Mesures de la consommation de fentanyl dans les eaux usées de certaines villes canadiennes, janvier 2022 à novembre 2023
Diffusion : 2024-09-06
La consommation de drogues au Canada est devenue un sujet de préoccupation majeure pour la santé publique, la consommation d'opioïdes, l'accoutumance et les décès qui en résultent constituant des problèmes particulièrement urgents. Dans le contexte de la crise des opioïdes qui sévit actuellement dans de nombreuses régions du Canada, les données sur les eaux usées peuvent fournir des renseignements permettant de mieux comprendre la consommation actuelle de drogues et les nouvelles tendances en la matière.
L'Enquête canadienne sur les eaux usées (ECEU) permet de mesurer les niveaux de 10 drogues différentes, dont des opioïdes comme le fentanyl, dans les eaux usées de certaines villes canadiennes. Les plus récentes données de l'ECEU sont désormais accessibles dans un nouveau tableau de bord interactif, intitulé « Niveaux de drogues dans les eaux usées de villes canadiennes », qui comprend les nouvelles données diffusées aujourd'hui pour les mois de juillet, septembre et novembre 2023.
Ce tableau de bord permet aux utilisateurs d'explorer les données mensuelles de l'ECEU pour les municipalités participantes, à savoir Halifax, Montréal, Toronto, Saskatoon, Prince Albert, Edmonton et la région métropolitaine de Vancouver.
Le norfentanyl est un exemple notable de substance dont le niveau a été mesuré dans les eaux usées partout au Canada. Il s'agit d'un sous-produit issu de la décomposition du fentanyl dans l'organisme, qui peut être détecté dans les eaux usées afin d'estimer la consommation de fentanyl (voir la note aux lecteurs). Le fentanyl est un opioïde particulièrement préoccupant, puisqu'il a été mis en cause dans plus de 80 % des décès accidentels apparemment dus à la toxicité des opioïdes en 2023, selon l'Agence de la santé publique du Canada.
Comparativement aux autres villes participantes, les niveaux de norfentanyl étaient les plus élevés dans la région métropolitaine de Vancouver en 2022 et en 2023
Les données sur les eaux usées ont montré que les niveaux de norfentanyl étaient quatre ou cinq fois plus élevés dans la région métropolitaine de Vancouver que dans toutes les autres villes participantes en 2022 et en 2023. Toutefois, de janvier à septembre 2023, les niveaux de norfentanyl ont diminué de façon constante. Et, même si les données les plus récentes indiquent que les niveaux de norfentanyl ont fortement augmenté de septembre à novembre 2023 (la raison est encore inconnue), ils étaient égaux ou inférieurs à ceux observés à la fin de 2022. Parallèlement, les données du Service des coroners de la Colombie-Britannique (lien en anglais seulement) montrent que la proportion de décès liés au fentanyl (ou une drogue semblable dite analogue) observée à Vancouver en 2022 était comparable à celle enregistrée en 2023.
Toronto et Edmonton affichaient les deuxième et troisième niveaux de norfentanyl en importance en 2022 et en 2023
En 2022, les niveaux de norfentanyl à Toronto et à Edmonton étaient également plus élevés que dans la plupart des autres villes participantes, même s'ils étaient nettement inférieurs à ceux observés dans la région métropolitaine de Vancouver. Cependant, comme pour la région métropolitaine de Vancouver, les données les plus récentes montrent que les niveaux à Toronto et à Edmonton pour l'année 2023 sont égaux ou inférieurs à ceux enregistrés en 2022. Les données pour Toronto indiquent aussi que le nombre de décès liés à la toxicité des opioïdes observé en 2022 est comparable à celui enregistré en 2023 (lien seulement en anglais).
À Halifax, à Montréal et à Saskatoon, les niveaux de norfentanyl étaient très faibles en 2023
Les niveaux de norfentanyl dans les autres villes participantes, c'est-à-dire à Halifax, à Montréal et à Saskatoon, étaient nettement inférieurs à ceux observés à Edmonton, à Toronto et dans la région métropolitaine de Vancouver en 2023. Par ailleurs, les niveaux à Halifax et à Montréal étaient tout aussi faibles en 2022. À Saskatoon, on a observé une diminution notable par rapport à 2022, quand les niveaux étaient plus semblables à ceux enregistrés à Edmonton et à Toronto.
