Section 4 : Violence familiale envers les aînés au Canada, affaires déclarées par la police, 2019

La violence envers les aînés, aussi appelée mauvais traitements envers les aînés, est souvent commise par des membres de la famille, à la maison. Elle peut se manifester sous différentes formes, y compris la violence physique, sexuelle et émotionnelle, l’exploitation financière, la négligence et l’abandon (ministère de la Justice du Canada, 2015; Organisation mondiale de la Santé, 2020). L’exercice, par les membres de la famille, d’un contrôle coercitif peut aussi isoler les aînés d’autres personnes à l’extérieur du foyer. Les conséquences pour les aînés qui subissent ce type de violence comprennent, entre autres, la solitude et la dépression, une plus grande dépendance, les problèmes financiers et une espérance de vie plus courte (Agence de la santé publique du Canada, 2014).

Au fur et à mesure que la population canadienne vieillira, ce problème prendra une plus grande importance. Les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 ont par ailleurs des répercussions généralisées sur les personnes âgées. En raison de leur âge, les aînés présentent un risque élevé de développer de graves maladies et complications liées au virus et, pour un grand nombre d’entre eux, les contacts sociaux et le soutien à l’extérieur de la famille sont considérablement réduits à cause de la pandémie. La violence envers les aînés dans les établissements de soins infirmiers et les établissements de soins de longue durée sera un sujet important à analyser plus à fond. Bien qu’elle ne soit pas nécessairement liée à la famille, la relation entre l’aidant et la personne à charge dans ces environnements reflète ce qui existe habituellement au sein d’une famille.

Dans la présente section, la violence familiale désigne la violence commise par les conjoints et conjointes (mariés, séparés, divorcés et vivant en union libre), les enfants (biologiques et adoptés, les beaux-fils et belles-filles, les enfants en famille d’accueil), les frères et sœurs (biologiques, les demi-frères et demi-sœurs, et les frères et sœurs par alliance, par adoption et de famille d’accueil) et les membres de la famille élargie (p. ex. les petits-enfants, les neveux et nièces, les cousins et cousines, et les membres d’une belle-famille). Les données portent sur les victimes âgées de 65 à 89 ansNote  .

Parmi les aînés ayant été victimes d’affaires de violence déclarées par la police, 1 sur 3 a été agressé par un membre de la famille

En 2019, 14 156 personnes âgées ont été victimes d’une affaire de violence déclarée par la police au Canada, et plus de la moitié (55 %) d’entre elles étaient des hommes (tableau 4.1). Le tiers (32 %) des victimes, soit 4 518 d’entre elles, ont été agressées par un membre de la famille.

Les affaires de violence familiale envers les aînés portées à l’attention de la police ont le plus souvent été commises par un enfant de la victime (34 %), un conjoint ou une conjointe (26 %) ou un frère ou une sœur (12 %), et cette tendance était la même pour les femmes et les hommes victimes. À l’instar de la violence familiale en général, les femmes étaient surreprésentées parmi les victimes de violence familiale envers les aînés (58 %).

Les affaires de violence familiale envers les aînés augmentent pour une quatrième année consécutive

De 2018 à 2019, le taux d’affaires de violence familiale envers les aînés déclarées par la police s’est accru de 8 %, et le taux de violence non familiale a augmenté de 13 % (graphique 4.1)Note  . En ce qui concerne la violence familiale envers les aînés, il s’agit d’une quatrième augmentation annuelle consécutive, et d’une hausse de 20 % par rapport à 2015. Au cours de cette période, le taux a augmenté de 18 % chez les femmes et de 23 % chez les hommes. De 2009 à 2019, le taux de violence familiale envers les aînés a augmenté de 19 % dans l’ensemble, alors que le taux de violence non familiale à l’endroit des aînés a augmenté de 31 %.

