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Maisons d'hébergement autochtones pour les victimes de violence au Canada, 2020-2021

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Diffusion : 2022-09-16

Au Canada, les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuits sont surreprésentés parmi les victimes de violence. Les recherches ont révélé que les politiques et les pratiques coloniales ― comme le système des pensionnats autochtones ― ainsi que le racisme, la discrimination et la marginalisation passés et présents, ont contribué à un risque accru de victimisation avec violence chez les Autochtones. Les conséquences destructrices pour les collectivités, les familles et les individus ont entraîné des traumatismes intergénérationnels. En outre, il a toujours été démontré que les femmes et les filles autochtones sont plus susceptibles d'être victimes de violence entre partenaires intimes, preuve des répercussions des conditions historiques et actuelles.

Les maisons d'hébergement pour les victimes de violence offrent du soutien qui peut atténuer certaines répercussions de la violence entre partenaires intimes, comme l'itinérance. En 2020-2021, le Canada comptait 93 maisons d'hébergement en activité rattachées à des collectivités ou à des organismes des Premières Nations, des Métis ou des Inuits, dont le mandat principal était de fournir des services aux victimes de violence. Ces maisons d'hébergement, qui servent principalement les personnes des collectivités autochtones, jouent un rôle important auprès des victimes de violence en leur offrant un environnement sécuritaire et en répondant à leurs besoins essentiels, en plus d'assurer différents types de services de soutien et de services dans la collectivité.

Un peu plus de la moitié (54 %) des maisons d'hébergement autochtones étaient situées en milieu rural et environ 4 établissements sur 10 (39 %) se trouvaient dans des réserves. La grande majorité (80 %) des maisons d'hébergement autochtones étaient situées dans des collectivités des Premières Nations, des Métis ou des Inuits, tandis que la proportion restante de 20 % avait d'autres liens avec des collectivités ou des organismes autochtones, comme le fait d'appartenir à une instance dirigeante autochtone ou d'être exploité par cette dernière.

La grande majorité (92 %) des maisons d'hébergement autochtones étaient des établissements d'hébergement à court terme, dont le mandat consistait généralement à offrir un hébergement pour une durée de moins de trois mois. Une faible proportion (8 %) des maisons d'hébergement autochtones ont déclaré offrir à leurs clients un hébergement à long terme, pour une durée de trois mois et plus. En comparaison, le Canada comptait 432 maisons d'hébergement non autochtones en 2020-2021. Le quart (25 %) de ces maisons d'hébergement non autochtones offraient un hébergement à long terme, tandis que la proportion restante (75 %) était composée d'établissements d'hébergement à court terme.

En 2020-2021, la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sans précédent sur des gens de partout au Canada. Tout au long de cette période, diverses autorités responsables de la santé et de la sécurité ont soulevé la préoccupation majeure que constituait la violence à la maison, en raison du risque accru pour une personne de subir de la victimisation lors de l'isolement à domicile et pendant des périodes marquées par le stress émotionnel et économique. Par exemple, les femmes et les enfants, qui sont particulièrement vulnérables à certains types de violence familiale, ont souvent été incapables d'échapper à leur agresseur parce qu'ils étaient plus isolés à la maison durant cette période.

Il a été signalé que la pandémie a également aggravé les situations sociales et les conditions de vie déjà difficiles auxquelles sont confrontés de nombreux groupes de population marginalisés au Canada, notamment les Autochtones, au fur et à mesure que diverses mesures et lignes directrices en matière de santé publique ont été mises en place pour ralentir la propagation du virus de la COVID-19. Par exemple, de nombreux Autochtones n'ont pas accès à un logement adéquat et convenable, en raison de divers facteurs tels que le manque de logements abordables, et les logements surpeuplés ont augmenté le risque de transmission de la COVID-19 pour de nombreuses personnes. Ces conditions ne permettaient pas aux individus de suivre les lignes directrices en matière de santé publique et de s'isoler en cas de maladie, et elles peuvent également avoir augmenté le stress social et les conflits à la maison.

