendance des voyages des Canadiens aux États-Unis n’a pas suivi, une première en vingt ans.

Figure 2

Tableau 1. Voyageurs par origine et destination

  Voyageurs canadiens Voyageurs au Canada
  Total Aux É.-U. Par auto, même jour Outre-mer Total Des É.-U. Par auto, même jour D'outre-mer
  millions
1991 82,2 79,4 59,1 2,8 36,8 33,6 19,8 3,2
1992 79,8 76,7 57,0 3,1 35,7 32,4 19,0 3,3
1993 70,0 66,7 48,3 3,3 36,1 32,6 19,0 3,5
1994 57,7 54,3 38,2 3,4 38,7 34,9 20,7 3,8
1995 55,7 52,2 36,4 3,5 41,7 37,3 22,7 4,3
1996 56,4 52,7 36,3 3,7 43,3 38,5 23,8 4,8
1997 54,9 50,9 34,8 4,0 45,1 40,5 25,3 4,6
1998 47,0 42,8 28,4 4,2 48,1 43,9 27,1 4,2
1999 46,4 42,2 27,1 4,3 49,1 44,6 27,3 4,4
2000 47,2 42,7 27,1 4,5 48,6 44,0 26,6 4,6
2001 43,2 38,4 24,0 4,8 47,1 42,9 25,3 4,3
2002 39,2 34,6 20,9 4,7 44,9 40,9 22,8 4,0
2003 39,2 34,2 20,9 5,1 38,9 35,5 19,6 3,4
2004* 41,6 35,9 21,4 5,7 38,6 34,6 17,9 4,0
*Annualisé en utilisant les 11 premiers mois de l'année.

Pourtant la hausse du taux d’échange ces dernières années est encore plus forte que celle de 1986-1991. Si le renforcement de notre monnaie a eu quelque effet, c’est davantage en décourageant les Américains à voyager au Canada quoique, encore là, il est difficile de distinguer ce phénomène de l’effet négatif du 11 septembre.

Dans l’ensemble, le nombre d’Américains voyageant au Canada a perdu, à partir de 2000, toute la progression de 33 % gagnée entre 1991 et 1999. Pour la période dans son ensemble, soit entre 1991 et 2004, le nombre de visiteurs américains a peu varié, en hausse de seulement 3,0 % à 34,6 millions de visiteurs.

La conséquence de la baisse du magasinage transfrontalier des Canadiens est une amélioration considérable du compte des voyages de la balance des paiements du Canada. Le déficit est passé d’un niveau record de 1,9 milliards de dollars en 1991, environ le tiers du déficit du compte courant à l’époque, à 930 millions en 2004.

La figure 3 montre la contrepartie de l’aggravation du déficit canadien sur l’amélioration de l’excédent américain à partir de 1991. Entre le milieu des années 1960 et 1990, les deux pays avaient enregistré année après année des déficits semblables. Les voyages que les Canadiens effectuent le même jour aux États-Unis constituent maintenant environ 60 % de leurs voyages aux États-Unis contre 75 % en 1991.

Figure 3

Comparaisons internationales

À l’échelle mondiale, les voyages ont pris un élan exceptionnel depuis la fin des années 1980 (figure 4)1. Les recettes touristiques mondiales, qui atteignaient tout au plus 2 milliards de dollars en 1950, sont passées d’environ 100 milliards de dollars en 1980 à presque 500 milliards en 2002 (à l’exclusion des frais des transporteurs internationaux). Le tourisme mondial vers des destinations autres que les États-Unis a progressé d’environ 60 % entre 1991 et 2002. Le tourisme aux États-Unis a baissé de 2 %.

Les touristes canadiens n’ont pas été bien différents des autres touristes internationaux dans leur disposition à favoriser d’autres régions que les États-Unis dans leurs déplacements ces dernières années. Il en est résulté que la part des États-Unis représente 74 % des destinations des Canadiens, contre 87 % en 1991 (cela se compare à la situation de l’Amérique où 75 % des voyageurs proviennent de la même région).

Les voyages des Canadiens outre-mer ont doublé au cours de cette période pour atteindre 5,7 millions. Contrairement au tourisme mondial qui s’est effondré, la tendance au Canada n’a même pas ralenti en 2003. À titre d’exemple, à l’hiver 2003, près de 500 000 Canadiens de plus qu’en 2000 se sont envolés vers Cuba et la République Dominicaine.

