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L'analyse des eaux usées laisse croire que la consommation de fentanyl, de cannabis et de méthamphétamine a augmenté au début de la pandémie

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Diffusion : 2021-07-26

Les résultats de l'Enquête canadienne sur les eaux usées (ECEU) de Statistique Canada, qui est menée dans cinq grandes villes canadiennes, laissent croire que ces villes ont connu une augmentation de la consommation de drogues depuis le début de la pandémie. L'analyse indique également que les estimations de la consommation de drogues varient considérablement d'une ville à l'autre, ce qui laisse penser qu'elles ont des profils différents en matière de consommation de drogues.

En outre, ces résultats indiquent que l'augmentation de la consommation de drogues peut être un facteur contribuant à l'augmentation des décès liés aux surdoses. Ces renseignements aideront les décideurs à définir des stratégies en matière de santé publique, ce qui permettra aux autorités de la santé publique, aux forces de l'ordre et à d'autres organismes de cibler leur approche.

Depuis mars 2019, des échantillons d'eaux usées de diverses usines de traitement des eaux usées de cinq villes canadiennes (Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver) sont analysés dans le cadre de l'ECEU. L'analyse des échantillons d'eaux usées permet de produire des estimations de la quantité de métabolite d'une drogue donnée (un produit chimique créé lorsque le corps transforme une drogue) introduite dans le système de traitement des eaux usées, qui est généralement censé refléter la quantité globale de la drogue consommée par la population dans une région donnée (la zone de desserte).

Les plus récentes données de l'ECEU fournissent des estimations mensuelles des métabolites de drogues dans les eaux usées pour 14 drogues préoccupantes, selon des échantillons recueillis de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020. Les estimations sont fondées sur la quantité de drogue mesurée dans les eaux usées (c.-à-d. en grammes) et sont présentées par habitant, par jour ou niveaux.

Consommation de drogues et la pandémie de COVID-19

La Série d'enquêtes sur les perspectives canadiennes de Statistique Canada, intitulée Consommation d'alcool et de cannabis pendant la pandémie, a révélé que plus du tiers des personnes qui avaient déjà consommé du cannabis ont déclaré que leur consommation avait augmenté pendant la pandémie. De plus, à l'aide de données provenant des bureaux provinciaux et territoriaux des coroners en chef et des médecins légistes en chef, l'Agence de la santé publique du Canada a récemment signalé que le nombre de décès apparemment liés à la consommation d'opioïdes, dont la majorité impliquait du fentanyl non pharmaceutique, a atteint son point le plus haut d'avril à septembre 2020, à la suite de la mise en place des mesures de prévention contre la COVID-19. De plus, les résultats récents tirés de l'article intitulé Nombre provisoire de décès et surmortalité, janvier 2020 à avril 2021 de Statistique Canada démontrent une augmentation des décès causés par une intoxication accidentelle (incluant les surdoses accidentelles). Les résultats de l'ECEU contribuent davantage à la preuve que la consommation de drogues a augmenté après le début de la pandémie de COVID-19. Parmi les 14 drogues mesurées, une augmentation importante de la consommation de cannabis, de fentanyl et de méthamphétamine a été observée au début de la pandémie.

Le cannabis, qui a été légalisé au Canada en octobre 2018, est une drogue récréative consommée par 20 % des Canadiens âgés de 15 ans ou plus à la fin de 2020 (Enquête nationale sur le cannabis de Statistique Canada). Les résultats des eaux usées montrent que les niveaux du métabolite du cannabis (le THC-COOH) retrouvés dans les eaux usées ont augmenté au cours des premiers mois de la pandémie par rapport au début 2020 (avril et mai par rapport à mars), avant de revenir aux niveaux observés avant la pandémie (infographie 1). En avril 2020, le niveau de métabolite du cannabis retrouvé dans les eaux usées était 28 % plus élevé qu'en mars 2020.

