Estimation de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada, 2015 à 2019
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Diffusion : 2022-03-17
Même s'il ne fait aucun doute que les tâches ménagères que les personnes accomplissent au quotidien, comme le ménage, la cuisine et les soins aux enfants et aux adultes à charge, sont des activités productives, il peut être difficile de leur attribuer une importance économique, étant donné qu'elles sont souvent effectuées à l'extérieur de l'économie de marché et qu'elles n'ont par conséquent pas de valeur monétaire observable. Il est important de faire l'effort nécessaire pour estimer la valeur monétaire du travail ménager non rémunéré accompli chaque jour afin de comprendre le rendement réel ou la véritable production économique d'un pays et de faire ressortir les inégalités dans la société, comme les écarts salariaux entre les sexes et les différences quant à la contribution aux diverses activités ménagères et de prestation de soins selon le sexe, qui sont souvent invisibles pour l'ensemble de la société.
L'étude publiée aujourd'hui fournit des estimations de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada de 2015 à 2019. Cette étude, qui présente des estimations à jour de la valeur économique du travail ménager non rémunéré, contribue au débat entourant le rendement économique inclusif et les inégalités dans la valeur économique attribuée à certaines personnes, à certains emplois et à certaines activités dans la société.
La pandémie de COVID-19 a fait ressortir la nécessité de quantifier la valeur du travail ménager non rémunéré en soulignant à quel point les activités qu'il comporte sont importantes pour le fonctionnement global de la société et de l'économie canadiennes, ainsi que pour le bien-être des Canadiens. La façon dont nous passons notre temps, la répartition des tâches ménagères, ainsi que l'équilibre entre le travail et les activités liées à la prestation de soins, ont changé depuis le début de la pandémie. Bien que cette étude ne comprenne pas d'estimations de la valeur du travail ménager non rémunéré pendant la pandémie, elle peut servir de base de comparaison efficace pour la période suivant la pandémie, une fois que ces estimations seront accessibles.
La valeur économique du travail ménager non rémunéré est supérieure à celle des secteurs de la fabrication, du commerce de gros et du commerce de détail
La valeur du travail ménager non rémunéré au Canada, selon le coût d'opportunité brut, a augmenté pour se chiffrer à 860,2 milliards de dollars ou 37,2 % du produit intérieur brut (PIB) nominal en 2019, ce qui est supérieur à la contribution totale des secteurs de la fabrication, du commerce de gros et du commerce de détail. Par habitant, la valeur du coût d'opportunité brut du travail ménager non rémunéré s'est élevée à 34 370 $ en 2019.
La valeur du travail ménager non rémunéré, selon la méthode du coût de remplacement, a aussi augmenté pour s'établir à 581,6 milliards de dollars ou 25,2 % du PIB nominal en 2019. Par habitant, la valeur du coût de remplacement du travail ménager non rémunéré s'est fixée à 23 240 $ en 2019, ce qui représente le coût engagé pour faire effectuer le travail ménager par des remplaçants embauchés dans l'économie de marché.
La raison pour laquelle le coût d'opportunité produit une plus grande valeur que la méthode du coût de remplacement est qu'il comprend les salaires de toutes les personnes et de toutes les professions de l'économie, tandis que le coût de remplacement ne comprend que les professions dans le cadre desquelles on effectue des tâches ménagères qui ne sont habituellement pas rémunérées. Par exemple, les salaires des personnes qui occupent des emplois bien rémunérés, comme les médecins, les ingénieurs, les avocats, sont inclus dans la valeur du coût d'opportunité, car on suppose que ces personnes renoncent à un salaire lorsqu'elles font du travail ménager non rémunéré. Toutefois, ces emplois bien rémunérés ne sont pas inclus dans la valeur du coût de remplacement, car les personnes qui les occupent ne sont pas embauchées pour effectuer des tâches ménagères qui sont habituellement non rémunérées. La plus faible valeur du coût de remplacement estimé dans la présente étude révèle que la société accorde généralement moins de valeur aux emplois liés aux activités ménagères ou aux tâches domestiques, comme le ménage, la cuisine et la prestation de soins, car ces tâches sont moins bien rémunérées dans l'économie de marché.