L'article de Juristat diffusé aujourd'hui, intitulé « Maisons d'hébergement pour les victimes de violence rattachées à des collectivités ou à des organismes autochtones au Canada, 2020-2021 », est fondé sur les données du cycle 2020-2021 de l'Enquête sur les établissements d'hébergement pour les victimes de violence (EEHVV) et présente des renseignements sur les maisons d'hébergement autochtones au Canada. L'article contient des renseignements sur la manière dont ces maisons d'hébergement ont adapté leurs activités au cours de la première année de la pandémie, avec la mise en œuvre de mesures et de pratiques différentes. De plus, on y présente des renseignements détaillés sur les caractéristiques des maisons d'hébergement autochtones pour les victimes de violence, ainsi que sur les résidents qui y séjournent. Bien que les maisons d'hébergement autochtones constituent l'objet de cet article, des renseignements sur les maisons d'hébergement non autochtones sont fournis tout au long de l'article, et ce, à titre de contexte. Certains renseignements sont présentés pour l'exercice 2020-2021, ainsi que pour une journée précise de l'année (14 avril 2021), soit un jour ouvrable prédéterminé qui représente une journée type des activités des maisons d'hébergement partout au Canada.

Environ 4 lits sur 10 dans les maisons d'hébergement autochtones à court terme sont occupés le jour de l'instantané de l'enquête

Les maisons d'hébergement pour les victimes de violence ont fait état de taux d'occupation plus faibles le jour de l'instantané de l'enquête, soit le 14 avril 2021, comparativement à ce qui avait été déclaré lors du cycle de 2017-2018, dernier cycle au cours duquel l'EEHVV a été menée. Les maisons d'hébergement autochtones à court terme ont déclaré que 41 % des lits de leur établissement étaient occupés ce jour-là, alors que c'était le cas pour 57 % des lits dans les maisons d'hébergement non autochtones à court terme. En comparaison, le taux d'occupation des maisons d'hébergement autochtones à court terme avant la pandémie, en 2017-2018, était de 75 %.

Dans l'ensemble, 12 % des maisons d'hébergement autochtones à court terme et 17 % des maisons d'hébergement non autochtones à court terme étaient considérées comme affichant complet (c.-à-d. que leur taux d'occupation était de 90 % ou plus) en date du 14 avril 2021. Ces proportions étaient inférieures à celles enregistrées le jour de l'instantané en 2017-2018 par les maisons d'hébergement autochtones à court terme (34 %) et les maisons d'hébergement non autochtones à court terme (36 %).

Les maisons d'hébergement autochtones à court terme déclarent des durées moyennes de séjour plus longues que les maisons d'hébergement non autochtones à court terme

Les maisons d'hébergement à long terme offrent des services élargis aux victimes de violence et permettent des séjours plus longs, ce qui est particulièrement important pour les victimes de violence qui doivent faire face à des obstacles dans leur recherche d'un logement permanent. Cependant, en raison de défis liés au logement, comme le manque de logements abordables ainsi que de la pénurie générale de maisons d'hébergement à long terme pour les victimes de violence au Canada, les résidents sont parfois amenés à rester dans les maisons d'hébergement à court terme plus longtemps que la durée maximale prévue du séjour, faute d'endroit où aller. En 2020-2021, 23 % des maisons d'hébergement autochtones à court terme et 18 % des maisons d'hébergement non autochtones à court terme ont déclaré que la durée moyenne de séjour dans leur établissement dépassait le mandat général d'une période de trois mois.

Une proportion plus élevée de maisons d'hébergement situées en milieu urbain ont déclaré des durées moyennes de séjour plus longues comparativement à celles situées en milieu rural, ce qui peut être attribuable à la situation actuelle en matière de logement au Canada et au manque de logements abordables à acheter ou à louer, situés dans les régions urbaines. En 2020-2021, plus du quart (27 %) des maisons d'hébergement autochtones à court terme situées dans des régions urbaines ont fait état de durées moyennes de séjour de trois mois et plus, comparativement à 20 % des maisons d'hébergement autochtones situées dans des régions rurales.

Le manque de logements permanents demeure le défi le plus courant auquel sont confrontées les maisons d'hébergement

Les maisons d'hébergement pour les victimes de violence peuvent être confrontées à de nombreux défis qui peuvent avoir une incidence sur leurs activités, leurs résidents et les services qu'elles offrent. En 2020-2021, les maisons d'hébergement autochtones (37 %) et les maisons d'hébergement non autochtones (41 %) ont déclaré que le défi le plus courant auquel elles ont dû faire face était le manque de logements permanents, soit le même défi déclaré par les associations de maisons d'hébergement depuis plus de deux décennies.