Infographie 1  Vignette de l'infographie 1: Charge combinée de métabolite du cannabis par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020
Charge combinée de métabolite du cannabis par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020

Comparativement au cannabis, l'augmentation dans les eaux usées était encore plus remarquable pour le fentanyl (infographie 2). Le fentanyl est un analgésique synthétique de la famille des opioïdes qui peut être prescrit à des fins médicales pour contrôler une douleur intense, mais qui est souvent obtenu illégalement et utilisé à mauvais escient. Le fentanyl est très puissant et peut entraîner la mort, même en infimes quantités. Par conséquent, sa présence dans d'autres drogues, parfois à l'insu du consommateur, augmente considérablement le risque de surdose. En moyenne, les charges de fentanyl retrouvées dans les eaux usées en avril 2020 étaient semblables à celles observées au cours des mois précédant la pandémie, mais elles étaient près de deux fois plus élevées en mai et près de trois fois plus élevées en juin et en juillet.

Infographie 2  Vignette de l'infographie 2: Charge combinée de fentanyl par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020
Charge combinée de fentanyl par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020

La méthamphétamine est un puissant stimulant reconnu pour ses effets psychoactifs. Les niveaux de méthamphétamine retrouvés dans les eaux usées ont également augmenté au début de la pandémie, bien que la hausse se soit produite plus tard (mai et juin), et ont diminué en deçà des niveaux observés avant la pandémie en juillet (infographie 3). Toutefois, si l'on compare les premiers mois de la pandémie à leurs équivalents en 2019, on constate une augmentation des charges de méthamphétamine tôt au cours de la pandémie.

Infographie 3  Vignette de l'infographie 3: Charge combinée de méthamphétamine par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020
Charge combinée de méthamphétamine par habitant pour Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver, de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020

Les charges de fentanyl sont les plus élevées à Vancouver; les charges de méthamphétamine sont les plus élevées à Edmonton

Bien que nous ayons constaté une augmentation des charges de certaines drogues apparaissant dans les eaux usées au cours de la pandémie, ces charges varient toujours d'une ville à l'autre. En 2019 et en 2020, les charges de fentanyl par habitant à Vancouver étaient plus de quatre fois plus élevées que dans toute autre ville (infographie 4). Edmonton affichait les deuxièmes niveaux les plus élevés, suivi de Toronto; Halifax et Montréal affichaient, quant à elles, les plus bas niveaux.

Infographie 4  Vignette de l'infographie 4: Charge de fentanyl par habitant, par ville, de mars à juillet 2019 et de mars à juillet 2020
Charge de fentanyl par habitant, par ville, de mars à juillet 2019 et de mars à juillet 2020

En outre, bien que les données de l'Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues de 2015 montrent que la consommation globale de méthamphétamine est faible (0,2 %) au Canada, les résultats de l'ECEU indiquent que les charges de méthamphétamine étaient les plus élevées à Edmonton en 2019 et en 2020 et qu'il y avait environ deux fois plus de méthamphétamine dans les eaux usées par habitant qu'à Vancouver (infographie 5). En tenant compte des données antérieures (2018), les résultats indiquent que les tendances demeurent constantes d'une année à l'autre et que diverses villes ont des profils différents en matière de consommation de drogues (c.-à-d. les types et les niveaux de drogues consommés). Fait intéressant, les données sur les infractions liées à la possession de méthamphétamine viennent appuyer cette constatation. Les statistiques des crimes fondés sur l'affaire par province de 2018 (Statistique Canada, 2019) ont révélé que les infractions liées à la possession de méthamphétamine étaient les plus élevées à Edmonton, suivi de Vancouver, Montréal, Toronto et Halifax. Dans la présente analyse, une tendance semblable a été observée selon la ville.

Infographie 5  Vignette de l'infographie 5: Charge de méthamphétamine par habitant, par ville, de mars à juillet 2019 et de mars à juillet 2020
Charge de méthamphétamine par habitant, par ville, de mars à juillet 2019 et de mars à juillet 2020

En revanche, les estimations du métabolite du cannabis (THC-COOH) fondées sur les eaux usées étaient les plus élevées à Halifax à la fois en 2019 et en 2020 (infographie 6). Au deuxième rang venait Edmonton, suivi de Vancouver. Montréal et Toronto affichaient, quant à elles, les niveaux les plus bas. Ces différences entre les villes concordent également avec les tendances observées à l'échelle provinciale et territoriale dans le cadre de l'Enquête nationale sur le cannabis de 2019 de Statistique Canada, qui a montré que le pourcentage de personnes ayant déclaré consommer du cannabis au troisième trimestre de 2019 était le plus élevé en Nouvelle-Écosse (32,8 %) et le plus faible en Ontario (16,9 %) et au Québec (11,5 %).