Les femmes effectuent la majorité du travail ménager non rémunéré, mais la valeur monétaire de leur contribution est plus faible que celle des hommes
Bien que les femmes aient continué d'effectuer la majorité du travail ménager non rémunéré, leur part de la valeur monétaire totale du travail ménager non rémunéré était inférieure à celle des hommes. Cette différence entre le nombre d'heures et la valeur monétaire du travail ménager non rémunéré est directement attribuable à l'écart salarial entre les hommes et les femmes sur le marché. Par exemple, en 2019, les femmes gagnaient en moyenne 0,88 $ pour chaque dollar gagné par les hommes. Cependant, une légère diminution de l'écart salarial entre les hommes et les femmes a été observée au cours de la période de référence de la présente étude.
Les femmes consacrent plus de temps au travail ménager non rémunéré dans tous les groupes d'âge, et les hommes plus âgés y contribuent davantage que les hommes plus jeunes
Les femmes de 25 à 54 ans étaient à l'origine de la plus grande part du travail ménager non rémunéré. L'un des facteurs qui expliquent cette part plus élevée est que les femmes s'acquittent généralement davantage des tâches liées aux soins des enfants et des adultes à charge que les hommes, et ce, le plus souvent entre 25 et 54 ans. Même si le nombre moyen d'heures de travail ménager non rémunéré des femmes demeure relativement stable après l'âge de 25 ans, leur part du nombre total d'heures diminue après 54 ans, car le nombre moyen d'heures des hommes augmente dans les groupes plus âgés.
La présence d'enfants creuse l'écart entre les hommes et les femmes pour ce qui est du travail ménager
Peu importe l'état matrimonial et la présence d'enfants, les femmes ont eu tendance à faire plus de travail ménager non rémunéré que les hommes. En 2015, dans les ménages sans enfants, les femmes comptaient une moyenne de 820 heures comparativement à 540 heures chez les hommes. Plusieurs études externes visant à examiner les raisons pour lesquelles les femmes font plus de travail ménager que les hommes donnent à penser que les écarts ne sont pas attribuables au fait que les hommes et les femmes ont des préférences ou des perceptions différentes quant à la propreté, mais plutôt au fait que la société s'attend à ce que les femmes gardent leur maison propre. Une fois la présence d'enfants prise en compte, les heures de travail ménager non rémunéré augmentaient à la fois pour les hommes et les femmes.
Par exemple, les pères monoparentaux consacraient deux fois plus de temps au travail ménager non rémunéré que les hommes célibataires. Toutefois, lorsque la présence d'enfants est prise en compte dans un ménage avec partenaires (ménages comptant deux adultes), l'écart se creuse entre les hommes et les femmes quant à la part de travail ménager : les femmes effectuent en moyenne 57,4 % des heures s'il n'y a pas d'enfants dans le ménage, mais cette proportion atteint 60,5 % en présence d'enfants.
Le travail ménager des femmes est moins valorisé, même lorsqu'elles sont évaluées au moyen d'un coût de remplacement fondé sur le marché
Même si les inégalités entre les hommes et les femmes sont évidentes lorsque l'on examine les heures consacrées au travail ménager non rémunéré et les valeurs du coût d'opportunité qui y sont associées, on observe également des différences entre les sexes pour ce qui est des valeurs du coût de remplacement. Bien que la méthode du coût de remplacement ne fasse pas de distinction entre l'embauche d'un homme ou d'une femme pour effectuer les tâches ménagères, il subsiste des différences entre les hommes et les femmes en raison du type d'activité qu'ils ont tendance à exécuter davantage. Par exemple, parmi les 20 tâches ménagères non rémunérées visées par l'étude, les hommes ont consacré la majorité de leurs heures aux trois tâches suivantes : l'entretien extérieur; la réparation, la peinture ou la rénovation; ainsi que celle visant à sortir les ordures, le recyclage et le compost, et à déballer les biens. Le coût de remplacement moyen pondéré pour ces activités était de 23,74 $ l'heure en 2019, tandis que le coût de remplacement pour toutes les autres activités, dont une part plus importante a été prise en charge par les femmes, était de 17,62 $ l'heure. Cette différence révèle que les tâches que les femmes accomplissent généralement davantage à la maison sont moins bien rémunérées dans l'économie de marché, comparativement aux tâches ou aux emplois qui reviennent plus souvent aux hommes à la maison et dans l'économie. Encore une fois, cela indique une différence fondamentale dans la valeur du travail effectué par les femmes au sein du ménage, mais aussi un écart salarial entre les emplois occupés davantage par les femmes que par les hommes sur le marché.