La capacité d'hébergement constitue le plus grand défi lié à la pandémie auquel les maisons d'hébergement autochtones et les maisons d'hébergement non autochtones ont été confrontées

La pandémie a affecté les activités des maisons d'hébergement et leur capacité à fournir du soutien et des services aux victimes de violence. Environ le tiers des maisons d'hébergement autochtones (32 %) et des maisons d'hébergement non autochtones (34 %) ont déclaré que, dans l'ensemble, la pandémie a eu une grande incidence sur leur capacité à fournir des services aux victimes. Les deux types de maisons d'hébergement ont déclaré que la période correspondant aux premières restrictions et mesures de confinement mises en place dans tout le pays représentait la période la plus difficile.

La capacité d'hébergement a constitué le plus grand défi lié à la pandémie auquel les maisons d'hébergement autochtones (46 %) et les maisons d'hébergement non autochtones (47 %) ont été confrontées en 2020-2021, car les exigences de distanciation physique ont obligé les refuges à réduire le nombre de résidents qu'ils pouvaient accueillir. Comparativement à l'époque prépandémie, de nombreuses maisons d'hébergement ont déclaré avoir réduit le nombre de lits ou d'unités dans leur établissement (65 % des maisons d'hébergement autochtones et 61 % des maisons d'hébergement non autochtones). Sur une période d'un an, les maisons d'hébergement ont aussi enregistré une baisse du nombre d'admissions dans leur établissement par rapport au dernier cycle de l'EEHVV en 2017-2018 (une baisse de 29 % dans les maisons d'hébergement autochtones en 2020-2021 et de 31 % dans les maisons d'hébergement non autochtones).

Graphique 1  Graphique 1: Pourcentage de maisons d'hébergement pour les victimes de violence ayant déclaré avoir été grandement touchées par les répercussions de la pandémie de COVID-19, selon le type de répercussion et le type de maison d'hébergement, Canada, 2020-2021
Pourcentage de maisons d'hébergement pour les victimes de violence ayant déclaré avoir été grandement touchées par les répercussions de la pandémie de COVID-19, selon le type de répercussion et le type de maison d'hébergement, Canada, 2020-2021

Toutefois, par rapport à l'époque prépandémie, la moitié des maisons d'hébergement autochtones (50 %) et près de la moitié des maisons d'hébergement non autochtones (49 %) ont fait état d'une augmentation du nombre d'appels de crise reçus. De plus, certains refuges ont déclaré une augmentation de l'utilisation d'autres méthodes de communication (p. ex. vidéoconférences, lettres) pour offrir du soutien ou des services aux victimes se trouvant à l'extérieur de leur établissement (48 % des maisons d'hébergement autochtones et 72 % des maisons d'hébergement non autochtones).

Certaines maisons d'hébergement ont fait état de défis liés à la dotation tout au long de la pandémie. Par exemple, plus du quart des maisons d'hébergement autochtones ont déclaré avoir été confrontées à des défis relatifs à la disponibilité du personnel en raison de responsabilités familiales ou d'une situation de proche aidant (28 %) et des exigences d'isolement (26 %).

Tout au long de la pandémie de COVID-19, les maisons d'hébergement mettent en œuvre de nouvelles mesures et des services élargis, tout en continuant à servir les victimes de violence

Afin d'aider à réduire la propagation de la COVID-19, tout en continuant à fournir un lieu d'hébergement sûr, les maisons d'hébergement ont mis en œuvre diverses mesures tout au long de la pandémie. Ces mesures comprennent l'adoption de mesures de protection de la santé et de pratiques de nettoyage accrues (98 % des maisons d'hébergement autochtones et 95 % des maisons d'hébergement non autochtones) et l'emploi de nouvelles formes d'approche communautaire, telles que de nouvelles campagnes de sensibilisation du public (58 % des maisons d'hébergement autochtones et 61 % des maisons d'hébergement non autochtones). De nombreuses maisons d'hébergement ont également déclaré avoir apporté des modifications à leurs espaces d'hébergement, comme la désignation de zones dédiées aux résidents qui pourraient avoir besoin de s'isoler (58 % des maisons d'hébergement autochtones et 68 % des maisons d'hébergement non autochtones).