Infographie 6  Vignette de l'infographie 6: Charge de métabolite du cannabis par habitant, par ville, de mars à juillet 2019 et de mars à juillet 2020
Charge de métabolite du cannabis par habitant, par ville, de mars à juillet 2019 et de mars à juillet 2020

L'analyse des autres échantillons de l'ECEU de 2020 ainsi que la poursuite de la collecte contribueront à une meilleure compréhension de la progression et du portrait changeant de la consommation de drogues au Canada pendant et après la pandémie. Cela pourrait aider les responsables de la santé publique, les forces de l'ordre et d'autres organismes à adapter leur approche et leurs stratégies en matière de santé publique.

  Note aux lecteurs

L'épidémiologie des drogues fondée sur les eaux usées fait appel à des techniques d'analyse des eaux usées afin de quantifier la consommation de drogues au niveau de la population. L'analyse des eaux usées complète d'autres indicateurs de la consommation de drogues et a l'avantage supplémentaire de générer des données en temps quasi réel sur les tendances géographiques et temporelles.

L'Enquête canadienne sur les eaux usées (ECEU) a été lancée à la suite du succès d'une étude pilote menée par Statistique Canada de mars 2018 à février 2019. Des échantillons d'eaux usées ont été recueillis dans l'influent de 15 usines de traitement des eaux usées (desservant près de 8,7 millions de Canadiens) pendant sept jours consécutifs au cours de la deuxième semaine de chaque mois. Les échantillons quotidiens ont été analysés au laboratoire de la Direction générale des opérations réglementaires et de l'application de la loi de Santé Canada à Toronto. Les résultats de laboratoire et les estimations démographiques pour chaque région ont ensuite été combinés pour estimer la charge de drogues par habitant dans chaque ville.

Le tableau publié dans le cadre de la présente diffusion comprend les estimations de la charge quotidienne par habitant, du taux de détection et du taux d'imputation par drogue et par ville pour les échantillons d'eaux usées recueillis dans le cadre de l'ECEU de mars à juillet 2019 et de janvier à juillet 2020. Les résultats d'août à décembre pour 2019 et 2020 seront diffusés à une date ultérieure, et seront accompagnés d'une analyse plus approfondie. Dans le monde entier, les eaux usées sont également utilisées dans le cadre de diverses activités, dont la surveillance de la COVID-19. Statistique Canada a collaboré avec l'Agence de la Santé Publique du Canada sur une initiative pilote visant à mesurer le SRAS-CoV-2 dans les eaux usées. Des travaux, fondés sur les résultats tirés de cette initiative, sont en cours pour surveiller les niveaux de SRAS-CoV-2 dans cinq villes.

Limites de l'Enquête canadienne sur les eaux usées

L'épidémiologie fondée sur les eaux usées est un outil peu coûteux et puissant permettant d'estimer la consommation de drogues à l'échelon communautaire sans avoir besoin de mener des enquêtes sur la consommation de drogues autodéclarée. Toutefois, il y a certaines limites quant à l'analyse et à l'interprétation des estimations à partir des échantillons d'eaux usées (dont bon nombre ont déjà été décrites dans le rapport intitulé « Estimation de la consommation de cannabis et de drogue au Canada à partir des eaux usées : résultats détaillés du test pilote ») et, par conséquent, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Les effets de certains autres facteurs, comme le temps d'entreposage des échantillons, qui pourraient avoir une incidence sur la comparabilité des résultats entre 2019 et 2020, font actuellement l'objet d'un examen. Il convient également de noter que les chiffres bruts ne sont pas comparables à ceux de l'étude pilote en raison d'un changement relatif à la méthodologie et aux laboratoires d'analyse.

Interprétation de l'analyse du fentanyl

Le fentanyl est excrété sous forme de fentanyl (jusqu'à 4 % de l'excrétion totale) et de norfentanyl (77 % de l'excrétion totale). Dans l'ECEU de 2019 et 2020, la charge de fentanyl a été estimée en mesurant le fentanyl, tandis que d'autres pays mesurent le métabolite le plus abondant, soit le norfentanyl. Bien que les résultats actuels concordent avec d'autres observations, on commencera à mesurer, au moyen de l'ECEU, le norfentanyl dans les cycles futurs afin de renforcer davantage la fiabilité des deux métabolites à titre d'indicateurs de la consommation de fentanyl.

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