Les différences régionales dans les salaires influent sur la valeur monétaire du travail ménager non rémunéré
Bien que les résidents des provinces de l'Atlantique aient passé en moyenne le plus de temps à faire du travail ménager non rémunéré, comparativement à ceux des autres régions du Canada visées par l'étude, la valeur de leur travail ménager était la plus faible, que ce soit pour le coût d'opportunité brut, le coût d'opportunité net ou le coût de remplacement, en raison des salaires moyens plus faibles dans ces provinces. Parallèlement, la moyenne des heures de travail ménager non rémunéré relativement élevée et les salaires plus élevés dans les Prairies ont donné lieu à la plus grande valeur moyenne pour le travail ménager non rémunéré par personne.
La part des femmes dans les heures de travail ménager non rémunéré est semblable partout au Canada
La part du travail ménager non rémunéré, en heures, effectué par les femmes était semblable dans les cinq régions du Canada visées par la présente étude. Cette part allait d'un minimum de 58,7 % en Colombie-Britannique à un maximum de 61,3 % en Ontario.
La croissance des salaires des femmes a dépassé celle des hommes pendant la période à l'étude, indépendamment de la méthode d'évaluation, dans toutes les régions, sauf au Québec. Néanmoins, cet écart est faible, et le Québec a affiché la croissance des salaires la plus forte parmi les régions, selon le coût d'opportunité brut et le coût d'opportunité net. Selon le coût de remplacement, l'Ontario a affiché la plus forte augmentation des salaires, et l'Atlantique, la plus faible.
Objectifs liés au développement durable
Le 1er janvier 2016, des pays du monde entier ont officiellement commencé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l'horizon 2030, le plan d'action des Nations Unies axé sur la transformation qui vise à relever des défis mondiaux urgents au cours des 15 années suivantes. Ce plan repose sur 17 objectifs précis liés au développement durable.
L'Estimation de la valeur économique des activités ménagères non rémunérées au Canada est un exemple de la manière dont Statistique Canada appuie le suivi des progrès relatifs aux objectifs mondiaux liés au développement durable. Le présent communiqué contribuera à mesurer l'objectif suivant :
Note aux lecteurs
La présente étude fournit des estimations de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada de 2015 à 2019.
L'étude été financée par Femmes et Égalité des genres Canada.
Toutes les valeurs sont exprimées en dollars nominaux.
Le document complet, y compris les tableaux de données, se trouve dans « Estimation de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada, 2015 à 2019 », qui fait partie de la collection Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens (), 2022. 13-605-X
Les coûts d'opportunité peuvent être estimés sous forme brute (avant impôt) et sous forme nette (après impôt). Le coût d'opportunité brut peut être interprété comme le « coût d'opportunité social » du travail ménager non rémunéré, puisque la production marchande est potentiellement plus faible lorsque les personnes renoncent à un salaire pour effectuer du travail ménager non rémunéré. Par ailleurs, le coût d'opportunité net peut être interprété comme le « coût d'opportunité privé » puisqu'il permet de mesurer les gains auxquels la personne renonce.
Produits
Le document « Estimation de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada, 2015 à 2019 », qui fait partie de la collection Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens (), est maintenant accessible. 13-605-X
Le portail Statistiques des comptes économiques, accessible sous l'onglet Sujets du site Web de Statistique Canada, dresse un portrait à jour des économies provinciales et nationale et de leur structure.
Le Guide de l'utilisateur : Système canadien des comptes macroéconomiques () est accessible. 13-606-G
Le Guide méthodologique : Système canadien des comptes macroéconomiques () est accessible. 13-607-X
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