Il était moins courant pour les maisons d'hébergement autochtones que pour les maisons d'hébergement non autochtones de déclarer l'utilisation de nouvelles technologies pour communiquer avec les victimes (p. ex. la messagerie par chiffrement, les services et le soutien offerts en virtuel) (55 % contre 79 %) et l'adaptation ou l'ajout de nouveaux services ou programmes à l'intention des résidents (52 % contre 73 %).

  Note aux lecteurs

L'Enquête sur les établissements d'hébergement pour les victimes de violence (EEHVV) est un recensement de toutes les maisons d'hébergement (établissements d'hébergement) au Canada ayant pour mandat principal de fournir des services d'hébergement aux victimes de violence.

À l'exception des questions relatives aux répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les maisons d'hébergement, les renseignements publiés dans le présent article font référence à deux périodes distinctes. Premièrement, les données relatives au nombre d'admissions annuelles et à la durée moyenne de séjour sont fondées sur une période de référence de 12 mois (2020-2021) qui a précédé l'EEHVV. On a demandé aux répondants de choisir la période de référence de 12 mois ressemblant le plus à la période à laquelle l'établissement fait référence dans ses rapports annuels. Deuxièmement, les caractéristiques des maisons d'hébergement et le profil des personnes admises en maison d'hébergement sont fondés sur le jour de l'instantané, soit le 14 avril 2021.

L'EEHVV comporte cinq questions qui permettent aux maisons d'hébergement répondantes d'indiquer si elles sont rattachées à des collectivités ou à des organismes autochtones au Canada :

  1. Est-ce que votre établissement est un organisme autochtone?
  2. Votre établissement est-il situé dans une collectivité des Premières Nations, des Métis ou des Inuits?
  3. Votre établissement est-il situé dans une réserve?
  4. Votre établissement appartient-il à un gouvernement des Premières Nations (conseil de bande)?
  5. Votre établissement est-il exploité par un gouvernement des Premières Nations (conseil de bande)?

Un établissement est désigné comme une maison d'hébergement autochtone s'il a répondu « oui » à l'une ou l'autre des questions. De plus, certains établissements qui n'ont pas répondu à ces questions en 2020-2021 ont été qualifiés de maisons d'hébergement autochtones ou de maisons d'hébergement non autochtones au moyen d'un couplage avec l'ensemble de données de l'EEHVV de 2017-2018 et en extrayant les renseignements fournis pour les cinq questions liées aux Autochtones au cours de ce cycle de l'enquête.

Une admission désigne l'acceptation officielle d'une personne par une maison d'hébergement; cette personne se voit attribuer un lit, un lit d'enfant, un lit de bébé, une chambre à coucher, un logement comptant des chambres à coucher ou un appartement. Le nombre total d'admissions est fondé sur toutes les admissions faites au cours d'une période de référence de 12 mois et comprend les personnes qui pourraient avoir été admises plus d'une fois. Chaque séjour dans une maison d'hébergement est compté comme une admission distincte. Par exemple, pour une même personne admise dans une maison d'hébergement trois fois au cours d'une année, trois admissions seraient comptées.

Tout au long du présent article, les analyses excluent les maisons d'hébergement qui n'ont pas fourni de réponse à la question particulière qui était analysée. À l'échelle nationale, cela représente de 26 % à 32 % de toutes les maisons d'hébergement, et de 25 % à 29 % de tous les adultes de genre féminin et les enfants qui accompagnaient un adulte, aux fins d'analyse en fonction du nombre de résidents. Le pourcentage de maisons d'hébergement ou de résidents exclus varie selon la question et la région et selon les maisons d'hébergement autochtones et non autochtones. Pour les questions où il y avait une catégorie de réponse inconnue, les calculs incluent ces réponses inconnues.

On calcule le taux d'occupation en divisant le nombre total de résidents au jour de l'instantané de l'enquête par le nombre total de lits subventionnés, puis en multipliant le résultat par 100.

La somme des pourcentages peut ne pas correspondre à 100 en raison de l'arrondissement.

Produits

L'article de Juristat intitulé « Maisons d'hébergement pour les victimes de violence rattachées à des collectivités ou à des organismes autochtones au Canada, 2020-2021 » (Numéro au catalogue85-002-X) est maintenant accessible. Des données supplémentaires sont offertes sur demande.

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