En même temps, les voyages en provenance d’outre-mer ont progressé de 40 % durant les années 1990. Leur nombre a commencé à baisser au moment du ralentissement du tourisme mondial ayant suivi les événements terroristes et la montée des cours pétroliers. Le recul additionnel en 2003 était accentué par la guerre en Irak et le SRAS en Chine et au Canada.

En 2004, le nombre de touristes en provenance d’outre-mer a augmenté pour la première fois en quatre ans. Le tourisme en provenance d’Asie, la deuxième région en importance pour l’origine des voyageurs étrangers, a doublé par rapport au creux causé par le SRAS, au deuxième trimestre de 2003. Le tourisme en provenance de Taiwan, du Japon et de la Chine s’est fortement accru. Il a également augmenté de façon marquée en provenance des autres régions d’outre-mer.

Figure 4

Au niveau mondial, c’est vers la région de l’Asie (qui inclut ici l’Australie et le Moyen-Orient) où les voyages internationaux ont augmenté le plus, soit de 231 % entre 1991 et 2002. Le tourisme vers l’Asie équivaut maintenant à 20 % du tourisme mondial et est passé de la troisième à la deuxième plus importante destination. L’Asie était en dernière place durant les années 1950.

L’Europe occupe toujours la première place avec 60 % des voyages mondiaux. Son tourisme international a augmenté de 42 % depuis 1991. Le tourisme à destination de l’Afrique a doublé quoique sa part des voyages n’est que de 4 %. L’Amérique du Nord et du Sud est la destination la moins prisée, le nombre de voyages vers cette région n’ayant progressé que de 20 %.

Les voyages à destination des États-Unis ont progressé de 19 % entre 1991 et leur sommet atteint en l’an 2000, mais ils ont baissé depuis. Les recettes au titre des voyages aux États-Unis a donc perdu près de 20 milliards de dollars depuis la fin des année 1990.

Perspective régionale

Le déplacement des tendances mondiales des voyages vers la région de l’Asie-Pacifique a sa contrepartie au pays dans la répartition des voyageurs par province. Le SRAS, les feux de forêts et la guerre en Irak ont ralenti l’arrivée des voyageurs en provenance de l’étranger, mais il reste que les voyageurs sont portés davantage vers l’Ouest que vers l’Est.

Cela a contribué à faire de la Colombie-Britannique la principale bénéficiaire de la croissance du nombre de voyageurs étrangers au Canada. En effet, tandis que dans l’ensemble du pays, 1,8 million de voyages de plus ont été effectués par des étrangers entre 1991 et 2004, la hausse est de 2,1 millions vers la Colombie-Britannique. La Colombie-Britannique est également la seule des quatre régions (à l’exclusion de l’Ontario) dont les déficits constants au titre des échanges de voyageurs (sauf durant Expo 86 lorsqu’une entrée nette a été enregistrée) sont en voie d’être renversés.

L’évolution de la Colombie-Britannique s’explique par une variété de facteurs. Tout d’abord, les voyageurs en provenance d’outre-mer ont fortement augmenté vers cette province. Alors qu’en 1991, la Colombie-Britannique était distancée par l’Ontario de deux à un, elle lui dispute maintenant occasionnellement la première place au titre de la plus importante destination au pays. En terme de recettes, elle était même confortablement en tête puisque, par visite, les étrangers dépensaient 20 % de plus (958 dollars contre 801).

Figure 5

L’Ontario constitue toujours la première destination des Américains, mais cette province a également perdu une bonne partie de sa longueur d’avance sur la Colombie-Britannique qui enregistre une hausse de plus du tiers.

Finalement, c’est en Colombie-Britannique où le magasinage transfrontalier a le plus baissé entre 1991 et 2004, soit de 75 %. Il était en fait de 40 % inférieur à celui de 1986, avant que le dollar n’ait commencé sa montée.

Comme la Colombie-Britannique, les Prairies enregistrent une forte hausse des visiteurs en provenance d’outre-mer, particulièrement la Saskatchewan et l’Alberta. En octobre 2004, elles ont donc dégagé de nouveau une entrée nette à ce titre, rejoignant ainsi les tendances enregistrées vers le milieu des années 1990. Le magasinage transfrontalier n’a pas autant diminué qu’en Colombie-Britannique, cependant, tandis que le nombre de visiteurs américains a augmenté deux fois moins rapidement que dans cette province.