Graphique 4.1 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et l’année, Canada, 2009 à 2019

Tableau de données du graphique 4.1 
Tableau de données du graphique 4.1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4.1 Violence familiale, Violence non familiale, Victimes de genre féminin, Victimes de genre masculin et Total des victimes, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Violence familiale Violence non familiale
Victimes de genre féminin Victimes de genre masculin Total des victimes Victimes de genre féminin Victimes de genre masculin Total des victimes
taux pour 100 000 personnes
2009 65 55 60 83 160 118
2010 69 51 61 90 167 125
2011 67 53 61 84 160 119
2012 68 51 60 86 159 120
2013 64 51 58 86 156 118
2014 66 53 60 80 154 115
2015 66 53 60 90 161 123
2016 68 56 62 87 163 122
2017 71 58 65 96 173 132
2018 73 60 67 98 179 136
2019 78 65 72 115 199 154

Les voies de fait représentent la forme la plus courante de violence familiale envers les aînés

En 2019, le taux d’affaires de violence familiale envers les aînés déclarées par la police s’établissait à 72 victimes pour 100 000 personnes (tableau 4.2). Les voies de faitNote  étaient le type le plus courant de violence familiale à l’égard des aînés, représentant 72 % des victimes, ce qui correspond à un taux de 52 pour 100 000 personnes; venaient ensuite les autres infractions comportant de la violence ou la menace de violence (19)Note  . Cette tendance était semblable chez les femmes et les hommes victimes.

Les deux tiers (67 %) des aînés victimes de violence familiale ont été agressés au moyen de la force physique (tableau 4.3)Note  . De plus, 16 % des victimes ont été agressées avec la présence d’une arme, comme un couteau, une massue ou une arme à feu. En outre, 4 aînés victimes de violence familiale sur 10 (41 %) ont subi des blessures corporelles, soit une proportion un peu plus élevée que celle observée chez les victimes de violence non familiale (36 %)Note  . Parmi les aînés qui ont subi des blessures corporelles à la suite de violence familiale, la grande majorité (93 %) d’entre eux ont subi des blessures mineures. Les blessures corporelles découlant de la violence familiale commise envers les aînés étaient semblables chez les femmes et les hommes (40 % et 42 %, respectivement).

Début de l’encadré 4

Encadré 4
La violence envers les aînés dans les établissements de soins infirmiers et les maisons de retraite

Les aînés représentent près du cinquième (18 %) de la population canadienne (Statistique Canada, 2021). Selon le Recensement de 2016, 7 % des aînés vivent dans des logements collectifs, comme des établissements de soins infirmiers, des résidences pour personnes âgées et d’autres établissements de soins pour bénéficiaires internes (Emploi et Développement social Canada, 2019). Ces environnements sont souvent le prolongement de l’unité familiale, un endroit où leurs besoins sont satisfaits et où la confiance est établie au fil du temps. Au fur et à mesure que le segment des personnes âgées continuera de croître, leurs besoins en logements adéquats, convenables et abordables — et, plus important encore, sécuritaires — continueront de croître.

Parmi les 14 156 aînés qui ont été victimes d’une affaire de violence déclarée par la police au Canada en 2019, 1 530 (11 %) l’ont été dans un établissement de soins infirmiers ou dans une maison de retraite et les deux tiers (66 %) de ces aînés étaient des femmesNote  . La plupart (81 %) des aînés qui ont été victimes de violence dans ces milieux ont été agressés physiquement, alors qu’environ 1 aîné sur 7 (15 %) a été agressé sexuellement. Des différences ont toutefois été constatées selon le genre : 76 % des victimes de genre féminin ont été agressées physiquement (tandis que 20 % ont été agressées sexuellement) et 90 % des victimes de genre masculin ont été agressées physiquement (tandis que 5 % ont été agressées sexuellement). La proportion restante des victimes ont subi d’autres types de violence.

Lorsque les affaires de violence envers les aînés concernaient une seule victime et un seul auteur présumé et qu’elles se sont produites dans un établissement de soins infirmiers ou une maison de retraite, une faible proportion (5 %) des victimes l’ont été aux mains d’un membre de la famille. L’auteur présumé était le plus souvent une simple connaissance (48 %), un voisin (18 %), un étranger (11 %) ou un colocataire (10 %) dans l’établissement de soins infirmiers ou la maison de retraite. Dans la grande majorité (81 %) des cas, il s’agissait d’un autre aînéNote  .