Le fentanyl n'est que l'une des nombreuses drogues, dont d'autres opioïdes comme l'oxycodone et les stimulants comme la cocaïne et la méthamphétamine, ayant contribué à la crise de consommation de drogues qui sévit actuellement au Canada. D'autres analyses approfondies des niveaux de ces substances et d'autres drogues mesurés dans les eaux usées au moyen de l'ECEU, combinées aux données sur les hospitalisations et les décès ainsi qu'aux statistiques liées aux crimes, permettront de mieux comprendre la consommation de drogues au Canada.
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Note aux lecteurs
Le tableau publié aujourd'hui comprend les estimations mensuelles de la charge quotidienne moyenne par habitant pour 10 substances d'intérêt dans sept villes canadiennes (région métropolitaine de Vancouver, Edmonton, Toronto, Montréal, Halifax, Prince Albert [Saskatchewan] et Saskatoon), pour un total de près de 9 millions de personnes. Ces substances comprennent des stimulants (cocaïne, mesurée par son métabolite benzoylecgonine, amphétamine, méthamphétamine et ecstasy), des opioïdes (codéine, fentanyl, mesuré par son métabolite norfentanyl, méthadone, morphine et oxycodone) et le cannabis, mesuré par son métabolite THC-COOH. Les données de Prince Albert ne sont pas comprises dans le présent communiqué en raison de l'interruption de la collecte des eaux usées après mai 2023. Les données de janvier, mars et mai 2023, diffusées en novembre 2023, ont été mises à jour selon des estimations de l'accroissement démographique pour 2023.
L'approche fondée sur les eaux usées permet d'obtenir des données impartiales, rentables et anonymes, en plus de présenter un faible fardeau de réponse pour les usines de traitement des eaux usées et, par conséquent, aucun fardeau de réponse pour les résidents des régions desservies par les usines de traitement des eaux usées. Ces renseignements peuvent être utilisés pour contribuer à mieux cibler les interventions en santé publique et les activités d'application de la loi.
Des échantillons d'eaux usées ont été recueillis dans l'influent des usines de traitement des eaux usées pendant sept jours consécutifs au cours de la deuxième semaine de chaque mois. Les résultats pour l'année 2023 ont été recueillis aux mois de janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre. Les échantillons quotidiens ont été analysés au laboratoire de la Direction générale des opérations réglementaires et de l'application de la loi de Santé Canada à Toronto. Les résultats de laboratoire et les estimations de population pour chaque région ont ensuite été combinés en vue d'obtenir une estimation, pour chaque mois, de la moyenne quotidienne des charges de drogue par habitant dans chaque municipalité.
Il y a des limites importantes quant à l'analyse et à l'interprétation des estimations obtenues à partir des échantillons d'eaux usées (dont bon nombre ont déjà été décrites dans le rapport intitulé « Estimation de la consommation de cannabis et de drogue au Canada à partir des eaux usées : résultats détaillés du test pilote »). Compte tenu de ces limites, les résultats sont présentés sous forme d'augmentation, de diminution ou de stabilisation. La stabilisation désigne l'absence d'augmentation ou de diminution importante. Par conséquent, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Certaines des valeurs mesurées peuvent comprendre des erreurs de mesure au laboratoire qui donnent lieu à une quantification erronée des niveaux de drogue. Les effets de certains autres facteurs, comme les différences de taille et de configuration des systèmes d'égouts ou la stabilité des drogues dans les eaux usées et dans les échantillons entreposés, pourraient avoir une incidence sur la comparabilité des résultats, et ils font encore l'objet d'enquêtes. De plus, il convient également de noter que bien que l'Enquête canadienne sur les eaux usées ait également permis de mesurer le niveau de nombreuses drogues dans les eaux usées en 2019 et en 2020, les résultats ne sont pas directement comparables à ceux de 2022 et de 2023 en raison d'un changement de méthodologie analytique en laboratoire. Les données de 2021 ne sont pas disponibles.
Produits
Le tableau de bord « Niveaux de drogues dans les eaux usées de villes canadiennes » présente des estimations mensuelles provisoires des niveaux d'amphétamine, de cannabis, de cocaïne (benzoylecgonine), de codéine, de fentanyl (norfentanyl), d'ecstasy, de méthadone, de méthamphétamine, de morphine et d'oxycodone dans les eaux usées de Halifax, Montréal, Toronto, Saskatoon, Prince Albert, Edmonton et la région métropolitaine de Vancouver.
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