Étude : Tendance de l'inégalité du revenu au Canada dans une perspective internationale

L'inégalité du revenu au Canada est plus marquée qu'en Europe, mais moins qu'aux États-Unis, selon un nouveau rapport qui résume les constatations d'études récentes sur l'inégalité du revenu familial et sur le faible revenu.

L'inégalité du revenu est mesurée par le ratio du revenu d'une famille au 90^e rang centile (où le revenu est supérieur à celui de 90 % des familles et inférieur à celui du 10 % qui reste) à celui d'une famille au 10^e rang centile (où le revenu est inférieur à celui de 90 % des familles et supérieur à celui du 10 % qui reste).

À la fin des années 1990, les familles situées au 90^e rang de la distribution du revenu au Canada ont eu un revenu près de quatre fois supérieur à leurs homologues situés au 10^e rang centile. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, ces ratios ont été 5,4 et 4,5 fois supérieurs, respectivement. Pour les pays de l'Europe continentale inclus dans la présente étude (l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, la Finlande et la Suède), les ratios ont varié entre 2,9 et 3,3.

Le Canada a largement évité la croissance de l'inégalité du revenu manifeste aux États-Unis et au Royaume-Uni tout au long des années 1980 et au début des années 1990. Toutefois, il y a lieu de croire que cette situation a commencé à changer au milieu des années 1990, époque à laquelle les gains associés à l'expansion économique au Canada ont profité surtout aux familles à revenu élevé.

Tandis que le revenu du groupe de 20 % des familles les plus riches a augmenté d'environ 10 %, le revenu familial total a stagné parmi le groupe de 20 % des familles les plus pauvres de 1990 à 2000. Il y a donc eu une légère augmentation de l'inégalité du revenu familial.

En outre, au milieu des années 1990, on a noté une hausse inattendue du taux de faible revenu au Canada, qui s'est écarté de la tendance attendue en raison du taux de chômage. À mesure que le chômage diminuait, le taux de faible revenu augmentait.

Cette constatation peut-être attribuable aux difficultés en matière de gains d'emploi des familles les plus pauvres et aux fléchissements des transferts sociaux dans la deuxième partie des années 1990. En 2001, le taux de faible revenu semblait revenir à sa tendance à long terme attendue telle qu'indiquée par le taux de chômage.

Les analystes des politiques sont davantage préoccupés par le faible revenu persistant que par celui à caractère plus temporaire. Le faible revenu persistant semble être concentré dans cinq groupes : les familles monoparentales, les nouveaux immigrants, les personnes incapables de travailler, les personnes hors famille âgées de 45 à 64 ans et les Autochtones.

La hausse récente des taux de faible revenu s'est concentrée chez les nouveaux immigrants. En 1980, 25 % des nouveaux immigrants avaient un faible revenu. En 2000, cette proportion était passée à 36 %. Parmi les personnes nées au Canada, le taux est passé de 17 % à 14 %.

La plupart des familles qui se retrouvent en deçà du seuil de faible revenu ne restent pas dans cette situation longtemps. Toutefois, de 3 % à 5 % de la population canadienne reste dans une situation de faible revenu de quatre à six ans ou plus. On observe de larges écarts de la persistance du faible revenu d'un pays à l'autre, et le Canada se trouve encore une fois au milieu.

Parmi les personnes qui se sont retrouvées en situation de faible revenu aux États-Unis, 31 % y étaient encore après cinq ans, comparativement à 24 % au Canada et à 18 % en Allemagne et au Royaume-Uni. Les changements relatifs à l'emploi sont les facteurs les plus importants qui expliquent pourquoi les personnes se retrouvent dans une situation de faible revenu et en sortent, mais le mariage et le divorce sont également des facteurs importants.

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