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Étude : Alphabétisme et minorités de langue officielle

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Le Quotidien


Le mardi 19 décembre 2006
2003

La situation des francophones du Canada en matière d'alphabétisme s'est améliorée depuis le milieu des années 1990. Toutefois, les personnes de langue maternelle anglaise ont continué de mieux réussir les tests d'alphabétisme que leurs homologues de langue maternelle française en 2003, selon une nouvelle étude sur l'état de la situation en matière d'alphabétisme chez les minorités de langue officielle du pays.

L'étude a analysé les données tirées de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003 dans laquelle plus de 23 000 Canadiens ont été évalués sur leurs compétences dans quatre domaines, soit la compréhension des textes suivis, la compréhension des textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes. Les niveaux de compétences ont été établis sur une échelle allant d'un à cinq, c'est-à-dire du niveau le plus faible au niveau le plus élevé.

Dans les trois provinces où les personnes de langue maternelle française forment une minorité, soit l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba, les francophones ont affiché des niveaux d'alphabétisme plus faibles sur l'échelle des textes suivis que leurs homologues anglophones. Les francophones de ces trois provinces, lesquelles sont le lieu de résidence de près de 75 % de l'ensemble de la population francophone à l'extérieur du Québec, ont été suréchantillonnés dans cette enquête afin de permettre une meilleure compréhension de leur situation.

À l'échelle nationale, 42 % de la population de 16 à 65 ans n'a pas réussi à atteindre le niveau 3 sur l'échelle des textes suivis. Chez les anglophones à l'échelle nationale, cette proportion était de 39 %, alors qu'elle était de 56 % parmi les francophones. L'écart le plus grand a été observé au Nouveau-Brunswick.


Note aux lecteurs

La présente diffusion est un résumé des résultats d'une monographie fondée sur les données de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003, volet canadien de l'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes.

L'EIACA est fondée sur son prédécesseur, l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes (EIAA) de 1994, laquelle a été la première enquête comparative à l'échelle internationale sur l'alphabétisation des adultes. Comme c'était le cas avec l'EIAA, l'EIACA conceptualise les compétences selon un continuum qui indique dans quelle mesure les adultes utilisent l'information afin de fonctionner dans la société et dans l'économie.

Plus de 23 000 Canadiens ont participé à l'EIACA et leurs compétences ont été mesurées dans quatre domaines. Deux d'entre eux, la compréhension de textes suivis (tels ceux qu'on trouve dans des livres ou des articles de journaux) et la compréhension de textes schématiques (tels des graphiques, des tableaux ou d'autres renseignements écrits de nature discontinue), ont été définis et mesurés de façon similaire à ceux de l'EIAA.

L'EIACA comporte deux nouveaux domaines. Le premier est celui de la numératie, qui élargit la mesure quantitative de l'EIAA en ajoutant des concepts mathématiques et, dans certains cas, en enlevant les éléments de nature textuelle des questions posées. Le second est celui de la résolution de problème, ou de raisonnement analytique.

Pour tous les quatre domaines, les personnes se situant au niveau 1 sont celles qui affichent les niveaux de compétences les plus faibles. Ceux se situant aux niveaux 4 ou 5 (ou au niveau 4 pour ce qui est de la résolution de problèmes) affichent les niveaux de compétences les plus élevés.


Le niveau 3 est considéré comme étant le seuil souhaitable à partir duquel les individus sont capables de faire face à la croissance des compétences requises dans une société de plus en plus orientée vers le savoir. Les personnes qui atteignent les niveaux les plus bas, c'est-à-dire les niveaux 1 et 2, ont généralement de la difficulté à lire ou à comprendre des textes plus complexes.

Les niveaux d'alphabétisme chez les francophones se sont améliorés entre 1994, soit l'année de la dernière enquête sur l'alphabétisme, et 2003. Mais cette amélioration a été principalement attribuable aux meilleurs résultats obtenus par les francophones de l'Ontario. Au Nouveau-Brunswick, aucune augmentation statistiquement significative n'a été observée.

L'étude montre que les résultats plus faibles obtenus par les francophones relativement à ceux des anglophones en 2003 ont été largement tributaires de facteurs sociohistoriques et culturels.

Les écarts observés dans les niveaux d'alphabétisme entre les deux groupes linguistiques ont été en grande partie le résultat des niveaux différentiels de scolarité entre les groupes, en particulier chez les personnes plus âgées. C'est pourquoi les écarts entre les jeunes de 16 à 24 ans des deux groupes linguistiques sont quasi inexistants. Il ne faut pas croire cependant que les problèmes de faible alphabétisme n'existent pas chez les plus jeunes.

L'étude révèle également un phénomène important en ce qui a trait aux habitudes de lecture et d'écriture. Pour un même niveau de scolarité et de revenu, les francophones sont moins susceptibles que les anglophones d'avoir acquis de fréquentes habitudes de lecture et d'écriture dans leur vie de tous les jours.

Disparités provinciales : Le Nouveau-Brunswick affiche l'écart le plus important entre les groupes

La performance des personnes issues des différents groupes linguistiques varie d'une province à l'autre. Toutefois, c'est au Nouveau-Brunswick que l'écart le plus important entre les groupes linguistiques a été observé.