La concentration plus forte des États-Unis dans la provenance (95 % en 2003) et la destination (88 % en 2003) des voyages en Ontario rend cette province la plus sensible aux variations du taux de change. Entre 1989 et 1992, face à un bond de 21 % de notre dollar, les entrées nettes de voyageurs ont carrément basculé en sorties nettes sous l’impulsion d’un saut d’environ 250 % du magasinage transfrontalier des Ontariens aux États-Unis. La hausse avait d’ailleurs aussi contribué à une chute de plus de deux milliards de dollars des dépenses en biens semi et non durables.

Cependant, la hausse récente du dollar n’a eu pratiquement aucun effet sur le magasinage transfrontalier des Ontariens qui est demeuré en 2004 pratiquement au même niveau que qu’en 1986. L‘Ontario domine cependant largement la baisse du nombre des voyages des Américains au pays depuis 2000. Les entrées nettes de visiteurs s’en sont trouvées réduites de presque deux tiers.

Généralement, les préférences des Américains pour l’Ontario comme destination ont fait qu’elle est la seule région du pays à avoir enregistré une entrée nette de voyageurs depuis 1972 à l’exception de l’épisode maniaque de 1989-92 (lorsqu’elle a enregistré des sorties nettes). Cette entrée nette enregistrée avec les États-Unis masque des sorties nettes de plus en plus importantes avec l’outre-mer, de loin les plus marquées au pays. Entre 1991 et 2004, le nombre de voyageurs en provenance d’outre-mer a fortement baissé de 9 %.

Figure 6a

À l’opposé, les Ontariens ont toujours plus d’engouement pour les destinations exotiques. En 2004, près de trois millions d’entre eux auront entrepris un voyage outre-mer, le double de 1991 et le triple du milieu de la décennie précédente. Cependant, les résidants de ces pays favorisent encore moins l’Ontario qu’ils ne le faisaient au cours des années 1980. Ils se dirigent plutôt vers l’Ouest.

Les Québécois sont les résidants qui ont toujours été les moins susceptibles de voyager aux États-Unis. En 2003, 79 % des voyageurs québécois se destinaient vers les États-Unis, la plus faible proportion au Canada, en baisse constante depuis 1991. Le magasinage aux États-Unis représente seulement 8% du total canadien.

Figure 6b

Le Québec est donc moins touché par les fluctuations du taux de change et le magasinage transfrontalier. Comme dans le reste du Canada, moins d’Américains ont visité la province ces dernières années, mais moins de Québécois voyagent aux États-Unis de sorte que les entrées nettes de voyageurs ont peu changé en comparaison de 1991. En 2004, il y avait 1 million de Québécois de plus qui voyageaient à l’étranger que d’étrangers qui voyageaient au Québec. Ils étaient cependant six millions de moins qu’en 1991.

C’est au niveau des voyages outre-mer que de nouvelles tendances se dessinent. En effet, les sorties nettes sont de loin les plus élevées depuis 1972. La croissance des voyages vers les destinations outre-mer a été, à 63 %, moins forte que celle de 97 % enregistrée en Ontario. Quelque 17 % de résidents outre-mer de plus ont visité le Québec, alors qu’une baisse était enregistrée en Ontario.

Figure 7

C’est dans l’Atlantique où le solde au titre des voyages s’est le moins amélioré. Les sorties nettes se sont établies à presque deux millions. C’est beaucoup moins que les 8,5 millions enregistrés en 1991, mais encore élevé pour une petite population de 2,3 millions de personnes.

Comme en Ontario, quand on parle de voyages dans l’Atlantique, on parle des Américains. En effet, en 2004, 98 % des voyageurs en provenance de cette région se déplacent vers les États-Unis, une proportion qui a seulement baissé marginalement depuis le 99,5 % de 1992. Les résidants des provinces de l’Atlantique ont enregistré une hausse du magasinage transfrontalier avec le renforcement du dollar depuis 2002. Il s’agit même de la hausse la plus importante au pays. Le nombre de voyageurs américains a également baissé au cours de la même période.

Figure 8a

Figure 8b

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Notes

* Groupe d’analyse de conjoncture (613) 951-3627; oec@statcan.ca.

1 Les données sur le tourisme proviennent de l’Organisation mondiale du tourisme.


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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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