Fin de l’encadré 4

La Saskatchewan et le Manitoba enregistrent les plus hauts taux de violence familiale envers les aînés parmi les provinces

À l’instar de la criminalité en général, ce sont les territoires qui ont affiché les taux les plus élevés d’affaires de violence familiale envers les aînés déclarées par la police. Parmi les provinces, les plus hauts taux de violence familiale envers les aînés ont été enregistrés en Saskatchewan (101 pour 100 000 personnes) et au Manitoba (98), tandis que les plus faibles taux ont été observés en Ontario (53) et en Nouvelle-Écosse (61) (tableau 4.4)Note  . Comparativement aux provinces, les territoires ont enregistré des taux beaucoup plus élevés, et c’est le Nunavut (1 970) qui a affiché le plus haut taux, suivi des Territoires du Nord-Ouest (1 403) et du Yukon (276).

Le taux de violence familiale envers les aînés était plus élevé chez les femmes que chez les hommes, et ce, dans l’ensemble des provinces et des territoires, sauf en Saskatchewan et au Nouveau-BrunswickNote  .

Dans la plupart des provinces et des territoires en 2019, le taux de violence familiale envers les aînés a augmenté par rapport à l’année précédenteNote  . Parmi les provinces, le taux a diminué de 7 % en Alberta, alors qu’il est demeuré relativement stable en Ontario (-0,2 %).

À l’échelle des provinces, le taux de violence familiale envers les aînés était plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines (98 par rapport à 65 pour 100 000 personnes), et cette tendance était la même pour les victimes de genre féminin et masculin (graphique 4.2)Note  . Dans les régions rurales, le taux de violence familiale envers les aînés était 1,2 fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes (107 par rapport à 89 pour 100 000 personnes). Par ailleurs, en ce qui concerne les aînés victimes, l’écart entre les taux ruraux et urbains était plus prononcé pour la violence familiale (1,5 fois plus élevé dans les régions rurales), alors que les taux de violence non familiale étaient comparables, peu importe le type de région.

Graphique 4.2 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et la région urbaine ou rurale, provinces, 2019

Tableau de données du graphique 4.2 
Tableau de données du graphique 4.2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4.2 Violence familiale, Violence non familiale, Victimes de genre féminin, Victimes de genre masculin et Total des victimes, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Violence familiale Violence non familiale
Victimes de genre féminin Victimes de genre masculin Total des victimes Victimes de genre féminin Victimes de genre masculin Total des victimes
taux pour 100 000 personnes
Région urbaine 70 58 65 114 196 152
Région rurale 107 89 98 114 204 159

Le taux de violence familiale envers les aînés était 1,4 fois plus faible dans les régions métropolitaines de recensementNote  (RMR), soit les plus grandes villes au Canada, que dans les régions autres que des RMR (64 par rapport à 89) (tableau 4.5)Note  . Parmi les RMR, les taux les plus élevés ont été observés à Kitchener–Cambridge–Waterloo (123), à GatineauNote  (107) et à Kelowna (94), alors que les taux les plus faibles ont été enregistrés à Peterborough (26), à OttawaNote  (28) et à Thunder Bay (28).

Contrairement à la violence familiale en général, la violence familiale envers les aînés était plus élevée chez les hommes que chez les femmes dans plusieurs RMR, dont Peterborough, Moncton, Thunder Bay, Halifax, Barrie, le Grand Sudbury et Saskatoon.

Tableaux de données détaillés

Tableau 4.1 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et le lien de l’auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2019

Tableau 4.2 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et le type d’infraction, Canada, 2019

Tableau 4.3 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime, le type d’arme sur les lieux de l’affaire et le degré de gravité des blessures, Canada, 2019

Tableau 4.4 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et la province ou le territoire, 2018 à 2019

Tableau 4.5 Aînés victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et la région métropolitaine de recensement, 2019

Références

AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. 2014. Initiative de lutte contre la violence familiale.

EMPLOI ET DÉVELOPPEMENT SOCIAL CANADA. 2019. « Rapport sur les besoins en logement des aînés ».

MINISTÈRE DE LA JUSTICE DU CANADA. 2015. Les crimes et les mauvais traitements envers les aînés : recherche bibliographique concernant surtout le Canada.

ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ. 2020. Maltraitance des personnes âgées.

STATISTIQUE CANADA. 2021. Tableau 17-10-0005-01 — Estimations de la population au 1er juillet, par âge et sexe.

Date de modification :