Dans cette province, les deux tiers (66 %) des francophones n'ont pas atteint le niveau 3 sur l'échelle des textes suivis en 2003, comparativement à 51 % des anglophones.

En Ontario, plus de la moitié (55 %) des francophones se situaient aux deux premiers niveaux, comparativement à 42 % des anglophones. Au Manitoba, ces proportions étaient de 53 % et de 37 % respectivement.

En ce qui a trait à la minorité anglophone du Québec, les résultats de l'étude révèlent une augmentation statistiquement significative entre 1994 et 2003. De plus, en 2003, 43 % des anglophones de cette province n'ont pas réussi à atteindre le niveau 3 sur l'échelle des textes suivis comparativement à 55 % des francophones.

La situation des francophones en matière d'alphabétisme s'est améliorée en raison de changements sociaux et politiques majeurs entraînant l'accessibilité à l'éducation et la fréquentation scolaire obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans. Cela ne signifie pas pour autant que les problèmes de faible alphabétisme étaient inexistants parmi les groupes d'âge les plus jeunes.

Tant au Québec qu'à l'extérieur de cette province, les résultats de l'enquête ne révèlent aucun écart significatif entre les deux groupes linguistiques chez les jeunes de 16 à 24 ans.

Toutefois, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, près de 45 % de ces jeunes n'ont pas réussi à atteindre le niveau 3 sur l'échelle combinée des textes suivis et des textes schématiques. Cela représente près de 13 000 jeunes au Nouveau-Brunswick et environ 19 000 en Ontario.

En comparaison, environ le tiers (34 %) des Anglo-Québécois de ce groupe d'âge étaient dans cette situation, soit une performance similaire à celle observée chez les jeunes francophones du Québec.

Selon l'étude, plus l'âge augmente, plus l'écart s'accroît entre les deux groupes linguistiques.

Importance des pratiques quotidiennes liées à la lecture et à l'écriture

Les résultats de l'étude font état d'un phénomène important du point de vue des habitudes de lecture et d'écriture. À niveaux de scolarité et de revenu égaux, les francophones sont moins susceptibles que les anglophones d'avoir acquis de fréquentes habitudes de lecture et d'écriture dans leur vie quotidienne.

Par le fait même, ils sont également moins portés à fréquenter une bibliothèque ou une librairie, ou à posséder un nombre important de livres à la maison.

Un tel constat se traduit par des niveaux d'alphabétisme inférieurs chez les francophones de l'extérieur du Québec en comparaison de ceux atteints par leurs homologues anglophones. Ces résultats dépeignent possiblement des différences d'ordre tant culturel qu'économique caractérisées notamment par une valorisation moindre de la lecture et des livres chez les francophones que chez les anglophones.

Tant au Québec que dans l'ensemble des autres provinces, près d'un anglophone sur deux a indiqué lire des livres au moins une fois par semaine. Chez les francophones, cette proportion n'était que de 35 %.

C'est au Nouveau-Brunswick que la lecture de livres est la moins répandue puisqu'un peu moins d'un tiers des francophones (33 %) ont indiqué lire des livres au moins une fois par semaine. En outre, près de 60 % des francophones de cette province ont indiqué ne jamais, ou rarement, lire des livres.

Un défi pour les minorités francophones : l'alphabétisme en français

Les résultats de l'enquête ont mis en lumière un défi pour les minorités francophones de l'extérieur du Québec et du Nouveau-Brunswick : l'alphabétisation en français. À l'extérieur du Québec, les deux tiers des francophones ont effectué le test de l'enquête en anglais, comparativement à seulement 2 % de leurs homologues québécois.

Au Nouveau-Brunswick, 35 % des francophones ont fait le test en anglais. Toutefois, en Ontario et au Manitoba, ces proportions étaient de 63 % et de 85 % respectivement. Ces proportions élevées sont révélatrices d'une réalité démographique avec laquelle doivent composer ces communautés.

Bien qu'une forte proportion d'entre eux aient néanmoins indiqué avoir une très bonne ou une bonne capacité de parler ou de lire le français, l'anglais demeure néanmoins la langue privilégiée dans leur rapport à l'écrit.

Parmi les francophones de l'extérieur du Québec qui ont effectué le test en anglais, 61 % ont indiqué qu'ils parlaient plus souvent l'anglais à la maison.

Leur performance lors du test s'est avérée statistiquement plus élevée que celle des francophones qui parlent plus souvent le français au foyer. Un peu moins de la moitié des francophones (48 %) de l'extérieur du Québec qui ont effectué le test en anglais ont atteint au moins le niveau 3 comparativement à 38 % de ceux qui l'ont effectué en français. Cette situation a été en partie attribuable au fait que les francophones vivant en milieu urbain sont davantage scolarisés et que la présence de l'anglais y est plus répandue.

En dépit du net progrès dans la scolarisation des francophones, un tel constat pose donc tout entier l'important défi que représente le développement et le maintien de l'éveil à l'écrit en français pour la survie des communautés francophones en situation minoritaire.

Définitions, source de données et méthodes : numéro d'enquête 4406.

L'étude Le volet canadien de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003 : état de la situation chez les minorités de langue officielle (89-552-MIF2006015, gratuite) est maintenant accessible à partir du module Publications de notre site Web.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Jean-Pierre Corbeil au 613-951-2315, Division de la démographie.

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